Vendredi Saint – B – 29 mars 2024

« Jésus sortit donc ; il portait la couronne d’épines et le manteau rouge. Et Pilate leur dit : « Voici l’homme ! » Mais lorsque les grands-prêtres et les gardes le virent, ils crièrent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Jean 19,5-6

> Voici l’homme. Humilié, affaibli, abandonné. Voici notre humble… Sauveur ! Un homme torturé, couronné d’épines et vêtu de pourpre par dérision, voilà la façon dont l’humanité a traité son Dieu qui avait tout donné pour elle. Ceux qui disent « crucifie-le ! » démontrent la violence dont l’humanité est capable, révélant en creux le mal qui agit dans le monde.

En ce jour de vendredi saint, contemplons l’homme qu’est Jésus. Prenons le temps de demeurer un instant au pied de la croix, cette croix qui est symbole à la fois du mal et de la violence qui traverse le monde, et symbole aussi du don de Dieu jusqu’au bout. Prenons le temps de contempler nos vies et de nos croix, ainsi que nos manières parfois aussi d’abandonner le Christ ou de dire avec d’autres « crucifie-le ! »…

Seigneur, Dieu de la Vie,
Prends pitié de notre monde traversé par la violence et le mal.
Seigneur, Dieu de la Vie,
Prends pitié de nous et de nos croix.
Amen.

Christ Roi – C – 20 novembre 2022

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume »

Luc 23,42

> En disant ces quelques mots, le second malfaiteur se révèle doublement. D’une part, malgré son statut peu enviable, il se positionne en tant que croyant, le premier qui confesse que ce Jésus sur la croix va devenir le Christ. D’autre part, il ne demande pas de le sauver, mais de ne pas l’oublier. Avec humilité, il dit ainsi la prière du pauvre, qui dans ses souffrances, demande au Seigneur de ne pas l’oublier dans son Royaume.

> Nous aussi, chaque fois que nous nous sentons seuls, dans la souffrance ou l’injustice, face au non-sens des croix du monde, nous pouvons dire : « souviens-toi de nous », rappelant le Christ crucifié à nos côtés. En méditant ainsi ce verset, par exemple avec son chant de Taizé (https://www.youtube.com/watch?v=D3AhrNBpWDY), nous pouvons nous aussi placer devant les croix du monde, ou nos croix personnelles, l’espérance en Christ.

Vendredi Saint – C – 15 avril 2022

« J’ai soif. »

Jean 19,28

> Deux mots pour dire la souffrance extrême de la croix, la détresse du crucifié. La soif est en effet une des tortures de la croix par laquelle Jésus doit passer pour que les Écritures s’accomplissent. La soif de la croix.

> Deux mots pour dire aussi que l’entier de l’Evangile se construit dans le don. A chaque bout de son Evangile, Jean l’évangéliste présente un Jésus qui demande à boire. Au puits de Jacob déjà, en plein midi, fatigué du chemin, il osait s’adresser à la Samaritaine en ces termes : « Donne-moi à boire. » Car l’Evangile est dans le don. 

> Et pour nous, comment résonne cette soif de la croix ? Soif d’amour, soif de paix, soif de justice, dans notre monde tourmenté par le mal. Soif du Dieu Vivant. 

> Et pour nous, comment résonne l’Evangile comme don ? Don du Christ, pour nous, don de soi auquel nous sommes appelés dans nos vies à son service, don par amour, don pour la Vie.

> Méditer à la fois la soif de la croix et l’Evangile dans le don, voilà un chemin pour nous pour ce jour de Vendredi Saint.

Epiphanie – C – 2 janvier 2022

Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Mt 2, 1-2

> Ces mages arrivent de loin – pays lointain et culture étrangère. C’est une étoile qui les a mis en route. Isaïe l’avait prophétisé : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. » (Is 60, 3).

> Curieusement, le texte laisse entendre qu’arrivant à Jérusalem l’étoile qui les guidait a disparu, puisqu’ils doivent demander leur chemin. Leur rencontre avec Hérode va faire basculer dans le drame un événement qui n’aurait été que joie et allégresse : quelques versets plus loin le récit nous apprend qu’Hérode, fou de rage, fait massacrer les enfants de Bethléem. La présence de ce petit enfant tout nouvellement né déchaine la violence en même temps qu’elle engendre la joie. Parce que la manifestation – l’épiphanie – de l’amour infini oblige à se prononcer pour ou contre, ce petit enfant est, dès sa naissance, « signe en butte à la contradiction » (Luc 2, 34). Déjà la croix se dresse à la crèche.

> Si la croix est présente à la crèche, c’est aussi parce que les mages apportent avec eux non seulement la reconnaissance et l’adoration des peuples, signifiée par l’or et l’encens, mais aussi leur peine et leurs souffrances, évoquées par la myrrhe, qui sera proposée en boisson à Jésus en croix (Mc 15, 23). Plus tard, Jésus dira : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau. » (Mt 11, 28) Ce fardeau trop lourd pour les épaules humaines, les mages venus de si loin, déjà le déposent aux pieds du petit enfant de la crèche.

> Avec les mages, allons à Jésus nouveau-né, tout à la fois exultant de joie et de reconnaissance, et chargés des détresses de nos frères et sœurs, porteurs du « cri des pauvres et de celui de la planète. »

24e dimanche du temps ordinaire – B – 12 septembre 2021

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive. »

(Marc 8, 37)

> Qui aime entendre parler de souffrance, de rejet et de mort violente? « Interdit au moins de 12 ans », attention ce film-là dont Jésus annonce le scénario peut heurter certaines sensibilités…

> Il y a un peu de Pierre en chacun de nous – nous trouvons la Croix de Jésus difficile à accepter – cela ne devrait pas être ainsi. Jésus va encore plus loin – chacun de nous aura sa part de souffrance – toutefois, ce Jésus souffrant peut être proche de nous, car il a vécu la souffrance et il a traversé la mort pour qu’elle soit habitée…

> Porter sa croix, c’est oser regarder en face ses deuils, ses blessures et ses peurs, ne pas les laisser devenir des tabous! Et qui sait? Dieu placera dans sa tendresse des Simon de Cyrene sur notre chemin pour nous aider à les porter !

> Dans cette semaine, osons un mot ou une parole risquée pour briser le silence autour d’une expérience difficile que vit un proche ou un ami: nous verrons que ce peut être l’amorce pour regarder ensemble les brisures qu’il ou elle porte en silence …

4e dimanche de Pâques – B – 25 avril 2021

« Je donne ma vie pour mes brebis. »

Jean 10, 15

Méditation en mémoire des moines de Tibhirine
qui, il y a 25 ans, donnaient leurs vie à la suite du Bon Pasteur

> Donner sa vie jusqu’à en mourir. C’est ce que Jésus a fait. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15, 13) Ce plus grand amour, il l’a aussi exprimé en lavant les pieds de ses disciples. Le chapitre 13 de Jean commence par ces mots : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » (Jn 13, 1) « Aimer jusqu’au bout » cela dit, bien sûr, la mort de Jésus en croix pour nous arracher à la mort. Cela dit aussi le geste modeste et banal – qui n’est pas banal quand c’est Jésus, le Seigneur et le Maître, qui le pose – du lavement des pieds. Il y a là quelque chose de paradoxal : que l’extrême de l’amour puisse se dire dans un geste si quotidien – dans la culture du peuple juif du temps de Jésus.

Fr Christian, moine de Tibhirine, commente : « Prendre un tablier comme Jésus, cela peut être aussi grave et solennel que le don de la vie… et vice versa, donner sa vie peut être aussi simple que de prendre un tablier. » (Homélie du Jeudi Saint, 31 mars 1994) Par solidarité avec le peuple algérien les moines de Tibhirine ont choisi de rester en Algérie, sachant qu’ils risquaient leurs vies. Ils ont donné leurs vies jusqu’à en mourir. Ils l’ont d’abord donnée au pas à pas du quotidien. Fr Christian écrit : « Donner sa vie pour ceux qu’on aime n’est pas un acte isolé qui s’identifierait, dans l’existence de Jésus, au don suprême consommé au Calvaire. Jésus a pris soin d’avertir que la Croix elle-même est de “chaque jour” (…) Ce qui s’est passé aux heures de la Passion, c’est de l’Incarnation continuée. » (Chapitre de communauté, 30 janvier 1996)

Nous sommes les « brebis » pour lesquelles Jésus donne sa vie. Nous sommes aussi les « brebis » appelées à le suivre (Jean 10,4). A le suivre jusqu’à l’extrême de l’amour qui consiste à donner sa vie. Nul besoin d’attendre des événements extraordinaires. C’est aujourd’hui, dans la banalité et la simplicité du quotidien, que je peux, moi aussi, donner ma vie.

22e dimanche du temps ordinaire – A – 30 août 2020

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.»

Mt 16,24

> Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Devant l’annonce de la croix, de la nécessité de la souffrance et de la mort, qui certes ouvre sur la résurrection, les disciples ne comprennent pas. Ils n’entendent pas. Saint Pierre, qui vient de confesser Jésus comme Christ, et qui vient d’être institué par lui comme « pierre sur laquelle je bâtirai mon Eglise » (16,18), même Saint Pierre le rabroue. Il s’oppose fortement. Il ne peut pas entendre cela. 

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Puis Jésus annonce à ses disciples que le fait de le suivre a un coût : se renier, d’une part, et se charger de sa croix, d’autre part. Le disciple est appelé à se renier à soi-même, c’est-à-dire à renoncer à être le centre de sa propre vie, renoncer à la volonté de ne compter que sur soi-même et sur ses certitudes, renoncer à ne croire qu’en soi pour se forger le sens de sa vie, mais recevoir ce dernier d’un autre. Se renier, c’est dire notre incomplétude et notre besoin fondamental de recevoir l’essentiel par un Autre. Un Tout-Autre. Le centre, ce n’est plus moi, c’est le Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Celui qui veut suivre Jésus doit ensuite se charger de sa croix. La croix, ce sont les difficultés, la souffrance, la mort. La croix, c’est le sacrifice. Celui de Jésus, mais aussi celui que doivent traverser les disciples. C’est perdre quelque chose pour gagner autre chose, de plus fondamental. Mais la perte est là, elle fait partie de notre suivance du Christ.

Qu’il est parfois difficile d’entendre la Parole… pour les disciples et pour nous !

Alors cette semaine, essayons de nous mettre à l’écoute de ces paroles si difficiles à… entendre. Méditons la croix dans nos vies, méditons le sacrifice dans notre manière de suivre le Christ, méditons nos pertes ; tout cela afin ensuite de découvrir, à la lumière de la résurrection qui suit la croix, comment Dieu nous offre la vie en plénitude.

10e dimanche du temps ordinaire – 7 juin 2020 – Trinité

« Dieu a tellement aimé le monde…»

Jn 3, 16

> L’amour de Dieu pour le monde est sans limite. Son amour se donne sans limite, avec ce don total de son Fils, jusqu’au bout. Il se partage sans limite, entre frères et sœurs d’un même Père, offrant une voie de salut dans monde gangréné par la haine et la peur. Oui cet amour est toujours à recevoir, d’abord, puis à partager.

En ce temps de déconfinement dans lequel nous vivons avec prudence mais surtout avec joie les retrouvailles, partageons cet amour sans limite de notre Créateur, partageons-le avec joie ! Oui l’amour de Dieu est grand comme ça, comme le dit cette chanson pour enfants, une bonne nouvelle à partager largement autour de nous !

L’amour de Dieu est grand comme ça (3x)
Il est pour toi, il est pour moi
Alléluia !

Vendredi 27 mars 2020

« Mais lorsque ses frères furent partis pour la fête, il se mit en route lui aussi, sans se faire voir et presque secrètement. (…) Alors qu’on était au milieu de la fête, Jésus monta au temple et il se mit à enseigner. »

Jn 7, 10 et 14

> La fête des tentes ou Souccot est une fête joyeuse qui nous rappelle la sortie d’Egypte et les fruits de la première récolte en terre promise. Une moisson sans cesse renouvelée. Jésus prend sa décision, souverainement, presque secrètement, Il se rend à LA fête qui rassemble tout le peuple de Dieu, disséminé en temps ordinaire.

Dans le verset 14, le point culminant de la rencontre permet à Jésus d’enseigner, de nourrir, de sauver le plus grand nombre. Il s’offre en sacrifice malgré le danger d’être arrêté. Le plan de Dieu s’accomplit progressivement vers le moment suprême de la CROIX. Mais avons-nous bien compris son comportement, ses actions, ses paroles qui porteront leurs fruits pour la vie éternelle de chacun de nous ?

Vivre à la suite de Jésus, cela nous donne la force de transmettre son message d’Espérance par les ondes ou dans le silence d’un texte écrit à tous ceux qui sont confinés mais veulent rester UNIS.

2e dimanche du TO – A


« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde »

Jn 1, 29-34

> Le baptême de Jésus est le lieu d’une première annonce à tous de la mission et de la vocation du Christ. Cette annonce peut paraître encore voilée pour beaucoup, pourtant Jean-Baptiste le dit déjà : ce fils Bien-aimé de Dieu aura à vivre la passion et c’est par le sacrifice de la Croix qu’il sauvera le monde de son péché. Jean-Baptiste, disciple par excellence, désigne le Sauveur qu’il a annoncé et s’efface devant lui. 

Enlever le péché du monde, ce n’est pas aisé à entendre, à comprendre. Surtout quand on voit tout le péché qui habite encore notre monde. Et pourtant nous croyons que par la Croix Jésus nous en a délivrés. Notre horizon est celui de la sainteté de Dieu. Notre péché n’est plus une fatalité.

Cette agneau fait inévitablement écho à la pureté, à cette innocence qui seule peut vaincre le plus grand mal de manière très mystérieuse et pourtant très limpide en Dieu. 

Que cette fragilité et cette clarté de l’Agneau puissent nous éclairer pour que, à sa suite, nous nous défassions du péché qui nous encombre…