Dimanche de Pâques – 20 avril 2025

C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. (Jean 20,8)

> Celui que l’Evangile de Jean nomme « l’autre disciple » ou « le disciple que Jésus aimait » a longtemps été identifié à Jean lui-même. Aujourd’hui, de nombreuses voix se font entendre, portant une tout autre théorie – bien plus compatible avec le texte : ce mystérieux disciple jamais nommé, c’est toute personne qui lit cet Evangile et qui entend suivre le Christ, se faire son disciple, bien-aimé de Jésus. Quand on relit l’Evangile de Jean à la lumière de cette théorie, cela change beaucoup de choses.  

> Qu’ai-je à voir pour croire ? Et, préalablement, dans quel tombeau dois-je entrer ? Qu’est-ce qui doit mourir en moi pour que j’y voie la présence du ressuscité et que je croie en lui ?

> Que cette fête de Pâques vous soit joyeuse, Chers Amis de l’Evangile à l’Ecran ! Que le Ressuscité vous aide à visiter, en vous, les tombeaux qui doivent l’être et à y voir ce qui vous aidera toujours plus à croire ! Christ est ressuscité !

2e dimanche de Carême – C – 16 mars 2025

Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » (Luc 9,35)

(Luc 9,35)

> Nous avons tous, peu ou prou, une autre phrase en tête : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… », phrase que les deux autres évangiles synoptiques font dire au Père dans la nuée. Luc est le seul à parler de « Fils que j’ai choisi » (en réalité de « Fils élu » si l’on s’en tient au grec). Au sortir d’une semaine d’élection au plus haut niveau du pays, en Suisse, reconnaissons que le vocabulaire de l’ « élu » n’est pas forcément notre tasse de thé. Celui du « peuple élu » autant que celui de « l’élu providentiel » d’ailleurs.

> La fine pointe de la compréhension se trouve dans les deux points qui séparent « que j’ai choisi » et « écoutez-le ». C’est parce que le Père l’a choisi qu’il nous faut écouter et suivre le Fils, assurément. Le regard est à porter davantage sur « écoutez-le » que sur l’élection.

> En ce temps de Carême, relisons les paroles du Christ à travers les Evangiles et essayons de l’écouter non seulement avec les oreilles mais surtout avec le cœur.

5ème dimanche du temps ordinaire – Année C – 9 février 2025

« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche… »

Lc 5,4

> Simon-Pierre était en colère et désespéré. Il n’avait rien pris de la nuit. Survient un charpentier, dont la pêche n’est à priori pas la spécialité. Et cet homme lui dit d’aller un peu plus loin et de lancer à nouveau le filet. On imagine le comique de la situation. Un réparateur télé qui vient suggérer à un pilote d’avion d’essayer de redécoller malgré le brouillard… un avocat qui vient expliquer à l’horloger comment réparer une montre… un informaticien qui vient montrer à l’alpiniste où se trouvent les bonnes prises sur la falaise.

> En réalité, il ne s’agit pas tout à fait de cela. Car Jésus ne vient pas expliquer à Simon comment pêcher et, si on lit bien, il ne lui demande pas non plus de prendre du poisson. Il n’est pas dans la rentabilité. Il lui demande simplement de faire ce qu’il sait faire : lancer le filet de pêche. Et il lui demande un effort, auparavant : avancer en eau profonde. Autrement dit : « sors de ta zone de confort et fais ce que tu sais faire, le reste je m’en occupe ».

> Au cœur de nos existences, Dieu ne nous demande pas de résultats. Il nous demande simplement de sortir de nos petites habitudes, de nos petits conforts, et de faire ce que nous savons faire, ce pour quoi nous avons été formés. Le résultat, c’est lui qui s’en occupe alors. Et il se pourrait bien que nous découvrions alors des miracles.

Fête de l’Epiphanie – C – 5 janvier 2025

« Ils ouvrirent leurs coffrets,
et lui offrirent leurs présents :
de l’or, de l’encens et de la myrrhe.»

Mt 2,11

Les savants – qui étaient certes mages mais pas forcément rois, il est bon de le redire parfois… – viennent de partout se prosterner devant l’enfant de la crèche. Le message de l’Epiphanie, très-très loin de la galette, c’est d’abord l’universalité du salut offert en Christ : il n’y a plus un peuple qui serait « élu », tous sont associés au même héritage.

On sait la symbolique des trois cadeaux : l’or pour le roi des rois, l’encens pour le Dieu, la myrrhe qui annonce déjà la mort de Jésus, mais aussi l’or pour la charité avec laquelle exercer toute royauté, l’encens – parfum qui monte comme la prière dit un psaume – pour la foi en Dieu, la myrrhe pour l’espérance en la vie éternelle.

Mais derrière cette fête, la galette, la fève, la couronne, les cadeaux (qui pourraient, intelligemment, être échangés ce jour-là plutôt que le 25 décembre), laissons-nous toucher par ces mages qui ont tout quitté pour aller se prosterner devant l’enfant-Jésus. Qu’allons-nous quitter, cette semaine, pour lui donner la première place ? Où allons-nous nous rendre pour l’adorer ?

7e Dimanche de Pâques

« (…) Qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jn 17, 22b-23)
> Apprendre à voir plus loin, et accueillir tout au fond de soi cette prière de Jésus. Qui prie le Père pour chacune et chacun de nous qui croyons en lui. Qui nous rappelle combien il est important de se découvrir unis, en lui. Au-delà ce qui semble nous séparer mais qui n’est qu’illusion.
 
Nous sommes uns, et nous devons unir nos forces, nos enthousiasmes, notre créativité, pour le manifester. Et ainsi aider le monde à y croire. A croire que le Christ est l’envoyé du Père qui nous découvre la réalité autrement.
 
Apprendre à voir plus loin, et accueillir tout au fond de soi l’amour de Dieu. Qui nous aime comme il a aimé Jésus. Recevoir cet amour pour qu’il soit en nous et change notre regard. Pour voir plus loin, plus haut, plus profond.
 
Et ainsi apprendre à voir que nous sommes avec Jésus, partout où il est. En contemplant sa gloire qui n’est rien d’autre que l’amour manifesté, vécu, réalisé. En nous, autour de nous.
 
Apprendre à voir plus loin pour réaliser qu’à l’Ascension, Jésus n’est pas seulement parti auprès du Père, mais qu’il est aussi parti habiter le coeur de notre coeur. Qu’il est en nous, par son amour.
 
Ainsi, déjà, en apprenant à voir plus loin, nous découvrons la présence de l’Esprit promis à la Pentecôte.

6e dimanche de Pâques – C

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Jean 14,27

>C’est une paix particulière que Jésus veut nous donner, nous n’y sommes tellement pas habitués que nous risquons même d’en être effrayés !

Quelle est cette paix particulière? Elle émaille l’Evangile à travers le discours révolutionnaire de Jésus, ce discours simple mais radical du « aimez-vous les uns les autres », celui des Béatitudes, cet appel au don de soi. C’est tout sauf une paix de façade et c’est tout l’être qui en est transformé, bouleversé en se voyant appelé à s’engager sans demi-mesure.

Mais ce don de la paix c’est aussi le don de l’Esprit que Jésus nous fait. Ce souffle qui met en mouvement les apôtres à la Pentecôte et les extirpe de leurs craintes pour annoncer ce qu’ils ont vu et entendu au monde.

Que cet Esprit qui nous habite soit pour nous aussi source incessante de se mettre à la suite du Christ, désir pressant de paix profonde à son image.

3e dimanche de l’Avent – B

« Il est venu comme témoin,
pour rendre témoignage à la Lumière,
afin que tous croient par lui.
Cet homme n’était pas la Lumière,
mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. » (Jean 1, 7-8)

Quelle belle description de Jean-Baptiste ! Est-ce qu’on n’aimerait pas être les mêmes témoins ? Être de ceux qui mènent à la lumière sans se prendre pour la lumière, sans essayer de l’occulter. C’est tentant parfois… Et tellement facile ! Comment marcher dans la trace du témoignage si pur de Jean-Baptiste qui ne cherche pas sa gloire mais mène au Christ ?

Cette semaine essayons de penser à toutes ces fois où nous avons la tentation de nous prendre pour « la lumière », toutes ces fois où nous ne rendons pas à Dieu ce qui lui appartient. Demandons-nous alors comment mettre dans ces moments là notre orgueil de côté pour vraiment témoigner de la lumière à ceux qui en ont le plus besoin.

2e dimanche de l’Avent – B

« Une voix crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Rendez droits ses sentiers. » (Mc 1, 3)

> Ce qui nous a marqué dans le début de l’Evangile de Marc, c’est cette présence marquée du désert. Pourquoi est-ce que la voix crie dans le désert ? Pourquoi est-ce là que Jean le Baptiste propose le baptême de conversion ? On pourrait se dire qu’il aurait plus de succès au milieu de Jérusalem, et pourtant c’est au désert qu’il y attire les foules.

Le désert, c’est un grand espace qui permet l’accueil de tous. Le désert, c’est le silence qui permet l’écoute. Le désert, c’est un vide qui appelle à être rempli. Le désert, c’est l’écart et il implique qu’on se déplace pour y aller. Le désert, c’est un environnement inhospitalier, qui montre l’importance de la vie.

Nous sommes invités cette semaine à trouver notre désert et à nous y rendre. Que nous permet-il, ce désert ? Qu’y entendons-nous ? Comment y vivons-nous la rencontre ?

1er dimanche de l’Avent – B

« S’il [le maître de la maison] arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » – Mc 13, 36-37

> Exégétiquement et traditionnellement, ce passage évoque la parousie du Christ, c’est-à-dire sa venue à la fin des temps. Difficilement représentable pour l’esprit humain, cet événement est plutôt considéré comme utopique et lointain. Existentiellement et spirituellement, cependant, et particulièrement en ce premier dimanche de l’Avent, cette mise en garde de Jésus – car c’est bien lui qui parle – évoque plutôt une promesse. Celle de sa venue dans chacune de nos vies. Oui, dans la mienne aussi !

Combien d’histoire de rencontres Jésus a-t-il initiées « à l’improviste » ?! L’un a poussé la porte d’une église pour s’y abriter lors d’un gros orage et y a fait l’expérience de Dieu ; l’autre a entamé une conversation dans le train avec un chrétien heureux de partager ses convictions qui ont suscité sa curiosité ; un autre encore a été touché par la grâce durant une balade en montagne ou au bord d’un lac au soleil couchant… Chaque histoire de rencontre avec le Christ est singulière et souvent inattendue. Mais chacune a pu se produire parce que le « rencontré » ne somnolait pas et était ouvert à la révélation !

Nous aussi, Chacune, Chacun, durant ce temps de l’Avent, préparons-nous à la Rencontre avec un grand « R » ! Essayons de repérer cette Présence particulière dans notre vie à travers les choses à première vue minimes du quotidien, comme l’abri lors d’un orage, une conversation banale ou les beautés de la nature… Qui sait ?! En Avent, le cœur et les yeux ouverts !

34e dimanche – A – Le Christ Roi

« Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ » (Mt 25, 39-40)

> Dans ce texte d’Evangile, le Christ Roi nous demande des comptes, à tous, il demande de rendre compte de notre vie. Plus que de la fin des temps, ce texte nous renvoie au présent. En effet, pour ces comptes, le critère unique est celui de notre attitude à l’égard de celui que l’on appelle « petit » ou « pauvre ». Le pauvre, c’est celui qui est en état de manque, qui a besoin qu’on s’adresse à lui, que quelqu’un intervienne en sa faveur dans telle ou telle situation. Celui qui aura répondu à ce besoin, le Seigneur l’accueillera dans sa gloire. Il lui révélera alors qu’en accueillant le pauvre, c’est Dieu lui-même qu’il accueillait. Car ce Dieu est proche des pauvres, lui qui s’incarnera dans la pauvreté d’un tout-petit bébé.

Dans le film « Intouchables » (réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano sorti en 2001), inspiré de la vie de Philippe Pozzo di Borgo, les deux personnages se rencontrent, chacun dans leur pauvreté propre, dans leur « handicap » propre. Chacun a besoin de l’autre. Et ce n’est qu’ainsi, en vivant pleinement cette pauvreté, et en tissant du lien pour y répondre, qu’un surplus d’amour peut surgir. Ce surplus, c’est le Christ qui se manifeste dans le lien, la solidarité, l’attention aux petits.

Le passage de l’Evangile de ce jour nous rappelle donc une évidence : la Bonne Nouvelle en Jésus Christ n’est pas juste une jolie théorie, elle est concrète, à vivre chaque jour. Cette semaine, essayons donc d’ouvrir les yeux sur la pauvreté en nous et autour de nous, et de voir comment, dans le lien avec nos frères et sœurs en pauvreté, Dieu peut surgir et nous offrir un surplus d’amour. Lui seul peut ainsi nous rendre… « intouchables » !