7e dimanche de Pâques – C – 29 mai 2022

« Que tous soient un… pour que le monde croie. »

Jean 17,21

> Devant les divisions du monde, et du monde chrétien en particulier, la prière de Jésus résonne avec force. Que faisons-nous aujourd’hui pour l’unité ? 

> L’unité des chrétiens n’est pas un but, c’est un chemin sur lequel nous avançons ensemble. C’est un chemin de reconnaissance, dans les deux sens du terme : à la fois reconnaître déjà simplement que ce sont nos frères et sœurs, et à la fois gratitude pour les hommes et les femmes d’autres confessions. C’est un chemin de communion aussi, en expérimentant la présence de Dieu ensemble, en le célébrant, en le priant ensemble. C’est un chemin de témoignage enfin : « pour que le monde croie que tu m’as envoyé », prie Jésus. Comme un vitrail, c’est laisser rayonner Sa lumière et Son amour à travers nos couleurs… pour le monde !

> Être des témoins d’unité dans un monde divisé, en laissant rayonner à travers nous l’amour de Dieu pour nous et pour le monde, voilà un chemin pour nous pour cette semaine. Par la reconnaissance, par la communion, par le témoignage. Et dans la prière. Pour que le monde croie !

Dimanche du Saint-Sacrement – B – 6 juin 2021

Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. »

Mc 14,22

> Osons une lecture un peu savante. Non pour le plaisir de savoir, mais pour goûter davantage ce verset familier à nos oreilles. « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie l’âme mais de sentir et goûter les choses intérieurement. » (Ignace de Loyola) 

La traduction française ne peut pas rendre un détail du texte grec originel : « Ceci est mon corps », en grec le démonstratif « ceci » est un neutre. La langue française n’a pas d’équivalent. Ce qui est surprenant c’est que le mot « pain », en grec, est un mot masculin et non pas neutre. C’est donc que « ceci » ne désigne pas le pain en tant que tel. « Ceci » c’est le pain marqué par les quatre gestes de Jésus – le pain que Jésus a pris, sur lequel il a prononcé la bénédiction, qu’il a rompu, qu’il a donné aux disciples. C’est le pain pris dans l’action de Jésus, dans le mouvement de don dont cette action est le signe. 

Un détail de traduction ? Peut-être. Mais un détail qui fait sortir du risque de chosifier le pain et le vin, présence du Corps et du Sang du Seigneur. Pain et vin de l’Eucharistie sont le signe de la vie donnée de Jésus. Les vénérer et y communier « c’est entrer avec Lui dans son intention pascale : c’est faire nôtre son désir de donner sa vie pour détruire la mort. » (Pierre Claverie, évêque d’Oran, mort martyr le 1er août 1996)

9e dimanche de l’Eglise – Dimanche du Saint-Sacrement – B

« Jésus dit à ses disciples: Allez à la ville; un homme viendra à votre rencontre, portant une cruche d’eau. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire: « Le Maître dit: Où est ma salle, où je vais manger la Pâque avec mes disciples? » (Marc 14, 13-14)

> Partager l’eucharistie, c’est raconter la manière unique dont le Christ est présent: l’Eglise le fait au travers d’un repas.

Présence du Christ au travers de rencontres, dans ce qu’elles ont d’improbable – un homme qui porte une cruche d’eau, rôle attribué aux femmes à l’époque – et dans ce qu’elles ont de mystérieux – un propriétaire dont on ne sait rien et qui pourtant est disponible.

Présence du Christ dans ce qui nous fait vivants: sans nourriture, sans boisson, il n’y a pas de vie possible.

Présence du Christ dans ce qui nous fait humain, c’est à dire capable de transfigurer le réel pour en faire surgir la beauté: le repas pris ensemble, cela se prépare, cela se cuisine, cela s’apprête et les aliments d’être transformés par l’art des humains.

Pour le dire autrement, le Christ se donne à rencontrer tout spécialement quand nous prenons le temps de nous rencontrer en vérité et dans l’ouverture. Il vient nous nourrir tout spécialement dans ce qui nous fait vivants en vérité, dans tout ce qui va dans le sens de la vie. Et il est présent dans nos oeuvres et créations qui offrent de la beauté au monde.

L’eucharistie raconte cette qualité de présence-là, et nous invite à la vivre… en transformant nos présences les uns aux autres en communion.

 

4e dimanche du Carême – année B

« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17)

>La tradition de l’Eglise propose comme une pause joyeuse au coeur du Carême le quatrième dimanche, dit « Laetare »: « Réjouis-toi ». Ce n’est pas une simple respiration dans un chemin de repentance. Mais plutôt un rappel fondamental: le geste de Dieu en Christ est un geste de salut et non de jugement.

Nous sommes prompts à examiner nos vies et culpabiliser face à tout ce qui dysfonctionne ou n’est pas à la hauteur de nos souhaits. Jusqu’à faire de nos regrets, déceptions, hontes ou ombres le centre de nos préoccupations. Mais cet examen n’est utile qu’à condition qu’il amène davantage de vie. Le but, c’est le salut, et non la mortification. Etre à nouveau réconcilié, complet, et non se fragmenter encore davantage.

Au coeur du Carême, la Parole du Christ nous rappelle l’essentiel: recevoir le salut. Tout l’être de Dieu va dans cette direction: non pas ce qui juge, mais ce qui sauve. Ce n’est pas le jugement qui sauve, mais l’amour.

Et si nous saisissions l’occasion de relire notre propre vie sous cet angle-là? Quitter le regard de jugement à notre propre égard, pour considérer nos ombres comme autant d’occasion de croissance et de trouver une identité plus complète? Nous rejoindrions alors ce que propose le père Jean Monbourquette: cheminer non pas en jugeant ou repoussant nos ombres, mais en les apprivoisant pour guérir notre identité éclatée. Et peut-être alors mieux entrer en communion avec ces autres qui sont mes semblables. Et avec ce Dieu qui ne me juge pas mais me sauve.

16e dimanche – C

Le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. – Lc 10, 41-42a.

> Classiquement, les interprétations de la rencontre de Jésus avec Marthe et Marie favorisent Marie au détriment de Marthe. En effet, cette dernière s’affaire à diverses tâches domestiques tandis que sa sœur boit les paroles du Christ. Ce qui n’est pas dit, cependant, c’est que sans doute, Marthe faisait deux choses à la fois : préparer la table ET écouter Jésus ! Car chacun sait que les femmes sont capables de faire deux choses à la fois, n’est-ce pas Messieurs…

Regardons de plus près : c’est bien chez Marthe que Jésus se trouve ! Pas chez Marie, ni chez « Marthe et Marie », comme on a tendance à le croire souvent. Et que fait-on naturellement lorsque l’on reçoit des hôtes et qu’on est la maîtresse de maison ? Eh bien on apprête sa maison, on fait le ménage, du rangement, la cuisine… C’est Marthe que Jésus apostrophe : « Marthe, Marthe… » Il la connaît par son nom comme Dieu a connu Moïse par son nom (cf. Ex 33, 12). Marthe n’est pas insignifiante aux yeux de Jésus. Il sait mieux que quiconque ce qui l’habite, même si elle s’agite et ne semble pas attentive à ce qu’il raconte. Même si une seule chose est nécessaire, rappelle-t-il. Et cette chose, c’est l’orientation de toute vie en lui. En s’adonnant à de multiples tâches (comment pourrait-il en être autrement en vivant « dans le siècle » ?!), on demeure toujours en communion avec le Christ. Et c’est plutôt rassurant !

En cette période de vacances et de ralentissement, où l’esprit vagabonde à d’autres « soucis » que ceux du quotidien et même à un relâchement de la prière, de la louange et de l’adoration, restons attentifs au fait que quoi que nous fassions, Jésus est là, nous connaît et nous appelle sans cesse à nous tourner vers lui. Il est là, il nous attend et nous entend !

Avent 2014 – Jour 13

« Nous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations et vous ne vous êtes pas frappés la poitrine. » (Mt 11, 17)

> A l’approche des fêtes de fin d’année, joie et deuil se font ressentir plus intensément.

Ne restons pas centrés sur notre sentiment du jour. Laissons nos cœurs s’éveiller à « l’air » de celui que nous allons rencontrer. Laissons-nous « accorder » à lui pour vivre avec lui un moment de « communion ».

Avent 2013 – Jour 13

« Mais à qui vais-je comparer cette génération ? Elle ressemble à des gamins qui, assis sur les places, en interpellent d’autres, en disant : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ! Nous avons entonné un chant funèbre, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine ! » Matthieu 11,16-17

> Que c’est désagréable de se reconnaître lorsque Jésus se fait miroir ! Suis-je un gamin ? Suis-je celui qui joue de la flûte ? Suis-je celui qui ne réagit pas à l’air de flûte ?

Comment vais-je parvenir aujourd’hui à passer de l’humiliation qui m’éloigne de moi et de Jésus à l’humilité qui me rapproche de moi et m’inscrit en communion avec le Christ ?