30e dimanche du Temps ordinaire – C – 23 octobre 2022

« Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Luc 18,14

> Quand je relis ce célèbre verset biblique, me revient sans cesse en tête la fin de la célèbre tirade des « non merci » dans le « Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand :

« N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
 »

> Mais il y manque la dimension de foi : quand quelqu’un reste humble et modeste, il ne monte pas bien haut, certes. Il s’abaisse, même. Mais c’est alors que Dieu l’élève. Il monte donc beaucoup plus haut que ce qu’il imaginait.

> Essayons donc de ne pas rechercher les hauteurs mondaines qui n’ont pas grand-chose à faire avec l’Evangile, mais laissons-nous élever par Dieu depuis nos faiblesses humaines.

Lundi 30 mars 2020

« Jésus se baissa de nouveau. »

Jn 8,6

> Relisons ce texte bien connu en surlignant les verbes de mouvement ; de haut en bas d’abord : Jésus s’assied (8,2), se courbe vers le bas (pléonasme en 8,6 et 8,8) ; puis vers le haut: Jésus se relève (8,7), et se relève encore (8,10).

Ce que l’Evangile du jour nous dit, c’est que pour prendre ce chemin de pardon qui relève, le chemin de la vie, il faut oser s’abaisser comme Jésus s’abaisse pour écrire sur le sable. Car quand Jésus est bombardé de questions par les Pharisiens qui cherchent à lui tendre un piège, il se baisse, et se met à tracer du doigt des traits sur le sol. Geste énigmatique. On ne sait pas ce que Jésus écrit par terre, mais ainsi Jésus prône en fait un abaissement…

Le pardon, qui permet une vie nouvelle en homme et femme pardonnés, comme à la fin de cet épisode, passe donc par un abaissement. S’abaisser, c’est lâcher. Lâcher la pierre de la colère, de la haine, de la rancoeur, même si cela nous coûte tellement. C’est laisser le pouvoir à l’autre. C’est lui redonner le pouvoir pour la vie, en vue d’une vie nouvelle. Car cet abaissement ouvre à une vie nouvelle.

En ce jour, nous nous proposons de vivre cette démarche d’humilité et de lâcher prise : quelle pierre de colère, de haine, de rancœur puis-je lâcher ? Comment puis-je, à la suite du Christ, moi aussi m’abaisser pour initier un chemin de pardon qui ouvre à une vie nouvelle ?