> Dans ce verset il y a une notion d’urgence : on crie quand c’est vital, important et que l’on veut être entendu, soit parce que les destinataires sont loin du message, soit parce qu’ils sont dans le bruit. Notons au passage que s’il y a une voix, c’est que nous ne sommes pas seul dans les déserts qui semblent nous entourer parfois. L’Évangile cite Esaïe/Isaïe : préparons la route pour que le Seigneur puisse intervenir dans nos vies. Il comble les vides (émotionnels ? existentiels ?). Il aplani les montagnes qui sont autant d’obstacles qui nous gâchent l’horizon, empêchant de voir ce qui est déjà là : le salut de Dieu !
>En ce 2ème dimanche de l’Avent, comme Jean Baptiste nous le propose, préparerons-nous à accueillir Jésus qui vient ! Soyez bénis sur le chemin vers Noël !
« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
(Jn 18, 37)
> A Pilate qui cherche à lui faire dire qu’il est roi, Jésus laisse entendre que sa royauté, « qui n’est pas de ce monde », a à voir avec la vérité. Plus exactement, et c’est important, avec le « témoignage à la vérité ». Dire que sa royauté, ou son royaume (c’est le même mot en grec), est apparenté à la vérité pourrait signifier que Jésus est venu démontrer, établir la vérité. Ce n’est pas ce qu’il dit à Pilate, mais : « je suis venu rendre témoignage à la vérité. » C’est très différent ! Une démonstration, une preuve s’impose. Un témoignage fait appel à la confiance que l’on fait au témoin. Pas plus qu’il ne recourt à des gardes qui empêcheraient qu’il soit livré aux Juifs, Jésus n’impose la vérité. Il en témoigne. Libre est celui qui l’entend d’accueillir ou non son témoignage.
> Faire confiance à un témoignage plutôt qu’être convaincu par une démonstration, suppose d’écouter la voix du témoin. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix », dit Jésus. Ailleurs dans l’évangile de Jean, il est question d’écouter sa parole. L’attention se porte alors davantage sur le contenu proféré par cette parole. Ecouter la voix suggère quelque chose de beaucoup plus personnel, quelque chose de l’ordre de la confiance faite à celui qui parle. Faire confiance au témoin non seulement à cause de ce qu’il dit mais à cause de ce que nous percevons de lui à travers sa voix : cela sonne vrai !
> Pour écouter la voix de Jésus, pour reconnaître en lui « le témoin fiable et véritable » (Ap 3, 14) il faut « être de la vérité » (traduction de la TOB, plus proche du texte originel que celle de la liturgie qui traduit « appartenir à la vérité »). Etre de la vérité, comme on est d’un pays, d’une région. Etre de la vérité donne une connivence avec elle, qui fait reconnaître et écouter la voix de Jésus.
> Puissions-nous être de ce royaume, où la vérité est objet de témoignage plutôt que de démonstration. L’ultime témoignage de Jésus, manifestation de sa royauté, étant le don de sa vie.
« Jean répondit : « Je suis “la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur !” »
Jean 1,23
The Voice
> Qui es-tu Jean ? Tu n’es pas la lumière, tu n’es pas le Christ, ni le prophète Elie, ni le prophète annoncé. Curieuse succession de négations.
Tu te définis comme « la voix de celui qui crie dans le désert ». Une voix ? C’est l’identité que tu revendiques. Ta vocation n’est pas d’être vu mais d’être entendu. Tu ne cherches pas à attirer l’attention sur toi. Tu veux être entendu. Tu es la voix qui appelle à préparer le chemin du Seigneur.
Mission toujours actuelle. « Le mystère de Jean s’accomplit encore dans le monde » écrit Origène, un aîné dans la foi.
Si cette voix retentit encore, savons-nous la reconnaître dans nos vies quand elle fait entendre son appel à la conversion ? Nous laissons-nous toucher par l’urgence des interpellations que nous lancent les évènements ?
Si la mission de Jean est toujours actuelle dans le monde, elle a aussi besoin de nous. A nous d’en prolonger l’écho. A nous d’inviter à suivre le Seigneur sans attacher à nous, en nous réjouissant de diminuer pour qu’il grandisse (Jean 3, 30).
« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi » (Mc 1,7).
> Sur notre route d’Avent, Jean-Baptiste se présente comme celui qui ne vit qu’en relation avec Celui qu’il annonce. Il est la « voix » au service de la « Parole ». Et nous, comment annonçons-nous la présence de Celui qui vient ? Comment laissons-nous toute la place dans notre vie à Celui que nous attendons ?