Vendredi Saint – B – 29 mars 2024

« Jésus sortit donc ; il portait la couronne d’épines et le manteau rouge. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme ! » Mais lorsque les grands-prêtres et les gardes le virent, ils crièrent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Jean 19,5-6

> Voici l’homme. Humilié, affaibli, abandonné. Voici notre humble… Sauveur ! Un homme torturé, couronné d’épines et vêtu de pourpre par dérision, voilà la façon dont l’humanité a traité son Dieu qui avait tout donné pour elle. Ceux qui disent « crucifie-le ! » démontrent la violence dont l’humanité est capable, révélant en creux le mal qui agit dans le monde.

En ce jour de vendredi saint, contemplons l’homme qu’est Jésus. Prenons le temps de demeurer un instant au pied de la croix, cette croix qui est symbole à la fois du mal et de la violence qui traverse le monde, et symbole aussi du don de Dieu jusqu’au bout. Prenons le temps de contempler nos vies et de nos croix, ainsi que nos manières parfois aussi d’abandonner le Christ ou de dire avec d’autres « crucifie-le ! »…

Seigneur, Dieu de la Vie,
Prends pitié de notre monde traversé par la violence et le mal.
Seigneur, Dieu de la Vie,
Prends pitié de nous et de nos croix.
Amen.

27e dimanche du temps ordinaire – A – 8 octobre 2023

« Les vignerons se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.»

Mat 21,39

> Dans cette parabole, les serviteurs d’abord, puis le fils même du propriétaire sont mal reçus, alors qu’ils viennent simplement demander le produit de la vigne. Ils sont violentés et jetés dehors. Le fils est même tué. Une violence qui nous dérange, forcément. Pourtant cette violence est bien celle de notre monde, de notre humanité, capable du pire, comme avec la crucifixion de Jésus.

Bien sûr, cette parabole s’adresse non seulement aux grands prêtres et aux anciens du temps de Jésus, pour qu’ils changent de comportement, ainsi qu’aux disciples, pour leur annoncer la Passion à venir. Mais cette parabole s’adresse à aussi à nous, jusqu’à aujourd’hui et nous interpelle : quel vigneron suis-je ? comment est-ce que j’accueille le Christ dans ma vie de tous les jours ? est-ce que je lui offre les fruits de ma vigne ou est-ce que je les garde seulement pour moi ? De quoi méditer en cette période de vendanges…

27e dimanche du temps ordinaire – A – 4 octobre 2020

« Ils respecteront mon fils »

(Matthieu 21,37)

> Une des déclarations les plus tragiques des évangiles est le commentaire candide du père de cette parabole : « Ils respecteront mon fils ». A cette conviction répond la plus sordide des violences, un assassinat. Ces métayers veulent posséder cette vigne, à tout prix et ils rejettent tout ce qui vient du propriétaire, pour le devenir à leur tour.

Bien sûr aujourd’hui, je peux me sentir très éloignée de toute cette violence ! Ce n’est pas à moi que cela arriverait de m’asseoir sur la générosité divine et de tuer pour m’accaparer une autorité spirituelle. Oui, bien sûr mais quand j’y pense… A chaque fois que je referme mes poings sur des vérités que je crois détenir sur l’identité de Jésus, sur des jugements qu’il aurait pu faire… j’ « assassine » le Christ à mon tour… Des éléments de cette attitude « Voici venir l’héritier, tuons-le et nous aurons l’héritage » existent en nous tous. Nous empêchons parfois Jésus d’agir pleinement.

Seigneur, pour cette semaine, ouvre-moi les yeux sur mon orgueil et mon égoïsme qui me rendent moins réceptive à Ta Parole et garde-moi de me croire la seule à me « royaumer » dans mon pré carré spirituel… Façonne en moi l’attitude du maître qui fait confiance à ses ouvriers, qui partage sa vigne, sa vendange et même ce qu’il a de plus précieux : son Fils !

4e dimanche du temps ordinaire – A – présentation du Seigneur au temple

« Syméon bénit le père et la mère de l’enfant et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté – et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »

(Luc 2, 34-35)

> Syméon s’adresse à Marie. Il reconnaît que l’âme de Marie sera transpercée d’un glaive à cause de ce que la mission de Jésus provoquera. En disant cela, Syméon admet que la proximité de Marie avec son fils est telle que rien ne peut la remplacer. Au-delà de nos rôles sociaux aux un-e-s et aux autres (notamment la place d’une femme dans la société d’alors…) se joue ce qu’une relation a d’unique.

Quand nous parvenons à nous relier à cette relation d’humain à humain, de visage à visage, quand nous parvenons à reconnaître la souffrance de l’autre comme le fait Syméon, quand nous sortons des règles et conventions sociales pour redécouvrir ce qui fait de l’autre humain mon semblable et non quelqu’un à dominer ou sur qui exercer un pouvoir, alors nous sommes de celles et de ceux qui se relèvent.

Mais quand nous méprisons, discriminons ou usons de violence, nous sommes de ceux et de celles qui chutent. « Ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. » A l’heure où trop de femmes subissent la violence des hommes, il serait bon de s’en souvenir.

3e dimanche de l’Avent – C

« En ce temps-là, les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient :
« Que devons-nous faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! » (Luc 3, 10-11)

> Parfois quand nous regardons le monde, sa violence, ses attentats, ses révoltes sociales, la détresse des humains, nous pouvons nous sentir impuissants. Que devons-nous faire ? Ce serait tellement plus simple si quelqu’un était là pour nous donner la direction, le sens, du chemin…

Mais Dieu est là. Par sa Parole, il vient nous montrer le chemin. Dans ce passage, les foules viennent de se faire baptiser. Et elles posent elles aussi, comme nous, la question : « que devons-nous faire ? ».

Le baptême est conversion, il met en route, provoque un changement de regard sur le monde, sur nous-mêmes et sur Dieu : Jésus nous invite non plus à la peur mais à la confiance, non plus à l’individualisme et à l’égocentrisme, mais au partage, non plus à profiter de notre pouvoir, mais à demander ce qui est juste, non plus d’exploser dans la violence, mais de se contenter de ce que l’on reçoit. Quel changement de regard !

Le partage est matériel, nourriture ou vêtement, mais il est aussi spirituel : quand as-tu pour la dernière fois partagé avec un ami une bonne nouvelle ? Quand as-tu pour la dernière fois partagé la Bonne Nouvelle du Christ Sauveur pour ta vie ? Car comme disait un ami : « si l’Évangile est une bonne nouvelle, alors cette nouvelle doit être partagée ». Face aux désillusions du monde, la Bonne Nouvelle a le pouvoir de tout changer…

Alors cette semaine, changeons de regard ! Face aux sentiments d’impuissance que nous peuvent nous envahir, suivons avec humilité et simplicité le chemin ouvert par Jésus : confiance, partage, justice, reconnaissance. Un chemin qui se concrétise par des gestes très pratiques, tangibles, de notre quotidien. Un Evangile à vivre donc, en cette semaine de l’Avent, à partager.

3e dimanche de carême – année B

« Il fit un fouet avec des cordes et chassa tous [les marchands] du Temple. » (Jn 2,15)

> On est toujours surpris par ce passage d’évangile qui met en scène de la violence. Pourtant Jésus n’est pas du genre à caresser ses interlocuteurs dans le sens du poil. Est ce qu’il n’y a pas une forme de violence dans le fait de forcer un paralytique à marcher ? Un aveugle à voir ? D’ordonner à des hommes de quitter leur famille pour le suivre ? A d’autres de tout vendre pour faire de même ? L’évangile est rempli de cette violence qu’on lit comme bonne en adhérant au message du Christ.

Pour les marchands du Temple c’est pareil. Cette violence si semblable à celle dont nous usons pour de mauvaises raisons dans nos humaines vies quotidiennes veut nous amener encore et toujours à un choix radical : on ne peut servir qu’un seul maître, Dieu. Et son Fils aura essayé par toute sa personne de nous en convaincre. Nous avons grandement besoin qu’on nous questionne violemment sur notre rapport à l’argent par exemple… Est-il toujours compatible avec notre foi ? Et d’après les gestes de Jésus, ce n’est pas un point négociable.

Et cette semaine, si nous nous interrogions sur ces lieux de notre vie où la violence aurait une saine place pour nous pousser à abandonner radicalement des attitudes incompatibles avec l’Evangile?

Avent 2015 – Jour 12

Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer. (Mt 11,12)

> Nous emparer par la violence du « Royaume de Dieu qui est justice et paix » (Rm 14,17) ? Oui, car pour ouvrir le chemin du Royaume, comme le Baptiste, il nous faut une réelle violence : celle contre nous-mêmes, et contre la violence qui nous habite, que nous reversons sur les autres. Ce n’est que par cette pratique non-violente de violence sur nous-mêmes que nous pourrons« guider nos pas sur le chemin de la paix » (Lc 1,79).

3e dimanche de l’Avent – C

« Et nous, que devons-nous faire ? » – Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. » Luc 3,14

-> Dans notre monde de violence et de désirs, où chacun veut ce que l’autre possède, si vous passiez votre semaine à vous dire combien vous avez de la chance d’avoir ce que vous avez déjà ? Si vous passiez votre semaine à vous émerveiller de celles et ceux qui vous entourent, et à construire la paix avec eux ?