« Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. »
Luc 21, 28
> Oh qu’il est difficile ce texte qui évoque les tempêtes du monde et la frayeur d’une véritable Apocalypse… Et comme il résonne fort avec les événements de cette semaine ! Mais entre les deux passages choisis pour le lectionnaire, il y a cette parabole du figuier qui fleurit (vv.29-33) et qui annonce le retour du Christ comme une future explosion de floraison! Alors si de ce retour, nous arrêtions de scruter l’horizon pour en discerner le moment, mais bel et bien nous mettre en état de veiller à en voir les signes au quotidien ?
> Oui, le Fils de l’homme viendra. Ou plutôt, lisons le texte au présent : quand vous êtes dans la peur et la crainte du malheur, tellement ébranlés et bouleversés, c’est alors que le Fils de l’homme vient : il vient habiter votre peur. Alors tu vois le Fils de l’homme… alors tu te redresses et relèves la tête, car ta délivrance est proche… Quand le Christ vient, tout peut arriver : les possibles qui nous habitent s’ouvrent et sortent de terre… comme lorsque le printemps transforme et habille de couleurs les jardins. Amen !
« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
(Jn 18, 37)
> A Pilate qui cherche à lui faire dire qu’il est roi, Jésus laisse entendre que sa royauté, « qui n’est pas de ce monde », a à voir avec la vérité. Plus exactement, et c’est important, avec le « témoignage à la vérité ». Dire que sa royauté, ou son royaume (c’est le même mot en grec), est apparenté à la vérité pourrait signifier que Jésus est venu démontrer, établir la vérité. Ce n’est pas ce qu’il dit à Pilate, mais : « je suis venu rendre témoignage à la vérité. » C’est très différent ! Une démonstration, une preuve s’impose. Un témoignage fait appel à la confiance que l’on fait au témoin. Pas plus qu’il ne recourt à des gardes qui empêcheraient qu’il soit livré aux Juifs, Jésus n’impose la vérité. Il en témoigne. Libre est celui qui l’entend d’accueillir ou non son témoignage.
> Faire confiance à un témoignage plutôt qu’être convaincu par une démonstration, suppose d’écouter la voix du témoin. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix », dit Jésus. Ailleurs dans l’évangile de Jean, il est question d’écouter sa parole. L’attention se porte alors davantage sur le contenu proféré par cette parole. Ecouter la voix suggère quelque chose de beaucoup plus personnel, quelque chose de l’ordre de la confiance faite à celui qui parle. Faire confiance au témoin non seulement à cause de ce qu’il dit mais à cause de ce que nous percevons de lui à travers sa voix : cela sonne vrai !
> Pour écouter la voix de Jésus, pour reconnaître en lui « le témoin fiable et véritable » (Ap 3, 14) il faut « être de la vérité » (traduction de la TOB, plus proche du texte originel que celle de la liturgie qui traduit « appartenir à la vérité »). Etre de la vérité, comme on est d’un pays, d’une région. Etre de la vérité donne une connivence avec elle, qui fait reconnaître et écouter la voix de Jésus.
> Puissions-nous être de ce royaume, où la vérité est objet de témoignage plutôt que de démonstration. L’ultime témoignage de Jésus, manifestation de sa royauté, étant le don de sa vie.
« Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. »
Mc 13,28
> Evidemment, lire cela en plein mois de novembre ça fait, comme qui dirait, une belle jambe ! Ce qui est proche, c’est l’hiver. Et il arrive à grands pas !
> Mais derrière cette image, Jésus nous rend attentifs aussi au fait que nous avons tout sous les yeux. La nature, par le cycle des saisons, nous montre qu’à chaque hiver succède un printemps. Et nous avons appris à observer les signes avant-coureurs de chaque changement de saison.
> Apprenons donc aussi à observer les signes qui se cachent dans les êtres humains et dans nos vies, cultivons l’espérance que tout peut refleurir et reverdir, ne serait-ce que dans la Résurrection à laquelle nous aspirons. En plein mois de novembre, cultivons l’espérance du mois de mai : il reviendra, c’est sûr !
« Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat… »
Marc 12, 38
Méfiance
> Ce verset ne manque pas de nous rappeler l’adage populaire : l’habit ne fait pas le moine. Mais pas seulement. A bien y regarder, il fait aussi office de miroir. Voilà des hommes qui aiment à se promener en vêtements d’apparat, en longues robes dit une autre traduction. Le mot robe est repris dans le livre de l’Apocalypse. Une des différences entre ces deux tenues est que l’une est recherchée par ceux qui la portent : pour paraître, pour être dans le vent, pour être remarqué, peut-être, finalement, pour couvrir leurs vices. Leur piété affichée n’est qu’une mince couche de vernis, superficielle qui ne résiste pas à un examen en profondeur, au regard de Dieu qui scrute les cœurs. L’autre robe est reçue par ceux qui, dans les lieux célestes, sont en présence de l’Agneau. La robe est un cadeau et un signe qu’ils ont été lavés de leurs fautes. Dans le secret de leur cœur, ceux-là n’ont rien à montrer, rien à apporter. Ils se reconnaissent pécheurs sauvés par grâce.
> Nous le savons bien sûr, toutefois méfions-nous de toute forme d’orgueil spirituel qui nous ferait croire que, nous, nous avons compris ce qu’est la vie chrétienne. Adoptons l’attitude de la pauvre veuve. Elle passe inaperçue aux yeux des hommes. Pourtant Jésus la remarque. A l’heure des choix, ne cherchons à être remarqués des hommes. Cherchons l’approbation de Dieu.