4e dimanche de Carême – C – 30 mars 2025

« Il entra en lui-même »

(Luc 15,17)

> Franchement, ma première réaction en lisant l’Évangile de ce dimanche, ça a été : « Oh non ! Pas encore le fils prodigue ! » Ce texte, on le connaît trop bien. On l’a retourné dans tous les sens : l’accueil du Père, la repentance du fils cadet, la jalousie du fils aîné… et pourtant, il y a comme une gêne à le relire encore. Peut-être parce que, dans notre monde d’aujourd’hui, les divisions ne se vivent pas tant entre ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans, mais bien à l’intérieur de la maison, entre frères. Le fils aîné, c’est celui qui est resté, fidèle, engagé. Il connaît les règles, il sert. Il pourrait être cette Église attachée à ses repères, « fidèle à ce qu’elle a toujours connu », enracinée, voire méfiante envers les élans nouveaux. Il ne s’oppose pas à son frère en tant qu’étranger, mais en tant que frère revenu. Et c’est là que ça coince : il ne le reconnaît plus comme tel. Il dit à son père : « ton fils que voilà », comme s’il n’en faisait plus partie.

> Et si cette parabole n’était pas tant un appel à « revenir à Dieu » qu’un appel à rentrer dans la joie de l’autre, même quand elle nous dérange ? Et si notre plus grand combat spirituel n’était pas de convertir les autres, mais de rester dans la maison du Père sans devenir amer ? Aujourd’hui, les tensions dans l’Église nous traversent aussi : progressistes, traditionnels, charismatiques, militants… on se regarde parfois de loin, avec jugement ou ironie. Mais le Père, lui, sort vers chacun. Il supplie : entre. Entre dans la fête. Réjouis-toi de l’autre. Peut-être que le premier pas, avant d’entrer dans la maison, c’est d’entrer en soi-même — comme l’a fait le plus jeune fils. C’est là, dans ce lieu intérieur, que commence le retour vers Dieu. Alors cette semaine, que le Seigneur nous donne de retrouver nos frères et sœurs là où ils sont. Et que la fête ne nous laisse pas dehors. Amen.

3e dimanche de Carême – C – 23 mars 2025

« Laisse-le encore une année. »

Luc 13, 8

ET SI NOUS PLAIDIONS ENCORE ? (Luc 13, 1-9)
> La proposition du jardinier de laisser une année de répit au figuier, ne serait-elle pas une invitation à devenir plaideur ? Plaider c’est parler en faveur de quelqu’un, prendre la défense d’une cause, développer des arguments en sa faveur. C’est ce que fit Jésus en faveur de ce figuier stérile qui n’est autre que son peuple. Il usait de patience et de bonté espérant que leur cœur porte du fruit pour Dieu. Jésus est un plaideur hors pair non seulement pour son peuple mais aussi pour nous.
> Et si nous prenions exemple sur Lui pour devenir des plaideurs ? Les sujets ne manquent pas : notre famille, nos voisins, nos collègues. Celui auprès de qui plaider n’est autre que le Père éternel, le Dieu d’amour. Les arguments desquels nous pouvons nous servir sont toutes les promesses que Dieu a faites et qui nous sont révélées dans sa parole. Alors, ami, sans te lasser plaide encore et sois assuré que le Père qui voit dans le secret saura trouver le chemin du cœur des personnes pour lesquelles tu plaideras.

2e dimanche de Carême – C – 16 mars 2025

Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Luc 9,35)

(Luc 9,35)

> Nous avons tous, peu ou prou, une autre phrase en tête : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… », phrase que les deux autres évangiles synoptiques font dire au Père dans la nuée. Luc est le seul à parler de « Fils que j’ai choisi » (en réalité de « Fils élu » si l’on s’en tient au grec). Au sortir d’une semaine d’élection au plus haut niveau du pays, en Suisse, reconnaissons que le vocabulaire de l’ « élu » n’est pas forcément notre tasse de thé. Celui du « peuple élu » autant que celui de « l’élu providentiel » d’ailleurs.

> La fine pointe de la compréhension se trouve dans les deux points qui séparent « que j’ai choisi » et « écoutez-le ». C’est parce que le Père l’a choisi qu’il nous faut écouter et suivre le Fils, assurément. Le regard est à porter davantage sur « écoutez-le » que sur l’élection.

> En ce temps de Carême, relisons les paroles du Christ à travers les Evangiles et essayons de l’écouter non seulement avec les oreilles mais surtout avec le cœur.

1er dimanche de Carême – C – 9 mars 2025

« Après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert. »

(Luc 4,1)

> Encore dans la joie de la voix du Père, l’appelant Fils bien aimé, Jésus, toujours sous la conduite de l’Esprit, se rend au désert. Lieu biblique par excellence de la rencontre avec Dieu. C’est là qu’il jeûne et prie son Père « dans le secret. »
Mais, il en a un qui est jaloux de ce bonheur filial. Au moment où Jésus est fragilisé par la faim, le Diviseur s’approche et essaie de le faire douter : « SI tu es le Fils de Dieu… ». “Si “, le mot de trop ! La suite du récit nous donne en Jésus le modèle du comportement filial. Sans entrer discussion, il s’appuie sur la Parole de Dieu seule.
> Cet Evangile assez étrange est bel et bien écrit pour nous. Jésus nous apprend à garder en toute situation le lien avec notre Dieu et Père. Sommes-nous troublés, tentés, désécurisés dans notre foi ? Ouvrons l’Evangile. Ne nous noyons pas dans un brainstorming personnel, mais prenons appui sur la Parole d’un Autre : notre Dieu.  Et nous retrouverons la terre ferme.