30e dimanche du Temps ordinaire – C – 23 octobre 2022

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Luc 18,14

> Quand je relis ce célèbre verset biblique, me revient sans cesse en tête la fin de la célèbre tirade des « non merci » dans le « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand :

« N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
 »

> Mais il y manque la dimension de foi : quand quelqu’un reste humble et modeste, il ne monte pas bien haut, certes. Il s’abaisse, même. Mais c’est alors que Dieu l’élève. Il monte donc beaucoup plus haut que ce qu’il imaginait.

> Essayons donc de ne pas rechercher les hauteurs mondaines qui n’ont pas grand-chose à faire avec l’Evangile, mais laissons-nous élever par Dieu depuis nos faiblesses humaines.

Dimanche de Pâques – C – 17 avril 2022

« Il vit et il crut. »

Jean 20, 8b

> Dans ce récit, Marie de Magdala est la première à voir. Elle voit la pierre roulée de l’entrée du tombeau. Elle voit, mais ne comprend pas.

> Quant à Simon Pierre, il n’hésite pas à entrer pour voir ce qu’il y a à l’intérieur du tombeau. Il voit le tombeau vide, il voit les bandelettes, il voit le linge qui était sur la tête de Jésus. Il voit, mais ne comprend pas.

> Le disciple bien-aimé, lui, est resté dehors, et il a pris le temps d’observer. Pas juste de « voir », ou d’ « apercevoir », mais il regarde avec attention. Il médite, cherchant à intégrer ce qu’il a devant les yeux. Lui aussi il voit, mais en interprète privilégié du Christ, il comprend les signes : la pierre roulée, ces bandelettes et le linge ainsi abandonnées, ce tombeau vide, tout cela signifie que le Crucifié a vaincu la mort, et qu’Il est vivant ! Son « voir » suscite la foi.

> Parfois nous aussi, nous voyons mais nous ne comprenons pas. Parfois nous aussi nous voyons mais nous n’y croyons pas. Pour toutes ces fois-là, l’Evangile, cette Bonne Nouvelle, nous invite à nous rappeler que la pierre a été roulée et qu’en Christ, la Vie est plus forte que la mort. Que, même quand nous croyons que « c’est mort », tout peut recommencer, continuer, se relever, ressusciter. Prenons donc le temps de « voir », et la grâce nous sera peut-être donnée de « croire ». 

Christ est ressuscité ! 

Il est vraiment ressuscité ! 

Alléluia !

JOYEUSES PÂQUES A TOUS

Vendredi Saint – C – 15 avril 2022

« J’ai soif. »

Jean 19,28

> Deux mots pour dire la souffrance extrême de la croix, la détresse du crucifié. La soif est en effet une des tortures de la croix par laquelle Jésus doit passer pour que les Écritures s’accomplissent. La soif de la croix.

> Deux mots pour dire aussi que l’entier de l’Evangile se construit dans le don. A chaque bout de son Evangile, Jean l’évangéliste présente un Jésus qui demande à boire. Au puits de Jacob déjà, en plein midi, fatigué du chemin, il osait s’adresser à la Samaritaine en ces termes : « Donne-moi à boire. » Car l’Evangile est dans le don. 

> Et pour nous, comment résonne cette soif de la croix ? Soif d’amour, soif de paix, soif de justice, dans notre monde tourmenté par le mal. Soif du Dieu Vivant. 

> Et pour nous, comment résonne l’Evangile comme don ? Don du Christ, pour nous, don de soi auquel nous sommes appelés dans nos vies à son service, don par amour, don pour la Vie.

> Méditer à la fois la soif de la croix et l’Evangile dans le don, voilà un chemin pour nous pour ce jour de Vendredi Saint.

3e dimanche du temps ordinaire – C – 23 janvier 2022

« Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue
 »

Luc 4,18

> A Nazareth, dans la synagogue, Jésus annonce sa mission de Christ, par les paroles du prophète Isaïe/Esaïe : porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue.

> Ainsi Jésus nous rappelle que l’Évangile n’est pas d’abord destiné aux riches, aux hommes libres, aux bien-pensant ou bien-voyant, mais bien à tous ceux qui se reconnaissent comme pauvres, captifs et malvoyants. A tous ceux qui sont dans le manque.

> Sur mon chemin de vie, le Christ m’invite donc à ouvrir les yeux sur mes pauvretés, mes enfermements, mes cécités, à les reconnaître et à les déposer auprès de Lui. Si je fais cela, alors je pourrai recevoir pleinement Sa Bonne Nouvelle. Une invitation donc pour cette semaine à prendre ce chemin d’humilité et me laisser transformer par Sa Bonne Nouvelle.

5e dimanche du temps ordinaire – B – 7 février 2021

« Allons ailleurs, dans les villages voisins,
afin que là aussi je proclame l’Évangile ;
car c’est pour cela que je suis sorti. »

Marc 1, 38

> Après plusieurs miracles, Jésus a besoin de se mettre en retrait, de prendre du recul. Puis, à la demande implicite des disciples, Jésus manifeste son autorité par le choix d’une autre voie. Son but est une prédication très large de l’Evangile, non plus centrée sur une seule ville, mais sur la Galilée entière. Aux attentes de guérisons, Jésus pointe sur le message, l’Evangile, sur la Parole. Ainsi, Jésus « dézoome » en quelque sorte, il prend de la hauteur pour élargir son champ de vision, c’est pourquoi il dit aux disciples : « Allons ailleurs ».

« Allons ailleurs », comme un appel qui résonne encore aujourd’hui avec force. Allons proclamer l’Evangile, en paroles et en actes. Allons vers ceux qui sont malades. Allons vers ceux qui sont exclus. Allons vers ceux qui en ont besoin. Mais plus encore, essayons de penser à ceux à qui nous ne pensons pas d’habitude, allons… ailleurs ! Voyons plus loin, plus large, « dézoomons ». Quand nous avons la tête dans le guidon, le Christ nous invite à relever la tête, prendre de la hauteur, et aller, avec confiance, ailleurs, pour annoncer l’Evangile. Une invitation à chacune et chacun cette semaine : allons ailleurs ! 

7ème dimanche du temps ordinaire – A

« Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux. »

Mt 5,44-45a

> Aimer et prier pour nos ennemis et pour ceux qui nous persécutent : toute la folie et la puissance de l’Evangile sont résumés en ce mots de Jésus du Sermon sur la montagne. L’Evangile est amour, pour tous, et surtout pour ceux qui nous éloignés ou qui nous font du mal, aussi difficile cela puisse-t-il être entendu et surtout vécu pour nous, humains. L’Evangile est Amour.

Pourquoi ? Parce que, comme disait Martin Luther King, lui l’homme qui été persécutés mais qui n’a jamais relâché sa prière, son amour : « Dieu n’est-il pas un extrémiste de l’amour ? » Le Pape François, dans un tweet, écrivait aussi : « Jésus nous a aimé. Jésus nous aime. Sans limite, pour toujours et jusqu’au bout. »

A notre tour, à la suite de tous les chrétiens, à la suite de Martin Luther King, à la suite du Pape François, nous pouvons nous aussi croire que Dieu est un extrémiste de l’amour, nous pouvons nous aussi, en toute humilité, essayer ce qui peut nous sembler impossible. Soyons des extrémistes de l’amour ! Ainsi, si nous aimons vraiment, nous serons les filles et les fils de notre Père qui est aux cieux. Car « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous vous reconnaîtront pour mes disciples » (Jean 13,35).

Alors cette semaine, soyons des extrémistes de l’amour. Dans notre prière. Dans nos actes. Confions à Dieu ceux qui nous tapent sur le système, ceux qui peuvent avoir des paroles blessantes à notre égard, ceux qui nous « persécutent ». Aimons-les en nous rappelant que Christ les aime eux aussi. Ainsi, ce sera un bout de l’Evangile que nous pourrons essayer de vivre !

23 dimanche du temps ordinaire – C

« Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14,26)

> Qu’il est dur ce verset… Imaginez aussi pour les gens de l’époque, les foules qui suivaient Jésus et qui le voient se retourner brutalement et les invectiver de la sorte… On a rêvé mieux comme marketing spirituel ! Je crois que ce que Jésus veut prévenir c’est que ceux qui se sont mis à le suivre attirés par les guérisons et les miracles ne réalisent pas à quelle radicalité d’amour lui est en train de se préparer avec le pressentiment de la Passion. Et ainsi donc, Jésus les prévient que ce n’est pas à une promenade de santé que l’Evangile les invite mais à des choix qui vont polariser les réactions autour d’eux, parfois même avec les personnes les plus proches….

Cette semaine, je vais essayer de donner la priorité à mes engagements de foi et parallelement demander le discernement pour accueillir avec calme les réactions d’incompréhension qu’ils peuvent susciter…

12e dimanche du temps ordinaire – Saint Sacrement

« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ;
puis on ramassa les morceaux qui leur restaient :
cela faisait douze paniers.» (Luc 9,17)

> Quand nous entendons ce récit bien connu de la multiplication des pains et des poissons, nous ne pouvons nous empêcher de chercher à comprendre via des explications rationnelles.

Mais un lâcher-prise sur ce côté rationnel nous est demandé. En fait, c’est le miracle de la foi, de la confiance, que le Christ nous transmet par ce récit. Un miracle qui ne s’explique pas. Mais qui se vit.

Toutefois, ce miracle ne se vit pas seul. Il se vit en communauté. Il se vit dans la relation, dans le partage, dans le don, avec des sœurs et des frères, 5000 dit le récit. Peut-être pouvons-nous déjà commencer par ceux qui nous entourent…

Certaines choses, quand nous les partageons, ne diminuent pas. L’amour par exemple. Le bonheur aussi. Albert Schweizer disait d’ailleurs : « le bonheur est la seule chose qui se double si on le partage ».

Cette semaine, recevons ce récit de miracle comme une invitation à vivre le partage : partage concret, partage autour de repas, partage de foi, partage de ce formidable trésor qu’est l’Evangile. Ainsi, par le partage avec Christ au milieu nous, nous vivrons ce miracle : nous en serons rassasiés.

 

 

3e dimanche du temps ordinaire – C

« C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » Luc 1, 1-4

> Ce commencement de l’Evangile de Luc est particulièrement intéressant car il parle du projet qu’est l’écriture de cet Évangile et des raisons pour lesquelles Luc, lui aussi, va se mettre à raconter précisément la vie de Jésus.

Il s’adresse à Théophile, un jeune homme qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous, celui qui se met attentivement à l’écoute de la Parole.

Mais ce qui est particulièrement intéressant dans ce prologue, c’est la façon dont Luc insiste sur sa méthodologie. Comme une enquête, on est plongé dans la richesse du travail littéraire effectué et l’investissement tout entier de l’auteur qui fait dans cet Évangile un acte de foi et qui veut offrir à ceux qui suivront Jesus un témoignage sûr et vérifié, construit à partir de sources. C’est cette solidité des enseignements qui permet au lecteur de placer sa confiance dans ce texte qui va suivre.

Et ce livre, 2000 ans après, est encore lu, travaillé, médité, décortiqué, par les Chrétiens à travers le monde.

Cette semaine, prends un peu de temps pour mesurer concrètement la façon dont les évangiles nous sont parvenus : ils ont été écrits par des hommes qui racontent ce qu’ils ont vu ou entendu et veulent nous transmettre cette découverte qui les fait vivre. Accepte et assimile ce cadeau vieux de 2000 ans et toujours éminemment actuel qui t’est fait…

25e dimanche du temps ordinaire – B

« Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » » (Marc 9, 33b-35)

> Qui est le plus grand ? qui est le plus fort ? qui est le plus beau ? Dans notre société, la compétition fait rage. Il faut toujours surpasser les autres, qu’importe si cela les écrase. C’est à celui qui construit la plus haute tour. C’est à celui qui a la plus grosse… armée ou bombe nucléaire. Les humains sont traversés par cette tentation de la compétition qui ravage en particulier notre société actuelle. Il faut être un meilleur parent que mon voisin, un meilleur professionnel que mon collègue. D’ailleurs qu’est-ce qu’un collègue si ce n’est celui qui fait le même travail que moi, mais… moins bien !

Le message de l’Evangile va à contre-courant de ces valeurs contemporaines. Il renverse les catégories connues. Il replace l’humain au centre. L’important n’est plus de gagner, d’écraser les autres, mais de se mettre au service. Se mettre au service, c’est avant tout se placer dans un état de disponibilité à être présent pour les autres. Mon vis-à-vis n’est plus écrasé, il est valorisé. Car il a de la valeur, l’Evangile le dit bien. Enfant d’un même Père, il en devient mon frère, ma sœur.

Alors cette semaine, observe et sois disponible. Observe cette tentation de la compétition qui fait rage dans le monde. Et en réponse, essaie de te montrer disponible à être présent pour les autres, pour tes frères et sœurs en Christ. En bref, essaie de vivre l’Evangile.