« Les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. » (Lc 21,26)
> Que penser de cette réaction humaine ? Spontanément, on croit immuable l’immense ballet des astres (et de même, bien d’autres réalités ou forces apparemment irrésistibles ou évidentes). Faut-il avoir peur de la fin de ce monde que l’on croyait intangible – donc perpétuel voire « divin » ? L’homme mortel découvre, effrayé, que ce qui, dans ce monde, semblait le dominer aura sans doute aussi un terme. « N’ayez pas peur ! » lit-on dans plusieurs pages de la Bible. La Bonne Nouvelle promet l’opposé de l’évidence : c’est l’homme qui survivra aux « puissances des cieux ».
Les chrétiens qui dans leurs prières demandent au Père « que ton règne vienne » sont-ils conscients de ce qu’ils font ? Prier pour qu’advienne sa royauté, c’est accepter qu’alors « les hommes mourront de peur ». L’enjeu essentiel n’est pourtant pas ce monde, mais nous mêmes, pris dans le jugement et la miséricorde de Dieu.
Le premier Avent, celui de la naissace de l’Enfant de Bethléem, n’aura fait « mourir de peur » qu’un homme : Hérode, alerté par les mages puis déchaîné dans sa vaine cruauté. A peine quelque-uns avaient remarqué et compris le signe céleste. Mais déjà alors avait été dérangée, par l’Étoile, la stricte régularité des luminaires qui dans le ciel marquent les cycles du temps.
Au terme de notre Avent symbolique, année après année, la lumière de Noël n’est pas que la flamme de quelques bougies ou le re-départ de jours toujours plus longs : c’est la promesse, entamée, d’une lumière éternelle, sans commune mesure avec celle des « puissances célestes ». L’Avent ultime, hors du temps : l’Emmanuel « Dieu-avec-nous » et enfin « nous-avec-Dieu ».