Vendredi Saint – C – 15 avril 2022

« J’ai soif. »

Jean 19,28

> Deux mots pour dire la souffrance extrême de la croix, la détresse du crucifié. La soif est en effet une des tortures de la croix par laquelle Jésus doit passer pour que les Écritures s’accomplissent. La soif de la croix.

> Deux mots pour dire aussi que l’entier de l’Evangile se construit dans le don. A chaque bout de son Evangile, Jean l’évangéliste présente un Jésus qui demande à boire. Au puits de Jacob déjà, en plein midi, fatigué du chemin, il osait s’adresser à la Samaritaine en ces termes : « Donne-moi à boire. » Car l’Evangile est dans le don. 

> Et pour nous, comment résonne cette soif de la croix ? Soif d’amour, soif de paix, soif de justice, dans notre monde tourmenté par le mal. Soif du Dieu Vivant. 

> Et pour nous, comment résonne l’Evangile comme don ? Don du Christ, pour nous, don de soi auquel nous sommes appelés dans nos vies à son service, don par amour, don pour la Vie.

> Méditer à la fois la soif de la croix et l’Evangile dans le don, voilà un chemin pour nous pour ce jour de Vendredi Saint.

4e dimanche de Pâques – B – 25 avril 2021

« Je donne ma vie pour mes brebis. »

Jean 10, 15

Méditation en mémoire des moines de Tibhirine
qui, il y a 25 ans, donnaient leurs vie à la suite du Bon Pasteur

> Donner sa vie jusqu’à en mourir. C’est ce que Jésus a fait. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13) Ce plus grand amour, il l’a aussi exprimé en lavant les pieds de ses disciples. Le chapitre 13 de Jean commence par ces mots : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1) « Aimer jusqu’au bout » cela dit, bien sûr, la mort de Jésus en croix pour nous arracher à la mort. Cela dit aussi le geste modeste et banal – qui n’est pas banal quand c’est Jésus, le Seigneur et le Maître, qui le pose – du lavement des pieds. Il y a là quelque chose de paradoxal : que l’extrême de l’amour puisse se dire dans un geste si quotidien – dans la culture du peuple juif du temps de Jésus.

Fr Christian, moine de Tibhirine, commente : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de la vie… et vice versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier. » (Homélie du Jeudi Saint, 31 mars 1994) Par solidarité avec le peuple algérien les moines de Tibhirine ont choisi de rester en Algérie, sachant qu’ils risquaient leurs vies. Ils ont donné leurs vies jusqu’à en mourir. Ils l’ont d’abord donnée au pas à pas du quotidien. Fr Christian écrit : « Donner sa vie pour ceux qu’on aime n’est pas un acte isolé qui s’identifierait, dans l’existence de Jésus, au don suprême consommé au Calvaire. Jésus a pris soin d’avertir que la Croix elle-même est de “chaque jour” (…) Ce qui s’est passé aux heures de la Passion, c’est de l’Incarnation continuée. » (Chapitre de communauté, 30 janvier 1996)

Nous sommes les « brebis » pour lesquelles Jésus donne sa vie. Nous sommes aussi les « brebis » appelées à le suivre (Jean 10,4). A le suivre jusqu’à l’extrême de l’amour qui consiste à donner sa vie. Nul besoin d’attendre des événements extraordinaires. C’est aujourd’hui, dans la banalité et la simplicité du quotidien, que je peux, moi aussi, donner ma vie.

25e dimanche du temps ordinaire – A – 20 septembre 2020

« Ceux qui avaient commencé à cinq heures, reçurent chacun une pièce d’un denier. »

Mt 20,9

> Comme on comprend la réaction des ouvriers embauchés à la première heure qui ont « enduré le poids du jour et la chaleur » ! Comme je m’y reconnais ! Du point de vue d’une stricte justice humaine le comportement du maître est difficile à défendre.

Il faut regarder de près comment se modifient les termes du contrat d’embauche au fur et à mesure que la journée avance. Avec ceux qui commencent à travailler dès la première heure le maître se met d’accord sur le salaire de la journée : un denier. A ceux qui se mettent au travail à neuf heures, à midi, à trois heures, le maître promet : « je vous donnerai ce qui est juste ». Le contrat repose sur la confiance qu’ils accordent à la parole du maître. C’est lui qui fixe ce qui est juste, il n’annonce pas de chiffre. Quant à ceux qui rejoignent la vigne à cinq heures il se contente de dire « Allez à ma vigne vous aussi. » Il n’est pas question de rétribution. Les ouvriers s’en remettent totalement au maître sur la façon dont leur travail sera reconnu et rémunéré.

Le comportement de ce maître est incompréhensible d’un point de vue de justice humaine. Par contre s’il s’agit de dire quelque chose du Royaume de Dieu combien est-il parlant ! A part au Royaume non celui qui cherche à le mériter comme un dû mais celui qui met sa foi en Dieu qui donne gratuitement.

Quelques pépites pauliniennes en écho à cette parabole :« Si quelqu’un accomplit un travail, son salaire ne lui est pas accordé comme un don gratuit, mais comme un dû. Au contraire, si quelqu’un, sans rien accomplir, a foi en Celui qui rend juste l’homme impie, il lui est accordé d’être juste par sa foi. » (Rm 4, 4-5)

C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil (Ep 2, 8-9). Appel en ces temps troublés et incertains à avancer en mettant notre foi en Celui qui est BON et qui partage ses biens aux ouvriers de la dernière heure que nous sommes.

Vendredi 20 mars 2020

« Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « tu n’es pas loin du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger. »

Marc 12, 34

> Tu n’es pas loin du Royaume ! Que dois-je faire de plus ? J’ai tout suivi, comme le jeune homme riche qui s’en va tout triste de ne pas pouvoir donner tous ses biens. Malgré sa fidélité aux commandements.

Mais… si je ne suis pas loin, c’est que je suis sur le bon chemin.

Méditons donc sur le manque, le presque.  Donnons, acceptons, offrons et partageons le peu qui nous reste. Notre cœur, notre personne.  Que Dieu prenne forme dans l’humain que nous rencontrons : toi, lui, elle et que nous l’aimions à travers le visible de Sa créature.

Mais, m’aimer MOI ? Avec respect pour Qui je représente ou avec idolâtrie pour l’image que je voudrais donner ? Ai-je de la patience, de la compassion et de la délicatesse pour cet enfant que je suis : prétentieux et fragile à la fois. Jésus s’est montré bienveillant vis-à-vis d’un scribe éveillé et cependant, Il se méfiait de leurs manipulations…. Tous méritent la grâce de Dieu, il suffit de se laisser transformer à l’image du Christ… Tout un programme de Carême et d’une vie.

Vendredi Saint – C

« Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. »
Jean 19, 17-18

> Encadré de brigands, Jésus est crucifié. «Scandale pour les Juifs et folie pour les païens», dit Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens. Comment en effet aurait-on pu imaginer que Dieu non seulement se ferait homme mais qu’il mourrait sur une croix ? Cette mort infâme qui, chez les Romains était réservée à ceux qui troublaient l’ordre public, Jésus l’a pourtant acceptée, même s’il ne la souhaitait pas, en prononçant son «Que ta volonté soit faite».

Ce don qui nous dépasse, c’est bien à nous qu’il est fait, hommes et femmes de 2019. Il est impossible de nous en rendre dignes, mais il est certainement possible de tenter d’en prendre la mesure. Accueillir ce don infini c’est se laisser bouleverser par cette Pâques qui vient. C’est rendre toujours actuelle cette croix et changer sa vie en conséquence.

Que cette journée soit l’occasion de nous unir à la Passion de Jésus en méditant son récit.

4e dimanche de carême – C

« Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » (Luc 15, 31)

> Le texte de ce dimanche nous permet de renouer avec la parabole du Fils Prodigue. On comprend, presque instinctivement, que le fils, lors du retour vers son père, est revenu à la Vie après divers choix mortifères qui l’ont incontestablement conduit vers moins de vie ; en effet il est habillé, chaussé, et on lui glisse une bague au doigt. Le fils aîné lui, est resté auprès de son père toutes ces années, mais il n’a pas encore eu accès à cette Vie que Dieu veut pour chacun de ses enfants. Il fait ce qu’il pense que son père attend de lui, sans en trouver le sens, si ce n’est celui de l’obéissance. C’est oublier que notre Père nous a créés libre.
Jésus a dit : je ne suis pas venu abolir la loi, je suis venu l’accomplir…
Le fils aîné, c’est un peu chacun de nous, nous faisons de notre mieux, en oubliant que nous avons déjà tout. Tout nous a été donné : ce qui est lui est à nous !
> Cette semaine, continuons d’être au service de notre Père, pour sa Gloire et non pas pure obéissance…

32e dimanche du temps ordinaire – B

« Cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence: elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Mc 12, 43-44)

> Il est beau ce passage de l’Evangile, il illustre si bien son message entier.

Il balaye les riches hypocrites et élève les humbles.

La veuve que Jesus cite en exemple fait preuve d’un don entier de sa personne, pour plus pauvre encore, une confiance en Dieu qui pourvoit à nos besoins, un souci urgent et inscrit dans la chair au point de se priver de l’essentiel pour plus petit que soi.

On aimerait tant l’imiter, on se dit qu’on n’est pas riche, qu’on ne ressemble pas à ceux qui cherchent les premières places… et pourtant ! On mesure rarement assez à quel point on est attaché à nos biens et à quel point finalement on accepte de ne donner que le superflu la plupart du temps. Mais c’est bien au don de ce qui nous est essentiel que nous sommes appelés à notre tour !

Cette semaine nous proposons de réfléchir à ce que nous ne sommes pas capables de donner. Ce dont nous ne pouvons pas nous séparer, pour notre frère ou pour Dieu et à réfléchir à la manière cela peut nous emprisonner.

17e dimanche du temps ordinaire – B

« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons. » Jean 6,9

> Ce texte qui narre une des deux multiplications des pains contient un élément clé. Jésus a pu nourrir la foule nombreuse grâce aux pains et aux poissons du jeune qui était là. Ce garçon aurait pu se dire « à quoi bon ? il n’y a pas assez ! » Ou alors il aurait peut-être voulu le garder pour lui ou sa famille. Donné à Jésus, ce peu de chose devient nourriture pour tout le monde. C’est ça la puissance de Dieu : par son Esprit Il transforme et multiplie les dons que nous lui offrons.

> Cette semaine, même s’il nous semble ne pas peser lourd dans la balance, même si notre cerveau nous prouve mathématiquement que ce que je donne en temps, argent, sourire, prière, nourriture, joie, écoute, etc… ne sert pas pour aider la foule nombreuse autour de nous, rappelons-nous que si nous agissons avec le cœur de Dieu, Jésus est capable de combler davantage, et il en restera en surplus !

 

2e dimanche – A

« L’homme qui était derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était » Jn 1,30

> Jean-Baptiste qui était le précurseur avait des mots tout à fait mystérieux. En effet, c’est lui qui annonce la présence actuelle de l’Agneau de Dieu en nous disant qu’Il est arrivé « derrière lui » mais qu’en même temps Il « est passé devant lui » car Jean-Baptiste nous révèle qu’avant lui Il était. Un vrai mystère à s’arracher les cheveux !

Si nous décortiquons, ce verset est une nouvelle preuve de la Foi profonde et de l’humilité de Jean-Baptiste. Et bien qu’il fut envoyé pour baptiser dans l’eau, il laisse totalement la place à Celui qui est venu baptiser dans l’Esprit.

Nous venons de quitter Jésus petit enfant que les mages étaient venus adorer.
Continuons de lui laisser toute la place, de le mettre en premier dans nos vies afin que nous nous donnions pleinement aux autres !
Prions pour toutes les personnes qui nous aident à avancer sur ce chemin du don.

12e dimanche – C

« Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et me suive. » (Lc 9, 23)

> Le Seigneur est exigeant avec nous. Il ne nous demande pas moins que de le suivre chaque jour dans son sacrifice ultime : la croix. Nous aussi, nous sommes appelés à donner notre vie comme il l’a fait, à renoncer à nous-même. Ce don, il réside dans toutes nos grandes ou petites croix : accompagner un malade en fin de vie, supporter un collègue casse-pied, préparer un repas pour toute la famille alors qu’on est fatigué… Les occasions ne manquent pas de prendre notre croix et de suivre Jésus au jour le jour.