2e dimanche du temps ordinaire – C – 16 janvier 2022

 « Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent »

Jean 2,10

> Il est frappant de voir l’insistance mise sur le secret dans ce récit. Personne ne doit voir ce qui se passe, le maître de maison n’en a rien vu, ni les invités. Seuls les serviteurs sont au courant de la transformation, les disciples et puis Marie, qui a été la commanditaire de l’opération. Le changement de l’eau en vin à Cana s’accomplit de manière mystérieuse et secrète. De l’eau est rajoutée à l’eau contenue dans les six jarres. Et on peut y puiser alors du vin. Aucun geste, aucune parole particulière de Jésus. Presque personne n’est au courant!

> Mais quel est le sens de ce secret ? D’abord, c’est qu’il n’y a rien à voir. 

> La transformation qui s’opère n’est pas spectaculaire. Elle ne concerne pas la vue, mais le goût. Et le terme employé par l’évangéliste pour la qualifier est le mot « signe », et non « miracle » ou « action de puissance ». On n’est pas dans le domaine de la magie, mais dans une action d’un autre type, qui est le témoignage.

> Et donc l’attitude spirituelle la plus juste face à ce secret, ce n’est pas la curiosité, c’est la réserve et la complicité. C’est la disponibilité et la méditation. Jésus, en tant que Messie de Dieu pour nous, est celui qui transforme dans le secret… l’eau en vin, autrement dit la vie en quelque chose de plus précieux encore que la vie, mais qui est vie aussi !

> Pour que chacun au seuil de cette année 2022, si pleine d’incertitudes et de tensions puisse se dire « Tu as gardé le meilleur pour ma vie devant moi, Seigneur »…

Epiphanie – C – 2 janvier 2022

Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Mt 2, 1-2

> Ces mages arrivent de loin – pays lointain et culture étrangère. C’est une étoile qui les a mis en route. Isaïe l’avait prophétisé : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » (Is 60, 3).

> Curieusement, le texte laisse entendre qu’arrivant à Jérusalem l’étoile qui les guidait a disparu, puisqu’ils doivent demander leur chemin. Leur rencontre avec Hérode va faire basculer dans le drame un événement qui n’aurait été que joie et allégresse : quelques versets plus loin le récit nous apprend qu’Hérode, fou de rage, fait massacrer les enfants de Bethléem. La présence de ce petit enfant tout nouvellement né déchaine la violence en même temps qu’elle engendre la joie. Parce que la manifestation – l’épiphanie – de l’amour infini oblige à se prononcer pour ou contre, ce petit enfant est, dès sa naissance, « signe en butte à la contradiction » (Luc 2, 34). Déjà la croix se dresse à la crèche.

> Si la croix est présente à la crèche, c’est aussi parce que les mages apportent avec eux non seulement la reconnaissance et l’adoration des peuples, signifiée par l’or et l’encens, mais aussi leur peine et leurs souffrances, évoquées par la myrrhe, qui sera proposée en boisson à Jésus en croix (Mc 15, 23). Plus tard, Jésus dira : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau. » (Mt 11, 28) Ce fardeau trop lourd pour les épaules humaines, les mages venus de si loin, déjà le déposent aux pieds du petit enfant de la crèche.

> Avec les mages, allons à Jésus nouveau-né, tout à la fois exultant de joie et de reconnaissance, et chargés des détresses de nos frères et sœurs, porteurs du « cri des pauvres et de celui de la planète. »

Dimanche du Saint-Sacrement – B – 6 juin 2021

Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Mc 14,22

> Osons une lecture un peu savante. Non pour le plaisir de savoir, mais pour goûter davantage ce verset familier à nos oreilles. « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie l’âme mais de sentir et goûter les choses intérieurement. » (Ignace de Loyola) 

La traduction française ne peut pas rendre un détail du texte grec originel : « Ceci est mon corps », en grec le démonstratif « ceci » est un neutre. La langue française n’a pas d’équivalent. Ce qui est surprenant c’est que le mot « pain », en grec, est un mot masculin et non pas neutre. C’est donc que « ceci » ne désigne pas le pain en tant que tel. « Ceci » c’est le pain marqué par les quatre gestes de Jésus – le pain que Jésus a pris, sur lequel il a prononcé la bénédiction, qu’il a rompu, qu’il a donné aux disciples. C’est le pain pris dans l’action de Jésus, dans le mouvement de don dont cette action est le signe. 

Un détail de traduction ? Peut-être. Mais un détail qui fait sortir du risque de chosifier le pain et le vin, présence du Corps et du Sang du Seigneur. Pain et vin de l’Eucharistie sont le signe de la vie donnée de Jésus. Les vénérer et y communier « c’est entrer avec Lui dans son intention pascale : c’est faire nôtre son désir de donner sa vie pour détruire la mort. » (Pierre Claverie, évêque d’Oran, mort martyr le 1er août 1996)

17e dimanche – B

À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » (Jean 6,14)

> Les gens de l’époque reconnaissent, en Jésus, le grand prophète parce qu’il vient de multiplier les pains et les poissons. Sacré signe !

Mais Jésus se cache derrière chaque visage que nous rencontrons. Comme nos yeux sont lents à le reconnaître ! Comme nous sommes exigeants envers Dieu, en lui demandant systématiquement des signes pour prouver sa présence…

Cette semaine, essayons de prendre REELLEMENT conscience de la présence de Jésus en chaque visage que nous croiserons. Et chaque soir de cette semaine, nous pouvons nous interroger en repassant les visages de la journée dans notre tête : comment ai-je ouvert les yeux sur la présence de Dieu dans telle ou telle personne ?

5e dimanche – A

« Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. » (Matthieu 5,15)

> La lumière de ma vie c’est le Christ et son message d’Amour. Vous aussi ? Alors pourquoi cacher cette lumière ?? Pour tant de jeunes, Dieu est une lumière dans leur vie mais ils n’osent pas le dire. Pourtant, rien de moins ringard que la Foi puisque justement ça détonne de s’avouer croyant aujourd’hui, c’est plutôt singulier !

Je vous propose, cette semaine, de rendre visible cette lumière que vous avez dans le coeur. Osons un signe visible, une croix, une participation publique à un rassemblement de chrétiens, un vote qui défende nos idées chrétiennes. Nous avons de la lumière dans le coeur ? Montrons-la !

Avent 2013 – Jour 18

« Quand Zacharie sortit, il ne pouvait pas leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire. Il leur faisait des signes, car il demeurait muet. » (Luc 1,22)

> Le silence de Zacharie, preuve pour la foule (quelle sagesse !) qu’il a rencontré Dieu. Zacharie ne le dit pas en mots, mais en signes.

A l’inverse (quelle sottise !) je suis parfois tenté de penser que ceux qui connaissent Dieu sont ceux qui en parlent. Je me morfonds, du coup, sur un monde qui me semble perdre la foi. Beaucoup, cependant, font dans leur vie l’EXPERIENCE de Dieu, de sa Vie à l’œuvre, sans forcément vouloir en parler, sans forcément avoir les mots pour cela.

Réjouissons-nous, aujourd’hui, que Dieu visite chacune et chacun de nous, même si notre foi paraît muette, ou même si nous n’en parlons pas dans notre langage. Tentons, aujourd’hui, de reconnaître en quoi chacune et chacun est un signe de Dieu pour nous, bien au-delà des mots.