1er Dimanche de Carême — A — 26 février 2023

« Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert »

(Mt 4,1)

> Encore plus que dans les autres Evangiles, il y a quelque chose de tellement choquant à voir Jésus trimballé au désert juste après son baptême ! Le verbe est au passif: « Il fut emmené dans le désert »…. Et combien de fois avons-nous aussi eu l’impression dans la tentation d’être parachutés dans des événements non pas choisis mais subis et souvent aussi subits!! Quand elles débarquent dans nos vies, les occasions de douter à cause de la maladie ou des coups du sort nous emmènent au désert et il nous est bien difficile d’imaginer que c’est l’Esprit qui nous y envoie…

> Pour ce temps de Carême, je me fais la proposition suivante:

Ne pas me laisser ensabler dans le doute lorsque l’épreuve se présentera.
Reprendre patiemment le baluchon de ma foi.
Chausser les souliers de la persévérance et cheminer en confiance vers les terres abandonnées.
Quitter les hauts plateaux de mes illusions et le bitume des confusions
Rejoindre l’arrière-pays, mon Orient intérieur,
Là où Dieu m’attend, avec les versets qui me guériront de toutes les sècheresses!

Amen

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur – C – 10 avril 2022

« Celui-ci était réellement un homme juste. »

(Lc 23,47)

En regardant la Croix, en ce week-end des Rameaux et de la Passion, je regarde mon Sauveur. Je me redis les paroles du Centurion : « Celui-ci était réellement un homme juste. »

Un homme juste. Une femme juste. Voilà ce que je suis invité-e à être si j’entends suivre le Christ, cet homme juste.

Seigneur, aide-moi à être juste.

Juste selon la justice bien sûr.

Mais aussi juste, simplement.

Juste bon, juste bien, juste comme tu le veux.

Pour suivre cet homme qui était, qui est, qui sera toujours un homme juste.

5e dimanche de Carême – C – 3 avril 2022

« Ils disaient cela pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur la terre. »

Jean 8,6

Posture basse…Positions renversées…

> A la manière de Moïse qui écrit la Loi sur des tables de pierre, Jésus trace une nouvelle loi, écrite non plus sur la pierre, mais dans nos cœurs et sur le sol meuble de cette terre de sable. Dans le fait qu’il écrit sur le sable, je vois un rapport avec le re-modeler, le recréer. Cette nouvelle loi que Jésus trace dans le sable est celle qui, chaque fois que j’ai envie de juger, me renvoie à ma propre vie, avec une parole qui me met d’abord face à moi-même. Et si ce sont les plus âgés qui quittent d’abord la foule, c’est bien parce que leur expérience de vie (votre expérience de vie ?) est suffisamment dense pour savoir qu’il y a bien assez de côtés sombres en nous pour regarder d’abord à nos erreurs et non à celles des autres…

> Dans ma montée vers Pâques, où en suis-je dans ce remodelage de mes rancoeurs et dans cette ouverture à l’autre qui me fera lui dire : « Moi non plus, je ne te condamne pas », comme un avant-goût du pardon ?

4e dimanche de Carême – C – 27 mars 2022

« Un homme avait deux fils »

Luc 15,11
Peinture de Sieger Köder

> Mais ses deux garçons semblaient ignorer leur véritable identité par rapport à celui qu’ils considéraient presqu’exclusivement sous un angle matériel. Tout en l’appelant « père », l’un lui demande sa part de fortune, un peu comme on procède au partage des biens d’un défunt. L’autre n’a même pas l’idée de lui demander quelque chose, le jugeant indifférent à sa vie privée. 

> Et nous, quelle image avons-nous du Père du ciel ? Un Dieu juge, un Dieu fournisseur de bienfaits ? Si nous en sommes encore là, Jésus nous offre ici la plus belle image de celui qui est infiniment PERE. Ne demandant pas de compte, il se laisse émouvoir jusqu’aux entrailles par le retour du prodigue ; sourd aux reproches de l’aînée aigri, il l’appelle tendrement « mon enfant » et lui révèle que l’autre est son frère. Fils et frères tous les deux, enfin.

3e dimanche de Carême – C – 20 mars 2022

« Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. »

(Luc 13, 8)


> « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » voilà ce qui est annoncé dans plusieurs versets de l’Évangile de ce dimanche. Faut-il y voir une menace de Dieu ? Ne s’agit-il pas simplement de conséquence d’acte ou de posture qui mène à une desséchement, une mort ?
Soyons rassurés, cette conversion peut être initiée par l’extérieur, il y a quelqu’un qui peut changer le terreau dans lequel nous sommes qui parfois est la raison pour laquelle nous ne produisons pas de fruits.
> Demandons au Vigneron de changer la terre séchée dans laquelle nous sommes installé pour y mettre de la bonne terre, et de l’engrais, et cette bonne terre sera capable de recevoir les graines, selon une autre parabole. Ainsi, la conversion qui nous est demandée devient possible.

2e dimanche de Carême – C – 13 mars 2022

« Pendant qu’il priait, son visage changea
et son vêtement devint d’une blancheur éclatante. » 

Luc 9, 29

Phénomène

> Jésus a pris avec lui trois témoins Pierre, Jacques et Jean. Et voilà qu’ils sont confrontés à un phénomène étrange. Devant leurs yeux ébahis, ils assistent à une double transformation physique : celle du visage de Jésus et celle de son vêtement. Cela pourrait faire peur. Pourtant, cet événement est majeur dans la vie de ces trois disciples : ils contemplent Jésus dans la gloire. Mais, en comprennent-ils toute la portée ? Assurément, non, puisque le fougueux Pierre propose de construire trois tentes l’une pour Jésus, les autres pour Moïse et Elie ! Il désire fixer l’évènement. Or, Jésus va constamment de l’avant. Jésus a accordé aux disciples le privilège de voir que le chemin de souffrance par lequel il allait passer (Et qu’il leur avait annoncé) n’était pas une impasse. Il s’achève dans la Gloire. 

> Il nous faut beaucoup de temps pour saisir pleinement l’œuvre de Notre Seigneur. Une vie toute entière ! Au cours de cette vie, nous sommes au bénéfice des bénédictions que Christ nous a acquises par sa mort et sa résurrection. Un jour, nous le verrons face à face, alors, tout s’éclairera et nous saurons combien nous avons été aimés.

> Pour l’heure, poursuivons le chemin, Jésus nous y accompagne.

1er dimanche de Carême – C – 6 mars 2022

« Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. »

Luc 4,2

> 40 jours de désert. 40 jours de mise à l’épreuve. 40 jours de résistance, à la tentation, à l’épreuve, ou simplement à la faim. 40 jours de traversée du désert.

> 40, comme pour souligner l’importance de cette épreuve à vivre. En effet, le nombre 40 dans la Bible évoque une période décisive vécue avec Dieu, à l’instar des 40 jours du Déluge (Gn 7,17), des 40 jours de jeûne de Moïse avant de recevoir les 10 commandements (Ex 34,28) ou encore des 40 jours de pérégrination d’Elie au désert (1R 19,8). Ce nombre évoque aussi bien sûr les 40 ans du peuple d’Israël au désert, comme un temps de vide avant une renaissance.

> Car ce nombre 40 symbolise non seulement un temps d’épreuve, mais aussi l’éclosion d’une réalité nouvelle qui débouche sur une nouvelle naissance. Pour Noé, pour Moïse, pour Elie. Et pour Jésus aussi. Et pour nous aussi, évidemment.

> A l’heure où le monde vit une nouvelle traversée du désert, avec des temps sombres de tentations et d’épreuves, notre réponse de filles et fils de Dieu ne peut être que celle du refus de la division (Satan, c’est le « Diviseur »), comme l’a fait Jésus au nom de la Parole de Dieu. Notre réponse peut être celle de l’espérance, ancrée dans l’Évangile, espérance que ce temps d’épreuve, certes long, finira, et alors pourra éclore une vie renouvelée.

> Pour ce temps de désert qu’est le carême, ces 40 jours qui nous conduiront à Pâques, nous aussi, jeûnons, faisons silence. Nous aussi, résistons aux forces de division dans notre monde. Résistons, à l’aune de la Parole de Dieu qui est espérance. 

Dimanche des Rameaux – B – 28 mars 2021

« Ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus. »

Marc 14, 3

En mémoire d’elle

> Etrange histoire que celle-ci ! Deux jours avant la Pâque, Jésus séjourne à Béthanie qui signifie maison de l’affligé. Et c’est bien ce qu’est celui qui reçoit Jésus : un affligé. N’est-il pas lépreux ce Simon qui accueille Jésus dans sa maison ? Une maison où l’on entre comme dans un moulin. Pour preuve, cette femme qui s’invite à un repas où elle n’est pas conviée. D’où connaît-elle Jésus ? Comment sait-elle que Jésus est chez Simon ? N’a-t-elle pas peur d’entrer dans la maison d’un lépreux ?  Est-elle riche ? Est-elle tant aimée qu’elle ait reçu en cadeau un parfum de nard pur d’une très grande valeur ? Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez pas de réponse ! La femme est inconnue et son geste étonnamment ambigu, mêlant violence et douceur. La violence d’un vase brisé dont les morceaux tombent bruyamment sur le sol et la douceur des mains de la femme oignant la tête de Jésus de cette huile rare et capiteuse. Est-elle insensée ? Comment a-t-elle osé poser ses mains sur Jésus ? N’a-t-elle pas craint qu’Il la repousse ?

Et Lui, jusqu’à quand a-t-Il gardé en mémoire cette onction ? A la croix, portait-Il encore des effluves de cette odeur enivrante ? 

Outre le geste de la femme, la réflexion de Jésus qui prophétise qu’on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait est tout aussi incompréhensible. Il scelle le premier cénotaphe virtuel de l’histoire, un monument à une femme inconnue ! 

En me recueillant, je réalise que moi, illustre inconnu, je suis connu de Celui qui est la vie. Aurais-je le courage de cette femme ? Ne voudrais-je point offrir à Jésus ce que je crois être si précieux ?

4ème dimanche de carême – B – 14 mars 2021

Ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé…

Jean 3, 14

> Quiconque avait été mordu par un serpent, s’il regardait le serpent de bronze fabriqué par Moïse sur ordre du Seigneur, avait la vie sauve. Non en vertu de pouvoirs magiques, mais par la puissance de la Parole du Seigneur. C’est ainsi que le livre de la Sagesse relit cet épisode : « Ni herbe ni pommade ne vint les soulager, mais ta Parole, Seigneur, elle qui guérit tout » (Sg 16). C’est réduite au silence, dans le Fils de l’Homme élevé en croix, que cette Parole faite chair manifeste toute sa puissance de guérison et de salut.

Une sœur de Saint Maurice.

> Cette semaine, appelez Jésus à venir vous soulager des morsures de la vie !

3ème dimanche de carême – B – 7 mars 2021

Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple !

Jean 2, 15

> C’est toujours surprenant de tomber sur ce texte de l’Évangile où Jésus s’énerve au point de prendre le temps de fabriquer un fouet pour chasser avec force les vendeurs en tous genres qui prenaient toute la place dans le temple. On réfère souvent cet acte à une Sainte Colère ! Le fils de Dieu n’est pas un gentil mou qui accepte tout. Il y a des limites, des lois et elles sont connues et claires dès le début ! En effet, ce dimanche est proposé également le texte – mal nommé en français – des « dix commandements ». Bien que souvent vu comme des ordres avec de lourdes sanctions sur 3 à 4 générations pour ceux qui oseraient les enfreindre, il s’agit avant tout d’une liste de dix Paroles qui donnent la vie sur 1000 générations d’où son nom plus correct de « Décalogue ».

Quel rapport donc avec le temple me direz-vous ? Le Seigneur demande explicitement « Vous n’aurez pas d’autre Dieu que moi ! » (Ex. 20, 3) . Jésus aussi dira « Nul ne peut servir deux maîtres. […]. Dieu et L’argent. » (Mt 6, 24).

> Ce texte à une dimension encore plus profonde, qui préfigure la Pentecôte, l’Esprit-Saint envoyé en nous. Nous sommes le temple qui accueille Jésus (1 Co 3, 16) et il nous faut ainsi passer par la Sainte Colère de Dieu qui vient chasser en nous ce qui prend trop de place, qui n’est pas à son service. Profitons encore de cette période de Carême pour faire de la place dans notre cœur. Le jeûne n’est pas forcément celui de la nourriture, mais nous sommes appelés à laisser Jésus chasser les impuretés en nous et lui donner la place qu’Il mérite ! Soyez fortifiés et bénis ! Amen.