4e dimanche de Pâques – B – 21 avril 2024

« Moi, je suis le bon Pasteur, je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. »

Jean 10,14

> Le tableau haut en couleur du “curé-peintre“ Sieger Köder (+ 2015) nous fait voir un Bon Berger plein de tendresse, non seulement pour sa brebis, mais pour petits et grands en fête autour de lui. Oui, il a ramené l’égarée au risque de sa propre vie et tous sont invités à s’en réjouir. – “Prêcher par l’image“, telle était la vocation de notre artiste. On peut dire qu’il a réussi le pari en nous rendant Jésus si humainement proche, éveilleur de joie et de fête.

Prêcher par l’image, vocation d’exception ? Surement, puisque chaque vocation est unique, avec ses dons particuliers au service de l’évangélisation. Chacun de nous réalise ainsi son œuvre d’art, avec ou sans pinceau. Et la plus belle, la plus juste, c’est le visage humain créé à la ressemblance de Dieu. Au cours de notre vie modelée sur l’Evangile, quelque chose de cette ressemblance va apparaitre sur nos traits et dans notre regard. Ce sera là notre chef-d’œuvre : Un visage où peut se lire la joie d’être ami, amie du Christ Bon Pasteur qui nous donne la vie en donnant la sienne.

2e dimanche de Pâques – B – 7 avril 2024

« Mais ce qui se trouve [dans ce livre] a été écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous possédiez la vie en son nom. » ()

Jean 20, 31

UN RÉCIT SUFFISANT

> Si j’en crois les propos de l’apôtre Jean, il semblerait que beaucoup d’événements concernant la vie de Jésus ne nous ont pas été révélés. Pourtant, le peu qui nous est rapporté dans l’évangile selon Jean est suffisant pour nous mener à la foi, à croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Voilà qui correspond bien à l’esprit synthétique de Dieu : ni plus ni moins que ce qui est nécessaire. C’est une invitation à cesser de vouloir tout expliquer, tout comprendre.

Et puis, bien que l’évangile de Jean soit suffisant pour croire et ainsi possédez la vie dans le nom de Jésus, Dieu n’est pas avare de paroles, ne nous a-t-il pas laisser toute une bible ? Scrutons donc ces écrits, Christ s’y trouve en filigrane !

Dimanche de Pâques – B – 31 mars 2024

« Ne soyez pas effrayées !
Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ?
Il est ressuscité : il n’est pas ici. »  

Marc 16,6

> La bonne nouvelle de Pâques, c’est celle qu’entendent ces trois femmes, venues embaumer le corps du Crucifié. Celle de la mystérieuse victoire de la vie sur la mort. Celle qui nous invite à ne plus nous laisser gagner par la peur, à ne plus être effrayés, mais à faire confiance au Dieu de la Vie qui a relevé son Fils de la mort. Un appel à vivre cette confiance en la résurrection dans nos vies qui est tout sauf facile comme le montre encore le verset 8 : Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Aujourd’hui, en ce jour de Pâques, nous sommes donc appelés nous aussi à quitter les tombeaux de nos peurs pour nous réjouir : en Christ, la Vie est plus forte que la mort et son règne s’étend jusqu’à nous.

Christ est ressuscité !
Il est vraiment ressuscité !
Alléluia !

19e dimanche du Temps ordinaire – A – 13 août 2023

« C’est un fantôme. » Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »

(Mt 14,26-27)

> Quelle différence entre un fantôme et Dieu ? De nos jours, pour beaucoup, le fantôme a davantage de chances d’être pris au sérieux quant à son existence, qu’un Dieu soi-disant inventé par les moralistes et cru par les simples d’esprit. Il est vrai que notre Dieu choisit parfois des manières surprenantes pour se manifester à nous, comme le Maître qui dans notre évangile rejoint les siens en marchant sur les eaux. Les cris d’épouvante se taisent au moment où il leur parle : C’est sa voix, c’est lui !
> Lorsque il nous arrive de nous trouver dans une nuit sans boussole, souvenons-nous que notre Dieu est n’est pas un fantôme muet ; il est le Dieu qui parle. Dans le doute ou le désarroi, il suffit parfois d’une Parole jadis entendue, qui surgit de notre mémoire comme un phare. A tel passage d’Evangile ou verset de Psaume qui nous est familier nous reconnaissons la voix du Seigneur. C’est bien lui qui nous parle : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »

14e dimanche du Temps ordinaire – A – 9 juillet 2023

« Et moi, je vous procurerai le repos »

Matthieu 11,28

> Le repos, celui dont parle notre monde, c’est celui de l’agitation de l’année, celui du travail et des occupations diverses de notre agenda, celui que nous pouvons trouver en vacances. A la mer. A la montagne. Dans des séjours « qui font du bien ». C’est cesser de faire.

> Le repos, celui dont parle Jésus, est autre. C’est celui, spirituel, qui décharge des fardeaux, des difficultés, des épreuves. C’est celui, existentiel, qui apaise les inquiétudes du lendemain, les angoisses d’un avenir incertain. Le repos en Christ, c’est la paix intérieure. C’est la sérénité face à l’avenir incertain. C’est le calme et la confiance de la foi. C’est laisser faire.

> Pour pouvoir bénéficier de ce repos, il s’agit simplement de venir au Christ. « Venez-à moi », dit Jésus, comme un appel à chaque personne à se tourner vers Lui. A sortir de son confort et à prendre le chemin à sa suite. Un appel, même, à lui confier notre vie. Rien que cela. S’abandonner en Lui. Cesser de faire pour Le laisser faire. Et ainsi, il nous procurera le repos.

4e dimanche de l’Avent – A – 18 décembre 2022

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie chez toi ! »

Mattieu 1.20
Peinture de Gherardo Delle Notti – San Giuseppe

(4 ème dimanche de l’Avent – Matthieu 1.18-25)
> Le début de l’Evangile de Matthieu a posé « l’idéal », la généalogie selon laquelle le sauveur doit être descendant du père des croyants, Abraham, en ligne directe, en passant par David, le fondateur de la « nation », donc « Fils de David »… Et c’est Joseph qui est le garant de cette lignée.

Mais voilà, il y a problème : l’enfant n’est pas de Joseph, la réalité ne correspond pas à l’idéal. Il va falloir faire de la place à un autre, représenté par l’ange, tout comme il faut faire de la place à ce petit enfant qui va naître… On n’imagine même pas toutes les peurs qui ont dû habiter Joseph : le regard des autres, l’opprobre, les moqueries…

Dans cette peinture, on voit que dans ce pari de prendre Marie sous son toit et d’élever l’enfant d’un autre…il y avait tout à y gagner !

> Ce Noël encore, osons poser sur nos familles un regard de douceur pour accueillir chacun, tel qu’il est… Comme Joseph, tentons de passer de la convenance sociale à la collaboration ouverte avec Dieu, même lorsqu’il nous surprend !

28e dimanche du Temps ordinaire – C – 9 octobre 2022

« En cours de route, ils furent purifiés. »

Luc 17,14

> Dans ce texte d’Évangile, le lecteur attentif trouve pas moins de 7 verbes de mouvement.  Jésus est en mouvement, passant de la Samarie à la Galilée, en route pour Jérusalem. Les 10 lépreux se mettent en mouvement, d’abord à la rencontre de Jésus, puis envoyés par Jésus vers les prêtres. Comme une indication que l’Évangile est mouvement. Et c’est seulement là, « en cours de route », qu’ils sont guéris.

> La bonne nouvelle de ce texte arrive donc « en cours de route ». Pas dans un temple ou dans une maison, pas dans un lieu spirituel ou confortable, mais « en cours de route ». La route, c’est non seulement un processus, qui nécessite du temps, mais également un cheminement intérieur, de confiance et de foi. En effet, c’est parce qu’ils ont suivi la parole de Jésus, qui pouvait paraître absurde, que les lépreux ont été guéris. 

> Combien de fois sommes-nous ces « malades » embourbés dans nos problèmes, qui n’arrivons pas à nous mettre en mouvement pour sortir de nos bourbiers, et à faire confiance à la parole du Seigneur ? Pour nous aussi, la vraie guérison est non seulement de nous tourner vers Jésus, de « venir à sa rencontre », mais également de nous mettre en marche, en faisant confiance à sa parole, et d’aller. Car en chemin, si nous Lui faisons confiance, tout est possible. 

> Alors en route, frères et sœurs en Christ ! Cette semaine, par la foi en cette bonne nouvelle, mettons-nous en route. Car « en cours de route », tout peut arriver !

19e dimanche du Temps ordinaire – C – 7 août 2022

« Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux »

Luc 12,33

> Ne pas craindre, rester en tenue de service, garder sa lampe allumée et avoir pour unique trésor le Christ et sa Parole. Il est vaste, le programme de vie du disciple, tel que nous le présente le texte très riche de ce dimanche. Que retenir de tout cela, comment agir ? Ou mieux : Comment être ? 

> Confiants en même temps que vigilants. Confiants en ce Père qui a trouvé bon de nous donner le Royaume (cf. v. 32). Vigilants dans l’attente de la venue du Christ, ce Maître qui prendra lui-même la tenue de service (cf. v.37). 

> Lui devenir semblables en prenant souci du frère, de la sœur. Et découvrir le bonheur véritable lorsque, les mains vides, ayant investi ce que nous avons et ce que nous sommes dans son projet de salut, seul titre en bourse équitable et durable : “Un trésor inépuisable dans les cieux“.

5e dimanche du temps ordinaire – C – 7 février 2022

« Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche… »

Luc 5,4

> Simon fulminait. Il rentrait bredouille. Survient un charpentier, dont la pêche n’est évidemment pas le métier, qui lui dit d’aller un peu plus loin et de lancer à nouveau le filet. On imagine le comique de la situation.

> Pourtant Jésus ne demande pas à Simon de prendre du poisson. Il n’est pas dans la rentabilité. Il lui demande simplement de faire ce qu’il sait faire : lancer le filet de pêche. Et il lui demande un effort aussi : avancer en eau profonde, c’est-à-dire sortir de sa zone de confort.

> Au cœur de nos existences, Dieu ne nous demande pas de résultats. Il nous demande simplement de sortir de nos habitudes et de faire ce que nous savons faire. Le résultat, c’est lui qui s’en occupe alors. Et il pourrait bien être miraculeux.

Dimanche du Christ-Roi – B – 21 novembre 2021

« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

(Jn 18, 37)
Pour notre Roi
Nulle autre pourpre
Que celle de son sang,
Son précieux sang versé.
Voyez
Comment s’est dépouillée
Cette humble majesté.

Pour notre Roi
Nul autre règne
Que celui de l’amour
Vainqueur de nos péchés.
Voyez
Comment est exalté
Le Messie crucifié.
 
Frère Gilles

> A Pilate qui cherche à lui faire dire qu’il est roi, Jésus laisse entendre que sa royauté, « qui n’est pas de ce monde », a à voir avec la vérité. Plus exactement, et c’est important, avec le « témoignage à la vérité ». Dire que sa royauté, ou son royaume (c’est le même mot en grec), est apparenté à la vérité pourrait signifier que Jésus est venu démontrer, établir la vérité. Ce n’est pas ce qu’il dit à Pilate, mais : « je suis venu rendre témoignage à la vérité. » C’est très différent ! Une démonstration, une preuve s’impose. Un témoignage fait appel à la confiance que l’on fait au témoin. Pas plus qu’il ne recourt à des gardes qui empêcheraient qu’il soit livré aux Juifs, Jésus n’impose la vérité. Il en témoigne. Libre est celui qui l’entend d’accueillir ou non son témoignage.

> Faire confiance à un témoignage plutôt qu’être convaincu par une démonstration, suppose d’écouter la voix du témoin. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix », dit Jésus. Ailleurs dans l’évangile de Jean, il est question d’écouter sa parole. L’attention se porte alors davantage sur le contenu proféré par cette parole. Ecouter la voix suggère quelque chose de beaucoup plus personnel, quelque chose de l’ordre de la confiance faite à celui qui parle. Faire confiance au témoin non seulement à cause de ce qu’il dit mais à cause de ce que nous percevons de lui à travers sa voix : cela sonne vrai ! 

> Pour écouter la voix de Jésus, pour reconnaître en lui « le témoin fiable et véritable » (Ap 3, 14) il faut « être de la vérité » (traduction de la TOB, plus proche du texte originel que celle de la liturgie qui traduit « appartenir à la vérité »). Etre de la vérité, comme on est d’un pays, d’une région. Etre de la vérité donne une connivence avec elle, qui fait reconnaître et écouter la voix de Jésus.

> Puissions-nous être de ce royaume, où la vérité est objet de témoignage plutôt que de démonstration. L’ultime témoignage de Jésus, manifestation de sa royauté, étant le don de sa vie.