24e dimanche du temps ordinaire – A – 13 septembre 2020

« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à 70 fois sept fois. »

Mt 18,22

> A qui lui demande combien de fois on doit pardonner, Jésus répond « à l’infini », car « 70 fois 7 fois » signifie un cycle sans vraiment de limites.

> Dès que l’on met des limites au pardon, on n’est plus dans la vision de Dieu. Son pardon à lui, envers nous, n’a aucune limite. Sa miséricorde a comme mesure l’infini de son amour. 

> Mettons-nous à l’école de Dieu cette semaine. Trouvons, dans notre cœur, la personne à qui nous n’arrivons pas à pardonner. Et essayons d’appliquer à cette personne la mesure de Dieu : décidons de lui pardonner dès maintenant. C’est à ce prix que notre cœur grandit.

23e dimanche du temps ordinaire – A – 6 septembre 2020

« Car, là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Mt 18,20

> Jésus vient de dire à ses disciples que si deux d’entre [eux] se mettent d’accord, sur la terre, pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par son Père. Il enchaîne en donnant le motif de cet exaucement ce que montre le car qui aurait pu être traduit par parce que. Pourquoi, dans certains cas, tardons-nous à voir l’exaucement ? Les conditions ne sont-elles pas réunies ?

De conditions, en fait, il n’y en a que deux : 

  • La première est une question de nombre. Deux ou trois personnes suffisent pour que cette condition soit remplie. Et, franchement, ce n’est pas la mer à boire que de trouver une ou deux personnes qui s’associent à moi pour prier !
  • La seconde est une question de nom. Elle est en lien direct avec le motif de cette réunion. Jésus dit qu’elle doit être faite en son nom. Et, si c’était là que le bât blesse ? Est-ce que je réalise pleinement le sens de cette parole de Jésus ? Vous et moi, nous savons que toutes les promesses de notre Seigneur, sont tenues – Lui, il est fidèle -. Sa présence nous est donc assurée sous réserve que nous soyons deux ou trois (facile !) réunis en son Nom. Je crois qu’il y a là une invitation à ne pas se limiter à une proximité de façade pour aller vers une proximité de cœur. Tout au fond de moi, n’aurais-je pas, de temps à autre, un soupçon de jugement pour ces personnes avec qui je prie. Bien-sûr, je ne dis mot par politesse chrétienne. Mais, le Seigneur regarde au cœur, n’est-ce pas ? Alors, afin que cette pensée insignifiante, même pas exprimée, ne devienne pas un frein à l’exaucement de la prière de deux ou trois, ne devrais-je pas suivre le conseil de Paul aux Philippiens : au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas et si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. 

22e dimanche du temps ordinaire – A – 30 août 2020

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.»

Mt 16,24

> Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Devant l’annonce de la croix, de la nécessité de la souffrance et de la mort, qui certes ouvre sur la résurrection, les disciples ne comprennent pas. Ils n’entendent pas. Saint Pierre, qui vient de confesser Jésus comme Christ, et qui vient d’être institué par lui comme « pierre sur laquelle je bâtirai mon Eglise » (16,18), même Saint Pierre le rabroue. Il s’oppose fortement. Il ne peut pas entendre cela. 

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Puis Jésus annonce à ses disciples que le fait de le suivre a un coût : se renier, d’une part, et se charger de sa croix, d’autre part. Le disciple est appelé à se renier à soi-même, c’est-à-dire à renoncer à être le centre de sa propre vie, renoncer à la volonté de ne compter que sur soi-même et sur ses certitudes, renoncer à ne croire qu’en soi pour se forger le sens de sa vie, mais recevoir ce dernier d’un autre. Se renier, c’est dire notre incomplétude et notre besoin fondamental de recevoir l’essentiel par un Autre. Un Tout-Autre. Le centre, ce n’est plus moi, c’est le Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Celui qui veut suivre Jésus doit ensuite se charger de sa croix. La croix, ce sont les difficultés, la souffrance, la mort. La croix, c’est le sacrifice. Celui de Jésus, mais aussi celui que doivent traverser les disciples. C’est perdre quelque chose pour gagner autre chose, de plus fondamental. Mais la perte est là, elle fait partie de notre suivance du Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Alors cette semaine, essayons de nous mettre à l’écoute de ces paroles si difficiles à… entendre. Méditons la croix dans nos vies, méditons le sacrifice dans notre manière de suivre le Christ, méditons nos pertes ; tout cela afin ensuite de découvrir, à la lumière de la résurrection qui suit la croix, comment Dieu nous offre la vie en plénitude.

21e dimanche du temps ordinaire – A – 23 août 2020

« Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples: ‘Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ?’  »

Matthieu 16,13

> Jésus ? Toi, taraudé par des questions identitaires…? Et dans ta question, Jésus, tu mets déjà la réponse ? Pour entendre les disciples te donner les impressions vagues portées par la rumeur qui enfle à ton sujet: certains disent que tu es un prophète ou encore Elie réincarné…

Mais tout ce préambule, c’est pour mieux les amener à se poser LA seule vraie question: « et vous qui dites-vous que je suis ? » Au-delà des théories échafaudées, au-delà même des plus brillantes théologies, demandons-nous dans le secret de notre cœur: « qui est Jésus pour moi ? Et quelle relation au Père m’invite-t-il a tisser, encore et toujours ? »

Que ces questions soufflent un vent de communion et de paix sur notre rentrée!

20e dimanche du temps ordinaire – A – 16 août 2020

« Les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres »

(Matthieu 15, 27)

> Incroyable texte, difficile d’accès parce qu’il montre un Jésus dur, apparemment raciste et loin de l’image qu’on lui connaît. Les textes bibliques qui nous dérangent nous demandent d’aiguiser le regard. Alors que peut-il nous dire ? Focalisons donc un instant sur l’incroyable ténacité et courage de la femme Cananéenne : elle ne se laisse pas décourager parce qu’elle est femme et qu’il est mal vu qu’elle s’adresse à un homme, israélite de surcroît. Elle aborde humblement le Christ et ne se laisse pas décourager alors que Jésus ne lui répond pas ni quand les disciples lui disent de s’en aller. Elle ne se laisse pas décourager quand Jésus lui dit qu’il n’est pas venu pour elle (?!). Au contraire, elle entre dans le jeu et en reprenant les termes de « petit chien » et de « maître » elle reconnaît une autorité divine au Christ (et par là un statut supérieur au peuple qui l’a accueilli). Est-ce un test de la part de Jésus ? Quoiqu’il en soit, sa foi est telle qu’elle se « contente » des miettes et sait que cela suffira à la sauver elle et sa famille.

> Cette semaine, même si nous ne comprenons pas certains messages véhiculés par les représentants de Dieu sur terre ou si nous avons l’impression que Jésus ne répond pas, accrochons-nous à la foi que même une miette de Dieu suffit pour nous sauver !

19e dimanche du temps ordinaire – A – 9 août 2020

« Voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » »

Mt 14,30

> Audace et folle confiance de Pierre qui, sur la parole de Jésus, qu’il a lui-même suscitée, enjambe la barque et commence à marcher sur les eaux. S’il marche sur les eaux c’est pour aller vers Jésus. C’est aussi parce qu’il va vers Jésus. C’est son regard fixé sur Jésus, l’orientation de tout son être vers Jésus, qui lui donnent stabilité et équilibre.

> Que son attention se porte sur la force du vent et c’en est fini du prodige : il commence à s’enfoncer. Un instant son regard s’est détourné et tout bascule. Il coule ! Se sentant perdu c’est vers son Seigneur qu’il crie. Et sa défaillance devient événement de salut. Parce qu’un moment devant la violence du vent il a douté, il expérimente dans sa chair que le Seigneur sauve. S’il n’avait pas flanché il n’aurait pas fait l’expérience de se sentir saisi par la main de Jésus l’arrachant au gouffre des eaux.

> Quelle expérience ! Encore plus déterminante que de marcher sur la mer vers Jésus. Expérience fondatrice pour Pierre et pour nous. Si Pierre avait continué à marcher sur les eaux sans couler, il ne saurait pas à quel point Jésus sauve, et nous non plus. Sa défaillance nous en apprend plus sur Jésus que si tranquillement il avait rejoint Jésus et, avec lui, était monté dans la barque : Jésus est le SAUVEUR.

> Vivre nos peurs et nos doutes comme des lieux où Jésus nous saisit par la main et nous arrache à ce qui nous tire vers le fond. Une grâce à demander.

18e dimanche du temps ordinaire – A – 2 août 2020

« Jésus se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart.»

Mt 14,13

> Jésus, lui aussi, sait prendre des temps de « vacance(s) », c’est-à-dire de retraite, loin de l’agitation et du travail quotidien. Ici, on nous dit même qu’il part en barque.

> Contrairement à nos limousines-break extensibles quasiment à l’infini grâce aux galeries et remorques qu’on leur adjoint parfois, une barque est un véhicule qui ne permet pas d’emporter beaucoup de matériel. Jésus n’a ni portable, ni chargeur de téléphone, ni cahiers de vacances avec lui. Il se retire et donc n’emporte pas ce qui fait son quotidien.

> Au milieu de cet été, puissions-nous laisser de côté de que nous avons malgré tout pris avec nous en vacances mais qui nous rappelle indûment notre quotidien. Que ce temps de vacance(s), pour celles et ceux qui ont la chance de le prendre, soit vraiment une mise à l’écart, au désert.

Bel été à tous !

17e dimanche du temps ordinaire – A – 26 juillet 2020

« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor qui était caché dans un champ et un homme […] achète ce champ. »

Matthieu 13, 44

> Jésus explique ce qu’est le Royaume de Dieu. Jésus est concis dans ces propos et, à la première lecture, je me sens plus intelligent et renseigné sur ce fameux Royaume. Mais, s’il me prend l’envie de transmettre cette information à quelque ami, il m’apparaît que rien ne va de soi dans cette explication :

Le Royaume de Dieu est comparable à un trésor. Les guides touristiques décrivent les lieux dont ils vantent les charmes par des mots qui nous projettent dans l’endroit au point de désirer y être. Mais ce Royaume est comme un trésor. Qui rêve d’être dans un coffre ?  De plus ce trésor est caché. Il n’est pas visible d’emblée, mais il faut le chercher. Non seulement, il est caché mais il l’est dans un champ. Cette localisation implique de la ténacité pour le trouver, car chacun sait qu’un champ c’est grand !

Ma première clé de lecture est une parole de Jésus : Celui qui cherche trouve (Mt 7, 8). Logiquement donc l’homme trouve le trésor.

Les événements qui suivent sont étranges. Je découvre que l’homme cherche dans un champ qui ne lui appartient pas et qu’il est fourbe (il cache à nouveau le trésor). Sa découverte est si précieuse que l’homme est prêt à rompre les amarres avec son passé : il vend tout ce qu’il a. Ce qui m’indique que soit le champ était à vendre, soit l’homme est suffisamment persuasif pour convaincre le propriétaire de vendre son champ. Etrange aussi le fait que le Royaume de Dieu pourrait être à vendre ! 

Ma seconde clé de lecture est dans une prière de Jésus qui loue son Père de ce qu’il a caché ces choses aux sages et aux intelligents (Mt 11, 25).

Je réalise, alors, que le Royaume de Dieu est tellement autre chose que l’univers dans lequel je vis qu’il me sera impossible d’en saisir la réalité. Quelqu’un a-t-il déjà vu une perle si grande qu’elle serve de porte, ou de l’or si pur qu’il en soit transparent ? Le mystère du Royaume de Dieu est incompréhensible, mais une chose est sûre : il vaut la peine de le chercher !

16e dimanche du temps ordinaire – A – 19 juillet 2020

« Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson. »

Mt 13,29-30a

> Pour faire écho à cette parabole du bon grain et de l’ivraie, voici le conte de l’arbre :

Dans un pays aride, fut autrefois un arbre prodigieux. Sur la plaine, on ne voyait que lui, largement déployé entre les blés malingres et le vaste ciel bleu. Personne ne savait son âge. On disait qu’il était aussi vieux que la Terre. Des femmes stériles venaient parfois le supplier de les rendre fécondes, des hommes en secret cherchaient auprès de lui des réponses à des questions inexprimables et les loups lui parlaient, certaines nuits sans lune, mais personne jamais ne goûtait à ses fruits. 

Ils étaient pourtant magnifiques, si luisants et dorés, le long de ses branches maîtresses pareilles à deux bras offerts dans le feuillage qu’ils attiraient les mains et les bouches des enfants ignorants. Eux seuls osaient les désirer. On leur apprenait alors l’étrange et vieille vérité. La moitié de ces fruits était empoisonnée. Or, tous, bons ou mauvais, étaient d’aspect semblable. Des deux branches ouvertes en haut du tronc énorme l’une portait la mort, l’autre portait la vie, mais on ne savait laquelle nourrissait et laquelle tuait. Et donc on regardait mais on ne touchait pas. 

Vint un été trop chaud, puis un automne sec, puis un hiver glacial. Neige et vent emportèrent les granges et les toits des bergeries. Les givres du printemps brûlèrent les bourgeons, et la famine envahit le pays. Seul, sur la plaine, l’arbre demeura imperturbable. Aucun de ses fruits n’avait péri. Malgré les froidures, ils étaient restés en aussi grand nombre que les étoiles du ciel. Les gens, voyant ce vieux père solitaire miraculeusement rescapé des bourrasques, s’approchèrent de lui, indécis et craintifs. Ils interrogèrent son feuillage. Ils n’en eurent pas de réponse. Ils se dirent alors qu’il leur fallait choisir entre le risque de tomber foudroyés, s’ils goûtaient aux merveilles dorées qui luisaient parmi les feuilles, et la certitude de mourir de faim, s’ils n’y goûtaient pas. 

Comme ils se laissaient aller en discussions confuses, un homme dont le fils ne vivait plus qu’à peine osa soudain s’avancer d’un pas ferme. Sous la branche de droite, il fit halte, cueillit un fruit, ferma les yeux, le croqua et resta debout, le souffle bienheureux. Alors tous, à sa suite, se bousculèrent et se gorgèrent délicieusement des fruits sains de la branche de droite, qui repoussèrent aussitôt, à peine cueillis, parmi les verdures bruissantes. Les hommes s’en réjouirent infiniment. Huit jours durant, ils festoyèrent, riant de leurs effrois passés. 

Ils savaient désormais où étaient les rejetons malfaisants de cet arbre : sur la branche de gauche. Ils la regardèrent d’abord d’un air de défi, puis leur vint une rancune haineuse. A cause de la peur qu’ils avaient eu d’elle ils avaient failli mourir de faim. Ils la jugèrent bientôt inutile que dangereuse. Un enfant étourdi pouvait, un jour, se prendre à des fruits pervers que rien ne distinguait des bons. Ils décidèrent donc de la couper au ras du tronc, ce qu’ils firent avec une joie vengeresse. 

Le lendemain, tous les bons fruits de la branche de droite étaient tombés et pourrissaient dans la poussière. L’arbre amputé de sa moitié empoisonnée n’offrait plus au grand soleil qu’un feuillage racorni. Son écorce avait noirci. Les oiseaux l’avaient fui. Il était mort. 

(Conte de l’Inde, Henri Gougaud, L’arbre d’amour et de sagesse, Ed. du Seuil)

> Quels sont les bons et les mauvais fruits dans ma vie ? 

> Cette semaine, prenons le temps pour méditer sur les bons et mauvais fruits sur l’arbre de notre vie, sur leurs liens, et accueillons-les dans cette espérance que le moissonneur saura faire le tri quand viendra le temps.

15e dimanche du temps ordinaire A – 12 juillet 2020

« C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent »

(Matthieu 13,13)

> On peut être aveugles et sourds même si nos yeux et nos oreilles sont en bon état de fonctionnement !

Dans ce temps de vacances qui s’annonce, est ce que je vais m’agiter et me lamenter de tout ce qui, cette année, n’est pas possible à mettre sur pieds : grands voyages, billets d’avion pas encore remboursés…?

Ou bien vais-je me laisser déplacer intérieurement par la force des images et de la parabole que nous raconte ce temps?? La nature est si belle, tout a été semé pour nous par le grand Semeur…et il fait refleurir nos plus grands déserts intérieurs, ceux qui ont été forcés de s’isoler et de se protéger !

Bel été dans la grâce du Dieu qui a semé paroles et images pour que nos yeux et nos coeurs s’ouvrent !!