14e dimanche du temps ordinaire A – 5 juillet 2020

« Prenez sur vous mon joug, [… il] est facile à porter. »

(Matthieu 11,29-30)

> C’est en voyant l’image d’un joug qu’on prend vraiment conscience de l’ampleur de cette métaphore utilisée par le Christ. Il s’agit d’une grande pièce en bois, souvent massive, qui relie et attache ensemble deux animaux de trait du bétail, en général des bœuf (désolé pour la comparaison, pour les plaintes s’adresser à Jésus). Ainsi ils doivent marcher côte à côte et partagent le poids de l’attelage. La force de cette image c’est qu’il ne s’agit pas d’aller de l’avant avec notre seule force. Nous sommes appelés à marcher avec Jésus et trouver ensemble un rythme qui nous va, et le poids de ce que nous trainons derrière nous est porté à deux.

> Nous avons à porter des fardeaux, ils ne sont pas repris de nos épaules pour se volatiliser dans les airs. Mais nous ne sommes pas seuls ! Cette semaine, prenons conscience que Jésus est uni à nous d’une manière incroyable. Et le joug qui nous lie n’est pas pesant, n’est pas écrasant ! Demandons-lui en prière de nous montrer régulièrement qu’il marche avec nous et porte avec nous les fardeaux et qu’il nous aide à avancer par la force de son Esprit. Amen

Mardi 30 juin 2020

« Mais Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ? »

Mt 8,26

> Bien souvent, dans les tempêtes de nos vies, quand nous sommes envahis par la peur ou frappés de stupeur, nous avons l’impression que Jésus dort. Comme les disciples qui réveillent Jésus par ces mots : « Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus. », nous aussi nous aimerions parfois crier : « Mais tu fais quoi, Seigneur ? Fais quelque chose pour moi, bon sang ! Tu m’as abandonné ou quoi ? »

Au cri (violent) des disciples, Jésus répond de manière violente aussi : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ? » Par ces mots qui assurément ont dû secouer les disciples, Jésus les replace en fait devant leur responsabilité de croyant: ne pas se laisser envahir par la peur, et faire confiance.

Alors cette semaine, devant les craintes ou les peurs de nos vies, devant les orages petits ou grands qui peuvent y survenir, devant nos sentiments d’être parfois perdus, sans plus savoir où aller, écoutons cette phrase que Jésus nous adresse à nous aussi : « Pourquoi êtes-vous si craintifs(ves), hommes(femmes) de peu de foi ? ». Faisons le choix de ne pas nous laisser envahir par la peur, faisons le choix de la foi, de la confiance. Et ainsi, peut-être, en nous, se fera « un grand calme ».

13e dimanche du temps ordinaire – 28 juin 2020

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. »

(Mt 10,37)

> Paroles qui peuvent scandaliser ! Qui prétend être Jésus pour demander à être aimé plus que père et mère, plus que fils et fille ?

Père, mère, fils, fille, relations qui fondent notre vie. Socle de nos affections extra-familiales. Pour le meilleur et pour le pire. Elles y puisent leur stabilité, elles peuvent aussi en rester à jamais fragiles et difficiles. En demandant à être aimé plus que nos plus proches, Jésus invite à chercher ailleurs que dans le cercle familial notre stabilité. C’est la relation avec lui qui devient le socle porteur de nos vies – notre Rocher, pour parler comme les psaumes. Chercher en lui notre solidité ne peut être que bon pour toute autre relation. Nos intimes ne peuvent qu’en bénéficier.

Par cette interpellation, Jésus demande aussi à être l’ami auquel on se réfère en priorité pour décider de sa vie. Poser tel choix, prendre telle orientation doit se faire en s’en remettant à lui. Et puisque son commandement est d’aimer comme il nous aime, lui obéir ne peut que bonifier l’amour que nous portons à père, mère, fils ou fille.

Il ne s’agit donc pas d’aimer moins nos proches, mais de référer ces amours à un Autre. Appel à un retournement radical. Car même dans mes amours apparemment les plus désintéressés JE reste souvent le pôle de référence. Seul celui qui aime absolument gratuitement peut m’apprendre à aimer comme lui et me libérer de toute recherche de moi-même. Travail de toute une vie pour devenir « digne de lui ». Mais n’est-il pas venu pour ceux qui ne sont pas dignes ? Ce qui compte c’est d’en avoir conscience et de se vouloir en chemin.

Mardi 23 juin 2020

 « Combien est resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent… »

Mt 7,14

> Il y a des paroles de Jésus qui sont moins agréables à entendre que d’autres…

Celle-là par exemple : C’est un jugement ou un constat ?? Je pense que c’est un constat…c’est l’épilogue du Sermon sur la montagne, qui vient nous rappeler que comme le sous-entendent aussi les Béatitudes au chapitre 5, la vie chrétienne et le discernement qu’elle stimule ne promettent pas un chemin de tout repos à se royaumer dans de larges avenues… non… c’est un chemin de singularité, où parfois je pourrais bien me sentir seule !!

Cela me fait penser à ce poème de Robert Frost, « Le chemin délaissé » qui se termine par ces vers :

Je raconte toutes ces choses avec un soupir.
Quelque part, il y a longtemps, ici :
Deux chemins se séparaient dans un bois et moi –
j’ai pris celui qui était le moins battu,
et ça, ça a fait tout changer !

Oui, il appartient à chacun de nous de répondre à l’appel à la vie du Christ qu’il a reçu.

Il nous faut des paroles qui apaisent et encouragent. Mais il nous faut aussi des paroles qui réveillent et bousculent. C’est bien ! parce que si l’Évangile nous offre un salut gratuit et une espérance éternelle, il nous appelle aussi à un engagement personnel en retour et à emprunter des voies nouvelles que Dieu nous aide à baliser !

12e dimanche du temps ordinaire – 21 juin 2020

« Soyez donc sans crainte…»

Mt 10,31

> Jésus répète à de nombreuses reprises qu’il ne nous faut pas avoir peur. Parfois à l’aide de paraboles derrière lesquelles on lit que la peur est mauvaise conseillère, parfois plus explicitement comme dans ce verset. La conjonction « donc » vient appuyer la démonstration qu’il a faite dans les versets qui précèdent : Dieu s’occupe même des petits oiseaux, comment pourrait-il ne pas veiller sur chacun des cheveux de notre tête ?

> Pendant des siècles les Eglises de toutes confessions ont dessiné dans l’esprit de chacun le visage d’un Dieu dont il fallait nécessairement avoir peur, un Dieu-Juge, un Dieu-qui-nous-attend-au-contour, un Dieu-Vengeur. C’était aussi le temps où l’Eglise – quelle qu’elle soit – réservait la lecture de la Bible à une élite chargée de la traduire et de l’expliquer au bon peuple à travers prédications et préceptes. Par peur, justement, que le commun des mortels, ouvrant ce livre, ne découvre que le Dieu des Chrétiens est justement celui dont il ne faut pas avoir peur, et que Jésus passe son temps à nous le dire.

> Alors n’ayons plus jamais peur de Dieu et redisons-le autour de nous. Dieu est Justice et non pas Vengeance. Dieu est Salut et non pas Condamnation. Dieu est Amour et non pas Soumission. Dieu nous aime et nous n’avons pas à avoir peur de lui.

Mardi 16 juin 2020

« Le Seigneur fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. »

(Matthieu 5, 45)

> Il y a quelque chose de la miséricorde de Dieu dans ce verset. La même chance est donnée à tout le monde. La lumière et la pluie de Dieu font germer la vie et cela est donné invariablement. Alors quand Jésus nous demande « d’aimer ses ennemis » c’est un concept difficilement compréhensible mais c’est peut-être de ne pas enfermer l’autre dans son état de « méchant ». Ne pas empêcher Dieu de faire briller le soleil et couler la pluie sur eux. Ils peuvent à tout temps passer de méchant à bons ! Et après tout ? Ne sommes-nous pas toutes et tous l’ennemi de quelqu’un ?

> Cette semaine prions pour les relations difficiles qui nous font de l’ombre, que nous puissions recevoir la paix de Dieu pour ces situations. Laissons la pluie et le soleil de Dieu dessiner un arc-en-ciel pour toutes et tous !

Mardi 9 juin 2020

« Vous êtes le sel de la terre. »
« Vous êtes la lumière du monde. »

Mat 5,13.14

> Ces paroles de Jésus ne risquent-elles pas de gonfler l’ego des disciples que nous sommes ? Et si c’était tout le contraire ! Le sel n’a pas vocation à attirer l’attention sur lui-même ni la lumière. On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais pas non plus pour la fixer des yeux. Et si le sel se fait sentir dans un plat c’est que le cuisinier a eu la main trop lourde. Sel et lumière sont là pour mettre en valeur autre chose qu’eux-mêmes. Des aliments sans sel ne stimulent pas l’appétit et dans une maison sans lumière impossible de voir le visage de ceux qu’on aime.

Etre sel de la terre et lumière du monde, un appel non à se mettre au centre mais à servir. Ces frères et sœurs que je croise et qui n’ont plus goût à la vie, comment puis-je être pour eux le sel qui réveille l’appétit de vivre ? Fraternellement, discrètement, humblement, à dose infinitésimale. Et ceux qui affrontent la maladie, le chômage, une séparation, un deuil,… et qui ont le sentiment de traverser un long tunnel, puis-je trouver les paroles fraternelles qui mettront un peu de lumière et de douceur sur leur parcours ?

Jeudi de l’Ascension du Seigneur

« Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. »

Mt 28,16

> Les Onze quittent Jérusalem, lieu marqué par les évènements tragiques qui les ont bouleversés. Evènements dont leur groupe porte à jamais la blessure – ils sont les Onze et non plus les Douze. L’élection de Matthias n’effacera pas cette trace. Il faut prendre de la distance. Trois jours de marche pour revenir en Galilée. Surtout pas pour tourner la page et passer à autre chose mais pour assimiler le vécu de ces journées dramatiques et l’annonce si déroutante du premier jour de la semaine : il est vivant !

> Retourner en Galilée c’est retrouver le lieu du premier appel. Le lieu où le regard de Jésus s’est posé sur Simon et André (Mt 4, 18), sur Jacques et Jean (4, 21), sur Matthieu (9, 9), où, pour la première fois, sa voix a retenti non seulement à l’oreille mais dans les cœurs. La Galilée c’est aussi le lieu du premier envoi des Douze (Mt 10, 1ss). Non plus seulement des disciples qui vivent dans la proximité du Maître, mais des apôtres, des envoyés associés à sa mission. Revenir en Galilée non pour cultiver la nostalgie des commencements mais pour être envoyés plus loin, à toutes les nations et non plus seulement « aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 10, 6). Revenir à la source pour recevoir l’impulsion qui portera plus loin, plus large.

> Cette année la fête de l’Ascension, qui nous fait méditer cet envoi aux nations, coïncide avec la période de déconfinement, de sortie, d’ouverture. Et si c’était l’occasion d’entendre à neuf cet « Allez ! » que Jésus nous adresse. Et si, pour ne pas nous précipiter dans l’action à nouveau possible, nous nous reconnections à notre Galilée intérieure : le premier appel, une rencontre décisive, un événement source,… pour y puiser l’élan qui fait de nous des envoyés du Seigneur.

Mercredi 8 avril 2020

« Prenant la parole, Jésus dit : celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. »

Mt 26, 23

> En lisant ces versets, nous ressentons la détermination de Jésus à accomplir les derniers gestes de sa mission. A dévoiler aussi des sentiments et des paroles avant son départ.

La Pâque est un repas de joie, de libération. Cette fois la réjouissance est mêlée de tristesse et de soupçon.

Trahir ! Seigneur, moi, jamais ! Et cependant….Mais qui donc est le coupable alors ?Seul, Jésus le sais et le désigne : « celui qui s’est servi au plat en même temps que moi ».

Si je partage ce plat avec Toi Seigneur et mes condisciples, je pourrais donc être, moi aussi, la coupable potentielle.

Mais Toi, Seigneur, tu laisses le champ libre à chacun de trahir ou pas, sauf que Dieu le Père reste le maître du jeu et la trahison de Judas fait partie du plan.

Celui qui met la main au plat en même temps que Jésus c’est : l’HOMME.

Dimanche 5 avril 2020 – Rameaux

« Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route.»

Mt 21,8

> Voici que Jésus arrive aux portes de Jérusalem où il va vivre sa Passion. L’accueil est triomphal. Ce sont maintenant les manteaux des gens de la foule qui sont mis sur le chemin avec des rameaux, comme pour un tapis d’honneur.

Honorer Jésus, c’est d’abord lui rendre honneur. Le louer comme notre Sauveur. L’acclamer comme notre roi. C’est dans un esprit de reconnaissance lui rendre grâce pour tous ses bienfaits dans nos vies, toutes ces bénédictions qui sont peut-être encore davantage mises en évidence par la crise que nous traversons. C’est, conscients du poids de la Croix et du mal mais les yeux bien fixés sur l’horizon pascal, se réjouir de ce qui vient : la vie est plus forte que la mort. 

Plus globalement dans notre contexte de vie morose, c’est aussi rendre honneur à chacune et chacun qui se bat pour que l’espérance et la Vie puissent gagner sur les ténèbres et la mort. 

Alors en jour des Rameaux, soyons simplement reconnaissants. Et honorons tant notre Seigneur Jésus Christ que notre prochain par une action de grâce.