29e dimanche du temps ordinaire – A – 18 octobre 2020

« Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. »

(Matthieu 22, 16)

RESISTANCE OU RETICENCE

> Quand des religieux de la stricte observance de la Loi et des politiciens collaborant avec l’envahisseur s’associent pour faire tomber Jésus, leur stratégie consiste à élaborer un argumentaire dont les apparences sont vraies. Car, ils veulent enlacer Jésus dans ses paroles. Nous connaissons tous des personnes qui résistent à l’appel de Dieu. Souvent, elles ont une bonne connaissance générale de Dieu et, prenant appui sur des situations concrètes où il semble que Dieu sera pris en défaut, elles s’en servent pour refuser d’accueillir la grâce. Elles opposent une résistance à la Lumière, cette lumière divine qui éclaire tout homme (Jean 1, 9). De telles personnes sont pour nous des sujets de prière, car nous savons que seul Dieu peut faire tomber leur résistance.

>Nous pourrions être tentés de nous considérer comme au-dessus de cette mêlée, nous qui avons reçu cette illumination intérieure et réaliser notre besoin d’un Sauveur. Moi qui l’ai accepté, ce Sauveur, je sais bien que Jésus est vrai, qu’il enseigne la voie de Dieu selon la vérité. Pourtant, trop souvent, il m’arrive d’être réticent à l’appel de Dieu. Alors, j’argumente en prenant appui sur cette Parole que je crois connaître. Pour un temps, je deviens un orthodoxe de la foi ou un collaborateur du monde afin de servir mes intérêts. Je ne réalise pas que cette réticence m’éloigne des projets que Dieu a formés pour moi, Lui qui veut me donner un avenir et de l’espérance (Jérémie 29, 11).

>Seigneur, révèle-Toi aux résistants et fais tomber mes réticences !

28e dimanche du temps ordinaire – A – 11 octobre 2020

« Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités: ‘Voilà: j’ai préparé mon banquet.’ »

Mt 22, 3-4

> L’Evangile du jour vient nous confronter de manière forte au sujet de notre réponse à l’appel de Dieu. Comment est-ce que je réponds à son invitation à faire la fête avec lui ?

Dans ce texte, les premiers invités déclinent l’invitation. Ils ne veulent pas venir, trop occupés par leurs activités du monde. Un peu comme aujourd’hui où tant d’hommes et de femmes s’éloignent de tout questionnement spirituel, où ils ne se soucient pas ou plus de la question de Dieu, trop occupés à vivre dans un activisme et consumérisme ambiant.

Dieu, pourtant, est patient. Comme le maître continue à envoyer des serviteurs pour inviter d’autres personnes, Dieu continue à espérer en l’humanité. « Il envoya encore… » : par cette répétition, l’évangéliste souligne que c’est un processus qui s’étale sur un certain temps, mais que Dieu ne change pas, il reste patient. Comme pour nous aussi, à qui tout au long de notre vie cette question nous est posée par Dieu : « viendras-tu célébrer la noce avec moi ? ».

Cette semaine, méditons donc cet appel de Dieu dans nos vies. Comment est-ce que j’y réponds, comment est-ce que j’y fais honneur ? Comment est-ce que j’arrive – ou pas – à lâcher mes activités du monde si prenantes pour aller faire la fête avec lui ? Dieu est patient, et sa porte nous est toujours ouverte. L’ouvrirons-nous pour partager ce banquet avec lui et ses convives ?

27e dimanche du temps ordinaire – A – 4 octobre 2020

« Ils respecteront mon fils »

(Matthieu 21,37)

> Une des déclarations les plus tragiques des évangiles est le commentaire candide du père de cette parabole : « Ils respecteront mon fils ». A cette conviction répond la plus sordide des violences, un assassinat. Ces métayers veulent posséder cette vigne, à tout prix et ils rejettent tout ce qui vient du propriétaire, pour le devenir à leur tour.

Bien sûr aujourd’hui, je peux me sentir très éloignée de toute cette violence ! Ce n’est pas à moi que cela arriverait de m’asseoir sur la générosité divine et de tuer pour m’accaparer une autorité spirituelle. Oui, bien sûr mais quand j’y pense… A chaque fois que je referme mes poings sur des vérités que je crois détenir sur l’identité de Jésus, sur des jugements qu’il aurait pu faire… j’ « assassine » le Christ à mon tour… Des éléments de cette attitude « Voici venir l’héritier, tuons-le et nous aurons l’héritage » existent en nous tous. Nous empêchons parfois Jésus d’agir pleinement.

Seigneur, pour cette semaine, ouvre-moi les yeux sur mon orgueil et mon égoïsme qui me rendent moins réceptive à Ta Parole et garde-moi de me croire la seule à me « royaumer » dans mon pré carré spirituel… Façonne en moi l’attitude du maître qui fait confiance à ses ouvriers, qui partage sa vigne, sa vendange et même ce qu’il a de plus précieux : son Fils !

26e dimanche du temps ordinaire – A – 27 septembre 2020

Il dit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas.

(Mt 21, 30)

> Par la parabole de l’Évangile de ce dimanche Jésus tend un piège aux grands prêtres et anciens, c’est presque devenu une habitude pour Lui. L’enjeu de cette parabole c’est la cohérence de notre foi. Il est question d’agir pour Dieu. Celui des deux fils qui fait la volonté du père, c’est celui qui « fait », et non celui qui « dit ». Par cette question qui paraît simple et qui ne laisse qu’une réponse logique, il va forcer les bien-pensants de l’Église à répondre ce qui est juste tout en les accusant ensuite justement de ne pas faire ce qu’ils disent.

> Au fond, voilà donc un père qui demande et des fils qui, ensuite, font ce qu’ils veulent. Si Jésus emploie cette image, c’est pour nous décrire ce qui se passe entre Dieu et nous. Cette semaine nous sommes invités à regarder où nous pourrions nous repentir et faire la volonté de Dieu, même si nous lui avons peut-être dit non, consciemment ou non. Inversement, ne faisons pas de fausses promesses à Dieu. Soyez bénis.

25e dimanche du temps ordinaire – A – 20 septembre 2020

« Ceux qui avaient commencé à cinq heures, reçurent chacun une pièce d’un denier. »

Mt 20,9

> Comme on comprend la réaction des ouvriers embauchés à la première heure qui ont « enduré le poids du jour et la chaleur » ! Comme je m’y reconnais ! Du point de vue d’une stricte justice humaine le comportement du maître est difficile à défendre.

Il faut regarder de près comment se modifient les termes du contrat d’embauche au fur et à mesure que la journée avance. Avec ceux qui commencent à travailler dès la première heure le maître se met d’accord sur le salaire de la journée : un denier. A ceux qui se mettent au travail à neuf heures, à midi, à trois heures, le maître promet : « je vous donnerai ce qui est juste ». Le contrat repose sur la confiance qu’ils accordent à la parole du maître. C’est lui qui fixe ce qui est juste, il n’annonce pas de chiffre. Quant à ceux qui rejoignent la vigne à cinq heures il se contente de dire « Allez à ma vigne vous aussi. » Il n’est pas question de rétribution. Les ouvriers s’en remettent totalement au maître sur la façon dont leur travail sera reconnu et rémunéré.

Le comportement de ce maître est incompréhensible d’un point de vue de justice humaine. Par contre s’il s’agit de dire quelque chose du Royaume de Dieu combien est-il parlant ! A part au Royaume non celui qui cherche à le mériter comme un dû mais celui qui met sa foi en Dieu qui donne gratuitement.

Quelques pépites pauliniennes en écho à cette parabole :« Si quelqu’un accomplit un travail, son salaire ne lui est pas accordé comme un don gratuit, mais comme un dû. Au contraire, si quelqu’un, sans rien accomplir, a foi en Celui qui rend juste l’homme impie, il lui est accordé d’être juste par sa foi. » (Rm 4, 4-5)

C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil (Ep 2, 8-9). Appel en ces temps troublés et incertains à avancer en mettant notre foi en Celui qui est BON et qui partage ses biens aux ouvriers de la dernière heure que nous sommes.

24e dimanche du temps ordinaire – A – 13 septembre 2020

« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à 70 fois sept fois. »

Mt 18,22

> A qui lui demande combien de fois on doit pardonner, Jésus répond « à l’infini », car « 70 fois 7 fois » signifie un cycle sans vraiment de limites.

> Dès que l’on met des limites au pardon, on n’est plus dans la vision de Dieu. Son pardon à lui, envers nous, n’a aucune limite. Sa miséricorde a comme mesure l’infini de son amour. 

> Mettons-nous à l’école de Dieu cette semaine. Trouvons, dans notre cœur, la personne à qui nous n’arrivons pas à pardonner. Et essayons d’appliquer à cette personne la mesure de Dieu : décidons de lui pardonner dès maintenant. C’est à ce prix que notre cœur grandit.

23e dimanche du temps ordinaire – A – 6 septembre 2020

« Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Mt 18,20

> Jésus vient de dire à ses disciples que si deux d’entre [eux] se mettent d’accord, sur la terre, pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par son Père. Il enchaîne en donnant le motif de cet exaucement ce que montre le car qui aurait pu être traduit par parce que. Pourquoi, dans certains cas, tardons-nous à voir l’exaucement ? Les conditions ne sont-elles pas réunies ?

De conditions, en fait, il n’y en a que deux : 

  • La première est une question de nombre. Deux ou trois personnes suffisent pour que cette condition soit remplie. Et, franchement, ce n’est pas la mer à boire que de trouver une ou deux personnes qui s’associent à moi pour prier !
  • La seconde est une question de nom. Elle est en lien direct avec le motif de cette réunion. Jésus dit qu’elle doit être faite en son nom. Et, si c’était là que le bât blesse ? Est-ce que je réalise pleinement le sens de cette parole de Jésus ? Vous et moi, nous savons que toutes les promesses de notre Seigneur, sont tenues – Lui, il est fidèle -. Sa présence nous est donc assurée sous réserve que nous soyons deux ou trois (facile !) réunis en son Nom. Je crois qu’il y a là une invitation à ne pas se limiter à une proximité de façade pour aller vers une proximité de cœur. Tout au fond de moi, n’aurais-je pas, de temps à autre, un soupçon de jugement pour ces personnes avec qui je prie. Bien-sûr, je ne dis mot par politesse chrétienne. Mais, le Seigneur regarde au cœur, n’est-ce pas ? Alors, afin que cette pensée insignifiante, même pas exprimée, ne devienne pas un frein à l’exaucement de la prière de deux ou trois, ne devrais-je pas suivre le conseil de Paul aux Philippiens : au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas et si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. 

22e dimanche du temps ordinaire – A – 30 août 2020

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.»

Mt 16,24

> Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Devant l’annonce de la croix, de la nécessité de la souffrance et de la mort, qui certes ouvre sur la résurrection, les disciples ne comprennent pas. Ils n’entendent pas. Saint Pierre, qui vient de confesser Jésus comme Christ, et qui vient d’être institué par lui comme « pierre sur laquelle je bâtirai mon Eglise » (16,18), même Saint Pierre le rabroue. Il s’oppose fortement. Il ne peut pas entendre cela. 

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Puis Jésus annonce à ses disciples que le fait de le suivre a un coût : se renier, d’une part, et se charger de sa croix, d’autre part. Le disciple est appelé à se renier à soi-même, c’est-à-dire à renoncer à être le centre de sa propre vie, renoncer à la volonté de ne compter que sur soi-même et sur ses certitudes, renoncer à ne croire qu’en soi pour se forger le sens de sa vie, mais recevoir ce dernier d’un autre. Se renier, c’est dire notre incomplétude et notre besoin fondamental de recevoir l’essentiel par un Autre. Un Tout-Autre. Le centre, ce n’est plus moi, c’est le Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Celui qui veut suivre Jésus doit ensuite se charger de sa croix. La croix, ce sont les difficultés, la souffrance, la mort. La croix, c’est le sacrifice. Celui de Jésus, mais aussi celui que doivent traverser les disciples. C’est perdre quelque chose pour gagner autre chose, de plus fondamental. Mais la perte est là, elle fait partie de notre suivance du Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Alors cette semaine, essayons de nous mettre à l’écoute de ces paroles si difficiles à… entendre. Méditons la croix dans nos vies, méditons le sacrifice dans notre manière de suivre le Christ, méditons nos pertes ; tout cela afin ensuite de découvrir, à la lumière de la résurrection qui suit la croix, comment Dieu nous offre la vie en plénitude.

21e dimanche du temps ordinaire – A – 23 août 2020

« Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples: ‘Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ?’  »

Matthieu 16,13

> Jésus ? Toi, taraudé par des questions identitaires…? Et dans ta question, Jésus, tu mets déjà la réponse ? Pour entendre les disciples te donner les impressions vagues portées par la rumeur qui enfle à ton sujet: certains disent que tu es un prophète ou encore Elie réincarné…

Mais tout ce préambule, c’est pour mieux les amener à se poser LA seule vraie question: « et vous qui dites-vous que je suis ? » Au-delà des théories échafaudées, au-delà même des plus brillantes théologies, demandons-nous dans le secret de notre cœur: « qui est Jésus pour moi ? Et quelle relation au Père m’invite-t-il a tisser, encore et toujours ? »

Que ces questions soufflent un vent de communion et de paix sur notre rentrée!

20e dimanche du temps ordinaire – A – 16 août 2020

« Les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres »

(Matthieu 15, 27)

> Incroyable texte, difficile d’accès parce qu’il montre un Jésus dur, apparemment raciste et loin de l’image qu’on lui connaît. Les textes bibliques qui nous dérangent nous demandent d’aiguiser le regard. Alors que peut-il nous dire ? Focalisons donc un instant sur l’incroyable ténacité et courage de la femme Cananéenne : elle ne se laisse pas décourager parce qu’elle est femme et qu’il est mal vu qu’elle s’adresse à un homme, israélite de surcroît. Elle aborde humblement le Christ et ne se laisse pas décourager alors que Jésus ne lui répond pas ni quand les disciples lui disent de s’en aller. Elle ne se laisse pas décourager quand Jésus lui dit qu’il n’est pas venu pour elle (?!). Au contraire, elle entre dans le jeu et en reprenant les termes de « petit chien » et de « maître » elle reconnaît une autorité divine au Christ (et par là un statut supérieur au peuple qui l’a accueilli). Est-ce un test de la part de Jésus ? Quoiqu’il en soit, sa foi est telle qu’elle se « contente » des miettes et sait que cela suffira à la sauver elle et sa famille.

> Cette semaine, même si nous ne comprenons pas certains messages véhiculés par les représentants de Dieu sur terre ou si nous avons l’impression que Jésus ne répond pas, accrochons-nous à la foi que même une miette de Dieu suffit pour nous sauver !