24e dimanche du temps ordinaire – B

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Marc 8.34)

> Ah voilà bien un verset exigeant et dont des années d’interprétation littérale nous ont travaillés jusqu’à la peur bleue de ne jamais être à la hauteur ! Etre à la hauteur, commençons par là ! Lorsque l’on suit quelqu’un, on ne marche pas à sa hauteur justement…Quand on parle de suivre, il y en a un qui marche devant, qui choisit le chemin et l’autre qui va derrière, qui ne choisit pas. Et quand deux marchent l’un derrière l’autre, ils se parlent difficilement.

Mais en grec, ce verbe « suivre » dit autre chose : le mot utilisé, « akoloutheo », signifie faire chemin avec. Platon expliquait le sens de ce mot, qui a donné en français acolyte, : c’est le compagnon de route. Quand on parle de compagnon de route, cela suppose deux personnes, deux sujets qui cheminent ensemble. Voilà déjà qui me remonte le moral !

Mais alors, comment comprendre « qu’il prenne sa croix » ? La croix, c’est l’instrument de supplice et de mort. Crucifié, le condamné est rendu totalement passif.  On a compris que Jésus appelait au martyre, qu’il invitait ses disciples à être prêts à être crucifiés avec lui. Mais on peut aussi comprendre : celui qui veut marcher avec moi… qu’il empoigne, qu’il soulève ce lieu où il subit passivement sa mort! Qu’il prenne sa mort dans ses mains. Qu’il soit le porteur actif et conscient de son destin de créature vulnérable condamnée à mourir un jour.

Nous avons chacun des « morts » qui nous guettent au quotidien… Cette semaine, je veux assumer de les regarder en face et non pas les subir… Je veux marcher aux côtés de Jésus, comme un sujet qui porte sa mortalité, en cheminant avec Lui. Pas derrière. Avec.

Avent 2015 – Jour 6

Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent, en criant : « Prends pitié de nous, fils de David ! » (…) Alors il leur toucha les yeux, en disant : « Que tout se passe pour vous selon votre foi ! » (Mt 9,27 et 29)

> Suivre Jésus, à l’aveugle. Suivre Jésus en étant sûrs qu’il nous guérira de nos cécités ! Quelle folie ? Non, quelle foi ! Et c’est précisément la foi que Dieu a donnée à chacun–e d’entre nous qui illumine nos cœurs. Car la foi est lumière et paix de Dieu. Si nous acceptons de la laisser grandir en nous, elle brillera non seulement pour nous mais aussi pour les autres. Notre prière la conservera allumée au plus froid de nos nuits.

28e dimanche – B

« Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel.
Puis viens, suis-moi. » » (Marc 10, 21-22)

> Devant l’homme qui demande comment avoir la vie éternelle, Jésus pose son regard sur lui. Et il l’aime. Pourtant, il reste ferme par rapport à ses exigences, par rapport à son manque, et le laisse finalement partir.

Suivre Jésus, ce n’est pas un chemin de facilité, mais un chemin fait d’exigences et de choix, où parfois il faut lâcher. Qu’est-ce qui me manque dans ma vie pour être en communion avec le Christ ? Que dois-je lâcher dans ma vie ?

A priori, ce chemin peut sembler impossible, mais si nous lisons bien, nous remarquons que le Christ commence par poser son regard sur nous et nous aimer. Tout commence par là, par son amour inconditionnel pour nous, ce qui ne l’empêche pas de rester ferme avec l’homme et de le laisser partir. Ainsi, par la force de l’amour du Christ, nous sommes invités cette semaine à lâcher ce qui nous parasite. Et si ce qui me manquait était simplement le vide, l’espace, la place pour suivre le Christ ?

Avent 2014 – Jour 6

« Tandis que Jésus s’en allait, deux aveugles le suivirent… quand il fut entré dans la maison les aveugles s’approchèrent… » (Mt 9,27a.28a)

> Et comment ont-ils donc fait, ces aveugles pour suivre Jésus et s’approcher de lui à l’intérieur de la maison ? Ont-ils été accompagnés par des guides ? Ou ont-ils simplement développé ces aptitudes finement sensibles qui apprennent à voir et comprendre l’invisible ?

Jésus passe ; il m’appelle à le suivre à l’aveugle, ouvert de tous mes sens, à l’affût de ses traces, de sa parole, de la palpitation de ses frères et sœurs qui deviennent les miens, du frétillement intime du silence. Il entre à l’intérieur de la maison et m’invite à le suivre…

19e dimanche – A

Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! (…) Jésus étendit la main, le saisit et lui dit [à Pierre] : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » – Mt 14, 27.31

> On dit que la foi permet de déplacer des montagnes ou… de marcher sur les eaux ! C’est ce que fait Pierre à la suite de Jésus dans cet épisode si connu. Mais au milieu de la traversée, il a peur et se met à couler. Un peu comme dans les dessins animés où celui qui court dans le vide s’aperçoit qu’il n’y a plus de terre sous ses pieds ! Une sorte de brusque retour aux attaches matérielles souvent si rassurantes… Comme si agir dans la foi au Christ était temporaire, le temps d’émerger d’une sorte de rêve semblant irréel parce que trop extraordinaire.

Qui d’entre nous, dubitatif comme Pierre, n’a-t-il pas « testé » le Seigneur ?! « Si c’est bien toi… » dit Pierre. Qui n’a pas été pris de vertiges et a chuté alors même qu’il était engagé, pourtant à la suite de Jésus, sur un chemin brusquement devenu escarpé ?

Si c’est le Christ qui nous appelle, aucune raison de douter ! Il nous laisse néanmoins libre de le suivre ou non. Il ne nous forcera pas, ne nous obligera à rien, nous permettra de rester où nous en sommes. Laissons-lui au moins une chance, faisons le premier pas vers lui qui nous attend et qui nous tend la main pour nous relever et nous accompagner dans la vie ! Avec lui, plus de crainte, juste la certitude de ne jamais être seul, même au creux de la tempête. Confiance, c’est lui, le Fils de Dieu, n’ayons pas peur !

3e dimanche – A

Comme il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.» (Mt 4,18-20)

> Ce texte m’interpelle chaque fois : aurais-je fait comme Simon et André ? Aurais-je tout quitté pour aussitôt suivre Jésus ? Pas sûr. Mais la question m’est reposée, chaque matin, par Jésus : « veux-tu me suivre ? »

Je suis… qui ? Oui, je veux suivre Jésus, avec mes forces et mes qualités, avec mes fragilités et mes défauts, avec tout mon être, et sur ce chemin j’apprendrai aussi à me connaître… Alors cette semaine, pour signifier notre engagement à la suite du Christ, je nous invite à nous laisser bousculer par ce qui va arriver dans notre vie, et oser aussitôt écouter l’élan de notre cœur pour suivre la voie que Jésus nous indique.