5e Dimanche de Carême — A — 26 mars 2023

Il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »

(Jn 11,1-45 )

> Au cours de ce long récit, nous voyons Jésus, en son humanité la plus profonde, confronté à la mort d’un ami, au deuil de personnes chères. Arrivé devant le tombeau de Lazare, une grotte fermée par une pierre, il pleure. « Voyez, comme il l’aimait », disent les gens. Et Jésus fait enlever la pierre. Priant son Père, le remerciant d’être exaucé, il lance son cri : « Lazare, viens dehors ! » Quand, le matin de Pâques, les femmes viendront visiter son tombeau, elles trouveront la pierre déjà roulée. La voix d’un Autre aura fait sortir le Fils bienaimé de son caveau où l’on ne trouvera plus que les bandelettes roulées à part.
> Deux récits, deux niveaux : que l’un et l’autre intensifie notre foi en Dieu, Source de vie ; que dans nos heures les plus sombres, nous entendions la voix forte du Christ qui nous invite à choisir la vie !

32e dimanche du Temps ordinaire – C – 6 novembre 2022

« Que les morts se réveillent, c’est ce que Moïse a signalé à propos du buisson, quand il appelle le Seigneur Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob »

Luc 20,37

> Jésus ne se laisse pas entraîner au ras des pâquerettes par les Saducéens qui essaient de couper les cheveux en quatre par rapport à des détails mortifères autour du concept de résurrection ! Non, il les emmène plus loin en leur faisant voir la Vie promise qui s’ancre dans les patriarches et leur présence si évidente dans le buisson ardent de Moïse.

> J’ai repensé à cette émission de Temps Présent de la semaine passée, où on entendait des témoignages de Vécu subjectif de contact avec un défunt ; au buisson ardent, Moïse prend conscience de la Vie de ceux qui sont morts et que ce Dieu qui dit « Je suis » est bel et bien le Dieu des vivants ! C’est une véritable expérience spirituelle.

> En cette semaine où nous avons fait mémoire de nos défunts, chacun à notre manière, pensons à eux avec la louange aux lèvres :

« Merci pour les vivants
qui ont traversé notre vie
en déposant la tendresse
dans le déroulement de nos jours.
Sans eux, notre existence serait restée
une longue marche solitaire et vide.
Merci pour leur amour,
leur présence et leur regard,
ils nous ont fait naître
à la vie de chaque jour.
Merci pour l’espérance
que tu enracines en nous
grâce à Jésus, le Vivant, ton Fils,
passeur de toutes les nuitset de toutes les morts. »
(prière d’Inge Ganzevoort)

26e dimanche du Temps ordinaire – C – 25 septembre 2022

« D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme… »

Luc 16,26

> Elle est dure cette parabole du riche et de Lazare! Enfin… dure pour moi, qui suis comme le riche et aime bien faire bombance! Pour le pauvre, elle est promesse d’une vie meilleure où la souffrance et la précarité n’auront plus cours. Ce que la mort fige et qui est irrattrapable, c’est la rupture entre le riche et Lazare. C’est trop tard, Le riche ne pourra plus jamais fraterniser avec Lazare, un gouffre les sépare dans la mort parce qu’il s’est créé dans la vie.

> Cette parabole a pour principal objectif de nous repositionner dans l’importance de nos choix de vie. Au jour du jugement, Dieu ne fera que nous rappeler nos choix. Si nous ne sommes pas dans le désir d’une relation d’amour vis-à-vis du prochain, ne nous attendons pas au miracle ! IL FAUT VIVRE POUR AIMER …

13e dimanche du Temps ordinaire C – 26 juin 2022

« Laisse les morts enterrer leurs morts.
Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »

(Luc 9,51-62)

> C’est un peu fort en chocolat cette injonction de Jésus à cet homme en deuil de son père! Imaginez qu’un ecclésiastique ou un aumônier vous parle ainsi…

> Il faut se remettre dans le contexte de l’époque où il semble que les rituels funéraires étaient interminables, selon la loi de Moise. Comme si s’accrocher à des rites sclérosés était devenu une façon d’ensevelir le message, alors que toujours et toujours la parole du Christ est résurrection et vie, alors même qu’il se met en route pour Jérusalem… Cela me fait penser à la femme de Loth qui lors de la destruction de Sodome avait regardé en arrière, et elle était devenue une colonne de sel (Gn 19,26). Négligeant la parole de Dieu, la femme de Loth subissait son propre châtiment.

> Comment cette semaine me mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour ne pas rester figé.e dans mes regrets mais me tourner résolument vers la vie et vers l’avenir?

Dimanche de Pâques – C – 17 avril 2022

« Il vit et il crut. »

Jean 20, 8b

> Dans ce récit, Marie de Magdala est la première à voir. Elle voit la pierre roulée de l’entrée du tombeau. Elle voit, mais ne comprend pas.

> Quant à Simon Pierre, il n’hésite pas à entrer pour voir ce qu’il y a à l’intérieur du tombeau. Il voit le tombeau vide, il voit les bandelettes, il voit le linge qui était sur la tête de Jésus. Il voit, mais ne comprend pas.

> Le disciple bien-aimé, lui, est resté dehors, et il a pris le temps d’observer. Pas juste de « voir », ou d’ « apercevoir », mais il regarde avec attention. Il médite, cherchant à intégrer ce qu’il a devant les yeux. Lui aussi il voit, mais en interprète privilégié du Christ, il comprend les signes : la pierre roulée, ces bandelettes et le linge ainsi abandonnées, ce tombeau vide, tout cela signifie que le Crucifié a vaincu la mort, et qu’Il est vivant ! Son « voir » suscite la foi.

> Parfois nous aussi, nous voyons mais nous ne comprenons pas. Parfois nous aussi nous voyons mais nous n’y croyons pas. Pour toutes ces fois-là, l’Evangile, cette Bonne Nouvelle, nous invite à nous rappeler que la pierre a été roulée et qu’en Christ, la Vie est plus forte que la mort. Que, même quand nous croyons que « c’est mort », tout peut recommencer, continuer, se relever, ressusciter. Prenons donc le temps de « voir », et la grâce nous sera peut-être donnée de « croire ». 

Christ est ressuscité ! 

Il est vraiment ressuscité ! 

Alléluia !

JOYEUSES PÂQUES A TOUS

2e dimanche du temps ordinaire – C – 16 janvier 2022

 « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent »

Jean 2,10

> Il est frappant de voir l’insistance mise sur le secret dans ce récit. Personne ne doit voir ce qui se passe, le maître de maison n’en a rien vu, ni les invités. Seuls les serviteurs sont au courant de la transformation, les disciples et puis Marie, qui a été la commanditaire de l’opération. Le changement de l’eau en vin à Cana s’accomplit de manière mystérieuse et secrète. De l’eau est rajoutée à l’eau contenue dans les six jarres. Et on peut y puiser alors du vin. Aucun geste, aucune parole particulière de Jésus. Presque personne n’est au courant!

> Mais quel est le sens de ce secret ? D’abord, c’est qu’il n’y a rien à voir. 

> La transformation qui s’opère n’est pas spectaculaire. Elle ne concerne pas la vue, mais le goût. Et le terme employé par l’évangéliste pour la qualifier est le mot « signe », et non « miracle » ou « action de puissance ». On n’est pas dans le domaine de la magie, mais dans une action d’un autre type, qui est le témoignage.

> Et donc l’attitude spirituelle la plus juste face à ce secret, ce n’est pas la curiosité, c’est la réserve et la complicité. C’est la disponibilité et la méditation. Jésus, en tant que Messie de Dieu pour nous, est celui qui transforme dans le secret… l’eau en vin, autrement dit la vie en quelque chose de plus précieux encore que la vie, mais qui est vie aussi !

> Pour que chacun au seuil de cette année 2022, si pleine d’incertitudes et de tensions puisse se dire « Tu as gardé le meilleur pour ma vie devant moi, Seigneur »…

4e dimanche de l’Avent – C – 19 décembre 2021

« Et d’où me vient ceci,

que la mère de mon Seigneur vienne vers moi ? »

(Luc 1, 43)


ETONNEMENT

> Voilà bien une des situations les plus étonnantes de la Bible ! Dans une époque reculée où la société n’était pas encore technicienne, Elisabeth, une femme ordinaire, perçoit des choses invisibles à l’œil nu. Comment pouvait-elle savoir que sa cousine Marie était enceinte ? Était-ce visible à travers ces vêtements amples de l’époque ? De plus, enceinte d’un garçon, alors que l’échographie n’était pas encore inventée ? et qui plus est, comment pouvait-elle considérer que ce petit être en formation était son Seigneur ? Etonnant, non !

> La réponse est peut-être dans cette précision que l’évangéliste Luc rapporte : Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint. Jésus donnera trois titres à cet Esprit : Paraclet, Esprit de vérité, Saint-Esprit. A propos de cet Esprit, Jésus dira plus tard à ses disciples : il vous est avantageux que je m’en aille, car, je vous enverrai un paraclet. Quand il sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité. (Jean 16, 7 et 13). Elisabeth a reçu avant l’heure cet Esprit. C’est Lui qui l’a conduite dans toute la vérité. Chose étonnante, la situation exceptionnelle d’Elisabeth est devenue pour nous une situation ordinaire. Jésus l’a promis, et Il tient ses promesses. Est-ce que je prête foi à ses propos ? Viens en aide à mon incrédulité !

Dimanche du Saint-Sacrement – B – 6 juin 2021

Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Mc 14,22

> Osons une lecture un peu savante. Non pour le plaisir de savoir, mais pour goûter davantage ce verset familier à nos oreilles. « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie l’âme mais de sentir et goûter les choses intérieurement. » (Ignace de Loyola) 

La traduction française ne peut pas rendre un détail du texte grec originel : « Ceci est mon corps », en grec le démonstratif « ceci » est un neutre. La langue française n’a pas d’équivalent. Ce qui est surprenant c’est que le mot « pain », en grec, est un mot masculin et non pas neutre. C’est donc que « ceci » ne désigne pas le pain en tant que tel. « Ceci » c’est le pain marqué par les quatre gestes de Jésus – le pain que Jésus a pris, sur lequel il a prononcé la bénédiction, qu’il a rompu, qu’il a donné aux disciples. C’est le pain pris dans l’action de Jésus, dans le mouvement de don dont cette action est le signe. 

Un détail de traduction ? Peut-être. Mais un détail qui fait sortir du risque de chosifier le pain et le vin, présence du Corps et du Sang du Seigneur. Pain et vin de l’Eucharistie sont le signe de la vie donnée de Jésus. Les vénérer et y communier « c’est entrer avec Lui dans son intention pascale : c’est faire nôtre son désir de donner sa vie pour détruire la mort. » (Pierre Claverie, évêque d’Oran, mort martyr le 1er août 1996)

Dimanche de Pâques – B – 4 avril 2021

« N’ayez pas peur. 
Vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié. 
Il est ressuscité. 
Il n’est pas ici ! Voici l’endroit où on l’avait déposé. »

Mc 16,6

> Un conte soufi relate l’histoire d’une veille dame cherchant ses clés, de nuit, sous un lampadaire dans la rue. A un passant qui lui demande où elle les a égarées, elle répond : « Je ne sais pas. Mais je cherche ici, parce qu’ici il y a de la lumière. » Et devant le rire du passant, la femme s’exclame : « Faites les malins, vous qui cherchez Dieu là il ne se trouve pas, dans les ténèbres. Vous feriez mieux de le chercher dans la lumière. »

> Dieu n’est pas dans la mort. Et trop souvent nous imaginons un Dieu qui rappelle à lui, qui fait mourir. Nous lui demandons des comptes pour telle ou telle mort subite. Erreur fatale : ce faisant nous cherchons Dieu là où il n’est pas, au tombeau. La mort c’est quelqu’un d’autre. Dieu, c’est la vie. Et la vie éternelle.

> A nous de chercher Dieu dans la lumière, désormais. Et d’annoncer au monde qu’il est ressuscité ! Joyeuses Pâques à Chacune et Chacun !

Dimanche 27 décembre 2020 – B – Sainte Famille

« Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu »

Luc 2,28

> Syméon prend l’enfant Jésus comme un cadeau. Il le reçoit, non comme on peut parfois se saisir d’un bien, mais il l’accueillie, avec reconnaissance. Lui l’homme avancé en âge qui attendait tant ce Sauveur qu’il ne pourrait pas voir la mort avant de l’avoir vu, a le cœur en joie : il bénit Dieu, en signe d’action de grâce et de confession de foi. Dans cet épisode, naissance et fin de vie terrestre se croisent, comme pour rappeler le sens de la vie.

La vie d’un bébé est toujours un miracle. Un cadeau de Dieu. Et cette naissance-ci va tout changer. En sommes-nous toujours conscients comme l’était Syméon ?

Prendre dans les bras ; recevoir un enfant ; bénir Dieu : des actions simples, pourtant pas toujours si simples dans ces temps covidés où l’on évite un maximum les contacts physiques. Pourtant l’Evangile de ce dimanche nous invite à nous réjouir pour la vie autour de nous, pour les vies des nouveau-nés, et en particulier pour la vie de cet enfant Jésus venu pour nous sauver ! Cette semaine, ouvrons nos yeux, comme Syméon, pour accueillir en cadeau les vies nouvelles autour de nous et tous les signes de vie qui les accompagnent. Et surtout, n’oublions pas… de bénir Dieu !

Bénis Dieu, mon âme !