Pâques 2016

 « Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. » – Jn 20, 6-7

> Après sa mort sur la croix, Joseph d’Arimathée et Nicodème enveloppèrent le corps de Jésus avec des bandes de tissu et le parfumèrent selon la coutume juive. Puis ils le déposèrent au sépulcre. Ce n’est pas sans rappeler l’emmaillotage de Jésus par Marie après sa naissance, juste avant de le déposer dans la mangeoire.

Noël se comprend à la lumière de Pâques. Tout le mystère de la vie est exprimé ici : naissance, vie, mort. Dieu, en s’incarnant en Jésus, en a aussi fait l’expérience. Mais comme Il est Dieu, il n’a pas simplement vécu la mort comme tout un chacun. Il l’a dépassée en naissant à la Vie éternelle pour que nous puissions y avoir part aussi.

Toute naissance est passage. Le fœtus passe du ventre de sa mère au monde extérieur et doit s’y adapter, parfois non sans difficultés. « Pâque » signifie « passage » en hébreu. Passage de l’esclavage à la liberté, de la mort à la Vie. En Jésus Christ, premier né d’entre les morts, Dieu pousse déjà ici bas les personnes à naître à une vie renouvelée, porteuse de sens et de paix, dans la foi et tournée vers l’espérance. Il dit l’Amour inconditionnel qui se trouve à l’origine de chacune et de chacun d’entre nous, quelles que soient les circonstances de sa venue au monde.

En ces temps fortement troublés, que la promesse de Pâques fasse de nous des sages-femmes (et des hommes sages-femmes !…) pour assister Dieu dans son immense tâche de mise au monde ! Joyeuses Pâques !

Samedi Saint – 2016

« Et, le premier jour de la semaine, de grand matin, elles vinrent à la tombe en portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le tombeau. Etant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.» (Luc 24,1-3 TOB)

> Les femmes découvrent que la pierre a été roulée, et que le tombeau est vide. En ce samedi saint, nous aussi chrétiens nous nous confrontons au vide, à l’absence, au manque. Avant d’arriver à Pâques, les femmes, les disciples et nous aussi aujourd’hui, devons passer par le tombeau vide. La terrible déchirure de Vendredi Saint a fait place au vide. Vertige du néant, peur du vide, angoisse devant le manque. Que va-t-il advenir ?

Malgré nos peurs, nous ne pouvons pas faire l’économie de l’expérience du vide et du manque. Car le vide, le manque, c’est en quelque sorte l’essentielle case vide dans le jeu de nos existences, comme dans ce jeu carré où l’on doit déplacer les pièces pour les remettre dans l’ordre. Sans le vide, sans la pièce qui manque, impossible de bouger, impossible de changer, impossible de re-susciter la vie, impossible de ressusciter. Nous avons donc besoin du vide, du manque, pour, d’une part, évoluer, grandir parfois, et d’autre part, pour y découvrir les bénédictions que Dieu nous donne.

En ce jour « blanc », de vide, de manque, nous nous proposons donc de méditer les manques et les vides personnels, relationnels, communautaires, ecclésiaux, etc. dans notre vie. Réservons une plage de notre journée pour y vivre un temps vide, et voyons ce que Dieu nous y donne. Ou pas. Réapprenons que dans le « vide », il y a, en germe, la « vie ». Oser vivre le « d » avant de l’ôter, c’est la piste que nous nous proposons en ce samedi saint. Oser la confiance devant le vide, avec la foi que la Vie sera vainqueur de la Mort.

Vendredi Saint – 2016

« Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt, un coq chanta. » (Jn 18,27)

> Combien de coqs entendons-nous chanter distraitement au cours de nos journées ? A une table de bistrot lorsqu’on ajoute notre critique aux autres voix : « De toutes façon, il l’a bien cherché… », « Ah ça, c’est bien vrai… », « Faudrait tous les tuer… », « Ma foi, avec ce qu’ont fait certains curés… », « En tout cas, moi, ça, je ne pardonnerai jamais… »

Combien de fois par jour renions-nous le Christ sans vraiment nous en rendre compte ? Ecoutons chanter le coq en ce jour où le Christ meurt pour nous, et cultivons le silence en cette journée.

Jeudi Saint – 2016

« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Jean 13,8

> Quel mystère dans cette phrase de Jésus à Pierre qui refuse qu’il lui lave les pieds. Comment le comprendre ? Il y a bien sûr ce lavement des pieds qui fait peau neuve, qui débarrasse du péché, qui prépare à accueillir les événements des jours qui viennent. Ce lavement des pieds représente le pardon.

Mais il y a aussi Jésus qui force Pierre à se laisser laver les pieds par lui-même, son Seigneur. Pierre ne veut pas que Jésus lui lave les pieds, « jamais » dit-il. Et pourtant Jésus lui répond que c’est nécessaire, essentiel, c’est à travers cela que Pierre a part au Royaume.

C’est dans ce geste infini de serviteur que Jésus permet aux disciples d’accéder à la vie éternelle avec lui. Ses mots sont irrévocables. Sans accepter ce lavement des pieds il n’est pas possible d’avoir part avec lui. Alors ce Dieu qui nous donne la vie éternelle à ses côtés c’est celui-là même qui vient s’agenouiller à nos pieds pour la rendre possible. Notre maître qui devient notre serviteur.

C’est un peu le plus beau programme de notre vie de foi que cet abaissement ultime auprès de nos frères pour se hisser aux côtés de Dieu comme l’a fait Jésus, frère au milieu de nous. Miséricorde infinie, qu’elle soit notre chemin à nous aussi. Que ce jeudi saint soit justement l’occasion d’en faire l’expérience, de cet abaissement qui devient le seul passage possible vers Dieu.

Mercredi Saint – 2016

Pendant qu’ils mangeaient, Jésus dit : « En vérité, je vous le déclare, l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, les disciples se mirent chacun à lui dire : « Serait-ce moi, Seigneur ? » (Mt 26, 21-22)

> Lors du dernier repas pris avec ses disciples, Jésus leur annonce que l’un d’entre eux va le livrer. La réaction des disciples est intéressante, voir étonnante. On pourrait penser qu’ils se regarderaient les uns les autres pour détecter parmi leurs voisins le traître. Mais ce n’est pas le cas. Ils n’accusent pas l’autre, mais chacun se pose la question de savoir si ce n’est pas lui même qui pourrait être le traitre. Éclair de lucidité sur la nature humaine, capable du plus grand bien, mais aussi du plus grand mal ? Modestie par rapport à ses propres capacités ? Une attitude qui fait réfléchir…

Nous nous proposons aujourd’hui d’avoir ce regard de lucidité sur nous-mêmes. Le but de cette démarche n’est pas d’être jugeant et moralisateur envers soi. Mais avant de porter des accusations ou des reproches envers autrui, prenons le temps de voir également notre implication et nos limites. Et laissons-nous toucher par la grâce de Dieu !

Mardi Saint – 2016

« Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » » – Jn 13, 36

> Juste avant d’annoncer la trahison de Pierre, Jésus a annoncé celle de Judas, puis son départ. Ce qui provoque l’émoi des disciples. Pierre veut savoir où va Jésus. Mais c’est trop tôt. Trop tôt pour savoir où va Jésus et trop tôt pour le suivre.

Trop tôt ? Est-ce possible que ce soit trop tôt pour suivre Jésus quand on semble sûr de sa foi en lui ?! En germe, chez chaque disciple du Christ, se place le désir, l’aspiration à suivre Jésus. Parfois, faire le pas dans sa direction peut prendre plus ou moins de temps. Ce peut être par volonté personnelle de définir les contours de cette adhésion. Mais ce peut être aussi la volonté du Seigneur lui-même de faire mûrir ce qui doit l’être encore. Mystère…

Comme Pierre, nous sommes des êtres fragiles qui, malgré nos certitudes, pouvons être en proie au doute ou à l’hésitation, voire à des ratés. En ce mardi saint, nous nous proposons de réfléchir aux obstacles sur notre route à la suite de Jésus, à ce que signifie cette parole qu’il nous adresse peut-être aussi à nous : « Tu me suivras plus tard ».

Lundi Saint – 2016

« Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie où se trouvait Lazare qu’il avait relevé d’entre les morts. On y offrit un dîner en son honneur : Marthe servait tandis que Lazare se trouvait parmi les convives. » (Jean 12,1-2 TOB)

> Au début du cycle de la Passion, la mention de la résurrection de Lazare (du chapitre précédant) est le signe qui annonce la résurrection du Christ à venir, avec le deuxième verset qui, lui aussi, annonce le Royaume post-pascal avec la métaphore du repas et de la fête.

En ce lundi au début de la semaine sainte, au début de ce cycle hebdomadaire, nous nous proposons de méditer les signes annonciateurs de résurrection autour de nous : la vie plus forte que la mort est-elle déjà présente dans notre vie ? Comment ? Et si des signes de résurrection se montrent, rendons grâce, par un temps de fête, de repas ou de partage ! Loin d’être une théorie sur la résurrection, le texte du jour invite d’abord au don concret, à la fête !

Dimanche des Rameaux – C

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23,34)

> Ce jour-là, Jésus n’a pas dit « Je vous pardonne » mais bien « Père, pardonne-leur. »

Avons-nous de la peine à pardonner à quelqu’un ? Nous oublions souvent de passer par Dieu pour cette démarche, nous oublions souvent de dire d’abord, nous aussi : « Père, pardonne à cette personne »…

Ce week-end, prions pour une personne à laquelle nous n’arrivons pas à pardonner quelque chose, et demandons au Père de lui pardonner.

5e dimanche de Carême – C

« Femme, où sont-ils, personne ne t’a donc condamnée ? » Jean 8, 10.

> Qui sommes-nous pour juger ce qu’il y a dans le cœur d’autrui ? Nous sommes régulièrement et nous pouvons même dire constamment en train de juger notre prochain sur sa manière d’être, sur sa façon de s’habiller, sur sa façon de se tenir en groupe, etc. Et pourtant, seul Dieu est apte à voir ce qu’il y a de vrai dans notre cœur, à voir qu’il y a une accroche qui peut nous permettre d’avancer et de reprendre confiance en nous.

Cette semaine changeons notre regard sur notre prochain, permettons-lui de reprendre confiance en lui et montrons-lui ce qu’il y a de beau dans ce qu’il fait !

4e dimanche de Carême – C

« Je vais aller vers mon père et je lui dirai: Père, j’ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers. Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié: il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » (Lc 15, 18-20)

> Ce dimanche, nous lisons la parabole du fils prodigue. Ce qui m’a marqué en parcourant ce récit, ce sont les mouvements du fils prodigue. Au départ, tout est centré sur lui : l’héritage qui doit LUI revenir, il voulait remplir SON ventre, l’évangile nous dit même à un moment donné qu’il rentre en LUI-MEME pour réfléchir à son avenir. C’est au verset 18 que le mouvement vers l’autre est rétabli, quand il décide de retourner vers son père, pour trouver chez lui de quoi se nourrir. Un mouvement vers l’autre, certes, mais motivé par des intérêts bien personnels… Mais malgré les raisons de ce retour vers le père, celui-ci est remué au plus profond de lui quand il aperçoit son fils et il court vers lui pour rétablir ce lien d’amour. Belle image de notre Dieu, Père, qui quelles que soient nos motivations à nous tourner vers lui, est toujours prêt à nous accueillir les bras grands ouverts.

Pour cette semaine, il nous est proposé de prendre chaque jour quelques minutes en silence, tourné vers le Père, et de nous laisser accueillir par lui, dans ses bras grands ouverts !