6e dimanche de Pâques – B – 9 mai 2021

« Je vous ai établis afin que vous alliez et que vous portiez du fruit… » 

(Jean 15, 16)

Qu’est-ce à dire ?

> Encore une parole de Jésus qui bouleverse les codes et les conventions. Il commence par dire qu’Il nous a établis. Ce verbe a plusieurs acceptions qui sont basées sur deux axes. Le premier axe s’appuie sur l’idée de mettre solidement en place. Le second se pose sur l’idée d’aboutir à une construction, à une œuvre, à un résultat. Jésus a l’intention de nous faire sortir de la situation qui est habituellement la nôtre. 

Dans sa lettre aux Ephésiens, Paul décrit cette situation en ces termes : afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine. (Eph. 4, 14). Jésus désire que, chacun individuellement, nous soyons enracinés en Lui. Mais, sa vision est bien plus vaste, Il a un projet de construction. Son nom est l’Eglise. Paul le rappelle aux Ephésiens : En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit (Eph. 2, 22). 

Puis, Jésus ajoute qu’Il veut que nous allions. N’est-ce pas antinomique : être établi et aller ? Pour nos esprits limités cela ne fait pas de doute, mais pour le Tout-Puissant, certainement pas. Le mystère ne s’arrête pas là, car voici que Jésus souhaite que nous portions du fruit. L’équation ne se résout que si nous envisageons de considérer l’Eglise comme un corps vivant, alors elle peut marcher. C’est uniquement si ce corps vivant est attaché au cep qu’il portera du fruit. Ne nous laissons pas bercer par des mots cent fois entendus et si rarement compris. Quittons nos ornières pour suivre le Christ hors des sentiers battus.

5e dimanche de Pâques – B – 2 mai 2021

« Demeurez en moi, comme moi en vous. »

Jean 15,4

> Dans son discours d’adieu à ses amis, Jésus leur rappelle le chemin pour la suite : demeurer avec lui. Avec cette image de la demeure, il intègre la totalité de la personne : l’idée n’est pas juste d’avoir un lien avec le Christ, mais de demeurer avec lui pleinement, totalement, avec tout son cœur, tout son être et toute sa pensée. Autrement dit, d’habiter avec lui. 

Et c’est un double mouvement qui est proposé : à la fois aller au Christ, et à la fois le laisser venir à nous, lui faire de la place, pour habiter avec lui. Et si la foi était d’abord une hospitalité ?

Cette semaine, laissons le Christ demeurer en nous. Prenons soin de cette relation, de ce cœur à cœur avec Lui qui a lieu dans notre lieu d’habitation la plus profonde. Soyons hospitalier avec Lui. Mettons-nous à l’écoute de Sa parole, faisons-lui la meilleure place comme à nos meilleurs invités. Et ainsi, et seulement ainsi, nous pourrons porter beaucoup de fruits.

4e dimanche de Pâques – B – 25 avril 2021

« Je donne ma vie pour mes brebis. »

Jean 10, 15

Méditation en mémoire des moines de Tibhirine
qui, il y a 25 ans, donnaient leurs vie à la suite du Bon Pasteur

> Donner sa vie jusqu’à en mourir. C’est ce que Jésus a fait. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13) Ce plus grand amour, il l’a aussi exprimé en lavant les pieds de ses disciples. Le chapitre 13 de Jean commence par ces mots : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1) « Aimer jusqu’au bout » cela dit, bien sûr, la mort de Jésus en croix pour nous arracher à la mort. Cela dit aussi le geste modeste et banal – qui n’est pas banal quand c’est Jésus, le Seigneur et le Maître, qui le pose – du lavement des pieds. Il y a là quelque chose de paradoxal : que l’extrême de l’amour puisse se dire dans un geste si quotidien – dans la culture du peuple juif du temps de Jésus.

Fr Christian, moine de Tibhirine, commente : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de la vie… et vice versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier. » (Homélie du Jeudi Saint, 31 mars 1994) Par solidarité avec le peuple algérien les moines de Tibhirine ont choisi de rester en Algérie, sachant qu’ils risquaient leurs vies. Ils ont donné leurs vies jusqu’à en mourir. Ils l’ont d’abord donnée au pas à pas du quotidien. Fr Christian écrit : « Donner sa vie pour ceux qu’on aime n’est pas un acte isolé qui s’identifierait, dans l’existence de Jésus, au don suprême consommé au Calvaire. Jésus a pris soin d’avertir que la Croix elle-même est de “chaque jour” (…) Ce qui s’est passé aux heures de la Passion, c’est de l’Incarnation continuée. » (Chapitre de communauté, 30 janvier 1996)

Nous sommes les « brebis » pour lesquelles Jésus donne sa vie. Nous sommes aussi les « brebis » appelées à le suivre (Jean 10,4). A le suivre jusqu’à l’extrême de l’amour qui consiste à donner sa vie. Nul besoin d’attendre des événements extraordinaires. C’est aujourd’hui, dans la banalité et la simplicité du quotidien, que je peux, moi aussi, donner ma vie.

2e dimanche de Pâques – B – 11 avril 2021

« Cesse d’être un incroyant et deviens un homme de foi! »

Jean 20,27

> Je la prends pour moi cette semaine cette injonction à Thomas. Combien de fois je doute moi aussi, je touche à mes blessures ou à celles des autres et je m’effraie, je chancelle!

Alors le Christ me rappelle que comme pour Thomas, il est sensible à mon cheminement tortueux sur le sentier de la foi, qu’il ne m’en évitera peut-être ni les creux ni les nids-de-poule, mais qu’au bout de ce chemin-là, la vulnérabilité sauvera le monde, elle l’a déjà sauvé ! Pour que moi aussi je puisse m’exclamer: Mon Seigneur et mon Dieu!!

4ème dimanche de carême – B – 14 mars 2021

Ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé…

Jean 3, 14

> Quiconque avait été mordu par un serpent, s’il regardait le serpent de bronze fabriqué par Moïse sur ordre du Seigneur, avait la vie sauve. Non en vertu de pouvoirs magiques, mais par la puissance de la Parole du Seigneur. C’est ainsi que le livre de la Sagesse relit cet épisode : « Ni herbe ni pommade ne vint les soulager, mais ta Parole, Seigneur, elle qui guérit tout » (Sg 16). C’est réduite au silence, dans le Fils de l’Homme élevé en croix, que cette Parole faite chair manifeste toute sa puissance de guérison et de salut.

Une sœur de Saint Maurice.

> Cette semaine, appelez Jésus à venir vous soulager des morsures de la vie !

3ème dimanche de carême – B – 7 mars 2021

Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple !

Jean 2, 15

> C’est toujours surprenant de tomber sur ce texte de l’Évangile où Jésus s’énerve au point de prendre le temps de fabriquer un fouet pour chasser avec force les vendeurs en tous genres qui prenaient toute la place dans le temple. On réfère souvent cet acte à une Sainte Colère ! Le fils de Dieu n’est pas un gentil mou qui accepte tout. Il y a des limites, des lois et elles sont connues et claires dès le début ! En effet, ce dimanche est proposé également le texte – mal nommé en français – des « dix commandements ». Bien que souvent vu comme des ordres avec de lourdes sanctions sur 3 à 4 générations pour ceux qui oseraient les enfreindre, il s’agit avant tout d’une liste de dix Paroles qui donnent la vie sur 1000 générations d’où son nom plus correct de « Décalogue ».

Quel rapport donc avec le temple me direz-vous ? Le Seigneur demande explicitement « Vous n’aurez pas d’autre Dieu que moi ! » (Ex. 20, 3) . Jésus aussi dira « Nul ne peut servir deux maîtres. […]. Dieu et L’argent. » (Mt 6, 24).

> Ce texte à une dimension encore plus profonde, qui préfigure la Pentecôte, l’Esprit-Saint envoyé en nous. Nous sommes le temple qui accueille Jésus (1 Co 3, 16) et il nous faut ainsi passer par la Sainte Colère de Dieu qui vient chasser en nous ce qui prend trop de place, qui n’est pas à son service. Profitons encore de cette période de Carême pour faire de la place dans notre cœur. Le jeûne n’est pas forcément celui de la nourriture, mais nous sommes appelés à laisser Jésus chasser les impuretés en nous et lui donner la place qu’Il mérite ! Soyez fortifiés et bénis ! Amen.

2e dimanche du temps ordinaire – 17 janvier 2021 – B

« Ils virent où il demeurait »

(Jean 1, 39)

> « Que cherchez-vous ? », ce sont les tout premiers mots prononcés par Jésus dans l’évangile de Jean. Question que Jésus posera, à la fin du récit johannique, à Marie de Magdala qui pleure devant le tombeau vide : « Qui cherches-tu ? » Question qui ouvre et clôt le parcours de Jésus parmi nous. Question que Jésus adresse à qui s’approche de lui, à chacun de nous : Quand tu ouvres l’Evangile, que cherches-tu ?  Quelle est l’attente, le désir de ton cœur ?

La réponse des deux disciples, comme celle de Marie, est une question : « Où demeures-tu ? », « Où l’as-tu mis (ce Seigneur qui a disparu du tombeau)? » Deux interrogations qui posent la question du lieu où trouver celui que l’on cherche. Cela dit un désir de proximité, le désir des disciples de ne pas se contenter d’une rencontre rapide sur le bord du chemin mais de « rester auprès de lui ». 

« Ils allèrent donc et il virent où il demeurait. » ‘Voir’, dans la traduction française, c’est le verbe utilisé quelques lignes plus haut lorsque Jésus se retourne et ‘voit’ les disciples qui le suivent. Mais le mot grec qui est derrière n’est pas identique. « Ils virent où il demeurait », c’est le même ‘voir’ que celui de Marie de Magdala annonçant aux apôtres après avoir reconnu son Seigneur : « J’ai vu le Seigneur » (Jean 20, 18). Un ‘voir’ qui dit une expérience quasi indicible. Marie de Magdala a fait l’expérience du Ressuscité. Les deux disciples de Jean Baptiste qui ont suivi Jésus n’ont pas seulement repéré où il habitait, ils ont expérimenté quelque chose du mystère de l’Agneau de Dieu désigné par Jean. Ce ne sont pas leurs yeux qui ont vu « où Jésus demeurait », c’est leur cœur – au sens biblique du terme. 

C’est pourquoi André peut dire à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie. » Ces mots ne sont pas une définition de catéchisme mais le fruit de ce qu’il a vécu avec Jésus. Annoncer le Seigneur suppose de « rester avec lui », de goûter sa présence – qui peut avoir le goût de l’absence. 

Noël – 25 décembre 2020 – B

« A tous ceux qui l’ont reçue, cette lumière , elle a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu, à ceux qui mettent foi en son nom » (Jean 1,12)

> Parole et lumière à la place des anges, des bergers et des mages…. Parole et lumière comme signes d’un nouveau commencement! Accepter la Parole, s’ouvrir à la lumière, c’est discerner dans l’enfant de Noël la vraie lumière, celle qui ouvre le chemin d’une vie véritable, lumineuse et bonne. 

Mais comment devenir enfant de Dieu ?

Jean le précise : non pas en s’adossant à un vouloir humain, en fondant nos existences dans le désir d’autres humains; mais renaître est possible en s’appuyant sur le désir et la volonté que Dieu met en mouvement pour chacun de nous, pour que nous dansions nos vies!

Et si Noël, cette année plus que toute autre, c’était renaître d’en haut pour pouvoir simplement relever la tête et ouvrir un chemin de lumière ?

Joyeux Noel!

11e dimanche du temps ordinaire – 14 juin 2020

« Je suis le pain vivant qui descend du ciel. »

Jean 6, 51

> La personne qui tient ces propos n’est autre que Jésus. A la première lecture, il semble bien que ces propos ne soient pas cohérents. Du pain vivant ? Après une heure de cuisson au four monté à 220 °C, chacun sait bien que tout être vivant ne survit pas à un tel traitement. Du pain qui descend du ciel ? Soyons sérieux ! Ce qui descend du ciel, c’est de l’eau sous plusieurs formes : pluie, neige, grêlons, grésil…, des décharges électriques et, depuis le 12 avril 1961, de temps à autre, un hurluberlu qui voulait voir les étoiles de plus près. A leur retour, aucun de ces individus n’a fait état d’une boulangerie céleste !

Des propos étranges, donc, sur lesquels chacun est invité à méditer car le locuteur a pour habitude de tenir des propos qui décoiffent. Ici, Il se prend même pour du pain. Quel mystère ! Jésus dit lui-même que les Ecritures parlent de Lui. A son époque, les Ecritures ne comptent que le Premier Testament. Justement dans le chapitre 16 du livre de l’Exode, une histoire nous présente autre chose qui descend du ciel : la manne, cette nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux pendant la traversée du désert.

Voilà une clé bienvenue pour approcher (juste un peu) le mystère de cette assertion de Jésus. Derrière la manne, accompagnée de quelques cailles, il y a Dieu qui donne et qui se donne. Seulement six jours, car le septième, Il ne donne pas de manne, mais, par cette absence, Il propose d’approfondir la relation de confiance, la foi. Le mystère de Jésus pain de vie ne peut qu’être effleuré, mais une chose est sûre : pendant notre traversée du désert, Il nous soutient, et nous nourrit, et nous fortifie, et nous guérit… A Lui seul la Gloire !

10e dimanche du temps ordinaire – 7 juin 2020 – Trinité

« Dieu a tellement aimé le monde…»

Jn 3, 16

> L’amour de Dieu pour le monde est sans limite. Son amour se donne sans limite, avec ce don total de son Fils, jusqu’au bout. Il se partage sans limite, entre frères et sœurs d’un même Père, offrant une voie de salut dans monde gangréné par la haine et la peur. Oui cet amour est toujours à recevoir, d’abord, puis à partager.

En ce temps de déconfinement dans lequel nous vivons avec prudence mais surtout avec joie les retrouvailles, partageons cet amour sans limite de notre Créateur, partageons-le avec joie ! Oui l’amour de Dieu est grand comme ça, comme le dit cette chanson pour enfants, une bonne nouvelle à partager largement autour de nous !

L’amour de Dieu est grand comme ça (3x)
Il est pour toi, il est pour moi
Alléluia !