3e dimanche du temps ordinaire – B – 21 janvier 2024

« Aussitôt, laissant leurs filets,ils le suivirent. »

Mc 1,18


> L’Evangile selon Marc est le plus court des quatre récits de la vie de Jésus. Pourtant, un mot revient pas moins de 42 fois en 16 petits chapitres : le terme « aussitôt ».

Cela dit quelque chose de l’urgence du salut dans la vision de Marc. A l’image d’un célèbre slogan politique français de ces dernières années, on pourrait dire que « le salut, c’est maintenant ! ».

Il y a bien évidemment une part d’attente dans le Salut : nous attendons le retour du Messie pour notre Salut dernier. Il y a aussi une part déjà accomplie : Jésus est mort sur la croix pour notre Salut à tous. Mais il y a notre part : le Salut dépend aussi de notre conversion quotidienne, de notre décision de tous les jours à suivre ou non le Christ au cœur de cette journée-ci.

Alors, suivons-le nous aussi, AUSSITÔT ce message lu.

3e dimanche de l’Avent – A – 11 décembre 2022

« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? »

Mat 11,7b

Après avoir rassuré Jean-Baptiste emprisonné sur son identité de Messie attendu – un Messie guérissant les malades et annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres – Jésus se met à parler à la foule de la personne de cet étrange prophète, homme ne vivant que pour la mission reçue de Dieu, et cela dans une pauvreté apparentée à l’âpreté du désert. Pour les curieux en quête d’extraordinaire, Jésus utilise l’image de l’inconsistance d’un roseau balancé par le vent, leur démontrant la vanité de leur recherche. C’est que la grandeur de Jean réside paradoxalement dans son humilité, son abaissement devant le Messie qu’il annonce. Les critères humains sont bouleversés, l’échelle des valeurs renversée ; tout au long de sa vie publique, Jésus le manifestera en paroles et en actes ; il ne cachera jamais son admiration et son amour pour les gens simples et les petits. 

> Nous souvenant de cela, le faux brillant d’un Noël mondain n’arrivera pas à détourner notre regard du mystère d’un Dieu venu chez nous en pauvre

12e dimanche du Temps ordinaire C – 19 juin 2022

« Au dire des foules, qui suis-je ? » – « Pour vous, qui suis-je ? »

Lc 9, 18-24

> « Seigneur Jésus, si je comprends bien, tu ne les poses pas ces questions par curiosité, mais en désirant fortifier la foi de tes disciples qui sont avec toi en route vers Jérusalem, lieu où tu donneras ta vie. Je pressens que tu n’as pas laissé au hasard le moment où tu allais t’adresser aux Douze : C’est du cœur de ton intimité avec le Père que jaillit ton questionnement révélateur. Heure solennelle.

> Si le regard des foules s’arrête sur des aspects extérieurs, quel contraste alors avec la réponse de Pierre ! Au nom des Douze, il proclame sa foi en ton origine divine : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu.»

> Aujourd’hui, quelle est ma réponse en t’entendant m’adresser la même question ? Tu n’attends pas de moi une réponse intellectuelle, “juste“, comme venant d’un premier de classe, mais une réponse existentielle qui engage toute ma vie : Marcher à ta suite, renoncer à moi-même, prendre ma croix chaque jour et te suivre. Oui, pour moi, tu es Celui qui a donné sa vie pour moi et de qui je reçois chaque jour à nouveau la mienne, apparemment “perdue“ – à cause de toi. »

2e dimanche du temps ordinaire – 17 janvier 2021 – B

« Ils virent où il demeurait »

(Jean 1, 39)

> « Que cherchez-vous ? », ce sont les tout premiers mots prononcés par Jésus dans l’évangile de Jean. Question que Jésus posera, à la fin du récit johannique, à Marie de Magdala qui pleure devant le tombeau vide : « Qui cherches-tu ? » Question qui ouvre et clôt le parcours de Jésus parmi nous. Question que Jésus adresse à qui s’approche de lui, à chacun de nous : Quand tu ouvres l’Evangile, que cherches-tu ?  Quelle est l’attente, le désir de ton cœur ?

La réponse des deux disciples, comme celle de Marie, est une question : « Où demeures-tu ? », « Où l’as-tu mis (ce Seigneur qui a disparu du tombeau)? » Deux interrogations qui posent la question du lieu où trouver celui que l’on cherche. Cela dit un désir de proximité, le désir des disciples de ne pas se contenter d’une rencontre rapide sur le bord du chemin mais de « rester auprès de lui ». 

« Ils allèrent donc et il virent où il demeurait. » ‘Voir’, dans la traduction française, c’est le verbe utilisé quelques lignes plus haut lorsque Jésus se retourne et ‘voit’ les disciples qui le suivent. Mais le mot grec qui est derrière n’est pas identique. « Ils virent où il demeurait », c’est le même ‘voir’ que celui de Marie de Magdala annonçant aux apôtres après avoir reconnu son Seigneur : « J’ai vu le Seigneur » (Jean 20, 18). Un ‘voir’ qui dit une expérience quasi indicible. Marie de Magdala a fait l’expérience du Ressuscité. Les deux disciples de Jean Baptiste qui ont suivi Jésus n’ont pas seulement repéré où il habitait, ils ont expérimenté quelque chose du mystère de l’Agneau de Dieu désigné par Jean. Ce ne sont pas leurs yeux qui ont vu « où Jésus demeurait », c’est leur cœur – au sens biblique du terme. 

C’est pourquoi André peut dire à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie. » Ces mots ne sont pas une définition de catéchisme mais le fruit de ce qu’il a vécu avec Jésus. Annoncer le Seigneur suppose de « rester avec lui », de goûter sa présence – qui peut avoir le goût de l’absence. 

3e dimanche de Pâques – 26 avril

« Et se levant à l’heure même, ils s’en retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent assemblés les onze et ceux qui étaient avec eux. »

Luc 24, 33

> Deux personnes passionnées d’une autre se trouvent décontenancées quand cette autre meurt. En elle, elles voyaient un Messie. Ces deux se trouvent mis devant le fait accompli : le Messie attendu, ce n’était pas lui ! Quelques femmes les ont surpris en leur narrant une histoire d’anges qui disent que l’autre est vivant. Le fait est là, vérifié par certains disciples qui n’ont pas hésité à courir au tombeau qui s’est avéré… vide.

Ces deux personnes ressassent cette duperie ; elles raisonnent, sans que ce raisonnement n’apaise leur tristesse. En fin d’après-midi, elles prennent la direction d’Emmaüs, à l’ouest de Jérusalem, à deux bonnes heures de marche. Elles, qui sont perdues, se dirigent vers la lumière qui décline dans le soir. Plus elles avancent, plus la lumière devient faible. Un inconnu les rejoint et se mêle à leur conversation. Alors qu’il ne semblait pas être au fait des derniers événements, il entreprend de leur expliquer toute l’histoire à partir des Ecritures. Arrivées, elles désirent que cet inconnu reste avec eux.

A l’heure du souper, la lumière n’est plus que celle d’une ou deux chandelles. Quand le pain est rompu, leurs yeux aveugles voient la Lumière, une fraction de seconde. Cet éblouissement suffit à les mettre en route. Cette fois, elles marchent en direction d’une nuit plus noire. Mais, leur cœur brûle ; elles n’ont qu’une hâte : retrouver les autres et partager avec eux leur récente expérience avec le Messie vivant.

Ce n’était qu’une histoire de quatre ou cinq heures. Mais quel changement !

Et nous, porteur de Lumière, sommes-nous disposés à annoncer cette Bonne Nouvelle dans un monde où la nuit se fait plus sombre ?

Mardi 31 mars 2020

« Toi, qui es-tu ? »

Jn 8,25

> Les évangiles proposés à notre écoute ces derniers jours sont jalonnés par la question de l’identité de Jésus. Dimanche dernier, nous entendions l’aveugle-né guéri par Jésus dire aux pharisiens : « Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. » (Jn 9, 30) Quelques jours plus tard, nous lisions dans le chapitre 7 de Jean : « Jésus s’écria : “Vous me connaissez ? Et vous savez d’où je suis ?” » (7, 28) Un peu plus loin dans le même chapitre, on voit la foule se diviser sur cette question. Certains reconnaissent en lui le Christ, d’autres affirment qu’il ne peut pas l’être puisqu’il vient de Galilée. La question agite la foule et les ennemis de Jésus, et sera au cœur de son procès : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »(Mc 14,61).

Et nous, qui nous disons ses disciples, cette question nous laisse-t-elle tranquilles ? Nous avons les mots pour y répondre : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu, envoyé dans le monde. » Mais la réalité, le mystère derrière les mots, qu’en savons-nous ? Pensons-nous pouvoir l’enfermer dans une définition, fut-elle dite avec les mots mêmes de l’Evangile ? 

« L’amour, c’est de ne pas pouvoir être en repos à cause du mystère d’un être », a écrit un romancier. Puissions-nous ne pas être en repos à cause du mystère du Christ Jésus. Et si nous l’étions, que les jours de la Passion, qui approchent, nous en fassent sortir, nous remettent en quête.

En ces jours de réclusion, si nous adressions, au moins intérieurement, ce « Toi, qui es-tu ? » à nos proches. Dans leur proximité imposée à longueur de journée nous risquons de ne plus voir que les petits – et parfois agaçants – côtés du quotidien. Il dépend de nous, avec l’aide de Dieu, de faire naître de cette proximité un regard renouvelé sur le mystère de chacun.

Avent 2013 – Jour 16

« Ils répondirent donc à Jésus : « Nous ne savons pas ! » Il leur dit à son tour : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela. » Matthieu 21,27

> Moi non plus je ne sais pas, et j’aimerais encore demander à Jésus : Es-tu le Messie ? Es-tu celui qui doit venir ? Es-tu le Roi des rois ? Es-tu le Sauveur ? Es-tu l’Emmanuel, pour toujours avec nous ? Mais Jésus ne donne pas les réponses, il se laisse annoncer, tout particulièrement durant ce temps de l’Avent! Nous aussi, nous pouvons être des signes de sa venue !

Avent 2013 – Jour 15

« Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont rendus purs, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » Matthieu 11,5

> Jésus répond à la question « Es-tu le Messie ? » avec une liste de tout ce qu’il a fait de pratique. Le salut est annoncé par les œuvres et pas par la théorie ou la contemplation, la parole, le prêche. Nos actes sont l’évidence de notre identité comme chrétiens.

Et nous ? Que faisons-nous chaque jour de pratique pour manifester notre appartenance au Christ ?