6e dimanche de Pâques – 17 mai 2020

« L’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir,
car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; »

Jn 14,17

> En ce temps de déconfinement plus ou moins progressif, de nombreuses voix s’élèvent pour que nous ne reprenions pas nos « vies d’avant », pour que le monde change, pour que les êtres humains vivent dans un nouvel esprit, positif si possible. En vérité.

> L’Esprit de vérité existe. Jésus nous l’a promis. Mais juste après nous avoir dit qu’il nous l’enverrait, il nous dit que le monde ne peut pas recevoir cet Esprit. Contradiction ? Non, car Jésus nous a bien demandé d’être dans le monde sans être pour autant du monde. Celui qui est mondain ne peut recevoir cet Esprit de vérité.

> A nous, qui avons reçu cet Esprit, de bien nous garder du monde d’avant et d’insuffler sa vérité au monde d’après !

Mardi 12 mai 2020

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. » 

Jean 14,27

> On ne compte plus les assurances vie, les mutuelles censées apporter un peu de sérénité. La situation actuelle nous montre de manière criante à quel point nous sommes dans l’insécurité permanente… Tiraillés dans nos engagements, bousculés dans nos peurs, différents dans nos priorités, vers quelle paix se tourner ?

Les dernières paroles de Jésus à ses disciples avant de dire résolument « Levez-vous et partons d’ici », en route vers la Passion résonnent fort pour moi ce matin… Je te donne ma paix, mais pas comme le monde donne. Avec la poudre aux yeux des biens de consommation ou avec l’étourdissement des loisirs effrénés… non: MA paix.

Qu’elle soit soufflée sur vous ce matin cette Paix! en cette semaine où nous nous risquons à davantage de déplacements et d’activités… Que votre coeur ne se trouble pas! 
Amen

5e dimanche de Pâques – 10 mai 2020

« Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ? »

Jean 14, 5

> En voilà un qui ne manque pas de toupet, à moins qu’il ne soit pas conscient de ce qu’il est en train de faire ? ou encore qu’il soit suffisamment sûr de la relation qui le lie à Celui qu’il interrompt ?

Thomas, tel est le nom de ce hardi disciple, s’adresse à quelqu’un qu’il appelle Seigneur. Qu’est-ce à dire sinon qu’il lui reconnaît une certaine autorité, voire une authentique sagesse ? Quand ce Jésus en a appelé douze à son service, Thomas a répondu favorablement. Comme les onze autres, il a reçu le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. L’aventure démarre plutôt bien.

Thomas s’était déjà fait remarquer quelque temps auparavant lors de leur passage à Béthanie. Plus exactement avant d’y aller ! Rappelez-vous, Jésus leur indique qu’il veut aller en Judée. Une contrée où, de toute évidence, il n’est pas le bienvenu. Les disciples ne sont pas naïfs et ne se sentent pas d’aller dans cet endroit où la vie de leur maître est en quelque sorte compromise. A moins qu’ils ne pensassent à leur petite personne. Comment est-ce qu’une telle pensée peut traverser mon esprit ? Tout de même, il s’agit des disciples de la première heure.

Quoique. En relisant le récit de cet épisode, il se pourrait que les disciples n’aient eu nul désir de se jeter dans la gueule du loup. Sauf un : Thomas. Inconscient du danger ou certain que son Maître veillerait au grain, Thomas dit à ses potes : Allons-y aussi, afin de mourir avec lui. (Jn 11, 16).

Ici, ce même Thomas joue cartes sur table avec son Seigneur. Il lui dit qu’il ne comprend rien à ses propos abscons. Bien lui en a pris. Cela nous vaut une réponse de Jésus qui nous aide pour la traversée du désert : Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14, 6).

Ai-je la même liberté que Thomas dans ma relation avec mon Sauveur et Seigneur ?

Mardi 5 mai 2020

« Mais vous, vous ne croyez pas,
parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
Mes brebis écoutent ma voix ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle :
jamais elles ne périront,
et personne ne les arrachera de ma main. »

Jean 10, 26-28

> Combien de fois je suis celui qui ne crois pas, qui doute 
Celui qui, dans ce tohu-bohu déroutant, se perd sur la route ?

Combien de fois je suis celui qui n’écoute pas vraiment
Mon berger et sa rassurante voix, dans ce brouhaha assourdissant ?

Combien de fois je suis celui qui ne comprends pas en profondeur
Sa bonne nouvelle pour ma vie, mais qui me laisse envahir par mes peurs ?

Combien de fois je suis celui qui doute de moi
Qui me rabaisse, qui me dénigre, qui n’a aucune bienveillance pour soi ?

Combien de fois ?

Et pourtant.

Dieu nous donne ce temps de confinement
Pour entendre sa promesse, vraiment :
Jésus nous connait profondément
Plein d’amour pour chacun de ses enfants,
Et il nous donne la vie éternelle
Non ce n’est pas une promesse irréelle !

Alors cette semaine, écoutons,
Osons le pari de la confiance
Pour discerner tel des moutons
La promesse du berger pleine d’espérance.
Prions.
Partageons.
Rassurons.
Donnons.
Suivons.
Témoignons.

La vie nous est donnée en abondance,
Qu’en ferons-nous, de cette chance ?

4e dimanche de Pâques – 3 mai 2020

« Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. »

(Jean 10, 3)

> Il y a dans ce verset deux éléments forts.
D’abord, « appeler par son nom ». Par-là, Jésus nous donne une identité, créé un lien, il n’est pas un inconnu. « Donner un nom » a une signification profonde pour les juifs, ça permet d’exister, de sortir du lot, d’être mis à part. Ne dit-on pas « Baptiser » ?Puis, « faire sortir », pour nous mener vers de verts pâturages, comme le rappelle aussi le psaume 22/23. Ce n’est pas sans rappeler la sortie d’Egypte vers un lieu qui permet la vie et de grandir, manger et être abreuvé.Ce n’est pas juste « suivre comme DES moutons », comme une foule indéfinie, mais chacune et chacun appelé personnellement et se met à suivre volontairement avec la certitude que c’est une bonne chose.

> Cette semaine, tournons-nous vers Jésus. Demandons-lui encore et toujours de nous appeler. Mais pour entendre la voix de Celui qui appelle, faisons silence dans notre cœur, et passons par la seule porte qui mène vers la liberté et la vie.

Mardi 28 avril 2020

« Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? »

Jn 6,30

> Cette question de la foule vient en réaction à l’affirmation de Jésus : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (v. 29) S’agit-il du même « croire » ? « Te croire », dit la foule. Alors que Jésus appelle à « croire en ». « Te croire », cela porte sur le contenu de la parole. Croire ce que tu dis. Pour cela, il faut des assurances. Plutôt qu’un signe, n’est-ce pas plutôt une preuve que demande la foule ?  Le « croire en » auquel invite Jésus implique tout autre chose. Il n’est pas question de vérifier, mais de faire confiance. « Croire en » ne porte pas sur le contenu qui doit être crédible, mais sur la relation qui est fiable.  « Je crois en Dieu », ainsi commence notre Credo, et non « je crois que ». Au cœur de notre foi chrétienne, il n’y a pas un contenu mais une relation. 

Une petite parabole:

Un funambule traverse, sur un fil tendu d’une rive à l’autre, les chutes du Niagara. La foule retient son souffle. Les applaudissements éclatent lorsque l’artiste atteint la rive. Il demande : Croyez-vous que je puisse faire la même chose en poussant une brouette sur le fil ? – Oui, tu peux ! Vas-y ! Suspense pendant la nouvelle traversée. A l’arrivée, un  immense ouf de soulagement soulève les poitrines des spectateurs. Applaudissements enthousiastes. – Croyez-vous que je puisse faire la même chose avec quelqu’un dans la brouette ? – Oui, vas-y ! – Qui veut venir dans la brouette ? … Silence ! Croire que tu peux ? OK ! Croire en, c’est-à-dire faire confiance au point de remettre sa vie entre les mains d’un autre ?  Ça c’est une autre question.

Ma relation au Christ Jésus, est-ce un « croire que » ? Croire qu’il est le Messie, le Fils de Dieu, qu’il est ressuscité, qu’il est le plus grand maître spirituel de tous les temps,…Ou est-ce un « croire en » ? Est-ce en LUI que je trouve la solidité de ma vie ? Est-ce que j’ose le pas de  la foi-confiance et cherche en LUI mon appui ?

3e dimanche de Pâques – 26 avril

« Et se levant à l’heure même, ils s’en retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent assemblés les onze et ceux qui étaient avec eux. »

Luc 24, 33

> Deux personnes passionnées d’une autre se trouvent décontenancées quand cette autre meurt. En elle, elles voyaient un Messie. Ces deux se trouvent mis devant le fait accompli : le Messie attendu, ce n’était pas lui ! Quelques femmes les ont surpris en leur narrant une histoire d’anges qui disent que l’autre est vivant. Le fait est là, vérifié par certains disciples qui n’ont pas hésité à courir au tombeau qui s’est avéré… vide.

Ces deux personnes ressassent cette duperie ; elles raisonnent, sans que ce raisonnement n’apaise leur tristesse. En fin d’après-midi, elles prennent la direction d’Emmaüs, à l’ouest de Jérusalem, à deux bonnes heures de marche. Elles, qui sont perdues, se dirigent vers la lumière qui décline dans le soir. Plus elles avancent, plus la lumière devient faible. Un inconnu les rejoint et se mêle à leur conversation. Alors qu’il ne semblait pas être au fait des derniers événements, il entreprend de leur expliquer toute l’histoire à partir des Ecritures. Arrivées, elles désirent que cet inconnu reste avec eux.

A l’heure du souper, la lumière n’est plus que celle d’une ou deux chandelles. Quand le pain est rompu, leurs yeux aveugles voient la Lumière, une fraction de seconde. Cet éblouissement suffit à les mettre en route. Cette fois, elles marchent en direction d’une nuit plus noire. Mais, leur cœur brûle ; elles n’ont qu’une hâte : retrouver les autres et partager avec eux leur récente expérience avec le Messie vivant.

Ce n’était qu’une histoire de quatre ou cinq heures. Mais quel changement !

Et nous, porteur de Lumière, sommes-nous disposés à annoncer cette Bonne Nouvelle dans un monde où la nuit se fait plus sombre ?

Mardi 21 avril 2020

« Le vent souffle où il veut :tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. »

(Jn 3,8)

> Parmi les répliques fréquentes de ceux qui nous questionnent au sujet de notre foi, il y a le fait que nous croyons en un Dieu que nous ne pouvons pas voir et dont nous n’aurions donc aucune preuve de l’existence. J’aime beaucoup leur répondre avec cette phrase de Jésus à Nicodème au sujet du vent, en développant un peu.

> Qui peut voir le vent ? Personne. Serait-ce donc qu’il n’existe pas ? Assurément non, car nous pouvons en voir les effets, un drapeau qui bouge, les arbres qui se balancent, et même ressentir sur nous son souffle. Il en va exactement de même pour Dieu. Nous voyons les effets de son Amour sur les êtres, particulièrement en ce temps de confinement à travers l’inventivité et la charité dont font preuve les humains, et nous pouvons ressentir sa présence par le souffle de l’Esprit dans notre cœur.

> A nous de prouver à celles et ceux qui nous entourent que Dieu existe et que nous en serons les témoins par l’Amour que nous porterons à toute personne qui croisera notre route aujourd’hui.

2ème Dimanche de Pâques, 19 avril 2020

« Alors que les portes étaient verrouillées, Jésus était là au milieu d’eux. »

(Jean 20, 26)

> Par deux fois l’Évangile précise que les disciples avaient non seulement fermé leur porte mais ils l’ont carrément verrouillée, et ils restent là par crainte des juifs.
Et pourtant, par deux fois, alors même qu’ils sont enfermés ainsi chez eux, Jésus vient les rejoindre, au plus profond de cette crainte qui les immobilise.
Il vient calmer leur crainte et apporter sa paix. Il va souffler sur eux l’Esprit-Saint, prémices de la pentecôte et il les envoie ! Il les invite à sortir de leur immobilisme, à dépasser la crainte.

> On notera que pour les disciples il a dû venir deux fois, car une semaine après avoir vu Jésus, après avoir reçu sa paix, après avoir été remplis de joie, ils étaient à nouveau là, enfermés chez eux. Cette libération de la peur n’est pas simple, elle prend du temps, se fait par étapes. Ne nous décourageons pas si nous n’osons pas affronter les peurs qui nous bloquent et nous empêchent de nous mettre en route. Comme les disciples, nous sommes invités à déceler la présence de Jésus. Recevons la Paix de Jésus ressuscité !

Mardi 14 avril 2020

« Marie-Madeleine le prenait pour le jardinier… »

Jean 20,15

> Passée sa course folle pour aller annoncer aux disciples que le tombeau est vide, voilà Marie-Madeleine de retour au tombeau pour tenter d’approcher une seconde fois cette réalité scandaleuse… Et Jésus de lui offrir une rencontre incroyable, mais où dans un 1er temps, elle ne le reconnaît pas!

Dans cet aveuglement, je vois tout le défi qu’il y a désormais à trouver le Christ dans chacune de mes rencontres!! Et Dieu sait que ces derniers jours, nos rencontres sont justement avec des personnes et des métiers dont nous prenons moins conscience de la valeur d’habitude: caissières, postiers, horticulteurs…

Avec le Christ qui annonce sa montée au ciel (« Je vais vers le Père ») me voilà rendue autonome et responsable des relations que je noue, des aides que j’apporte autour de moi et vous imaginez aisément que le champ de la mission se donne à voir dans l’immensité des possibles !!! Si le Christ se cache dans chaque personne rencontrée, alors : je ne SAIS plus où donner de la tête ! Et puis, est-ce que je n’ai pas assez à m’occuper de moi et de mes soucis ? Et qui s’occupera de moi, quand c’est moi qui aurai besoin d’écoute et de soutien, hein ?! Est-ce que l’ensemble ne pourrait pas s’intituler : « Mission impossible » ? 

Eh bien non, parce que cet appel à aller vers mes frères, le Christ le double d’une promesse de réciprocité : c’est Lui qui mettra aussi sur ma route celui ou celle qui sera pour moi signe de Sa présence…un jardinier peut-être ?