5eme dimanche de Pâques – C – 18 mai 2025

« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres »

(Jn 13, 31-33a.34-35)

> En plein repas de famille qui tourne mal…avec un des convives qui est désigné comme traître et qui sort précipitamment dans la nuit pour aller Le trahir…
Voilà que Jésus choisit précisément ce moment pour réaffirmer la force de l’amour et y exhorter ses disciples.
> C’est précisément là où le tissu de leur fraternité se déchire que le Christ appelle à aimer comme Lui… au-delà de nos blessures et de nos imperfections! Il en appelle à l’espérance !

> Mon métier demeure l’espérance !
Quand j’ai traversé mes chemins de givre
Quand j’ai brûlé au feu de ma colère
Quand j’ai cru mes convictions en péril
Partout je veux persévérer à repousser la rancœur en exil

Mon métier demeure l’espérance !
Lorsque Judas est sorti après avoir peut-être englouti une bouchée bien amère…
Lorsqu’il est parti pour livrer son maître, Celui-ci en a profité pour réaffirmer l’amour
Alors moi aussi: quand je fais sortir le Judas de mon cœur
Quand j’ai digéré mes bouchées amères
Partout je veux continuer d’aimer mes frères
Et de chérir mes sœurs.

4e dimanche de Pâques – C – 11 mai 2025

« Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront. »

(Jean 10, 28)

> Entendre Jésus dire « jamais elles ne périront » peut sembler difficile. Autour de nous, la mort, la maladie, les injustices sont bien réelles. Est-ce une fausse promesse ? Une illusion pour se rassurer ? Non : c’est une promesse plus forte que toutes nos pertes visibles. Jésus, le Bon Pasteur, connaît la fragilité de ses brebis ; il sait que les chemins sont parfois sombres. Mais il assure que rien — ni l’épreuve, ni la mort — ne pourra arracher ses brebis de sa main (cf. Romains 8, 39 : « rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ »). Ce lien d’amour, tissé par le Père, est plus solide que nos peurs. C’est une vie éternelle qui commence dès aujourd’hui, dans l’écoute de sa voix.

> Cette semaine, même si nous croisons l’ombre du doute ou du mal, rappelons-nous que nous ne marchons pas seuls. Notre Berger veille, même quand nous ne le voyons pas (cf. Psaume 23, 1 : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer »). Ne laissons pas les ténèbres nous voler la confiance dans sa parole. Avec Lui, nous avons déjà reçu la vie que rien ne pourra briser. Seigneur Jésus, notre espérance, garde-nous tout près de ton cœur. Amen.

3e dimanche de Pâques – C – 4 mai 2025

« Simon Pierre leur dit je m’en vais à la pêche… »

(Jean 21, 3)

Retour sur terre

> Après que le Seigneur se soit présenté à ses disciples par deux fois, les voilà errants au bord de la mer de Tibériade. Certes, le Seigneur est ressuscité, ils l’ont rencontré, mais que peuvent-ils faire ? Il leur faut bien se rendre à l’évidence, le Royaume attendu n’est pas encore là, alors retour sur terre… ou plus exactement, retour sur mer. Sept hommes embarquent pour un retour à leur activité passée : pêcher.
Mais le filet reste désespérément vide. Comme s’ils avaient perdu la main. C’est l’occasion d’une seconde pêche miraculeuse, toute différente de la première. Ici, le conseilleur est un inconnu, – plutôt un Jésus pas reconnu -, le filet ne menace pas de se rompre ni la barque d’enfoncer.
> Quelle belle invitation à nous laisser guider par Celui qui a fait la promesse d’être avec nous tous les jours de notre vie. Nous ne le reconnaitrons pas forcément d’emblée, Lui se fera connaître à nous par une parole, un geste… Nul doute que notre activité portera du fruit pour le Royaume de Dieu… souvent à notre insu !

2e dimanche de Pâques – Année C – 25 avril 2025

« Parce que tu m’as vu, tu crois ! lui dit Jésus. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

(Jean 20.29)

> Mon ami d’études s’identifiait beaucoup avec le disciple Thomas, puisqu’il luttait régulièrement avec le doute. Un séminaire sur la spiritualité chrétienne lui a permis d’approfondir le portrait de ce disciple et d’aller au fond de ses propres questionnements. Par la suite, j’ai perdu de vue mon ami à deux reprises pendant des années, mais l’ai à chaque fois retrouvé, croyant, cheminant avec son Seigneur et son Dieu.
Ce qui m’a touché dans son parcours : plusieurs fois durant le cours de sa carrière médicale, il a consacré un certain temps pour approfondir et renouveler sa réflexion chrétienne, et ainsi enrichir sa relation avec Dieu.
> Thomas savait ce qu’il voulait : avoir le même privilège que ses co-disciples, voir le Ressuscité et vérifier tactilement que c’était bien lui, autrement il ne croirait pas.
Jésus prend la peine de revenir exprès pour répondre à son besoin, et Thomas le lui rend bien : il n’a pas besoin de toucher Jésus, et se trouve être le premier dans cet Évangile à confesser de manière on ne peut plus claire Jésus comme faisant partie de l’identité divine (« Mon Seigneur et mon Dieu ! »,Jean 20.28).
> Nous arrive-t-il d’avoir des doutes ? L’auteur de l’Évangile nous offre son œuvre, reconnue comme parole de Dieu, pour nous aider à croire. Et cette parole nous met en relation avec celui qui est la Parole, la lumière et la vérité. L’accueillir revient à entrer dans la vie nouvelle d’enfants de Dieu (Jean 1.1-18).
Tout comme Jésus est venu au secours du défi de foi de Thomas, il vient à notre rencontre pour nous fortifier dans notre foi. Dans des moments de doute, sommes-nous seulement prêts à nous arrêter et à accueillir sa présence avec nous ? Car c’est le bonheur principal de ceux qui « croient sans voir ». Bonne communion avec lui !

Dimanche de Pâques – 20 avril 2025

C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. (Jean 20,8)

> Celui que l’Evangile de Jean nomme « l’autre disciple » ou « le disciple que Jésus aimait » a longtemps été identifié à Jean lui-même. Aujourd’hui, de nombreuses voix se font entendre, portant une tout autre théorie – bien plus compatible avec le texte : ce mystérieux disciple jamais nommé, c’est toute personne qui lit cet Evangile et qui entend suivre le Christ, se faire son disciple, bien-aimé de Jésus. Quand on relit l’Evangile de Jean à la lumière de cette théorie, cela change beaucoup de choses.  

> Qu’ai-je à voir pour croire ? Et, préalablement, dans quel tombeau dois-je entrer ? Qu’est-ce qui doit mourir en moi pour que j’y voie la présence du ressuscité et que je croie en lui ?

> Que cette fête de Pâques vous soit joyeuse, Chers Amis de l’Evangile à l’Ecran ! Que le Ressuscité vous aide à visiter, en vous, les tombeaux qui doivent l’être et à y voir ce qui vous aidera toujours plus à croire ! Christ est ressuscité !

Dimanche des Rameaux et de la Passion – C – 13 avril 2025

« Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur ».

(Luc 19,38)

> Oui, il est le Béni par excellence, celui qui suscite une telle liesse à son passage, joie pourtant éphémère. Les disciples qui acclament Jésus pour ses miracles ne se doutent pas que dans très peu de jours, une foule ameutée, celle-là, criera : « Crucifie-le ! »
Comment vont-ils se positionner alors ? Parmi ses apôtres, l’un le livrera, l’autre le reniera, beaucoup s’enfuiront. II leur faudra traverser la nuit totale et s’enfermer dans la peur avant de recevoir la Force d’en-haut promise par Jésus et oser témoigner au grand jour.
> En entrant dans la Semaine Sainte, nous autres, baptisés, confirmés, renouvelons notre détermination à suivre le Christ, à être “de Lui“, malgré le risque d’être tenus pour des naïfs un peu retardés ; faisons-nous proches de nos frères et sœurs qui subissent une réelle persécution parce qu’ils n’adorent pas leurs leaders ivres de pouvoir, mais leur Seigneur crucifié.

5e dimanche de Carême – C – 6 avril 2025

« Moi non plus je ne te condamne pas. »

(Jean 8:11)
Image: Arcabas

>On la connaît cette histoire de la femme adultère et on en occulte parfois la violence et à quel point elle sert de prélude à la Passion. Les pharisiens font tout pour coincer Jesus! Lui se tait et dessine dans le sable, il temporise pour laisser à chacun des hommes présents le temps de rentrer en lui-même et de s’examiner.
> Chaque fois que j’ai envie de juger, je suis renvoyé à ma propre vie, avec une parole qui me met d’abord face à moi-même. Et si ce sont les plus âgés qui quittent d’abord la foule, c’est parce que leur expérience de vie est suffisamment dense pour savoir qu’il y a bien assez de côtés sombres en nous pour regarder d’abord à nos erreurs et non à celles des autres…
>Et si ce « Moi non plus, je ne te condamne pas », était comme un avant-goût du pardon ? Et si ce « Va » était le vrai salut pour une femme qui repart avec sa vie sauvée deux fois: de la mort et de l’accablement de la faute. Je le prends pour moi ce « va! », comme un envoi: comment puis- je parler de mes libérations?

4e dimanche de Carême – C – 30 mars 2025

« Il entra en lui-même »

(Luc 15,17)

> Franchement, ma première réaction en lisant l’Évangile de ce dimanche, ça a été : « Oh non ! Pas encore le fils prodigue ! » Ce texte, on le connaît trop bien. On l’a retourné dans tous les sens : l’accueil du Père, la repentance du fils cadet, la jalousie du fils aîné… et pourtant, il y a comme une gêne à le relire encore. Peut-être parce que, dans notre monde d’aujourd’hui, les divisions ne se vivent pas tant entre ceux qui sont dehors et ceux qui sont dedans, mais bien à l’intérieur de la maison, entre frères. Le fils aîné, c’est celui qui est resté, fidèle, engagé. Il connaît les règles, il sert. Il pourrait être cette Église attachée à ses repères, « fidèle à ce qu’elle a toujours connu », enracinée, voire méfiante envers les élans nouveaux. Il ne s’oppose pas à son frère en tant qu’étranger, mais en tant que frère revenu. Et c’est là que ça coince : il ne le reconnaît plus comme tel. Il dit à son père : « ton fils que voilà », comme s’il n’en faisait plus partie.

> Et si cette parabole n’était pas tant un appel à « revenir à Dieu » qu’un appel à rentrer dans la joie de l’autre, même quand elle nous dérange ? Et si notre plus grand combat spirituel n’était pas de convertir les autres, mais de rester dans la maison du Père sans devenir amer ? Aujourd’hui, les tensions dans l’Église nous traversent aussi : progressistes, traditionnels, charismatiques, militants… on se regarde parfois de loin, avec jugement ou ironie. Mais le Père, lui, sort vers chacun. Il supplie : entre. Entre dans la fête. Réjouis-toi de l’autre. Peut-être que le premier pas, avant d’entrer dans la maison, c’est d’entrer en soi-même — comme l’a fait le plus jeune fils. C’est là, dans ce lieu intérieur, que commence le retour vers Dieu. Alors cette semaine, que le Seigneur nous donne de retrouver nos frères et sœurs là où ils sont. Et que la fête ne nous laisse pas dehors. Amen.

3e dimanche de Carême – C – 23 mars 2025

« Laisse-le encore une année. »

Luc 13, 8

ET SI NOUS PLAIDIONS ENCORE ? (Luc 13, 1-9)
> La proposition du jardinier de laisser une année de répit au figuier, ne serait-elle pas une invitation à devenir plaideur ? Plaider c’est parler en faveur de quelqu’un, prendre la défense d’une cause, développer des arguments en sa faveur. C’est ce que fit Jésus en faveur de ce figuier stérile qui n’est autre que son peuple. Il usait de patience et de bonté espérant que leur cœur porte du fruit pour Dieu. Jésus est un plaideur hors pair non seulement pour son peuple mais aussi pour nous.
> Et si nous prenions exemple sur Lui pour devenir des plaideurs ? Les sujets ne manquent pas : notre famille, nos voisins, nos collègues. Celui auprès de qui plaider n’est autre que le Père éternel, le Dieu d’amour. Les arguments desquels nous pouvons nous servir sont toutes les promesses que Dieu a faites et qui nous sont révélées dans sa parole. Alors, ami, sans te lasser plaide encore et sois assuré que le Père qui voit dans le secret saura trouver le chemin du cœur des personnes pour lesquelles tu plaideras.

2e dimanche de Carême – C – 16 mars 2025

Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Luc 9,35)

(Luc 9,35)

> Nous avons tous, peu ou prou, une autre phrase en tête : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… », phrase que les deux autres évangiles synoptiques font dire au Père dans la nuée. Luc est le seul à parler de « Fils que j’ai choisi » (en réalité de « Fils élu » si l’on s’en tient au grec). Au sortir d’une semaine d’élection au plus haut niveau du pays, en Suisse, reconnaissons que le vocabulaire de l’ « élu » n’est pas forcément notre tasse de thé. Celui du « peuple élu » autant que celui de « l’élu providentiel » d’ailleurs.

> La fine pointe de la compréhension se trouve dans les deux points qui séparent « que j’ai choisi » et « écoutez-le ». C’est parce que le Père l’a choisi qu’il nous faut écouter et suivre le Fils, assurément. Le regard est à porter davantage sur « écoutez-le » que sur l’élection.

> En ce temps de Carême, relisons les paroles du Christ à travers les Evangiles et essayons de l’écouter non seulement avec les oreilles mais surtout avec le cœur.