33e dimanche du temps ordinaire – B

« Sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est à vos portes. » (Mc 13, 29)

> Comment Jésus parle-t-il de sa proximité? A première vue, je l’associe à la fin des temps, à la fin du monde, et je nourris mes peurs avec pessimisme, défaitisme, découragement et amertume.

Pourtant, Jésus nous met en garde: au sujet de la fin de temps, vous n’en savez rien. Sortez de la peur pour entrer dans une attitude de veille. Gardez mes paroles, car elles sont solides et ne passent pas. Mes paroles qui parlent de prendre soin. Des humains, de la nature, du monde.

La proximité de Jésus, elle se découvre lorsque l’on sort de la temporalité passé-futur pour entrer dans le cadeau du présent. C’est ce que raconte l’image du soleil et de la lune qui rythment le temps: ils disparaissent.

La proximité de Jésus, elle se découvre lorsque l’on cesse de chercher le sens de la vie dans les étoiles et que nos yeux redescendent pour voir ce qui nous entoure. C’est ce que raconte la chute des étoiles.

La proximité de Jésus, elle se découvre lorsque nous sommes rassemblés des quatre coins du monde de nos différences pour ne faire qu’un, que nous découvrons cette unité du vivant. C’est ce que raconte les anges qui rassemblent.

Enfin, la proximité de Jésus, elle se découvre dans cette puissance de vie qui se déploie toujours à nouveau et crée du beau, du neuf, de l’espérance, de l’amour. C’est ce que raconte la gloire du Fils de l’homme.

 

32e dimanche du temps ordinaire – B

« Cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence: elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mc 12, 43-44)

> Il est beau ce passage de l’Evangile, il illustre si bien son message entier.

Il balaye les riches hypocrites et élève les humbles.

La veuve que Jesus cite en exemple fait preuve d’un don entier de sa personne, pour plus pauvre encore, une confiance en Dieu qui pourvoit à nos besoins, un souci urgent et inscrit dans la chair au point de se priver de l’essentiel pour plus petit que soi.

On aimerait tant l’imiter, on se dit qu’on n’est pas riche, qu’on ne ressemble pas à ceux qui cherchent les premières places… et pourtant ! On mesure rarement assez à quel point on est attaché à nos biens et à quel point finalement on accepte de ne donner que le superflu la plupart du temps. Mais c’est bien au don de ce qui nous est essentiel que nous sommes appelés à notre tour !

Cette semaine nous proposons de réfléchir à ce que nous ne sommes pas capables de donner. Ce dont nous ne pouvons pas nous séparer, pour notre frère ou pour Dieu et à réfléchir à la manière cela peut nous emprisonner.

31e dimanche du temps ordinaire – B

« Le premier [commandement], c’est : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras…» (Marc 12, 29-30a)

> « C’est si simple d’aimer » dit la chanson populaire. La réalité est souvent bien différente. Et pourtant, ce double commandement d’amour, c’est la base de tout éthique de vie chrétienne. C’est l’ouvrage à remettre sans cesse sur le métier : aimer… Dieu, et son prochain, comme soi-même ! S’aimer soi-même, donc, qui est souvent encore plus difficile qu’aimer les autres…

Mais ici, Jésus donne un éclairage intéressant à ce double commandement d’amour : il le fait précéder du rappel que le Seigneur est l’unique Dieu, avec ce mot : « Ecoute, Israël ! ».

Ecoute. C’est comme si, avant d’aimer, il fallait se mettre à l’écoute. Avant d’aimer Dieu, il faut se mettre à l’écoute… de sa Parole ! Avant d’aimer son prochain comme soi-même, il faut se mettre à l’écoute… de soi et des autres ! Car contrairement à la chanson, c’est si difficile d’aimer ! Il faut beaucoup d’écoute, et de la confiance, pour aimer.

Alors cette semaine, écoute ! Ecoute Dieu, écoute les autres, écoute-toi au plus profond de toi-même. Ouvre tes oreilles, dans un premier temps, pour emprunter, dans un deuxième temps seulement, le chemin de l’amour. Ecoute et aime, en voilà un beau condensé de la vie chrétienne ! Que le Dieu Jésus Christ te guide dans ton chemin d’écoute et d’amour !

30e dimanche du temps ordinaire – B

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Marc 10,51)


> On apprend dans cet Evangile que Bartimée, aveugle, court et se précipite vers Jésus. Cet élan montre l’espoir fou placé en ce Jésus qui pourrait l’aider… Et là, le Christ lui pose cette étrange question. Cela paraît évident non ? Pourtant Bartimée n’a pas semblé surpris ou étonné de la question. Le Christ n’a pas imposé, ni décidé à la place de Bartimée ce dont il avait besoin. Il lui a donné la possibilité de demander avec humilité, lui offrant ainsi une place centrale et pleine.

J’aime cette illustration : un parent voit dans le regard de son enfant qu’il désire quelque chose, par exemple une glace à la plage… Mais quelle joie de l’entendre demander et de pouvoir répondre à son envie. La limite de cette comparaison est grande : il ne s’agit pour Bartimée en tout cas pas d’une friandise ou d’un caprice, mais de la vie restaurée, et de pouvoir ensuite marcher à la suite de Jésus !

> Cette semaine, laissons-nous toucher par la voix de Jésus qui nous demande « que veux-tu ? » et osons lui dire avec foi ce dont nous avons besoin pour le suivre !

29e dimanche du temps ordinaire – B

« Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Marc 10.42-45)

 

> Pour méditer ce verset, je pense à la vocation de Michel Simonet, balayeur dans les rues de Fribourg. Il dit l’homme debout et au service de la voirie… et des habitants de sa ville pour qu’elle soit propre ! Comme il est loin des deux disciples qui voulaient être sûrs de…. siéger à côté du Christ en gloire!

Cette semaine, comment vais-je revisiter dans mon activité professionnelle ou avec mes proches ma vocation d’être au service. Et non pas au pouvoir?

28e dimanche du temps ordinaire – B

« Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » Marc 10, 22

> Ce passage de l’évangile est très connu. Un homme riche vient voir Jésus et lui demande comment faire pour accéder à la vie éternelle. Jésus lui répond qu’il faut suivre les commandements. Celui-ci observe tout cela depuis sa jeunesse.

Jésus l’aima et lui dit de vendre tout ce qu’il avait et de le donner aux pauvres. Mais cette réponse ne lui plut pas et il s’en alla tout triste.

Nous sommes souvent dans cette situation où nous nous sentons appelés à faire quelque chose mais sur le moment c’est trop pour nous, l’effort nous est trop compliqué. Mais nous aimons à croire que cette homme n’est pas parti définitivement triste, et qu’il a su même s’il n’a pas tout donné se rapprocher des plus pauvres en faisant un pas. Ce pas qui entraînera surement un deuxième pour finir sur une grande marche qui nous fera accéder à la vie éternelle.

27e dimanche du temps ordinaire – B

« Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (Marc 10, 8b-9)
> Il y a une différence entre l’homme et la femme. Jésus sait combien les hommes utilisent leur force pour dominer les femmes et leur faire violence. Ainsi, ils soulignent non pas la différence, mais la séparation: par ma violence masculine, je me coupe de toi qui est femme, je crée une rupture. Pourtant, la différence n’est pas un prétexte à dominer.
Jésus rappelle ceci: tous deux ne feront plus qu’un. Ce qui signifie: « Je ne peux être moi que dans la mesure où je fais place à toi. »
 
Fondamentalement, nous sommes unis, nous sommes uns. La violence sépare, l’amour uni. Ce que Dieu a uni, ce qu’il a voulu égalitaire, respectueux, sans discrimination: ne le séparons pas.
 
Les paroles de Jésus vont bien ailleurs qu’un traité de morale qui condamnerait les couples divorcés. Elles nous invitent plutôt à chercher toujours à nouveau ce qui permet de raconter combien l’homme et la femme forment une unité humaine, sans inégalité. Combien c’est ensemble qu’ils peuvent être vivants.

26e dimanche du temps ordinaire – B

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous » Marc 9,40

> Un peu avant ce verset, Jesus arrête les disciples qui veulent filtrer ceux qui sont légitimes pour expulser les démons et ceux qui ne le sont pas.

Cette affirmation qu’il fait dans ce verset résonne fortement aujourd’hui… Nous chrétiens, n’avons-nous pas parfois la tentation de nous poser en victimes ou de penser que le monde est contre nous parce que nous nous sentons minoritaires ? Et cette minorité, ne nous sentons-nous pas une mission de la défendre ? Mais dans ces moments-là on se positionne un peu comme les disciples en nous rendant juges de ceux qui appartiennent à la caste ou non.

Si vraiment tous ceux qui ne sont pas contre nous sont avec nous, alors nous sommes bien plus nombreux que nos yeux peuvent le voir à « donner un verre d’eau au nom du Christ » comme le dit le verset suivant.
Pour être contre, il faut donc le vouloir, il faut le clamer haut et fort, ce n’est peut-être pas si facile finalement…

Cette semaine, nous proposons de rendre grâce pour tous ceux qui ne sont pas contre nous, contre notre foi. Nous pouvons avoir une pensée particulière pour ceux qui sont martyrisés à cause de leur foi, et nous pouvons surtout apprendre à reconnaître les gestes de bienveillances et d’adhésion au Christ là où nous n’avons pas l’habitude de les attendre ou de les percevoir…

25e dimanche du temps ordinaire – B

« Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » » (Marc 9, 33b-35)

> Qui est le plus grand ? qui est le plus fort ? qui est le plus beau ? Dans notre société, la compétition fait rage. Il faut toujours surpasser les autres, qu’importe si cela les écrase. C’est à celui qui construit la plus haute tour. C’est à celui qui a la plus grosse… armée ou bombe nucléaire. Les humains sont traversés par cette tentation de la compétition qui ravage en particulier notre société actuelle. Il faut être un meilleur parent que mon voisin, un meilleur professionnel que mon collègue. D’ailleurs qu’est-ce qu’un collègue si ce n’est celui qui fait le même travail que moi, mais… moins bien !

Le message de l’Evangile va à contre-courant de ces valeurs contemporaines. Il renverse les catégories connues. Il replace l’humain au centre. L’important n’est plus de gagner, d’écraser les autres, mais de se mettre au service. Se mettre au service, c’est avant tout se placer dans un état de disponibilité à être présent pour les autres. Mon vis-à-vis n’est plus écrasé, il est valorisé. Car il a de la valeur, l’Evangile le dit bien. Enfant d’un même Père, il en devient mon frère, ma sœur.

Alors cette semaine, observe et sois disponible. Observe cette tentation de la compétition qui fait rage dans le monde. Et en réponse, essaie de te montrer disponible à être présent pour les autres, pour tes frères et sœurs en Christ. En bref, essaie de vivre l’Evangile.

24e dimanche du temps ordinaire – B

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Marc 8.34)

> Ah voilà bien un verset exigeant et dont des années d’interprétation littérale nous ont travaillés jusqu’à la peur bleue de ne jamais être à la hauteur ! Etre à la hauteur, commençons par là ! Lorsque l’on suit quelqu’un, on ne marche pas à sa hauteur justement…Quand on parle de suivre, il y en a un qui marche devant, qui choisit le chemin et l’autre qui va derrière, qui ne choisit pas. Et quand deux marchent l’un derrière l’autre, ils se parlent difficilement.

Mais en grec, ce verbe « suivre » dit autre chose : le mot utilisé, « akoloutheo », signifie faire chemin avec. Platon expliquait le sens de ce mot, qui a donné en français acolyte, : c’est le compagnon de route. Quand on parle de compagnon de route, cela suppose deux personnes, deux sujets qui cheminent ensemble. Voilà déjà qui me remonte le moral !

Mais alors, comment comprendre « qu’il prenne sa croix » ? La croix, c’est l’instrument de supplice et de mort. Crucifié, le condamné est rendu totalement passif.  On a compris que Jésus appelait au martyre, qu’il invitait ses disciples à être prêts à être crucifiés avec lui. Mais on peut aussi comprendre : celui qui veut marcher avec moi… qu’il empoigne, qu’il soulève ce lieu où il subit passivement sa mort! Qu’il prenne sa mort dans ses mains. Qu’il soit le porteur actif et conscient de son destin de créature vulnérable condamnée à mourir un jour.

Nous avons chacun des « morts » qui nous guettent au quotidien… Cette semaine, je veux assumer de les regarder en face et non pas les subir… Je veux marcher aux côtés de Jésus, comme un sujet qui porte sa mortalité, en cheminant avec Lui. Pas derrière. Avec.