Mardi 31 mars 2020

« Toi, qui es-tu ? »

Jn 8,25

> Les évangiles proposés à notre écoute ces derniers jours sont jalonnés par la question de l’identité de Jésus. Dimanche dernier, nous entendions l’aveugle-né guéri par Jésus dire aux pharisiens : « Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. » (Jn 9, 30) Quelques jours plus tard, nous lisions dans le chapitre 7 de Jean : « Jésus s’écria : “Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ?” » (7, 28) Un peu plus loin dans le même chapitre, on voit la foule se diviser sur cette question. Certains reconnaissent en lui le Christ, d’autres affirment qu’il ne peut pas l’être puisqu’il vient de Galilée. La question agite la foule et les ennemis de Jésus, et sera au cœur de son procès : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »(Mc 14,61).

Et nous, qui nous disons ses disciples, cette question nous laisse-t-elle tranquilles ? Nous avons les mots pour y répondre : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu, envoyé dans le monde. » Mais la réalité, le mystère derrière les mots, qu’en savons-nous ? Pensons-nous pouvoir l’enfermer dans une définition, fut-elle dite avec les mots mêmes de l’Evangile ? 

« L’amour, c’est de ne pas pouvoir être en repos à cause du mystère d’un être », a écrit un romancier. Puissions-nous ne pas être en repos à cause du mystère du Christ Jésus. Et si nous l’étions, que les jours de la Passion, qui approchent, nous en fassent sortir, nous remettent en quête.

En ces jours de réclusion, si nous adressions, au moins intérieurement, ce « Toi, qui es-tu ? » à nos proches. Dans leur proximité imposée à longueur de journée nous risquons de ne plus voir que les petits – et parfois agaçants – côtés du quotidien. Il dépend de nous, avec l’aide de Dieu, de faire naître de cette proximité un regard renouvelé sur le mystère de chacun.

Lundi 30 mars 2020

« Jésus se baissa de nouveau. »

Jn 8,6

> Relisons ce texte bien connu en surlignant les verbes de mouvement ; de haut en bas d’abord : Jésus s’assied (8,2), se courbe vers le bas (pléonasme en 8,6 et 8,8) ; puis vers le haut: Jésus se relève (8,7), et se relève encore (8,10).

Ce que l’Evangile du jour nous dit, c’est que pour prendre ce chemin de pardon qui relève, le chemin de la vie, il faut oser s’abaisser comme Jésus s’abaisse pour écrire sur le sable. Car quand Jésus est bombardé de questions par les Pharisiens qui cherchent à lui tendre un piège, il se baisse, et se met à tracer du doigt des traits sur le sol. Geste énigmatique. On ne sait pas ce que Jésus écrit par terre, mais ainsi Jésus prône en fait un abaissement…

Le pardon, qui permet une vie nouvelle en homme et femme pardonnés, comme à la fin de cet épisode, passe donc par un abaissement. S’abaisser, c’est lâcher. Lâcher la pierre de la colère, de la haine, de la rancoeur, même si cela nous coûte tellement. C’est laisser le pouvoir à l’autre. C’est lui redonner le pouvoir pour la vie, en vue d’une vie nouvelle. Car cet abaissement ouvre à une vie nouvelle.

En ce jour, nous nous proposons de vivre cette démarche d’humilité et de lâcher prise : quelle pierre de colère, de haine, de rancœur puis-je lâcher ? Comment puis-je, à la suite du Christ, moi aussi m’abaisser pour initier un chemin de pardon qui ouvre à une vie nouvelle ?

5e dimanche de carême – 29 mars

« Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort »

Jean 11,21

> Le reproche de Marthe résonne fort aujourd’hui, résonnera fort encore dans nos vies qui se découvrent menacées par la pandémie…
Avec des « si » on refait facilement le monde:
Si on avait plus de respirateurs…
Si le gouvernement prenait d’autres mesures…
Si le pangolin n’avait pas été cuisiné…
Si Dieu voulait bien se réveiller…

A tout cela Jésus ne répond pas directement.
Il ne nous évite pas l’épreuve, il ne se déplace même pas en hâte vers son ami malade.
Mais il dit: je suis la résurrection et la Vie.
Et il pleure…

Cette semaine, et même jusqu’à Pâques et au-delà 
Seigneur montre-moi que tu es là !
Que tu pleures avec ceux qui pleurent
Et que même sans réponse à nos pourquoi
Tu offres la Vie, 
Pas celle remplie de divertissement facile
Mais une Vie solidaire 
et habitée de nos émotions 
que tu partages sans conditions.
Amen!

Samedi 28 mars 2020

« C’est ainsi que la foule se divisa à cause de lui. Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui. »

(Jean 7,43-44)

> Dans l’Évangile de ce jour, il est intéressant que les gens cherchent à connaître l’origine de ce prophète qui parle si bien. Est-il de Galilée? Il n’est pas de Bethléem n’est-ce pas?Ces débats stériles focalisent non pas tant sur les prodiges accompli par le Christ, mais sur des détails dont parlent les Écritures. Et à force de relecture ces débats finissent en querelle, « la foule se divisa » lit-on.
> En tant qu’Église, quelle que soit notre confession, nous sommes appelés à regarder vers Jésus et à reconnaître et proclamer ses prodiges, et non pas à nous diviser pour convaincre les autres de notre vision. Quoiqu’il en soit, il y a un message d’espoir dans ce texte : on ne peut pas arrêter Jésus, on ne peut pas mettre la main sur Lui ! Soyons confiant qu’il est encore est toujours là, parmi nous et qu’il nous montre le chemin ! Soyez bénis.

Vendredi 27 mars 2020

« Mais lorsque ses frères furent partis pour la fête, il se mit en route lui aussi, sans se faire voir et presque secrètement. (…) Alors qu’on était au milieu de la fête, Jésus monta au temple et il se mit à enseigner. »

Jn 7, 10 et 14

> La fête des tentes ou Souccot est une fête joyeuse qui nous rappelle la sortie d’Egypte et les fruits de la première récolte en terre promise. Une moisson sans cesse renouvelée. Jésus prend sa décision, souverainement, presque secrètement, Il se rend à LA fête qui rassemble tout le peuple de Dieu, disséminé en temps ordinaire.

Dans le verset 14, le point culminant de la rencontre permet à Jésus d’enseigner, de nourrir, de sauver le plus grand nombre. Il s’offre en sacrifice malgré le danger d’être arrêté. Le plan de Dieu s’accomplit progressivement vers le moment suprême de la CROIX. Mais avons-nous bien compris son comportement, ses actions, ses paroles qui porteront leurs fruits pour la vie éternelle de chacun de nous ?

Vivre à la suite de Jésus, cela nous donne la force de transmettre son message d’Espérance par les ondes ou dans le silence d’un texte écrit à tous ceux qui sont confinés mais veulent rester UNIS.

Jeudi 26 mars 2020

« Comment pourriez-vous croire,
vous qui recevez votre gloire les uns des autres,
et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique ? »

Jn 5,44

> La vaine gloire que dénonce Jésus, celle qui consiste à « se glorifier mutuellement », c’est la gloire des réseaux sociaux, la comptabilisation des « J’aime » mais aussi leur classification : tel ami a aimé ou partagé ce que j’ai posté, bon… mais telle célébrité, tel people a aimé ce que j’ai posté : c’est la gloire ! Il y a donc des « j’aime » qui valent plus que d’autres, sur les réseaux sociaux.

En ces temps de confinement, redonnons toute sa gloire à Dieu. Il nous attend dans le réseau social intérieur qui s’appelle la prière. Un réseau sur lequel nous sommes des millions à être connectés au même moment, un réseau sur lequel nous avons 2 milliards et demi d’amis, nous les Chrétiens, un réseau sur lequel le seul « people » est le Christ… et il ne prend pas de selfies. Par la prière, connectons-nous à Dieu, aux autres, et reconnectons-nous à nous-mêmes par la même occasion !

Mercredi 25 mars 2020 – Annonciation

« A cette parole, Marie fut toute bouleversée et elle se demandait ce que pouvait signifier cette parole. »

Luc 1,29

> A la première interpellation de l’ange, Marie se laisse surprendre. Si son premier mouvement n’est pas la peur ou la méfiance, c’est parce qu’elle est ouverte à la parole de l’ange. Son cœur est disponible. Déjà, elle pressent que sa vie va changer, et elle reste entièrement à l’écoute, prête à dire son “oui”.

Marie s’est préparée sans se préparer. Elle était prête car sa vie entière est tournée vers le Seigneur dans la simplicité de son quotidien.

Réjouissons-nous de l’accueil réservé par Marie à l’ange Gabriel !

A son école, de quelle façon nous laissons-nous bousculer par les messagers ? Ils sont nombreux même s’ils ne ressemblent pas, de prime abord, à Gabriel… Parvenons-nous à être attentifs au message dont ils sont les porteurs ? Savons-nous envisager un “oui” même lorsque nous ne maîtrisons pas tout à la perfection ?

Que ces temps particuliers nous rendent dociles à l’Esprit à la façon de la Vierge Marie pour bouleverser le monde !

Mardi 24 mars 2020

Le malade lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau bouillonne ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi. »

Jn 5,7

> Cet homme est malade. Depuis 38 ans. Paralytique. Depuis 38 ans. Seul. Depuis 38 ans. D’une solitude paralysante. Puis un jour le Christ vient vers lui. Simplement. Humainement. Il entame un dialogue. Il crée un lien. Pas question ici de foi. Mais juste de se montrer humain. Jésus, le Christ, ainsi recrée la vie. Il restaure l’intégrité du paralytique. Il replace au centre sa dignité humaine.

Ce récit, qui est d’une simplicité éblouissante, constitue une sacré leçon de vie pour nous aujourd’hui !  Allez vers ceux qui sont ceux seuls, et en recréant un lien, rendez-leur leur dignité humaine. Allez vers ceux qui sont malades, et portez-leur de la considération et de l’amour. 

En jour où les malades de toutes sortes et les personnes seules souffrent tout particulièrement de la situation sanitaire mondiale ainsi que du confinement imposé, portons dans nos prières ces personnes malades ainsi que celles qui souffrent de solitude. Portons aussi dans nos prières les aumôniers, les pasteurs, les prêtres qui ne peuvent pas rendre visite à ces personnes et doivent trouver de nouveaux moyens de les rejoindre. Et pourquoi pas, nous aussi, suivons l’exemple du Christ pour à notre tour tenter de recréer ce lien qui restaure la vie en faisant des signes d’humanité à ces personnes seules ou malades. Un téléphone, un message ou même une carte suffit. Allons avec confiance, le Christ nous accompagne. 

Lundi 23 mars 2020

Va (sans moi) ton fils vit.

Jean 4, 50

> Qu’elle a du être longue la route pour redescendre à Capharnaüm pour ce père qui n’a pu s’accrocher qu’à une parole de guérison!
Mais il y a cru à cette parole, de tout son cœur…
Jésus en est à son deuxième signe après avoir changé l’eau en vin et c’est un signe qui recèle bien plus d’enjeux….
1) c’est une question de vie ou de mort
2) nul n’est prophète en son pays…
Jésus choisit alors à nouveau un signe pas très spectaculaire puisque la guérison a lieu à distance !! Et touchera surtout la maisonnée du fonctionnaire du roi et non toute une foule qui aurait massivement suivi Jésus pour descendre à Capharnaüm.

> Pour mon aujourd’hui ce récit me pousse à croire à la parole de Jésus qui suscite la vie et non à des miracles spectaculaires. Et dans ce quotidien de prières qui montent vers Dieu, je veux comme le fonctionnaire nourrir ma foi sur le chemin incertain qui me ramène à la maison en croyant que Dieu agit dans le secret.

4ème dimanche de Carême – 22 mars 2020

« Je crois Seigneur ».

(Jn 9,38)

> Ce 4ème dimanche de Carême, l’évangile de Jean nous raconte la guérison miraculeuse d’un aveugle-né qui retrouvera non seulement la vue, mais va expérimenter un chemin de foi qui lui fera dire devant Jésus « je crois Seigneur ». En posant son regard d’amour sur un homme que personne ne regarde, Jésus le voit avec le même regard d’amour qu’il a posé sur tant d’autres. Cet homme plongé dans les ténèbres par sa cécité et de ce fait exposé à de grands dangers, va voir la lumière grâce à sa rencontre avec Jésus ; il est non seulement guéri, mais Jésus va lui donner un autre cadeau, l’accès à la foi comme en témoigne la suite de l’évangile.En lui appliquant de la boue sur les yeux et en l’envoyant à la piscine, Jésus va recréer cet homme afin que les autres puissent le voir comme lui le voit, à savoir digne de son amour. Ce regard d’amour de Jésus se porte sur chacun de nous ainsi que sur nos sœurs et frères en humanité. En guérissant l’aveugle-né, Jésus témoigne une fois de plus qu’aucune vie n’est de trop ou inutile.

> Dans ce Carême particulier que nous vivons, rendons grâce pour la foi qui nous ouvre les yeux et regardons notre prochain avec le regard d’amour du Christ et protégeons les plus fragilisés d’entre nous.

« Jadis vous étiez ténèbres ; mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous comme des enfants de lumière, car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité. »

(Eph, 5, 8-9)