4e Dimanche de Carême – B – 10 mars 2024

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Jean 3,16 (14-21)
Eglise catholique de Bex. Œuvre de Madeline Diener

> Nous sommes témoins de la rencontre nocturne entre Jésus et Nicodème, homme qui réfléchit et cherche des réponses. Jésus lui trace comme un grand survol du dessein de salut qui va s’accomplir en sa personne. II prend de la hauteur en parlant de lui-même (à la 3ème personne) comme « fils de l’Homme » ouvrant déjà la perspective de l’accomplissement final. Mais avant cela, il faut que ce fils de l’Homme soit élevé, comme le fut le serpent de bronze en instrument de salut et signe de pardon. Jésus utilise une image qui est familière à son interlocuteur, et qui lui parle de la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde qui, en Jésus, renonce à juger le monde, et ne pense qu’à le sauver.
> Nous avons encore quelque retard à rattraper, nous qui nous plaisons à refaire le monde, autour d’une tasse de café ; et ceci sans nous gêner d’accuser ceux que nous jugeons responsable de ce qui va mal. – Prenons donc aussi de la hauteur ; levons les yeux vers le crucifié qui, par son pardon jusqu’au bout, nous signifie que désormais nos jugements sont caducs et qu’il n’y a qu’un seul pour refaire le monde – et qui s’y entend : Notre Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

3e dimanche du temps ordinaire – B – 21 janvier 2024

« Aussitôt, laissant leurs filets,ils le suivirent. »

Mc 1,18


> L’Evangile selon Marc est le plus court des quatre récits de la vie de Jésus. Pourtant, un mot revient pas moins de 42 fois en 16 petits chapitres : le terme « aussitôt ».

Cela dit quelque chose de l’urgence du salut dans la vision de Marc. A l’image d’un célèbre slogan politique français de ces dernières années, on pourrait dire que « le salut, c’est maintenant ! ».

Il y a bien évidemment une part d’attente dans le Salut : nous attendons le retour du Messie pour notre Salut dernier. Il y a aussi une part déjà accomplie : Jésus est mort sur la croix pour notre Salut à tous. Mais il y a notre part : le Salut dépend aussi de notre conversion quotidienne, de notre décision de tous les jours à suivre ou non le Christ au cœur de cette journée-ci.

Alors, suivons-le nous aussi, AUSSITÔT ce message lu.

21e dimanche du Temps ordinaire – C – 21 août 2022

« Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte,
si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant :
‘Seigneur, ouvre-nous’,
il vous répondra :
‘Je ne sais pas d’où vous êtes. ’ »

Luc 12,25

> Voilà un verset qui m’invite à penser… 

> La porte qui mène au Royaume et à ce festin promis est sûrement étroite, mais j’ai surtout l’impression que Jésus souhaite des vis-à-vis clairs et éclairés pour s’attabler avec lui ! « Je ne sais pas d’où vous êtes. », cela met le doigt sur les risques d’inconsistance et de tiédeur… « Ok tu t’es peut-être assis à la même table que moi et tu m’as entendu prêcher, mais d’où viens-tu ? quelle conviction t’amène à moi ? Quelle est l’origine de ta foi et de ce qui te fait bouger spirituellement ? »

> Il n’y aura pas de check-list pour le salut, seulement un discernement véritable sur chacune de nos personnalités et une grâce infinie pour tous ceux qui sauront admettre le flou de leurs hésitations et de leurs errances. Pour traverser le miroir à travers lequel nous ne voyons qu’obscurément et Le voir enfin face-à-face !

> Seigneur, ton regard d’Amour m’aide à sortir du flou et me dessine à neuf selon ton dessein, pour ne pas rester dehors et isolé… Merci !

Noël – C – Joyeux Noël !

« En ces jours-là… » (Lc 2,1)

> Dès que l’on entend ce début de phrase, on sait ce qui va suivre. L’édit de l’empereur Auguste, le recensement, Joseph et Marie, enceinte, qui font route, et puis les jours de l’accouchement qui arrivent, le manque de place à l’auberge, l’étable, les bergers, une naissance qui changea la face du monde.

> Mais ce n’est pas qu’une jolie histoire à raconter façon « conte de Noël », que ce soit sous le sapin, au temple, à la messe ou dans un livre. C’est l’aujourd’hui de notre vie. Le salut est venu pour nous, AUJOURD’HUI.

> Cette expression « en ces jours-là » est incroyablement actuelle, en réalité. C’est en ces jours de CoVid que Jésus revient dans notre monde. Ces-jours-là… ce sont ces jours-ci ! Cette histoire n’a jamais été autant d’actualité que le jour où on la transmet, peut-être pour la centième fois, à quelqu’un qui sait l’écouter de façon toujours nouvelle.

> Alors non, dès que nous entendons « en ces jours-là », ne croyons pas connaître la suite. Ecoutons ! Soyons attentifs à l’histoire qui va nous être racontée. C’est l’histoire de l’aujourd’hui de nos vies, c’est l’histoire du salut en 2021. Joyeux Noël à Chacune et Chacun !

28e dimanche du temps ordinaire – B – 10 octobre 2021

« Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. »

Mc 10, 22

Bienheureuse tristesse !

> Voici un homme qui, depuis sa jeunesse, observe tous les commandements. Il a « tout juste » dans tous les domaines et depuis toujours. Un sans faute ! Et pourtant, il vient vers Jésus pour faire plus, mieux, davantage… : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » 

> Jésus pose sur lui son regard, un regard qui, parce qu’il aime, rejoint l’attente secrète à l’intime du cœur. En réponse à sa demande, Jésus propose : « va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais cet homme riche de sa perfection morale est aussi riche de grands biens. De grands biens dont il ne peut envisager de se séparer : « il devint sombre et s’en alla tout triste. » 

> Bienheureuse tristesse qui est peut-être son salut ! Lui qui a tout réussi – vie morale impeccable, richesse matérielle – voilà qu’il est confronté à son impuissance. Il ne peut pas faire ce que Jésus lui demande ! Il n’est plus celui qui fait « tout juste ». Et c’est par là que peut arriver le salut. Si, expérimentant son incapacité, il demande à recevoir de Dieu ce qu’il ne peut réaliser lui-même, alors il aura « la vie éternelle en héritage. »  Alors il « aura un trésor dans les cieux ». Il est impossible à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu, dit Jésus. Impossible à celui qui accumule un trésor, impossible aussi à celui dont la vie morale sans défaillance n’a pas besoin de Sauveur. 

> Ne pas pouvoir répondre à l’exigence de Jésus et en être tout triste, c’est la porte du salut, pour cet homme, pour moi, pour toi. Parce qu’alors, si nous tournons vers lui notre tristesse, nous sommes ces pauvres bienheureux à qui le Royaume de Dieu est promis (Mt 5, 3).

Mardi 23 juin 2020

 « Combien est resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent… »

Mt 7,14

> Il y a des paroles de Jésus qui sont moins agréables à entendre que d’autres…

Celle-là par exemple : C’est un jugement ou un constat ?? Je pense que c’est un constat…c’est l’épilogue du Sermon sur la montagne, qui vient nous rappeler que comme le sous-entendent aussi les Béatitudes au chapitre 5, la vie chrétienne et le discernement qu’elle stimule ne promettent pas un chemin de tout repos à se royaumer dans de larges avenues… non… c’est un chemin de singularité, où parfois je pourrais bien me sentir seule !!

Cela me fait penser à ce poème de Robert Frost, « Le chemin délaissé » qui se termine par ces vers :

Je raconte toutes ces choses avec un soupir.
Quelque part, il y a longtemps, ici :
Deux chemins se séparaient dans un bois et moi –
j’ai pris celui qui était le moins battu,
et ça, ça a fait tout changer !

Oui, il appartient à chacun de nous de répondre à l’appel à la vie du Christ qu’il a reçu.

Il nous faut des paroles qui apaisent et encouragent. Mais il nous faut aussi des paroles qui réveillent et bousculent. C’est bien ! parce que si l’Évangile nous offre un salut gratuit et une espérance éternelle, il nous appelle aussi à un engagement personnel en retour et à emprunter des voies nouvelles que Dieu nous aide à baliser !

12e dimanche du temps ordinaire – 21 juin 2020

« Soyez donc sans crainte…»

Mt 10,31

> Jésus répète à de nombreuses reprises qu’il ne nous faut pas avoir peur. Parfois à l’aide de paraboles derrière lesquelles on lit que la peur est mauvaise conseillère, parfois plus explicitement comme dans ce verset. La conjonction « donc » vient appuyer la démonstration qu’il a faite dans les versets qui précèdent : Dieu s’occupe même des petits oiseaux, comment pourrait-il ne pas veiller sur chacun des cheveux de notre tête ?

> Pendant des siècles les Eglises de toutes confessions ont dessiné dans l’esprit de chacun le visage d’un Dieu dont il fallait nécessairement avoir peur, un Dieu-Juge, un Dieu-qui-nous-attend-au-contour, un Dieu-Vengeur. C’était aussi le temps où l’Eglise – quelle qu’elle soit – réservait la lecture de la Bible à une élite chargée de la traduire et de l’expliquer au bon peuple à travers prédications et préceptes. Par peur, justement, que le commun des mortels, ouvrant ce livre, ne découvre que le Dieu des Chrétiens est justement celui dont il ne faut pas avoir peur, et que Jésus passe son temps à nous le dire.

> Alors n’ayons plus jamais peur de Dieu et redisons-le autour de nous. Dieu est Justice et non pas Vengeance. Dieu est Salut et non pas Condamnation. Dieu est Amour et non pas Soumission. Dieu nous aime et nous n’avons pas à avoir peur de lui.

4e dimanche du Carême – année B

« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17)

>La tradition de l’Eglise propose comme une pause joyeuse au coeur du Carême le quatrième dimanche, dit « Laetare »: « Réjouis-toi ». Ce n’est pas une simple respiration dans un chemin de repentance. Mais plutôt un rappel fondamental: le geste de Dieu en Christ est un geste de salut et non de jugement.

Nous sommes prompts à examiner nos vies et culpabiliser face à tout ce qui dysfonctionne ou n’est pas à la hauteur de nos souhaits. Jusqu’à faire de nos regrets, déceptions, hontes ou ombres le centre de nos préoccupations. Mais cet examen n’est utile qu’à condition qu’il amène davantage de vie. Le but, c’est le salut, et non la mortification. Etre à nouveau réconcilié, complet, et non se fragmenter encore davantage.

Au coeur du Carême, la Parole du Christ nous rappelle l’essentiel: recevoir le salut. Tout l’être de Dieu va dans cette direction: non pas ce qui juge, mais ce qui sauve. Ce n’est pas le jugement qui sauve, mais l’amour.

Et si nous saisissions l’occasion de relire notre propre vie sous cet angle-là? Quitter le regard de jugement à notre propre égard, pour considérer nos ombres comme autant d’occasion de croissance et de trouver une identité plus complète? Nous rejoindrions alors ce que propose le père Jean Monbourquette: cheminer non pas en jugeant ou repoussant nos ombres, mais en les apprivoisant pour guérir notre identité éclatée. Et peut-être alors mieux entrer en communion avec ces autres qui sont mes semblables. Et avec ce Dieu qui ne me juge pas mais me sauve.

26e dimanche – B

« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. » (Marc 9,42)

> Jésus est violent dans ce verset, cependant il nous montre quelque chose d’absolument essentiel, il nous montre à quel point nous sommes liés et responsables les uns des autres.

Tout comme nous sommes responsables de la chute de notre frère si nous l‘y avons entraîné, nous sommes responsables de son salut.


L’écrivain Charles Péguy se demande dans un très beau texte ce que dirait le bon Dieu si nous revenions au ciel tout seuls, les uns sans les autres. Si Dieu nous a faits frères et sœurs ce n’est pas pour que nous nous occupions chacun de notre bout d’âme de notre côté mais que nous cherchions à revenir ensemble à la maison du Père.

Cette semaine quand je suis près de faire une critique injuste, de me disputer avec un ami, d’écrire des commentaires acerbes sur facebook, je peux me demander avant tout non pas si ce que je fais est mal pour moi mais qui je risque d’entraîner avec moi: la personne qui participera à la critique, l’ami qui se disputera avec moi, le commentateur qui renchérira, plus virulent encore… Sachons-nous souvenir que nous sommes gardiens les uns des autres.

4e dimanche de Carême – B

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jean 3,17)

> Croire en un Dieu qui serait un Juge impitoyable est une erreur, hélas encore souvent présente dans nos cœurs. Dieu veut nous sauver, pas nous juger. La Bible, par ce verset, le dit clairement.

Et si nous aussi, cette semaine, nous transformions notre regard sur les autres : avant de juger notre prochain – ce qui est très humain, cela nous arrive à tous en permanence – demandons-nous ce que nous pouvons faire pour sauver notre prochain. Oui, celui-là même que nous nous apprêtions peut-être à juger… Peut-être pouvons-nous l’aider ? Peut-être qu’une parole bienveillante sera source de salut pour lui ? Essayons, ça ne coûte rien et ça peut rapporter beaucoup d’amour au monde et beaucoup de bien-être dans notre cœur.