« Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! »
Marc 1,27
> Je suis assis dans la synagogue de Capharnaüm le jour du sabbat. Je regarde Jésus entrer avec les quatre pêcheurs du coin qui venaient de tout quitter pour le suivre. Jésus lit les Écritures juives. Il enseigne avec autorité et il nous impressionne tous profondément.
Soudain, on entend le cri aigu d’un homme, Jésus fait taire sa souffrance et expulse calmement un esprit impur. Il le rend à nouveau auteur de son existence ! L’homme se trouve relancé dans son récit de vie… C’est lui qui va à nouveau tenir la plume de son histoire.
Seigneur, abrite-moi de ton autorité pour affronter les situations déshumanisantes, Pour faire jaillir du neuf là où je ne voyais que des impasses et de la souffrance qui criait… Pour écrire la suite d’une histoire qui apparaissait inachevée !
« Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »
(Marc 1, 18)
> Quel zèle tout au long de l’Évangile de ce dimanche ! Il y a un sentiment d’urgence : Jésus annonce que le règne de Dieu est tout proche (v.15). Puis, quand il s’adresse aux disciples qu’il est en train de choisir, le texte nous indique par deux fois qu’ils lâchèrent « aussitôt » ce qu’ils étaient en train de faire pour le suivre (v. 18 et v.20) ! Et sans poser questions ?! Jésus leur propose de changer de métier, de quitter leur maison, leur famille, et « hop » ils y vont ! Sans hésiter. Eh bien si les disciples laissent ainsi ce qui représente pour eux sécurité et gagne-pain c’est par la confiance que Jésus leur inspirait. Ils savaient que c’était la chose juste à faire. Imaginez là, maintenant tout de suite, où vous êtes : Le Christ sonne à votre porte. Lâchez tout, arrêtez ce que vous faites, et partez à sa suite. Ne serions-nous pas tentés de chercher des excuses ou de gagner du temps ? « Oui mais quand même je peux pas laisser ma famille comme ça », « non mon métier c’est pêcheur, pas pêcheur d’homme… Puis ça veut dire quoi d’abord ? », « Dis, t’aurais pas pu appeler avant ou m’écrire, là ça tombe mal… ». > Cette semaine, prenons aussi conscience de l’urgence de réfléchir à nos priorités, à l’endroit où nous insufflons notre énergie ! Redisons à Jésus que nous sommes d’accord de le suivre et de quitter notre zone de confort. Ne partons pas dans les extrêmes, il s’agit bien sûr avant tout de « la conversion de nos cœurs et de croire à la bonne nouvelle » (v. 15), de là découleront nos actions et les chemins que nous empruntons. Soyez bénis !
> « Que cherchez-vous ? », ce sont les tout premiers mots prononcés par Jésus dans l’évangile de Jean. Question que Jésus posera, à la fin du récit johannique, à Marie de Magdala qui pleure devant le tombeau vide : « Qui cherches-tu ? » Question qui ouvre et clôt le parcours de Jésus parmi nous. Question que Jésus adresse à qui s’approche de lui, à chacun de nous : Quand tu ouvres l’Evangile, que cherches-tu ? Quelle est l’attente, le désir de ton cœur ?
La réponse des deux disciples, comme celle de Marie, est une question : « Où demeures-tu ? », « Où l’as-tu mis (ce Seigneur qui a disparu du tombeau)? » Deux interrogations qui posent la question du lieu où trouver celui que l’on cherche. Cela dit un désir de proximité, le désir des disciples de ne pas se contenter d’une rencontre rapide sur le bord du chemin mais de « rester auprès de lui ».
« Ils allèrent donc et il virent où il demeurait. » ‘Voir’, dans la traduction française, c’est le verbe utilisé quelques lignes plus haut lorsque Jésus se retourne et ‘voit’ les disciples qui le suivent. Mais le mot grec qui est derrière n’est pas identique. « Ils virent où il demeurait », c’est le même ‘voir’ que celui de Marie de Magdala annonçant aux apôtres après avoir reconnu son Seigneur : « J’ai vu le Seigneur » (Jean 20, 18). Un ‘voir’ qui dit une expérience quasi indicible. Marie de Magdala a fait l’expérience du Ressuscité. Les deux disciples de Jean Baptiste qui ont suivi Jésus n’ont pas seulement repéré où il habitait, ils ont expérimenté quelque chose du mystère de l’Agneau de Dieu désigné par Jean. Ce ne sont pas leurs yeux qui ont vu « où Jésus demeurait », c’est leur cœur – au sens biblique du terme.
C’est pourquoi André peut dire à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie. » Ces mots ne sont pas une définition de catéchisme mais le fruit de ce qu’il a vécu avec Jésus. Annoncer le Seigneur suppose de « rester avec lui », de goûter sa présence – qui peut avoir le goût de l’absence.
« Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie ! »
Mc 1,11
> Tels sont les mots prononcés par la voix du Père au moment où Jésus remonte des eaux du baptême. Avons-nous conscience qu’à notre propre baptême, le Père nous a dit, à nous aussi, « Tu es mon fils / ma fille bien-aimé/e, en toi je trouve ma joie ? »
Nos Bibles traduisent la deuxième partie de la phrase par des expressions ampoulées du style « je me suis complu » ou « il m’a plus de te choisir » ou encore « tu as toute ma faveur ». J’aime beaucoup cette traduction toute simple de la Bible liturgique : « Je trouve ma joie », qui fait droit, d’ailleurs, au mot grec d’origine dans lequel se trouve une notion de joie, de plaisir.
Dieu met sa joie en chacun de nous. Je souhaite que cette joie soit contagieuse bien plus que le CoVid, que jamais on ne trouve de vaccin contre elle, et qu’on puisse la répandre largement autour de nous cette semaine !
« Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était le petit enfant, elle s’y arrêta. »
Matthieu 2,9
Questions de déplacement
> De longue date, ce passage m’interpelle. Mes connaissances en mécanique céleste sont quasi nulles, et ce texte est un des plus abscons de la Bible. Comment est-il possible de repérer une étable à partir d’une étoile ? L’étoile la plus proche de la terre, Proxima du Centaure, se trouve à 4.2 année-lumière, soit 42 000 milliards de kilomètres. Son déplacement est imperceptible. Vue de la terre, elle est à l’aplomb de toute la Suisse (et bien davantage). Alors de là à imaginer qu’elle indique précisément un lieu entre Davos et Genève !
Ce texte m’invite à lâcher mes connaissances intellectuelles quand il s’agit de ma relation à Dieu. Le Seigneur ne dit-il pas : je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants (Matthieu 11, 25) ? Les mages devaient avoir une autre intelligence des choses célestes. Le récit qui nous occupe montre que nous devons aussi lâcher nos connaissances dans certaines situations. Ainsi, les mages ont-ils lâché leurs connaissances pour le retour dans leur pays ! Ils ont suivi un autre chemin. Car, divinement avertis – qui plus est en songe -, ils ont accepté que ces instructions soient celles qu’il leur fallait suivre, même si elles ne correspondaient pas au chemin traditionnel. Dieu s’occupe de nos déplacements qu’ils soient physiques ou intellectuels.
Au début de l’an de grâce 2021, faisons le choix de faire confiance en toutes choses à Celui qui conduit même les étoiles.