3e dimanche de l’Avent – B – 17 décembre 2023

« Qui es-tu ? »

Jn 1,19

> Oui, qui est-il, cet homme dans le désert ? Dans son Prologue, l’évangéliste Jean nous présente Jean le Précurseur comme un homme envoyé par Dieu, précisant que « cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière ». Plus tard, interrogé sur son identité, Jean Baptiste affirme qu’il n’est pas le Christ, ni quelque prophète, mais simplement la voix de celui qui crie dans le désert.

Rendre témoignage à la Lumière, être la voix qui annonce le Sauveur, cela pourrait être notre programme pour les quelques jours qui nous séparent de Noël :

  • Avoir en nous assez de lumière pour baliser le chemin de ceux qui cherchent un sens à Noël. Laisser transparaître en nous la Lumière du Christ quand notre prochain tâtonne dans l’obscurité qui lui semble sans issue.
  • Etre une voix qui indique des perspectives de paix, de confiance et d’espérance ; une voix qui fait découvrir ce qu’il y a de beau, de bon, malgré les temps difficiles ; une voix qui dit « tu es aimé ».

Bientôt, nous entendrons la voix, nous verrons la Lumière de Celui qui se tient au milieu de nous, et que nous ne connaissons pas encore : Il comblera nos attentes.

33e dimanche du Temps ordinaire – C – 13 novembre 2022

« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’. Ne marchez pas derrière eux ! »

(Luc 21, 8)

> C’est saint et bon que Jésus lui-même nous avertisse des dérives possibles quand on en vient à parler de spiritualité et de foi.
Jésus parle de la destruction du temple qui arrivera 37 ans après sa mort et resurrection. Il parle d’un temps troublé, où les références religieuses tombent. Cela semble tellement contemporain dans une société qui se déchristianise, ou les églises dites historiques peinent à rassembler et ou des pans entiers semblent s’effondrer. Dans ces temps d’incertitude, où l’on ne sait peut-être plus où regarder, des figures peuvent émerger et s’ériger « sauveur » en proposent LA seule solution : la leur…
> Sachons nous tourner vers le seul et unique Christ, et prions l’Esprit de nous aider à discerner par qui et comment il est représenté. Tournons nos yeux vers les millions de chrétiens dans le monde qui vivent et promeuvent l’Evangile chacun et chacune à leur façon – discrète ou non – qui par le service, la solidarité, la prière, l’accueil, l’annonce donnent espérance et permettent au Dieu vivant de trouver un chemin vers les cœurs de tous et toutes.

27e dimanche du Temps ordinaire – C – 2 octobre 2022

« ‘Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir’ ».

(Luc 17, 10)

> Cela ne sonne-t-il pas presque comme de la fausse modestie ? « De Rien ! » comme on dit parfois quand on nous remercie. L’enjeu est ailleurs. Il s’agit de comprendre que c’est Dieu qui agit, par nous, lorsque nous nous mettons à son service. C’est à Lui qu’appartient « le règne, la puissance et la gloire » … Mais aussi à Lui la responsabilité : nous n’avons pas à porter le souci que nos actions « fonctionnent ». C’est ainsi que Jésus nous rappelle également que nous avons besoin qu’un tout petit peu de foi afin qu’Il déplace des montagnes ! »

> Dans ce passage, Jésus s’adresse à ses « apôtres », autrement dit ses « envoyés », ceux qui sont à son service, ses « serviteurs ». Et comme pour nous, un tout petit peu de foi suffit à Dieu pour faire des miracles, alors mettons nous en route sans crainte ! Amen.

18e dimanche du Temps ordinaire C – 31 juillet 2022

« Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Luc 12, 20-21

> La traduction de ce verset peut surprendre, mais la langue grecque originale de Luc est imparable : « riche en vue de Dieu, pour Dieu » dit le texte. On peut dès lors se poser la question : qu’est-ce que la richesse « en vue de Dieu » ?

> Pour ma part, il me semble nécessaire d’amasser paix, amour, bonheur, joie, charité, espérance en vue de Dieu. Et totalement inutile d’amasser des possessions matérielles. Les linceuls n’ont pas de poches !

> Et si nous commencions cette semaine à nous préoccuper d’amasser davantage de paix et d’amour (y compris envers nous-mêmes) plutôt que d’augmenter notre compte en banque ? Ce serait un beau chemin « en vue de Dieu »…

1er dimanche de Carême – C – 6 mars 2022

« Pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. »

Luc 4,2

> 40 jours de désert. 40 jours de mise à l’épreuve. 40 jours de résistance, à la tentation, à l’épreuve, ou simplement à la faim. 40 jours de traversée du désert.

> 40, comme pour souligner l’importance de cette épreuve à vivre. En effet, le nombre 40 dans la Bible évoque une période décisive vécue avec Dieu, à l’instar des 40 jours du Déluge (Gn 7,17), des 40 jours de jeûne de Moïse avant de recevoir les 10 commandements (Ex 34,28) ou encore des 40 jours de pérégrination d’Elie au désert (1R 19,8). Ce nombre évoque aussi bien sûr les 40 ans du peuple d’Israël au désert, comme un temps de vide avant une renaissance.

> Car ce nombre 40 symbolise non seulement un temps d’épreuve, mais aussi l’éclosion d’une réalité nouvelle qui débouche sur une nouvelle naissance. Pour Noé, pour Moïse, pour Elie. Et pour Jésus aussi. Et pour nous aussi, évidemment.

> A l’heure où le monde vit une nouvelle traversée du désert, avec des temps sombres de tentations et d’épreuves, notre réponse de filles et fils de Dieu ne peut être que celle du refus de la division (Satan, c’est le « Diviseur »), comme l’a fait Jésus au nom de la Parole de Dieu. Notre réponse peut être celle de l’espérance, ancrée dans l’Évangile, espérance que ce temps d’épreuve, certes long, finira, et alors pourra éclore une vie renouvelée.

> Pour ce temps de désert qu’est le carême, ces 40 jours qui nous conduiront à Pâques, nous aussi, jeûnons, faisons silence. Nous aussi, résistons aux forces de division dans notre monde. Résistons, à l’aune de la Parole de Dieu qui est espérance. 

6e dimanche du temps ordinaire – C – 13 février 2022

« Heureux vous, les pauvres… »

Luc 6, 20

> Quelle belle mise en scène pour ce discours sur le bonheur et le malheur : « Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples… ». Il nous regarde, car il lui tient à cœur que nous sachions, en tant que disciples, discerner le vrai bonheur de ses contrefaçons. Comme souvent dans les Evangiles, nous avons ici un exemple du “renversement de l’échelle des valeurs“ si cher à Jésus. N’est pas heureux simplement qui mange à sa faim et qui rit de plaisir en entendant le bien qu’on dit de lui. Ce qui semblerait pourtant logique. 

> Jésus a sa logique à lui, celle du royaume des cieux qui déconcerte. Comment déclarer heureux ceux qui manquent du nécessaire et qui pleurent, ceux que l’on exclut et méprise ? Mais ayons soin d’aller jusqu’au bout de la phase: «…à cause du Fils de l’homme. » 

Ce ne sont pas les épreuves en soi qui rendent heureux le disciple ; c’est le fait de les traverser à cause du Christ, avec lui et comme lui. Dès lors, l’invitation – pour le moins étrange – à tressaillir de joie, ne se comprend réellement que dans la perspective du bonheur qu’il y a pour nous à lui ressembler et à l’entendre dire : « Le royaume des cieux est à vous. » 

> A cause de toi, Seigneur, comme toi et avec toi, je me relève après chaque coup dur : « tu m’as appelé, me voici : mon bonheur, c’est toi. »

33e dimanche du temps ordinaire – B – 14 novembre 2021

« Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier :
dès que ses branches deviennent tendres
et que sortent les feuilles,
vous savez que l’été est proche. »

Mc 13,28

> Evidemment, lire cela en plein mois de novembre ça fait, comme qui dirait, une belle jambe ! Ce qui est proche, c’est l’hiver. Et il arrive à grands pas !

> Mais derrière cette image, Jésus nous rend attentifs aussi au fait que nous avons tout sous les yeux. La nature, par le cycle des saisons, nous montre qu’à chaque hiver succède un printemps. Et nous avons appris à observer les signes avant-coureurs de chaque changement de saison.

> Apprenons donc aussi à observer les signes qui se cachent dans les êtres humains et dans nos vies, cultivons l’espérance que tout peut refleurir et reverdir, ne serait-ce que dans la Résurrection à laquelle nous aspirons. En plein mois de novembre, cultivons l’espérance du mois de mai : il reviendra, c’est sûr !

19e dimanche du temps ordinaire – B – 8 août 2021

« Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. »

 Jean 6, 49-50

> Dans le désert, le peuple hébreu avait reçu la manne, don de Dieu pour se nourrir, pour tenir la longue marche, pour garder espoir face à la menace de la mort. Aujourd’hui aussi, nous recevons le pain vivant qu’est Jésus pour nous nourrir, pour tenir notre longue marche, pour garder espoir face à la menace de la mort. Mais ce pain est pain d’éternité qui permet de ne pas mourir. C’est toute la différence.

> Au fond, dans ce verset, Jésus veut changer notre regard sur la mort. Par sa vie et par la croix, Jésus nous offre la vie éternelle comme une espérance qui vient se poser sur nos deuils. Pain vivant offert qui ouvre sur une espérance, le Christ se propose à nous. Quelle sera notre réponse ?

> Plus profondément encore, ce passage d’Evangile vient nous questionner sur notre façon d’être au monde et témoigner face à la mort : comment pouvons-nous, nourris par l’espérance du pain vivant qu’est Jésus, être des signes d’espérance dans le monde actuel ? Une vraie question à laquelle nous sommes invités à réfléchir cette semaine. 

11e dimanche du temps ordinaire – B – 13 juin 2021

« Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence :
nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit, il ne sait comment. »

Marc 4, 26-27

> Parfois nous pouvons être gagnés par l’aquabonisme. Comme Jane Birkin le chantait, nous pouvons nous aussi nous faire envahir par cette question pleine de poison : « à quoi bon ? » : « C’est un aquoiboniste, un faiseur de plaisantristes, qui dit toujours à quoi bon ? à quoi bon ? »

Devant ces découragements qui peuvent parfois nous guetter, la parabole de la semence qui pousse toute seule vient rallumer le feu de l’espérance. En effet, on y trouve l’illustration merveilleuse de la collaboration entre l’être humain et la puissance divine au service de l’œuvre de Dieu. L’homme sème, puis il laisse Dieu agir. Il fait confiance même lorsqu’il ne voit pas le grain qui, lentement mais sûrement germe dans la terre. Il arrose, prend soin, observe. Puis s’émerveille de ce qui pousse. On sait bien que la plante ne grandit pas parce qu’on a tiré dessus. La nature, Dieu agit. 

Mais alors, quel est ici le rôle de l’homme ? Il continue de dormir la nuit et de se lever chaque jour, dit la parabole. Une régularité, une fidélité faite de présence et de confiance. L’homme prend soin de son champ le jour, il crée les conditions favorables à la croissance de la plante. Mais il sait aussi se retirer parfois, remettre entre les mains de Dieu ce sur quoi il ne peut agir. Il va se reposer, reprendre des forces pour le lendemain.

Être chrétien, c’est exactement cela : entrer dans cette collaboration avec Dieu. Sans tomber ni dans l’activisme et croire que tout dépend de soi. Sans tomber dans l’aquabonisme et ne plus croire que les choses peuvent être autrement. C’est d’ailleurs ce que disent certaines Eglises à ceux qui se mettent à leur service : « Travaillez comme si tout dépendait de vous et faites confiance au Seigneur comme si tout dépendait de Lui ! »

Alors cette semaine, dans un état d’esprit confiant, collaborons ! Comme le colibri de la légende racontée notamment par Pierre Rabhi (https://vimeo.com/32564879), faisons notre part. Et laissons Dieu faire la sienne. En réponse à l’aquabonisme, émerveillons-nous de ce qui pousse. 

34 dimanche du temps ordinaire – A – Christ Roi – 22 novembres 2020

« Et le Roi leur répondra :
‘Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait.’ »

Mt 25, 40

> Jésus dit « j’avais faim », « j’avais soif », j’étais étranger », « je ». Le Christ est l’affamé, l’assoiffé, l’étranger. Ce que nous avons fait à « ces plus petits », c’est au Christ que nous l’avons fait. Par eux, c’est le Christ qui se fait pauvre pour se faire proche de nous. L’avons-nous rencontré ?

Ainsi, en se présentant sous les traits de celui qui est dans le besoin, le Christ prend fait et cause pour des hommes privés de toute dignité sociale, dénué de toute autre qualification que leur fragilité. L’insolite, c’est ici que le Christ s’identifie non pas aux missionnaires, mais aux pauvres, quels qu’ils soient.  L’Évangile nous rappelle que la pauvreté est une occasion de rencontrer Dieu, que Dieu vient s’y loger. L’avons-nous rencontré ?

Le Christ se fait pauvre. Dans mon frère qui souffre de maladie et qui a peur pour sa vie. Dans ma sœur migrante devant un avenir bouché obligée d’aller chercher de l’espoir dans un autre pays. Dans mon voisin isolé et angoissé. Dans ma voisine exténuée par son travail. Devant ces pauvretés, quelle sera notre réponse ? 

Aujourd’hui en ces temps chahutés, plus que jamais, la foi n’est pas qu’une belle théorie.  Elle est une mise en pratique, à travers ces fondamentaux : donner, accueillir, vêtir et visiter. Aujourd’hui plus que jamais, les Églises ont un message à faire passer au monde, un message d’espérance ! Par ces actes simples, allons allumer le feu de l’espérance, car les pauvres, en fin de compte, c’est nous.