3e Dimanche de Carême — A — 12 mars 2023

« En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sichar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. »

(Jean 4, 5)

ET LE LIEU ALORS ?

> Si je vous indique le titre souvent donné à ce passage de l’Évangile : « la samaritaine », déjà vous connaissez l’histoire et les deux principaux acteurs : Jésus et une femme. Pourtant, cette histoire commence par être située dans un lieu. L’histoire n’aurait-elle pas pu se dérouler à proximité de m’importe quel puits ? Pourquoi l’évangéliste est-il si précis ? Ne serait-ce pas parce que nous pourrions en tirer un enseignement ?Les Juifs donnaient par moquerie le nom de Sichar (qui signifie « l’ivrognerie » en hébreu…) à la ville de Sichem. Samaritains et Juifs ne faisaient pas bon ménage. A l’époque de Jésus, Sichem est une ville en territoire ennemi. Pourtant, cette ville fut l’endroit où Abraham, Jacob, Joseph ont vécu des épisodes de leur vie. Des meurtres y furent commis et elle est devenue une ville refuge pour les meurtriers. L’arrière-plan de la belle rencontre entre Jésus et la samaritaine ne montrerait-il pas qu’au-delà de notre histoire personnelle, Jésus vient réparer nos histoires de famille ? Jésus recadre nos relations avec le passé et, alors que nous croyons détenir une part de la vérité, Il nous rappelle que la vérité c’est Lui.
> En ce jour et en ce lieu où nous sommes, centrons nos regards sur le Bon Berger, Il est Celui qui guérit.

2e Dimanche de Carême — A — 5 mars 2023

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Mt 17,5

> Dans ce récit de la Transfiguration, Dieu se révèle. Par ces signes extraordinaires et mystérieux que sont la transfiguration du visage et des vêtements de Jésus, l’apparition de Moïse et Elie, et enfin la nuée, Dieu se donne mystérieusement à voir. Il s’offre à la contemplation de ses disciples « préférés ». Mais c’est de façon fugitive et éphémère. 

> Car le message que Dieu veut nous révéler ne se voit pas. Il s’écoute. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. Écoutez-le. » La voix qui retentit dans la nuée (autre manifestation de la présence de la présence de Dieu) dit exactement la même chose que celle qui avait été entendue lors de son baptême (Mt 3,17)… en ajoutant toutefois ces mots : « Ecoutez-le ! »

> Oui, pour ce temps de carême tout particulièrement, écoutons-le.
Écoutons-le nous enseigner en paroles et actes, tels que relatés dans les évangiles. 
Écoutons-le quand il nous dit de nous relever et de ne pas avoir peur, alors que lui est en train d’annoncer sa passion. 
Écoutons-le quand il vous dit que le plus grand commandement, c’est d’aimer Dieu et notre prochain. 
Écoutons-le quand il nous parle de pardon, de guérison et nous appelle à changer de vie. 
Écoutons-le dans la prière au plus intime de notre cœur. 
Écoutons-le, comme le peuple d’Israël dans le désert : « Écoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. » (Dt 6,4)

1er Dimanche de Carême — A — 26 février 2023

« Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert »

(Mt 4,1)

> Encore plus que dans les autres Evangiles, il y a quelque chose de tellement choquant à voir Jésus trimballé au désert juste après son baptême ! Le verbe est au passif: « Il fut emmené dans le désert »…. Et combien de fois avons-nous aussi eu l’impression dans la tentation d’être parachutés dans des événements non pas choisis mais subis et souvent aussi subits!! Quand elles débarquent dans nos vies, les occasions de douter à cause de la maladie ou des coups du sort nous emmènent au désert et il nous est bien difficile d’imaginer que c’est l’Esprit qui nous y envoie…

> Pour ce temps de Carême, je me fais la proposition suivante:

Ne pas me laisser ensabler dans le doute lorsque l’épreuve se présentera.
Reprendre patiemment le baluchon de ma foi.
Chausser les souliers de la persévérance et cheminer en confiance vers les terres abandonnées.
Quitter les hauts plateaux de mes illusions et le bitume des confusions
Rejoindre l’arrière-pays, mon Orient intérieur,
Là où Dieu m’attend, avec les versets qui me guériront de toutes les sècheresses!

Amen

7e dimanche du Temps ordinaire – A – 19 février 2023

« Le Seigneur fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

(Matthieu 5, 45)

> Il y a quelque chose de la miséricorde de Dieu dans ce verset. La même chance est donnée à tout le monde. La lumière et la pluie de Dieu font germer la vie et cela est donné invariablement. Alors quand Jésus nous demande « d’aimer ses ennemis » c’est un concept difficilement compréhensible mais c’est peut-être de ne pas enfermer l’autre dans son état de « méchant ». Ne pas empêcher Dieu de faire briller le soleil et couler la pluie sur eux. Ils peuvent à tout temps passer de méchant à bons ! Et après tout ? Ne sommes-nous pas toutes et tous l’ennemi de quelqu’un ?

> Cette semaine prions pour les relations difficiles qui nous font de l’ombre, que nous puissions recevoir la paix de Dieu pour ces situations. Laissons la pluie et le soleil de Dieu dessiner un arc-en-ciel pour toutes et tous !

6e dimanche du Temps ordinaire – A – 12 février 2023

« Eh bien! moi, je vous dis… « 

Mt 5,22, (28, 32, 34)

> Sans vouloir abolir ni la Loi, ni les Prophètes, Jésus, en nouveau Moïse, nous conduit de la Loi gravée sur des tables de pierre à celle inscrite par l’Esprit dans nos cœurs de chair. (cf.Ez 36,26) Son enseignement nous ouvre un horizon nouveau : Il ne suffit pas d’éviter les grand crimes tels que meurtre, adultère, parjure ; non, il nous faut veiller sur notre cœur, notre regard, nos pensées, car c’est de là que naissent les grands maux, à partir d’une colère, d’un regard, d’une duplicité… Avec Jésus, nous sommes ramenés à notre quotidien, à notre vie relationnellesurtout. Cela implique des choix : Agir/réagir avec violence ou douceur ? Avec respect ou mépris ? Pensant à nos propres intérêts ou désirant le bien de l’autre ?

> “Accomplir“ la loi signifierait alors “rendre complet “ notre amour du prochain, jusque dans les rencontres fortuites, les contacts sporadiques, en tout temps et en tout lieu. Pour cela, recevons du Seigneur, avec gratuité, la boussole sur le chemin : Son commandement nouveau, celui de nous aimer les uns les autres, comme Lui nous aime. (cf.Jn 13,34).

5e dimanche du Temps ordinaire – A – 5 février 2023

Vous êtes le sel de la terre …Vous êtes la lumière du monde …… vous faites du bien !

(Mt, 5,13-14-16)

> Dans le passage de l’Evangile de ce dimanche, il y a 2 fois « Vous êtes » pour une fois « ce que vous faites ». C’est important :C’est en premier lieu parce que « nous sommes » que « nous faisons », et non pas CE que « nous faisons » qui détermine qui « nous sommes »…Dieu nous a crée et donné une identité inalterable. L’Esprit qui habite en nous permet de déployer totalement qui nous sommes appelés à être : des lumières pour toutes et tous, de la saveur dans les moments un peu plus fades.

> Soyez rempli de l’Amour pour devenir, et puis seulement ensuite… faites !

4e dimanche du Temps ordinaire – A – 29 janvier 2023

« Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. »

Matthieu 5, 1

SEPT, HUIT, NEUF…
> La plupart des dictionnaires déclarent que les vertus exaltées par le Christ, dans le Sermon sur la montagne, sont au nombre de huit. Le comptage n’est pas le fort des académiciens. La péricope contient neuf fois le mot Makarios traduit par Bienheureux. La première et la huitième béatitudes ont le même résultat : le royaume des cieux est aux pauvres en esprit et à ceux qui sont persécutés pour la justice. Si j’applique la règle mathématique de l’égalité, je ne compte donc que sept béatitudes. Plutôt que d’ergoter sur le nombre des béatitudes (Luc n’en cite que quatre), je vous renvoie à la pléthore de livres qui traite de ce sujet et je m’arrête sur le contexte du Sermon sur la montagne, cette première prédication de Jésus. Jésus voit, Jésus monte, Jésus s’assied. A première vue, quelle curieuse manière d’être pour enseigner ! La foule que Jésus voit lui donne-t-elle le désir de s’éloigner d’elle ou de trouver un lieu propice pour que sa voix porte ? Monter sur une colline n’est pas la solution à ce problème acoustique : tous les théâtres placent la scène en bas et les spectateurs sur une pente. S’assoir alors que l’on est entouré d’une foule revient à se cacher.

> L’attitude de Jésus a un objectif : nous attirer à Lui. Au milieu de la foule, Il te voit toi. Il monte pour te retirer de l’agitation du monde. Il s’assied afin que tu puisses t’approcher de Lui.Car, Jésus n’aime rien moins que d’avoir les siens près de Lui. Là, Il t’expliquera le sens des Béatitudes.

3e dimanche du Temps ordinaire – A – 22 janvier 2023

« Jésus les appela.»

(Mt 4,21)

> Dans ce récit bien connu, Jésus appelle des hommes simples à le suivre. Il leur adresse une nouvelle vocation. Il les appelle à laisser leurs filets (pour Simon et André), leur barque et leur père (pour Jean et Jacques), en somme à quitter leur train-train quotidien pour se mettre en route à sa suite avec confiance. Aujourd’hui encore, Jésus continue à appeler des hommes et des femmes à le suivre. Tous et toutes, il nous appelle. L’ai-je entendu, cet appel pour ma vie ?

> En ce début d’année, nous pouvons donc écouter, méditer, revisiter cet appel du Christ à le suivre qui nous est fait. Et avec confiance, se mettre en marche, à sa suite.

2e dimanche du Temps ordinaire – A – 15 janvier 2023

En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu ! »

Jean 1, 29

> « Voici l’agneau de Dieu ! » : rien qu’à voir passer Jésus, dans la foule de ce jour, Jean-Baptiste a cette révélation…Voilà une mission qui est encore celle des baptisés aujourd’hui : révéler à l’autre qui il est vraiment, révéler au monde ce que cet autre peut lui apporter, son caractère unique, ses charismes propres et aussi ce qui le transcende… sa parcelle d’étincelle divine et de grâce. Mais de manière paradoxale, la source de la connaissance de Jean-Baptiste est… la confession de non-savoir. « Et moi, je ne le connaissais pas… ».(v.31 et 33). En prononçant ces mots forts au sujet d’un cousin dont il est supposé être familier, Jean-Baptiste reconnaît que notre connaissance immédiate de l’autre ne suffit pas pour savoir qui il est vraiment. Ni les liens familiaux, ni les appartenances religieuses, ni les renseignements accumulés sur quelqu’un (sur Google !?) ne sont suffisants pour croire le connaître…

> Pour 2023, essayons d’annoncer le Christ EN tout homme ? Pour cela, nous aurons besoin que des « Jean-Baptiste » élèvent la voix avec nous, pour manifester la véritable dignité de ceux que personne ne remarque. Nous aurons besoin d’un regard qui discerne au-delà des apparences dans la posture humble de ne pas nous limiter à ce que nous croyons savoir des personnes que nous rencontrons. Je nous souhaite ce regard doux…comme celui d’un agneau !

L’Épiphanie du Seigneur – A – 8 janvier 2023

« Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.»

(Mt 2,11)

> Les savants – qui étaient certes mages mais pas forcément rois, redisons-le… – viennent de partout se prosterner devant l’enfant de la crèche. L’universalité du salut offert en Christ est d’abord et avant tout le message de l’Épiphanie : il n’y a plus un peuple élu, tous sont associés au même héritage.On sait la symbolique des trois cadeaux : l’or pour le roi des rois, l’encens pour le Dieu, la myrrhe qui annonce déjà la mort de Jésus, mais aussi l’or pour la charité avec laquelle exercer toute royauté, l’encens – parfum qui monte comme la prière dit un psaume – pour la foi en Dieu, la myrrhe pour l’espérance en la vie éternelle.

> Mais derrière cette fête, la galette, la fève, la couronne, les cadeaux (qui devrait être échangé ce jour-là plutôt que le 25 décembre), laissons-nous toucher par ces mages qui ont tout quitté pour aller se prosterner devant l’enfant-Jésus. Qu’allons-nous quitter, cette semaine, pour lui donner la première place ?