Samedi 21 mars 2020

« Le pharisien se tenait debout et priait ainsi en lui-même. »

Lc 18, 11

> « Priait en lui-même »: on pourrait entendre l’expression d’une intériorité. Mais le contenu de cette prière, ponctuée de « je » : « je ne suis pas comme », « je jeûne…, je verse… » oriente vers une autre lecture possible. Ce pharisien est plein de lui-même, enfermé « en lui-même ». Il ne prie pas, il se contemple, comme la marâtre de Blanche Neige devant son miroir magique : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle. »

Ce n’est pas une prière, c’est un selfie. Un selfie flatteur. Il y a des prières qui sont des selfies accusateurs : je fais tout faux, j’ai encore raté,… Ce ne sont pas des prières. On peut être plein de soi-même en s’auto-accusant. C’est encore une façon de se regarder.

« Le publicain n’osait même pas lever les yeux vers le ciel. » (v. 13) Qu’il n’ose pas lever les yeux vers le ciel dit bien qu’il ne se regarde pas mais qu’il est orienté vers un Autre, dont le ciel est la figure. Un Autre auquel il s’adresse : « montre-toi favorable. »

Que ce soit pour rendre grâce, pour appeler au secours, pour te repentir, pour te révolter, tourne-toi vers Lui. La prière, quelle que soit sa couleur, c’est une relation « JE-TU ».

Lundi 16 mars 2020

« Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.»

Luc 4,24

> Dans l’Évangile de ce jour, Jésus fait mémoire des prophètes Élie et Élisée et redira comment ils n’ont pas été reconnu dans leur lieu d’origine. On comprends déjà que Jésus parle aussi de Lui-même et de son chemin vers Pâques où il sera rejeté.Qu’est-ce à dire pour nous comme chrétiens dans l’occident aujourd’hui ? Le christianisme est en déclin en Europe, les Églises pointées du doigt, parfois avec raison, pour leur méfaits mais rarement citées pour leurs bienfaits. Aujourd’hui, il n’est plus rare de faire face à un rejet ou simplement un désintérêt de la part des gens face à notre engagement en tant que chrétiens. Mais à y réfléchir, cet accueil « non favorable » est le même que celui donné aux migrants, ou a tout ce qui vient mettre un grain de sable dans le rouage de notre routine ou plan de vie.

> Il y a en ce moment un très petit grain de sable sur le microscope qui enraye violemment la machine. En ces temps de ralentissement dû au confinement pour freiner la propagation, le coronavirus nous oblige à repenser nos valeurs. En tant que chrétiens soyons présents pour donner espoir, pour aider ceux qui ont en besoin et prier les uns pour les autres.

4e dimanche du temps ordinaire – A – présentation du Seigneur au temple

« Syméon bénit le père et la mère de l’enfant et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »

(Luc 2, 34-35)

> Syméon s’adresse à Marie. Il reconnaît que l’âme de Marie sera transpercée d’un glaive à cause de ce que la mission de Jésus provoquera. En disant cela, Syméon admet que la proximité de Marie avec son fils est telle que rien ne peut la remplacer. Au-delà de nos rôles sociaux aux un-e-s et aux autres (notamment la place d’une femme dans la société d’alors…) se joue ce qu’une relation a d’unique.

Quand nous parvenons à nous relier à cette relation d’humain à humain, de visage à visage, quand nous parvenons à reconnaître la souffrance de l’autre comme le fait Syméon, quand nous sortons des règles et conventions sociales pour redécouvrir ce qui fait de l’autre humain mon semblable et non quelqu’un à dominer ou sur qui exercer un pouvoir, alors nous sommes de celles et de ceux qui se relèvent.

Mais quand nous méprisons, discriminons ou usons de violence, nous sommes de ceux et de celles qui chutent. « Ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. » A l’heure où trop de femmes subissent la violence des hommes, il serait bon de s’en souvenir.

Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers – Année C

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »

(Luc 23, 42)

>Le premier humain à être sauvé par Jésus est un condamné, un malfaiteur!
Bien qu’il soit suspendu à la croix, humilié, blessé, agonisant, et que tous le provoque en lui disant de « se sauver soi-même » Jésus va jusqu’au bout du don. Il va promettre à son compagnon de sort d’être avec lui aujourd’hui dans le Paradis !
Aujourd’hui ! Pas demain ou après une longue repentance.

> Nous ne connaissons évidemment pas la totalité du mystère du pardon et du salut, mais l’Evangile de cette semaine rassure. Il nous montre à quel point le Seigneur par Jésus Christ nous rejoint dans les plus profondes blessures et dérives. Que nous puissions prendre conscience du don parfais qu’Il nous fait, demandons-lui aussi en prière de se souvenir de nous et préparons nous en reconnaissant nos fautes. Soyez bénis !

33e dimanche ordinaire – C

« Vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. » (Lc 21, 17-19)

> Aie confiance: tout ne se joue pas dans ce monde-ci, et notre regard limité sur la réalité ne saurait rendre compte de la réalité de Dieu et de son Royaume. Même la désunion, les trahisons, même la mort: rien de tout cela n’est la fin.

Pas un cheveu de ta tête ne sera perdu. Aie confiance et persévère, afin que tu restes un vivant jusqu’au bout, quelqu’un qui n’aura pas été piégé, asservi, anéanti par le mal.

Persévère dans ce lien au Christ qui te fait exister, cette confiance qu’aucune attitude humaine ne peut toucher le coeur de ton coeur et mettre en péril l’image de Dieu déposée en toi.

Persévère, face à ce qui t’effraye dans l’état du monde, en discernant ce que tu peux travailler, et en laissant le souci de ce qui t’échappe de toute manière.

Car tout repose dans les mains de Dieu.

31e dimanche du temps ordinaire – C

« Mais il me faut continuer ma route
aujourd’hui, demain et le jour suivant,
car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem. »

Luc 13, 33

> Averti qu’on cherche à le tuer, Jésus ne fuit pas, il continue sa mission parmi les gens, il la continue de la même façon que le jour précédent. Mais sa réponse à la menace, si elle prouve que Jésus est absolument conscient de sa mort prochaine et des circonstances de celle-ci, offre également une perspective politique.

En affirmant fermement qu’il mourra à Jérusalem, Jésus assume une appartenance à une histoire et à un peuple. C’est au milieu du monde qu’il mourra, là où il a annoncé la bonne nouvelle et qu’on a refusé de l’écouter.  Devant cette mise à mort publique, personne ne peut se défiler, personne ne peut dire que ça ne le concerne pas, qu’il ne savait pas.

Un prophète, comme un martyr, ne meurt pas caché. Le témoignage de sa vie et le témoignage de sa mort sont indissolubles et ils sont un pont vers le Royaume de Dieu, celui qui est commencé ici bas et s’achève dans la plénitude de Dieu. Jérusalem terrestre et Jérusalem céleste se font face…

Cette semaine nous pouvons réfléchir au témoignage de ta foi de manière politique, c’est à dire dans notre vie publique. La façon dont nous l’assumons ou parfois un peu moins…

30e dimanche du temps ordinaire – C

« Le publicain, lui, se tenait à distance
et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ;
mais il se frappait la poitrine, en disant :
‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ » (Luc 18,13)

> Le publicain, ou collecteur d’impôts, est la figure par excellence de la personne mal vue dans la société juive de l’époque. Et pourtant, celui-ci garde une attitude humble, il se frappe même la poitrine, en geste d’humble repentir. Et il s’en remet simplement au Seigneur, en se reconnaissant comme pécheur.

L’Evangile est là, dans cette simplicité : dans cet accueil inconditionnel de celui qui se reconnaît comme pécheur, sauvé par grâce. Mais il est surtout dans la démarche de cet homme, rejeté de sa société, qui ose dans un cheminement d’introspection, regarder en face ses propres failles, ses péchés et qui finalement se tourne vers Dieu pour déposer cela à ses pieds.

Pour nous aussi, l’Evangile est là, dans cette simplicité : dans cet accueil inconditionnel de chacun de nous qui se reconnaît comme pécheur, sauvé par grâce. Mais il est surtout dans notre démarche d’introspection, d’oser regarder en face nos failles, nos péchés, pour nous tourner ensuite vers Dieu pour déposer cela à ses pieds.

Cette semaine, c’est cela que nous proposons. Une démarche concrète de reconnaître, en vérité, ses péchés, des failles, et de demander ensuite à Dieu : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’

29e dimanche du temps ordinaire – C

Cependant, le Fils de l’homme,
quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Lc 18, 8)

> Cette veuve qui casse littéralement la tête du juge avec sa demande de justice. Quelle belle image de la fragilité qui à travers toute l’Histoire questionne le pouvoir et les puissants ! Avec insistance, sans lâcher une miette de protestation.  Et le juge, de guerre lasse va céder. A combien plus forte raison, Dieu nous écoute-t-il … Lui qui nous aime!

Donne-moi de me saisir Seigneur
D’une prière qui persévère
Aide-moi à trouver
La force têtue d’une prière
Au long cours…
Qui témoigne de la foi déposée
Au plus profond de moi.
Oui, secoue Seigneur le brasier de mon espérance
Pour que je retrouve l’étincelle de prier
même pour les causes que je crois perdues…
Amen

28e dimanche du temps ordinaire – C

Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. (Luc 17, 14)

> L’Évangile de cette semaine nous parle des dix lépreux guéris par le Seigneur. Notons particulièrement la chronologie surprenante des événements : dans la tradition juive, un lépreux qui a été guéri doit aller se présenter au prêtre qui confirmera le rétablissement. Dans le texte qui nous est proposé Jésus envoie les malades vers le prêtre AVANT qu’ils ne soient même guéris. Que s’est-il passé dans leur tête à ce moment-là ? Ont-ils cru qu’ils seraient guéris plus tard ? Ou se sont-ils dit que tout cela n’était que mascarade ? Quoi qu’il en soit, ils se sont mis en route et le Seigneur les a purifiés. Un d’eux est retourné sur ses pas, à la source, pour remercier et louer le Christ. Le texte ne dit pas ce qu’ont fait les neuf autres. Peut-être n’ont-ils pas remarqué qu’ils étaient guéris ? Ou ont-ils privilégié la coutume et la loi qui leur demande d’aller voir le prêtre ? Qu’aurions-nous fait ?

> Cette semaine, faisons comme les disciples dans l’Évangile de dimanche passé : demandons à Jésus d’augmenter en nous la foi, cette foi de l’Évangile qui nous invite à croire que Dieu est déjà en train d’agir par son Fils Jésus. Mettons-nous en route afin de voir se réaliser les promesses de Dieu pour nous ! Voyons ce que Dieu a purifié en nous et n’oublions pas de remercier Celui qui est à la source de notre guérison ! Merci Seigneur.

27e dimanche du temps ordinaire – C

Les apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi. » (Lc 17, 5)

> Un tout petit enfant s’approche et vous montre son dessin. Il est très fier. Que voyez-vous? Un gribouilli d’enfant? Mais lui voit autre chose: il voit un dragon!

Et si vous êtes sans liens avec lui, vous ne voyez rien d’autre qu’un dessin d’enfant. Tandis que si vous êtes son papa ou sa maman, vous voyez un premier chef d’’oeuvre à accrocher dans la cuisine!

ll y a nos yeux, et il y a notre coeur… Un même dessin, et tellement de manière de le voir.

Avoir la foi, c’est ce geste de confiance envers la vie qui cherche à voir avec le coeur. Pour découvrir à l’intérieur de ce que nos yeux nous montrent, quelque chose de plus grand, de plus profond, de plus important, que seul le coeur peut saisir. La présence de Dieu.

Dieu a déposé en nous un cadeau, un don. La capacité de croire. De voir avec le coeur. D’être dans la confiance. Cela permet de vivre et de faire de grandes choses. Un dragon avec quelques coups de crayons, un homme libre et responsable avec un petit enfant, des gens capables d’aimer avec un amour grand comme un grain de moutarde. Et déplacer des montagnes. Et rencontrer Dieu.