Fête-Dieu – B – 2 juin 2024

« Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : ‘Prenez, ceci est mon corps.’ »

Mc 14,22

> Pourquoi ce nom de Fête-Dieu ? Serait-ce parce Dieu seul peut aimer d’un amour aussi fou : « Prenez, mangez-moi ! » Dans l’Eucharistie, il s’agit de bien plus que de consommer un bout de pain, de boire à la coupe du vin. En communiant également à la Parole, vraie nourriture, nous recevons en nous le tout de la personne du Christ, toute sa vie donnée. Dans les versets qui précèdent l’institution de l’Eucharistie, Jésus parle ouvertement de la trahison imminente de Judas qui va signer son arrêt de mort. Le don est désormais sans retour.

> Fête-Dieu, la nôtre aussi parce que c’est Lui qui vit en nous et que nous vivons par Lui. Le « Faites ceci en mémoire de moi » peut s’entendre comme une invitation à faire comme lui en donnant nous aussi, notre vie « pour la multitude. » Ayant tout reçu, osons partager nos forces et notre temps sans peur de manquer. Car, la joie qui découle du don compense largement nos “dépenses d’énergie“.

Fête-Dieu, fête du don divinement gratuit.

6e dimanche de Pâques – B – 5 mai 2024

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite. »

Jean 15,11

> Au cœur de son testament, Jésus livre à ses amis le sens de la vie : demeurer dans son amour, nous y ancrer, nous y enraciner, et ainsi recevoir Sa joie pour nos vies.

La joie, c’est un fruit de l’Esprit, un accueil du OUI fondamental que Dieu prononce sur ma vie. Un accueil de son amour inconditionnel pour moi. Un accueil de son amour sur mes ténèbres personnelles.

Car cette joie, elle passe par les tourments et la détresse, elle passe par la croix, comme le dit le théologien protestant Dietrich Bonhoeffer, ce qui l’a rend encore plus puissante : « La joie de Dieu est passée par le dénuement de la crèche et la détresse de la croix : c’est pourquoi elle est invincible, irrésistible. Elle ne nie pas la détresse là où elle se trouve, mais au sein de cette détresse, en elle, elle trouve Dieu (…). C’est de cette joie victorieuse qu’il est question. A elle seule on peut se fier, elle seule aide et guérit. » (Dietrich Bonhoeffer, Si je n’ai pas l’amour. Labor et Fides, 1972)

Cette semaine nous sommes invités avec confiance à nous fier à cette joie, à la recevoir et à la cultiver dans notre vie. A s’ancrer dans l’amour de Dieu (à planter nos racines en lui), à chercher à y demeurer à tout prix, et à s’ouvrir à Sa joie.

4e dimanche de Pâques – B – 21 avril 2024

« Moi, je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. »

Jean 10,14

> Le tableau haut en couleur du “curé-peintre“ Sieger Köder (+ 2015) nous fait voir un Bon Berger plein de tendresse, non seulement pour sa brebis, mais pour petits et grands en fête autour de lui. Oui, il a ramené l’égarée au risque de sa propre vie et tous sont invités à s’en réjouir. – “Prêcher par l’image“, telle était la vocation de notre artiste. On peut dire qu’il a réussi le pari en nous rendant Jésus si humainement proche, éveilleur de joie et de fête.

Prêcher par l’image, vocation d’exception ? Surement, puisque chaque vocation est unique, avec ses dons particuliers au service de l’évangélisation. Chacun de nous réalise ainsi son œuvre d’art, avec ou sans pinceau. Et la plus belle, la plus juste, c’est le visage humain créé à la ressemblance de Dieu. Au cours de notre vie modelée sur l’Evangile, quelque chose de cette ressemblance va apparaitre sur nos traits et dans notre regard. Ce sera là notre chef-d’œuvre : Un visage où peut se lire la joie d’être ami, amie du Christ Bon Pasteur qui nous donne la vie en donnant la sienne.

Epiphanie – B – 7 janvier 2024

« Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie »

Mat 2,10

> L’étoile s’arrête au-dessus de la maison. C’est là. Après un long cheminement, les mages vont découvrir ce roi qu’est Jésus. Enfin. Et c’est alors que surgit une très grande joie. Ce qui est assez étonnant, c’est que la joie précède l’entrée dans la maison. Ils n’ont pas encore vu Jésus que déjà la joie les envahit. Cette joie surgit au moment où l’attente est sur le point de toucher à sa fin, comme quand on peut ouvrir le cadeau tant attendu.

Dans ce récit de la visite des mages, la joie est donnée. Elle surgit de la proximité de Dieu. Elle se reçoit sans avoir été programmée, planifiée. Au seuil d’un évènement bouleversant, la joie permet de relire sa vie autrement. Comme souvent dans nos chemins de vie.

Pour cette nouvelle année qui s’ouvre, voici donc un chemin pour nous : comme les mages, chercher à suivre l’étoile de l’Évangile qui nous conduit au Sauveur, et s’ouvrir à la joie offerte, en réfléchissant à cette question : que puis-je faire pour la cultiver, cette joie, dans mon chemin de vie ?

Que 2024 puisse être pleine de joie pour vous, chers frères et sœurs de l’Évangile à l’Écran !

24e dimanche du Temps ordinaire – C – 11 septembre 2022

« C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel
pour un seul pécheur qui se convertit,
plus que pour 99 justes
qui n’ont pas besoin de conversion. » 

Lc 15,7

> Voilà une phrase de Jésus qui peut nous sembler surprenante à priori. Ainsi, si l’on est juste, on procure moins de joie dans le ciel que si l’on est pécheur et que l’on se convertit. Pas facile à entendre… si l’on se croit juste, évidemment.

> Mais si l’on a conscience d’être pécheur, alors quelle joie en nous, déjà, de savoir que Jésus vient nous rechercher, comme il le fait pour la brebis égarée dans les versets qui précèdent. Et si l’on accepte de se retourner vers lui, de se convertir, alors nous créons de la joie au ciel, quel bonheur !

> Reste à prendre conscience que c’est là un travail de chaque jour. Nous avons besoin de conversion tout au long de notre vie. Et c’est fabuleux de penser combien de joie créent, dans le ciel, toutes nos petites conversions quotidiennes ! Quelle sera la prochaine de nos conversions ? Qui sera le premier à créer de la joie là-haut, en cette journée ? Au boulot !

18e dimanche du Temps ordinaire C – 31 juillet 2022

« Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Luc 12, 20-21

> La traduction de ce verset peut surprendre, mais la langue grecque originale de Luc est imparable : « riche en vue de Dieu, pour Dieu » dit le texte. On peut dès lors se poser la question : qu’est-ce que la richesse « en vue de Dieu » ?

> Pour ma part, il me semble nécessaire d’amasser paix, amour, bonheur, joie, charité, espérance en vue de Dieu. Et totalement inutile d’amasser des possessions matérielles. Les linceuls n’ont pas de poches !

> Et si nous commencions cette semaine à nous préoccuper d’amasser davantage de paix et d’amour (y compris envers nous-mêmes) plutôt que d’augmenter notre compte en banque ? Ce serait un beau chemin « en vue de Dieu »…

Dimanche de la Trinité – C – 12 juin 2022

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. »

Jean 16,12

> Cette phrase peut apparaître d’emblée frustrante : ainsi Jésus avait encore beaucoup à nous dire… il y aurait de quoi écrire de nouveaux évangiles… mais il a gardé ces choses pour lui. Toutes ? Pas sûr. Au début du livre de l’Apocalypse, par exemple, se trouvent sept lettres du Christ aux Eglises. Dans les épîtres de Paul, Jean, Pierre, Jacques se trouvent des propos certainement inspirés par Jésus.

> Cette phrase peut aussi nous rassurer : Jésus sait que nous sommes des êtres humains, nous n’avons pas la force de porter tout ce qu’il a porté, lui. Peut-être, aussi, n’avons-nous pas encore le niveau de sagesse pour comprendre certaines informations qu’il veut encore nous transmettre.

> Réjouissons-nous de ces éléments que nous ne connaissons pas encore, demandons la force de pouvoir un jour les porter et transmettons autour de nous tout ce que le Christ nous a déjà dit.

2e dimanche de Pâques – C – 24 avril 2022

« Jésus vint, les portes étant fermées,
se présenta au milieu d’eux, et dit :
La paix soit avec vous. »  

(Jean 20, 26)

Phénomène encore

> Ce passage nous présente Thomas dans son rapport de foi en Jésus. Bien connu, il est largement commenté.  Un détail nous échappe souvent : l’évangéliste précise que, chaque fois que Jésus visite ses disciples, les portes du lieu où ils se trouvent sont fermées. Le verbe grec utilisé suggère que les portes sont fermées avec des barres, des verrous ou une clé. Il ne suffisait donc pas de pousser la porte pour entrer. Pourtant Jésus est là. Il se présente devant eux. Comment Jésus a-t-il pu entrer ? Quel phénomène étrange, voire inquiétant ! Jésus ressuscité ne serait donc pas soumis à la matérialité. C’est une évidence. Une évidence qui rompt toute compréhension de la physique du monde. Les disciples étaient dans la crainte, celle de leurs propres frères juifs, l’apparition soudaine de Jésus avait de quoi les faire sursauter de peur, ou de joie (v. 20). 

> Nous qui prions pour que le Seigneur se manifeste à nous dans nos circonstances, ne doutons nullement qu’Il le fasse. Quel que soit la manière dont Il le fera, la première parole qu’Il nous adressera sera, comme à ses disciples : La paix soit avec vous !

6e dimanche du temps ordinaire – C – 13 février 2022

« Heureux vous, les pauvres… »

Luc 6, 20

> Quelle belle mise en scène pour ce discours sur le bonheur et le malheur : « Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples… ». Il nous regarde, car il lui tient à cœur que nous sachions, en tant que disciples, discerner le vrai bonheur de ses contrefaçons. Comme souvent dans les Evangiles, nous avons ici un exemple du “renversement de l’échelle des valeurs“ si cher à Jésus. N’est pas heureux simplement qui mange à sa faim et qui rit de plaisir en entendant le bien qu’on dit de lui. Ce qui semblerait pourtant logique. 

> Jésus a sa logique à lui, celle du royaume des cieux qui déconcerte. Comment déclarer heureux ceux qui manquent du nécessaire et qui pleurent, ceux que l’on exclut et méprise ? Mais ayons soin d’aller jusqu’au bout de la phase: «…à cause du Fils de l’homme. » 

Ce ne sont pas les épreuves en soi qui rendent heureux le disciple ; c’est le fait de les traverser à cause du Christ, avec lui et comme lui. Dès lors, l’invitation – pour le moins étrange – à tressaillir de joie, ne se comprend réellement que dans la perspective du bonheur qu’il y a pour nous à lui ressembler et à l’entendre dire : « Le royaume des cieux est à vous. » 

> A cause de toi, Seigneur, comme toi et avec toi, je me relève après chaque coup dur : « tu m’as appelé, me voici : mon bonheur, c’est toi. »

Epiphanie – C – 2 janvier 2022

Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Mt 2, 1-2

> Ces mages arrivent de loin – pays lointain et culture étrangère. C’est une étoile qui les a mis en route. Isaïe l’avait prophétisé : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » (Is 60, 3).

> Curieusement, le texte laisse entendre qu’arrivant à Jérusalem l’étoile qui les guidait a disparu, puisqu’ils doivent demander leur chemin. Leur rencontre avec Hérode va faire basculer dans le drame un événement qui n’aurait été que joie et allégresse : quelques versets plus loin le récit nous apprend qu’Hérode, fou de rage, fait massacrer les enfants de Bethléem. La présence de ce petit enfant tout nouvellement né déchaine la violence en même temps qu’elle engendre la joie. Parce que la manifestation – l’épiphanie – de l’amour infini oblige à se prononcer pour ou contre, ce petit enfant est, dès sa naissance, « signe en butte à la contradiction » (Luc 2, 34). Déjà la croix se dresse à la crèche.

> Si la croix est présente à la crèche, c’est aussi parce que les mages apportent avec eux non seulement la reconnaissance et l’adoration des peuples, signifiée par l’or et l’encens, mais aussi leur peine et leurs souffrances, évoquées par la myrrhe, qui sera proposée en boisson à Jésus en croix (Mc 15, 23). Plus tard, Jésus dira : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau. » (Mt 11, 28) Ce fardeau trop lourd pour les épaules humaines, les mages venus de si loin, déjà le déposent aux pieds du petit enfant de la crèche.

> Avec les mages, allons à Jésus nouveau-né, tout à la fois exultant de joie et de reconnaissance, et chargés des détresses de nos frères et sœurs, porteurs du « cri des pauvres et de celui de la planète. »