Dimanche des Rameaux et de la Passion – C – 13 avril 2025

« Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ».

(Luc 19,38)

> Oui, il est le Béni par excellence, celui qui suscite une telle liesse à son passage, joie pourtant éphémère. Les disciples qui acclament Jésus pour ses miracles ne se doutent pas que dans très peu de jours, une foule ameutée, celle-là, criera : « Crucifie-le ! »
Comment vont-ils se positionner alors ? Parmi ses apôtres, l’un le livrera, l’autre le reniera, beaucoup s’enfuiront. II leur faudra traverser la nuit totale et s’enfermer dans la peur avant de recevoir la Force d’en-haut promise par Jésus et oser témoigner au grand jour.
> En entrant dans la Semaine Sainte, nous autres, baptisés, confirmés, renouvelons notre détermination à suivre le Christ, à être “de Lui“, malgré le risque d’être tenus pour des naïfs un peu retardés ; faisons-nous proches de nos frères et sœurs qui subissent une réelle persécution parce qu’ils n’adorent pas leurs leaders ivres de pouvoir, mais leur Seigneur crucifié.

5e dimanche de Carême – C – 6 avril 2025

« Moi non plus je ne te condamne pas. »

(Jean 8:11)
Image: Arcabas

>On la connaît cette histoire de la femme adultère et on en occulte parfois la violence et à quel point elle sert de prélude à la Passion. Les pharisiens font tout pour coincer Jesus! Lui se tait et dessine dans le sable, il temporise pour laisser à chacun des hommes présents le temps de rentrer en lui-même et de s’examiner.
> Chaque fois que j’ai envie de juger, je suis renvoyé à ma propre vie, avec une parole qui me met d’abord face à moi-même. Et si ce sont les plus âgés qui quittent d’abord la foule, c’est parce que leur expérience de vie est suffisamment dense pour savoir qu’il y a bien assez de côtés sombres en nous pour regarder d’abord à nos erreurs et non à celles des autres…
>Et si ce « Moi non plus, je ne te condamne pas », était comme un avant-goût du pardon ? Et si ce « Va » était le vrai salut pour une femme qui repart avec sa vie sauvée deux fois: de la mort et de l’accablement de la faute. Je le prends pour moi ce « va! », comme un envoi: comment puis- je parler de mes libérations?

2e dimanche de Carême – C – 16 mars 2025

Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Luc 9,35)

(Luc 9,35)

> Nous avons tous, peu ou prou, une autre phrase en tête : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… », phrase que les deux autres évangiles synoptiques font dire au Père dans la nuée. Luc est le seul à parler de « Fils que j’ai choisi » (en réalité de « Fils élu » si l’on s’en tient au grec). Au sortir d’une semaine d’élection au plus haut niveau du pays, en Suisse, reconnaissons que le vocabulaire de l’ « élu » n’est pas forcément notre tasse de thé. Celui du « peuple élu » autant que celui de « l’élu providentiel » d’ailleurs.

> La fine pointe de la compréhension se trouve dans les deux points qui séparent « que j’ai choisi » et « écoutez-le ». C’est parce que le Père l’a choisi qu’il nous faut écouter et suivre le Fils, assurément. Le regard est à porter davantage sur « écoutez-le » que sur l’élection.

> En ce temps de Carême, relisons les paroles du Christ à travers les Evangiles et essayons de l’écouter non seulement avec les oreilles mais surtout avec le cœur.

1er dimanche de Carême – C – 9 mars 2025

« Après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert. »

(Luc 4,1)

> Encore dans la joie de la voix du Père, l’appelant Fils bien aimé, Jésus, toujours sous la conduite de l’Esprit, se rend au désert. Lieu biblique par excellence de la rencontre avec Dieu. C’est là qu’il jeûne et prie son Père « dans le secret. »
Mais, il en a un qui est jaloux de ce bonheur filial. Au moment où Jésus est fragilisé par la faim, le Diviseur s’approche et essaie de le faire douter : « SI tu es le Fils de Dieu… ». “Si “, le mot de trop ! La suite du récit nous donne en Jésus le modèle du comportement filial. Sans entrer discussion, il s’appuie sur la Parole de Dieu seule.
> Cet Evangile assez étrange est bel et bien écrit pour nous. Jésus nous apprend à garder en toute situation le lien avec notre Dieu et Père. Sommes-nous troublés, tentés, désécurisés dans notre foi ? Ouvrons l’Evangile. Ne nous noyons pas dans un brainstorming personnel, mais prenons appui sur la Parole d’un Autre : notre Dieu.  Et nous retrouverons la terre ferme.

Dimanche des Rameaux – B – 24 mars 2024

« On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. »

(Marc 14, 51-52)

> Dans ce passage de la Passion du Seigneur, un jeune homme suit Jésus, n’ayant pour tout vêtement qu’un drap. Lorsqu’on essaie de l’arrêter, il lâche le drap et s’enfuit tout nu. Cette image de l’homme nu pourrait symboliser la honte que pouvait ressentir ce jeune homme, il a eu peur d’affirmer sa foi face à ceux qui cherchent à arrêter Jésus – en on peut le comprendre ! Dans le récit de la Passion de ce dimanche, Jésus est arrêté et abandonné par ses disciples, il est seul face à ses accusateurs. Mais il accepte de faire la volonté de son Père et de se sacrifier pour le salut de tous les hommes.

> Cette semaine, souvenons-nous que nous pouvons parfois nous sentir vulnérables face aux épreuves et aux tentations que nous rencontrons dans l’affirmation de notre foi, en particulier dans une société qui semble de plus en plus jugeante et méfiante envers les religions. Dans ces moments-là, n’ayons pas peur de nous tourner vers Jésus, qui a lui-même connu la souffrance et l’abandon – raison de plus pour nous de tenir bon, de rester fidèles et de prier avec persévérance. Prions également pour ceux qui sont persécutés pour leur foi dans le monde entier. Le Seigneur nous bénisse et encourage dans notre fidélité à Jésus. Soyons fiers de proclamer notre foi en lui, et prêts à témoigner de son amour dans notre vie quotidienne, même si cela peut être difficile. Amen

5e dimanche de Carême – B – 17 mars 2024

« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Jean 12,24

> Jésus dit cette phrase à Philippe et André, alors qu’ils sont juste venus lui dire que des grecs veulent le voir… Jésus serait-il hors-sujet ?

Non, bien sûr ! Voir Jésus, c’est voir celui qui va vaincre la mort et en faire un simple passage pour nous tous. Or tout est sous nos yeux pour le comprendre : le cycle des saisons nous montre une nature qui meurt en hiver avant de ressusciter au printemps.

Dans les beaux jours qui arrivent, sachons reconnaître la résurrection en train d’agir et contemplons notre résurrection future !

4e Dimanche de Carême – B – 10 mars 2024

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Jean 3,16 (14-21)
Eglise catholique de Bex. Œuvre de Madeline Diener

> Nous sommes témoins de la rencontre nocturne entre Jésus et Nicodème, homme qui réfléchit et cherche des réponses. Jésus lui trace comme un grand survol du dessein de salut qui va s’accomplir en sa personne. II prend de la hauteur en parlant de lui-même (à la 3ème personne) comme « fils de l’Homme » ouvrant déjà la perspective de l’accomplissement final. Mais avant cela, il faut que ce fils de l’Homme soit élevé, comme le fut le serpent de bronze en instrument de salut et signe de pardon. Jésus utilise une image qui est familière à son interlocuteur, et qui lui parle de la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde qui, en Jésus, renonce à juger le monde, et ne pense qu’à le sauver.
> Nous avons encore quelque retard à rattraper, nous qui nous plaisons à refaire le monde, autour d’une tasse de café ; et ceci sans nous gêner d’accuser ceux que nous jugeons responsable de ce qui va mal. – Prenons donc aussi de la hauteur ; levons les yeux vers le crucifié qui, par son pardon jusqu’au bout, nous signifie que désormais nos jugements sont caducs et qu’il n’y a qu’un seul pour refaire le monde – et qui s’y entend : Notre Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

3e dimanche de carême – B – 3 mars 2024

« Il les chassa tous du Temple »

Jean 2,15

>Jésus chassant les marchands du temple…quelle sainte colère!

Pour les colériques: n’oubliez pas que parfois cette émotion est bien utile, par exemple pour identifier un gros conflit de valeurs et mettre une limite à des attitudes qui nous blessent.

Bien sûr que c’est plutôt dans le calme et la confiance que sera notre force (Esaïe 30.15)… mais entrainons-nous à remettre dans la prière un discernement juste, pour savoir comment traduire notre zèle en action claire et percutante au besoin!

2e dimanche de Carême – B – 25 février 2024

« …les disciples ne virent plus que Jésus seul. »

Marc 9, 8

HALLUCINATION

> Pierre, Jacques et Jean partagent une expérience qui est proche de l’hallucination, ce phénomène psychique par lequel un sujet en état de veille éprouve des perceptions sans qu’aucun objet extérieur les fasse naître. Au cours d’une promenade qui les mènent sur une haute montagne, en compagnie de leur ami Jésus, voilà que la lumière se fait éblouissante, si forte que rien n’est plus perçu comme avant. La lumière lave plus blanc que blanc. Deux personnages importants dans l’histoire des juifs font leur apparition : Moïse et Elie. Comment les ont-ils reconnus ? Certainement pas d’après leur photo d’identité ! Peut-être en raison des propos que ces deux tiennent avec Jésus.

Les trois gaillards (hommes pleins de vigueur, de force et de santé) paniquent, Pierre propose à Jésus qu’ils s’installent tous là. Signe que ces trois perdent leurs moyens ! Où trouveraient-ils le matériel de « camping » ? Comble de l’histoire : une nuée parlante les couvrent, leur intimant l’ordre d’écouter le Fils bien-aimé. Ce Jésus qu’ils croyaient connaître leur tient des propos qu’ils ne comprennent pas, en particulier quand il parle de résurrection !

Cet événement semble vouloir mettre en lumière le fait que nous croyons connaître, savoir ou avoir saisi. Comme celle des disciples, notre compréhension est partielle. La sainteté de Dieu et sa puissance (capable de faire apparaître des morts) se montrent de manière fugace. Elles bousculent nos fondements, remettent nos certitudes, nos savoirs en question. Mais, heureusement, Jésus est celui qui demeure auprès de nous quand tout est ébranlé. Ne voyons plus que Jésus seul et gardons les yeux fixés sur Lui qui nous a ouvert le chemin de la foi (Hébreux 12, 2)

1er dimanche de Carême – B – 18 février 2024

« Aussitôt l’Esprit le pousse au désert »

Marc 1,12

> « Aussitôt » : ce petit mot se trouve 42 fois dans l’Évangile de Marc, 11 fois dans son premier chapitre. « Aussitôt » : un mot qui signifie bien sûr l’enchaînement des actions, ici en l’occurrence le baptême de Jésus (Mc 1,9-11) suivi du désert (Mc 1,12-15), suivi de l’appel des disciples (Mc 1,14-20), suivi de l’enseignement à Capharnaüm, (Mc 1,21-28), etc. Mais plus en profondeur, ce petit mot « aussitôt » signifie l’impératif, l’urgence de telle ou telle action. L’impératif de passer par le désert avant de débuter le ministère, d’appeler les disciples et d’enseigner. L’urgence de suivre le Christ et de répandre la Bonne Nouvelle.

Le désert est donc pour Jésus un impératif. Pas moyen d’en faire l’économie. C’est d’ailleurs l’Esprit, celui-là même qui est descendu sur Jésus au baptême, qui le pousse violemment au désert, qui l’y jette. Nous pouvons imaginer que Jésus aurait préféré l’éviter, mais le désert est un impératif : sa vocation va se forger au creuset du désert, des tentations et de la solitude.

Bien souvent nous aussi nous préférerions éviter les déserts de notre vie, éviter les tentations, éviter la solitude. Mais nous y sommes jetés, comme Jésus. Aussitôt. Depuis mercredi, nous avons débuté ce temps de désert, de préparation, qu’est le carême. Un temps d’arrêt impératif, nécessaire, qui dit l’urgence pour chacune et chacun d’aller au désert, nous aussi, pour forger notre vocation de femme et d’homme au service de Dieu. Que ce temps de carême puisse être un temps de désert fécond pour chacune et chacun !