1er dimanche de Carême – B – 18 février 2024

« Aussitôt l’Esprit le pousse au désert »

Marc 1,12

> « Aussitôt » : ce petit mot se trouve 42 fois dans l’Évangile de Marc, 11 fois dans son premier chapitre. « Aussitôt » : un mot qui signifie bien sûr l’enchaînement des actions, ici en l’occurrence le baptême de Jésus (Mc 1,9-11) suivi du désert (Mc 1,12-15), suivi de l’appel des disciples (Mc 1,14-20), suivi de l’enseignement à Capharnaüm, (Mc 1,21-28), etc. Mais plus en profondeur, ce petit mot « aussitôt » signifie l’impératif, l’urgence de telle ou telle action. L’impératif de passer par le désert avant de débuter le ministère, d’appeler les disciples et d’enseigner. L’urgence de suivre le Christ et de répandre la Bonne Nouvelle.

Le désert est donc pour Jésus un impératif. Pas moyen d’en faire l’économie. C’est d’ailleurs l’Esprit, celui-là même qui est descendu sur Jésus au baptême, qui le pousse violemment au désert, qui l’y jette. Nous pouvons imaginer que Jésus aurait préféré l’éviter, mais le désert est un impératif : sa vocation va se forger au creuset du désert, des tentations et de la solitude.

Bien souvent nous aussi nous préférerions éviter les déserts de notre vie, éviter les tentations, éviter la solitude. Mais nous y sommes jetés, comme Jésus. Aussitôt. Depuis mercredi, nous avons débuté ce temps de désert, de préparation, qu’est le carême. Un temps d’arrêt impératif, nécessaire, qui dit l’urgence pour chacune et chacun d’aller au désert, nous aussi, pour forger notre vocation de femme et d’homme au service de Dieu. Que ce temps de carême puisse être un temps de désert fécond pour chacune et chacun !

3e dimanche de l’Avent – A – 11 décembre 2022

« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? »

Mat 11,7b

Après avoir rassuré Jean-Baptiste emprisonné sur son identité de Messie attendu – un Messie guérissant les malades et annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres – Jésus se met à parler à la foule de la personne de cet étrange prophète, homme ne vivant que pour la mission reçue de Dieu, et cela dans une pauvreté apparentée à l’âpreté du désert. Pour les curieux en quête d’extraordinaire, Jésus utilise l’image de l’inconsistance d’un roseau balancé par le vent, leur démontrant la vanité de leur recherche. C’est que la grandeur de Jean réside paradoxalement dans son humilité, son abaissement devant le Messie qu’il annonce. Les critères humains sont bouleversés, l’échelle des valeurs renversée ; tout au long de sa vie publique, Jésus le manifestera en paroles et en actes ; il ne cachera jamais son admiration et son amour pour les gens simples et les petits. 

> Nous souvenant de cela, le faux brillant d’un Noël mondain n’arrivera pas à détourner notre regard du mystère d’un Dieu venu chez nous en pauvre

1er dimanche de Carême – C – 6 mars 2022

« Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. »

Luc 4,2

> 40 jours de désert. 40 jours de mise à l’épreuve. 40 jours de résistance, à la tentation, à l’épreuve, ou simplement à la faim. 40 jours de traversée du désert.

> 40, comme pour souligner l’importance de cette épreuve à vivre. En effet, le nombre 40 dans la Bible évoque une période décisive vécue avec Dieu, à l’instar des 40 jours du Déluge (Gn 7,17), des 40 jours de jeûne de Moïse avant de recevoir les 10 commandements (Ex 34,28) ou encore des 40 jours de pérégrination d’Elie au désert (1R 19,8). Ce nombre évoque aussi bien sûr les 40 ans du peuple d’Israël au désert, comme un temps de vide avant une renaissance.

> Car ce nombre 40 symbolise non seulement un temps d’épreuve, mais aussi l’éclosion d’une réalité nouvelle qui débouche sur une nouvelle naissance. Pour Noé, pour Moïse, pour Elie. Et pour Jésus aussi. Et pour nous aussi, évidemment.

> A l’heure où le monde vit une nouvelle traversée du désert, avec des temps sombres de tentations et d’épreuves, notre réponse de filles et fils de Dieu ne peut être que celle du refus de la division (Satan, c’est le « Diviseur »), comme l’a fait Jésus au nom de la Parole de Dieu. Notre réponse peut être celle de l’espérance, ancrée dans l’Évangile, espérance que ce temps d’épreuve, certes long, finira, et alors pourra éclore une vie renouvelée.

> Pour ce temps de désert qu’est le carême, ces 40 jours qui nous conduiront à Pâques, nous aussi, jeûnons, faisons silence. Nous aussi, résistons aux forces de division dans notre monde. Résistons, à l’aune de la Parole de Dieu qui est espérance. 

2e dimanche de l’Avent – C – 5 décembre 2021

Voix de celui qui crie dans le désert !

(Luc 3, 4 citant Esaïe 40, 3)

> Dans ce verset il y a une notion d’urgence : on crie quand c’est vital, important et que l’on veut être entendu, soit parce que les destinataires sont loin du message, soit parce qu’ils sont dans le bruit. Notons au passage que s’il y a une voix, c’est que nous ne sommes pas seul dans les déserts qui semblent nous entourer parfois.
L’Évangile cite Esaïe/Isaïe : préparons la route pour que le Seigneur puisse intervenir dans nos vies. Il comble les vides (émotionnels ? existentiels ?). Il aplani les montagnes qui sont autant d’obstacles qui nous gâchent l’horizon, empêchant de voir ce qui est déjà là : le salut de Dieu !


>En ce 2ème dimanche de l’Avent, comme Jean Baptiste nous le propose, préparerons-nous à accueillir Jésus qui vient ! Soyez bénis sur le chemin vers Noël !

16e dimanche du temps ordinaire – B – 18 juillet 2021

« Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. »

Mc 6, 31
15e dimanche du temps ordinaire – B – 11 juillet 2021

> Voilà qui est bon à entendre en ce mois de juillet. Laissons résonner et goûtons ces mots que Jésus adresse aux disciples que nous sommes. Il y est question de notre rapport à l’espace et au temps.

A l’espace, avec l’invitation redoublée à venir non seulement à l’écart mais dans un lieu désert – non pas nécessairement désertique mais inhabité, solitaire. Pour les Douze il s’agissait de s’éloigner du va-et-vient de la foule. Et moi, cet été, que suis-je appelé à mettre à distance ? 

Au temps, dans « reposez-vous un peu », on entend « posez-vous ». Pour se reposer, il faut se poser. Cesser de courir. Après l’invitation à rejoindre un espace désencombré, voici un appel à vivre un temps désencombré. Dans le mot « vacances », il y a « vacant », c’est-à-dire « vide ». Ne nous hâtons pas de remplir ce temps qui nous est offert. Renonçons à lire tous les livres accumulés au cours de l’année, à visionner les séries que nous n’avons pas pu voir. Redécouvrons les choses simples en prenant le temps de les vivre, faire le marché, flâner dans la campagne ou le long de la mer…

Et surtout apprivoisons les mille et une notes du silence : écouter la complainte du vent, le chant d’un oiseau, le murmure d’un ruisseau… « On va bien prendre des bains de soleil. Pourquoi y a-t-il si peu de gens qui aient l’idée de prendre des bains de silence ? (Paul Claudel)

Dans cet espace et ce temps vacants, demandons la grâce de percevoir la « voix de fin silence » (1 Rois 19, 12) de Celui qui nous dit « Je te conduirai au désert et je parlerai à ton cœur. » (Osée 2, 16)

1er dimanche de carême – B – 21 février 2021

« Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert… »

Marc 1,12

> Jésus vient d’être baptisé, de recevoir l’Esprit… et ce même Esprit le pousse au désert où il va être tenté par Satan. On peut être quelque peu interloqué en lisant cela ! Quoi, l’Esprit aurait-il perdu… l’esprit ?

> Les épreuves que Jésus va traverser au cours de son cheminement dans le désert, ses rencontres avec le diable, vont prouver son intelligence et sa divinité avant que son ministère ne commence. Au final, il s’agit donc d’une bonne chose.

> Lorsque nous rencontrons une épreuve, ne pensons jamais qu’elle nous est envoyée par Dieu – l’Esprit n’envoie pas Satan, il envoie Jésus en condition d’être éprouvé, la nuance est importante ! Pensons simplement que celui qui nous a envoyé dans une zone d’épreuve sait ce qu’il fait, connaît nos intelligences et notre foi et est persuadé que nous pouvons en sortir meilleurs pour accomplir notre vocation.

> En ce début de Carême, traversée du désert jusqu’à Pâques, en ce temps de pandémie qui est une autre forme de désert, soyons forts dans notre foi et affrontons ce qui nous arrive avec intelligence. Du bien en sortira.

18e dimanche du temps ordinaire – A – 2 août 2020

« Jésus se retira et partit en barque pour un endroit désert, à l’écart.»

Mt 14,13

> Jésus, lui aussi, sait prendre des temps de « vacance(s) », c’est-à-dire de retraite, loin de l’agitation et du travail quotidien. Ici, on nous dit même qu’il part en barque.

> Contrairement à nos limousines-break extensibles quasiment à l’infini grâce aux galeries et remorques qu’on leur adjoint parfois, une barque est un véhicule qui ne permet pas d’emporter beaucoup de matériel. Jésus n’a ni portable, ni chargeur de téléphone, ni cahiers de vacances avec lui. Il se retire et donc n’emporte pas ce qui fait son quotidien.

> Au milieu de cet été, puissions-nous laisser de côté de que nous avons malgré tout pris avec nous en vacances mais qui nous rappelle indûment notre quotidien. Que ce temps de vacance(s), pour celles et ceux qui ont la chance de le prendre, soit vraiment une mise à l’écart, au désert.

Bel été à tous !

2e dimanche de l’Avent – année A

« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe :
Voix de celui qui crie
Dans le désert
Préparez le chemin du Seigneur,
Rendez droits ses sentiers. »

(Mat 3,1-3)

> Comment se préparer à la venue du Christ ? La seconde partie de la citation explique de quelle préparation il s’agit : « rendez droit ses sentiers ! » Le verbe hébreu signifie bien « rendre droit, lisser, aplanir ». Au fond, le Seigneur nous invite à mettre à plat nos sentiers en ouvrant un chemin pour faire de place à Dieu, pour lui dégager la route. Comme lors de nos rudes hivers, comme quand nos routes sont bloquées par la neige, il s’agit de préparer la route à la venue du Seigneur, de dégager de ce qui encombre notre route intérieure.

Bien sûr, ce n’est pas si évident de lui faire un chemin en nous, de dégager notre route enneigée par les difficultés de la vie, ou embourbée par le stress de cette période, par l’égarement que celle-ci peut occasionner en nous. Peut-être qu’il s’agit bien, dans cette préparation, de d’abord faire de la place, se désencombrer, revenir à l’essentiel. Aplanir, n’est-ce pas d’abord, ôter ce qui est en trop ?


Alors dans ce temps de l’Avent un peu fou, sortons nos pelles à neige et nos trax pour nous désencombrer et enlever qui est en trop. Oui préparons-nous à sa venue en Lui faisant de la place, extérieurement et intérieurement, en lui dégageant un chemin.

2e dimanche de l’Avent – B

« Une voix crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Rendez droits ses sentiers. » (Mc 1, 3)

> Ce qui nous a marqué dans le début de l’Evangile de Marc, c’est cette présence marquée du désert. Pourquoi est-ce que la voix crie dans le désert ? Pourquoi est-ce là que Jean le Baptiste propose le baptême de conversion ? On pourrait se dire qu’il aurait plus de succès au milieu de Jérusalem, et pourtant c’est au désert qu’il y attire les foules.

Le désert, c’est un grand espace qui permet l’accueil de tous. Le désert, c’est le silence qui permet l’écoute. Le désert, c’est un vide qui appelle à être rempli. Le désert, c’est l’écart et il implique qu’on se déplace pour y aller. Le désert, c’est un environnement inhospitalier, qui montre l’importance de la vie.

Nous sommes invités cette semaine à trouver notre désert et à nous y rendre. Que nous permet-il, ce désert ? Qu’y entendons-nous ? Comment y vivons-nous la rencontre ?

1er dimanche de Carême – A

« En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. » (Mt 4,1)

> Mystérieuse association qui peut nous choquer à première vue : c’est bien l’Esprit qui conduit Jésus au désert, et pourquoi le fait-il ? Pour que Jésus y rencontre le diable ! Alors quoi ? L’Esprit serait-il devenu fou ? Va-t-il nous conduire, nous aussi, vers le diable ?

Cette lecture superficielle en mérite une seconde, plus profonde. Le diable hante chacun de nos déserts. Deuil, solitude, burn-out, dépression, voilà des déserts modernes. Qu’est-ce que « conduire », du coup ? C’est guider, d’abord. L’Esprit nous guide dans ces déserts. Il sait que nous allons y rencontrer le diable, la tentation. Mais la bonne nouvelle c’est justement que c’est l’Esprit qui nous guide. Il ne nous laissera pas tomber le moment venu et nous donnera – comme il l’a fait pour Jésus – les bons mots et les bonnes attitudes.

Nous aussi, en ce Carême, laissons-nous conduire, guider par l’Esprit dans les déserts de nos vies. Nous y ferons des rencontres inquiétantes, mais elles nous rendront plus forts grâce à l’Esprit qui nous accompagne.