Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »
Mc 14,22
> Osons une lecture un peu savante. Non pour le plaisir de savoir, mais pour goûter davantage ce verset familier à nos oreilles. « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie l’âme mais de sentir et goûter les choses intérieurement. » (Ignace de Loyola)
La traduction française ne peut pas rendre un détail du texte grec originel : « Ceci est mon corps », en grec le démonstratif « ceci » est un neutre. La langue française n’a pas d’équivalent. Ce qui est surprenant c’est que le mot « pain », en grec, est un mot masculin et non pas neutre. C’est donc que « ceci » ne désigne pas le pain en tant que tel. « Ceci » c’est le pain marqué par les quatre gestes de Jésus – le pain que Jésus a pris, sur lequel il a prononcé la bénédiction, qu’il a rompu, qu’il a donné aux disciples. C’est le pain pris dans l’action de Jésus, dans le mouvement de don dont cette action est le signe.
Un détail de traduction ? Peut-être. Mais un détail qui fait sortir du risque de chosifier le pain et le vin, présence du Corps et du Sang du Seigneur. Pain et vin de l’Eucharistie sont le signe de la vie donnée de Jésus. Les vénérer et y communier « c’est entrer avec Lui dans son intention pascale : c’est faire nôtre son désir de donner sa vie pour détruire la mort. » (Pierre Claverie, évêque d’Oran, mort martyr le 1er août 1996)