Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur — A — 2 avril 2023

« Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »

Matthieu 26.31
(retable de Tauberbischofsheim du peintre Mathis Gothart-Nithart)

> Voilà le programme… Mes yeux se fixent une fois encore sur cette croix qui est notre horizon pour la semaine sainte à venir (avant la Résurrection!). Comme il serait simple d’en faire l’économie! Jésus est mort, Il est ressuscité, y a pas de mystère là-dedans… Mais non: il a souffert, de longues heures, et la croix ploie encore aujourd’hui sous le poids de cette souffrance que le monde porte en miroir, occasion de chute même deux mille ans après. Comme j’aimerais zapper ces instants de douleur, les tiens, les miens, ceux de ceux que j’accompagne!
> Mais Tu me redis: « j’ai passé par là… Pour te tracer la voie, pour te précéder en Galilée, pays d’espérance et de relecture de ton histoire, mais pas comme un charlatan à bon marché qui te ferait croire que la guérison et la renaissance dépendent d’un claquement de doigts. Non…j’ai passé par là comme un frère en humanité de tous ceux qui souffrent. » Merci Seigneur pour cette réponse de chair à nos nombreux « Pourquoi? »

5e Dimanche de Carême — A — 26 mars 2023

Il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »

(Jn 11,1-45 )

> Au cours de ce long récit, nous voyons Jésus, en son humanité la plus profonde, confronté à la mort d’un ami, au deuil de personnes chères. Arrivé devant le tombeau de Lazare, une grotte fermée par une pierre, il pleure. « Voyez, comme il l’aimait », disent les gens. Et Jésus fait enlever la pierre. Priant son Père, le remerciant d’être exaucé, il lance son cri : « Lazare, viens dehors ! » Quand, le matin de Pâques, les femmes viendront visiter son tombeau, elles trouveront la pierre déjà roulée. La voix d’un Autre aura fait sortir le Fils bienaimé de son caveau où l’on ne trouvera plus que les bandelettes roulées à part.
> Deux récits, deux niveaux : que l’un et l’autre intensifie notre foi en Dieu, Source de vie ; que dans nos heures les plus sombres, nous entendions la voix forte du Christ qui nous invite à choisir la vie !

4e Dimanche de Carême — A — 19 mars 2023

« Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »Mais lui disait : « C’est bien moi. »

Jn 9,9

> L’aveugle de naissance, guéri par Jésus, provoque des réactions contrastées. Les uns le reconnaissent, les autres non. Formidable humour de l’Evangile : l’ancien aveugle voit bien, et ce sont les autres qui ont la vue brouillée sur son passage !C’est dans ce même passage, juste avant la guérison de l’aveugle, que Jésus dit de lui-même qu’il est la lumière du monde. Ceux qui voient les choses à travers la lumière qu’est Jésus reconnaissent l’ancien aveugle et croient au signe. Ceux qui refusent le miracle refusent que Jésus soit lumière du monde. Ils ne reconnaissent pas l’aveugle puisqu’ils s’enfoncent dans les ténèbres de leur propre jugement.
> A nous de regarder le monde à travers la lumière qu’est Jésus. Comme un vitrail aux mille couleurs, nous risquons de le voir plus beau qu’il n’est en réalité, quand la lumière ne le traverse pas. Quelle importance : nous le contemplons tel que Dieu le rêve. Et c’est un bel idéal que cette vision.

3e Dimanche de Carême — A — 12 mars 2023

« En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sichar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. »

(Jean 4, 5)

ET LE LIEU ALORS ?

> Si je vous indique le titre souvent donné à ce passage de l’Évangile : « la samaritaine », déjà vous connaissez l’histoire et les deux principaux acteurs : Jésus et une femme. Pourtant, cette histoire commence par être située dans un lieu. L’histoire n’aurait-elle pas pu se dérouler à proximité de m’importe quel puits ? Pourquoi l’évangéliste est-il si précis ? Ne serait-ce pas parce que nous pourrions en tirer un enseignement ?Les Juifs donnaient par moquerie le nom de Sichar (qui signifie « l’ivrognerie » en hébreu…) à la ville de Sichem. Samaritains et Juifs ne faisaient pas bon ménage. A l’époque de Jésus, Sichem est une ville en territoire ennemi. Pourtant, cette ville fut l’endroit où Abraham, Jacob, Joseph ont vécu des épisodes de leur vie. Des meurtres y furent commis et elle est devenue une ville refuge pour les meurtriers. L’arrière-plan de la belle rencontre entre Jésus et la samaritaine ne montrerait-il pas qu’au-delà de notre histoire personnelle, Jésus vient réparer nos histoires de famille ? Jésus recadre nos relations avec le passé et, alors que nous croyons détenir une part de la vérité, Il nous rappelle que la vérité c’est Lui.
> En ce jour et en ce lieu où nous sommes, centrons nos regards sur le Bon Berger, Il est Celui qui guérit.

2e Dimanche de Carême — A — 5 mars 2023

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Mt 17,5

> Dans ce récit de la Transfiguration, Dieu se révèle. Par ces signes extraordinaires et mystérieux que sont la transfiguration du visage et des vêtements de Jésus, l’apparition de Moïse et Elie, et enfin la nuée, Dieu se donne mystérieusement à voir. Il s’offre à la contemplation de ses disciples « préférés ». Mais c’est de façon fugitive et éphémère. 

> Car le message que Dieu veut nous révéler ne se voit pas. Il s’écoute. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. Écoutez-le. » La voix qui retentit dans la nuée (autre manifestation de la présence de la présence de Dieu) dit exactement la même chose que celle qui avait été entendue lors de son baptême (Mt 3,17)… en ajoutant toutefois ces mots : « Ecoutez-le ! »

> Oui, pour ce temps de carême tout particulièrement, écoutons-le.
Écoutons-le nous enseigner en paroles et actes, tels que relatés dans les évangiles. 
Écoutons-le quand il nous dit de nous relever et de ne pas avoir peur, alors que lui est en train d’annoncer sa passion. 
Écoutons-le quand il vous dit que le plus grand commandement, c’est d’aimer Dieu et notre prochain. 
Écoutons-le quand il nous parle de pardon, de guérison et nous appelle à changer de vie. 
Écoutons-le dans la prière au plus intime de notre cœur. 
Écoutons-le, comme le peuple d’Israël dans le désert : « Écoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. » (Dt 6,4)