34 dimanche du temps ordinaire – A – Christ Roi – 22 novembres 2020

« Et le Roi leur répondra :
‘Amen, je vous le dis :
chaque fois que vous l’avez fait
à l’un de ces plus petits de mes frères,
c’est à moi que vous l’avez fait.’ »

Mt 25, 40

> Jésus dit « j’avais faim », « j’avais soif », j’étais étranger », « je ». Le Christ est l’affamé, l’assoiffé, l’étranger. Ce que nous avons fait à « ces plus petits », c’est au Christ que nous l’avons fait. Par eux, c’est le Christ qui se fait pauvre pour se faire proche de nous. L’avons-nous rencontré ?

Ainsi, en se présentant sous les traits de celui qui est dans le besoin, le Christ prend fait et cause pour des hommes privés de toute dignité sociale, dénué de toute autre qualification que leur fragilité. L’insolite, c’est ici que le Christ s’identifie non pas aux missionnaires, mais aux pauvres, quels qu’ils soient.  L’Évangile nous rappelle que la pauvreté est une occasion de rencontrer Dieu, que Dieu vient s’y loger. L’avons-nous rencontré ?

Le Christ se fait pauvre. Dans mon frère qui souffre de maladie et qui a peur pour sa vie. Dans ma sœur migrante devant un avenir bouché obligée d’aller chercher de l’espoir dans un autre pays. Dans mon voisin isolé et angoissé. Dans ma voisine exténuée par son travail. Devant ces pauvretés, quelle sera notre réponse ? 

Aujourd’hui en ces temps chahutés, plus que jamais, la foi n’est pas qu’une belle théorie.  Elle est une mise en pratique, à travers ces fondamentaux : donner, accueillir, vêtir et visiter. Aujourd’hui plus que jamais, les Églises ont un message à faire passer au monde, un message d’espérance ! Par ces actes simples, allons allumer le feu de l’espérance, car les pauvres, en fin de compte, c’est nous. 

33e dimanche du temps ordinaire – A – 15 novembre 2020

« J’ai eu peur et je suis allé cacher ton talent dans la terre. »

Matthieu 25,25

> La peur est de saison. Elle est à tous les coins de rue, dans les statistiques, dans les décomptes de notre actualité. Elle focalise toute notre attention alors qu’elle est la vertu anti-évangélique par excellence. Elle nous empêche de prendre part à la croissance du Royaume!

Loin de moi l’idée de vous détourner des gestes barrières et de toutes les précautions nécessaires, mais… prenons le temps ce matin de nous tourner intérieurement vers nos charismes et nos talents, ceux que Dieu a mis en nous!! Et de lui demander de les renouveler avec discernement. De nous montrer comment les mettre en oeuvre aujourd’hui malgré tout ce qui est empêché…

Pour que dans la balance, la peur pèse moins lourd que la confiance et le désir de servir!Amen!

32e dimanche du temps ordinaire – A – 8 novembre 2020

« Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. »

(Matthieu 25, 8)

> Cinq jeunes filles se sont préparées aux noces en prévoyant de prendre de l’huile pour leur lampes afin de durer dans la nuit en attendant l’époux alors que les cinq autres sont venues sans réserve. Le moment venu elles se sont retrouvées dépourvues. Le texte de ce dimanche interroge.  Pourquoi donc les jeunes filles qui étaient préparées n’ont pas voulu prêter un peu d’huile au lieu de tout garder pour elles ? Où est la solidarité que l’on pourrait attendre du Christianisme ?
Si l’époux représente le retour du Christ, alors l’analogie du texte nous dit que nous sommes dans la nuit. Une lampe permet de nous éclairer. L’huile est ce qui permet à la flamme de continuer à brûler. Il y a des choses qui ne peuvent pas se donner ni être fait à la place des autres. On ne peut pas manger pour un autre, on ne peut pas dormir pour un autre, de même, remplir la lampe de notre foi avec l’huile de l’Esprit Saint ne peut se faire que personnellement.
Ce qu’auraient pu faire les jeunes filles prévoyantes en revanche, c’est aider les autres filles en amont, leur proposer de se préparer, de puiser à la Source.

> Cette semaine, comme le dit la chanson « Mettons de l’huile » dans nos lampes afin que notre foi puisse nous éclairer dans les temps sombres que nous vivons. Et soyons témoins, allons inciter les autres à s’équiper pour se préparer aux festivités de l’avènement du Christ et soyons dans l’allégresse, le monde à besoin de nos lumières. Amen !

31e dimanche du temps ordinaire – Toussaint – Dimanche 1er novembre 2020

« Heureux… »

Mt 5,3…

> Il y a quelque chose de solennel dans les premiers mots de l’Evangile de ce dimanche. La précision du déroulement invite à se représenter la scène : Jésus gravit la montagne, s’assied, les disciples s’approchent. Puis une insistance, « ouvrir la bouche, enseigner », qui met en valeur l’acte de parole de Jésus. Il ouvre la bouche pour un long discours, trois chapitres, dans lequel il déploie les harmoniques du bonheur annoncé par les premiers versets.

Jésus ouvre la bouche, il nous faut ouvrir les oreilles. C’est d’ailleurs ce à quoi il invite à la fin de son enseignement : « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique… » (7, 24) Le bonheur que Jésus promet est à « mettre en pratique », littéralement « à faire ». Un bonheur à construire, à cultiver. Si les béatitudes sont à pratiquer c’est que le bonheur qu’elles promettent n’a rien à voir avec celui que vantent les agences de voyage : sable fin, mer bleue et cocotiers… Il ne dépend pas des circonstances et des conditions extérieures. Christiane Singer va même jusqu’à parler d’un(e) bon(ne) heur(e) de mélancolie. « C’est un(e) bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. C’est mon accueil qui en fait un(e) bon(ne) heur(e). La transformation ne peut commencer que là où j’acquiesce. » Accueillir la pauvreté de cœur, les pleurs, la faim et la soif de justice, et même la persécution pour en faire un chemin de bonheur. C’est ce qu’ont fait nos aînés dans la foi, fêtés ce dimanche.

Voilà ce que propose le discours sur la montagne non pas un bonheur bon marché mais un bonheur qui coûte, pour reprendre une expression de Dietrich Bonhoeffer « la grâce qui coûte ».

30e dimanche du temps ordinaire – A – 25 octobre 2020

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Mt 22,39

…et tu t’aimeras donc comme tu aimes ton prochain !

> Aimer notre prochain, on connaît. Au vu du nombre de sollicitations qui aboutissent dans notre boîte aux lettres, il y a de quoi faire. Mais Jésus nous propose une belle réciprocité que l’on oublie trop souvent : « comme toi-même ». Si je me dénigre, si je passe mon temps à me servir des « quel idiot ! » à chacune de mes erreurs, voilà comment je risque aussi de traiter mon prochain.

> Avant de critiquer notre prochain, dressons la liste de ses qualités. Ça nous passe l’envie de critiquer. Et, la prochaine fois que nous faisons une erreur, avant de nous auto-servir un « quel idiot ! », dressons la liste des qualités et charismes que Dieu a mis en nous. Ça nous passera l’envie de nous dénigrer ! Ainsi nous nous aimerons nous-mêmes pour mieux aimer notre prochain et finalement nous aimer les uns les autres !

29e dimanche du temps ordinaire – A – 18 octobre 2020

« Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes. »

(Matthieu 22, 16)

RESISTANCE OU RETICENCE

> Quand des religieux de la stricte observance de la Loi et des politiciens collaborant avec l’envahisseur s’associent pour faire tomber Jésus, leur stratégie consiste à élaborer un argumentaire dont les apparences sont vraies. Car, ils veulent enlacer Jésus dans ses paroles. Nous connaissons tous des personnes qui résistent à l’appel de Dieu. Souvent, elles ont une bonne connaissance générale de Dieu et, prenant appui sur des situations concrètes où il semble que Dieu sera pris en défaut, elles s’en servent pour refuser d’accueillir la grâce. Elles opposent une résistance à la Lumière, cette lumière divine qui éclaire tout homme (Jean 1, 9). De telles personnes sont pour nous des sujets de prière, car nous savons que seul Dieu peut faire tomber leur résistance.

>Nous pourrions être tentés de nous considérer comme au-dessus de cette mêlée, nous qui avons reçu cette illumination intérieure et réaliser notre besoin d’un Sauveur. Moi qui l’ai accepté, ce Sauveur, je sais bien que Jésus est vrai, qu’il enseigne la voie de Dieu selon la vérité. Pourtant, trop souvent, il m’arrive d’être réticent à l’appel de Dieu. Alors, j’argumente en prenant appui sur cette Parole que je crois connaître. Pour un temps, je deviens un orthodoxe de la foi ou un collaborateur du monde afin de servir mes intérêts. Je ne réalise pas que cette réticence m’éloigne des projets que Dieu a formés pour moi, Lui qui veut me donner un avenir et de l’espérance (Jérémie 29, 11).

>Seigneur, révèle-Toi aux résistants et fais tomber mes réticences !

28e dimanche du temps ordinaire – A – 11 octobre 2020

« Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités: ‘Voilà: j’ai préparé mon banquet.’ »

Mt 22, 3-4

> L’Evangile du jour vient nous confronter de manière forte au sujet de notre réponse à l’appel de Dieu. Comment est-ce que je réponds à son invitation à faire la fête avec lui ?

Dans ce texte, les premiers invités déclinent l’invitation. Ils ne veulent pas venir, trop occupés par leurs activités du monde. Un peu comme aujourd’hui où tant d’hommes et de femmes s’éloignent de tout questionnement spirituel, où ils ne se soucient pas ou plus de la question de Dieu, trop occupés à vivre dans un activisme et consumérisme ambiant.

Dieu, pourtant, est patient. Comme le maître continue à envoyer des serviteurs pour inviter d’autres personnes, Dieu continue à espérer en l’humanité. « Il envoya encore… » : par cette répétition, l’évangéliste souligne que c’est un processus qui s’étale sur un certain temps, mais que Dieu ne change pas, il reste patient. Comme pour nous aussi, à qui tout au long de notre vie cette question nous est posée par Dieu : « viendras-tu célébrer la noce avec moi ? ».

Cette semaine, méditons donc cet appel de Dieu dans nos vies. Comment est-ce que j’y réponds, comment est-ce que j’y fais honneur ? Comment est-ce que j’arrive – ou pas – à lâcher mes activités du monde si prenantes pour aller faire la fête avec lui ? Dieu est patient, et sa porte nous est toujours ouverte. L’ouvrirons-nous pour partager ce banquet avec lui et ses convives ?

27e dimanche du temps ordinaire – A – 4 octobre 2020

« Ils respecteront mon fils »

(Matthieu 21,37)

> Une des déclarations les plus tragiques des évangiles est le commentaire candide du père de cette parabole : « Ils respecteront mon fils ». A cette conviction répond la plus sordide des violences, un assassinat. Ces métayers veulent posséder cette vigne, à tout prix et ils rejettent tout ce qui vient du propriétaire, pour le devenir à leur tour.

Bien sûr aujourd’hui, je peux me sentir très éloignée de toute cette violence ! Ce n’est pas à moi que cela arriverait de m’asseoir sur la générosité divine et de tuer pour m’accaparer une autorité spirituelle. Oui, bien sûr mais quand j’y pense… A chaque fois que je referme mes poings sur des vérités que je crois détenir sur l’identité de Jésus, sur des jugements qu’il aurait pu faire… j’ « assassine » le Christ à mon tour… Des éléments de cette attitude « Voici venir l’héritier, tuons-le et nous aurons l’héritage » existent en nous tous. Nous empêchons parfois Jésus d’agir pleinement.

Seigneur, pour cette semaine, ouvre-moi les yeux sur mon orgueil et mon égoïsme qui me rendent moins réceptive à Ta Parole et garde-moi de me croire la seule à me « royaumer » dans mon pré carré spirituel… Façonne en moi l’attitude du maître qui fait confiance à ses ouvriers, qui partage sa vigne, sa vendange et même ce qu’il a de plus précieux : son Fils !

26e dimanche du temps ordinaire – A – 27 septembre 2020

Il dit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas.

(Mt 21, 30)

> Par la parabole de l’Évangile de ce dimanche Jésus tend un piège aux grands prêtres et anciens, c’est presque devenu une habitude pour Lui. L’enjeu de cette parabole c’est la cohérence de notre foi. Il est question d’agir pour Dieu. Celui des deux fils qui fait la volonté du père, c’est celui qui « fait », et non celui qui « dit ». Par cette question qui paraît simple et qui ne laisse qu’une réponse logique, il va forcer les bien-pensants de l’Église à répondre ce qui est juste tout en les accusant ensuite justement de ne pas faire ce qu’ils disent.

> Au fond, voilà donc un père qui demande et des fils qui, ensuite, font ce qu’ils veulent. Si Jésus emploie cette image, c’est pour nous décrire ce qui se passe entre Dieu et nous. Cette semaine nous sommes invités à regarder où nous pourrions nous repentir et faire la volonté de Dieu, même si nous lui avons peut-être dit non, consciemment ou non. Inversement, ne faisons pas de fausses promesses à Dieu. Soyez bénis.

25e dimanche du temps ordinaire – A – 20 septembre 2020

« Ceux qui avaient commencé à cinq heures, reçurent chacun une pièce d’un denier. »

Mt 20,9

> Comme on comprend la réaction des ouvriers embauchés à la première heure qui ont « enduré le poids du jour et la chaleur » ! Comme je m’y reconnais ! Du point de vue d’une stricte justice humaine le comportement du maître est difficile à défendre.

Il faut regarder de près comment se modifient les termes du contrat d’embauche au fur et à mesure que la journée avance. Avec ceux qui commencent à travailler dès la première heure le maître se met d’accord sur le salaire de la journée : un denier. A ceux qui se mettent au travail à neuf heures, à midi, à trois heures, le maître promet : « je vous donnerai ce qui est juste ». Le contrat repose sur la confiance qu’ils accordent à la parole du maître. C’est lui qui fixe ce qui est juste, il n’annonce pas de chiffre. Quant à ceux qui rejoignent la vigne à cinq heures il se contente de dire « Allez à ma vigne vous aussi. » Il n’est pas question de rétribution. Les ouvriers s’en remettent totalement au maître sur la façon dont leur travail sera reconnu et rémunéré.

Le comportement de ce maître est incompréhensible d’un point de vue de justice humaine. Par contre s’il s’agit de dire quelque chose du Royaume de Dieu combien est-il parlant ! A part au Royaume non celui qui cherche à le mériter comme un dû mais celui qui met sa foi en Dieu qui donne gratuitement.

Quelques pépites pauliniennes en écho à cette parabole :« Si quelqu’un accomplit un travail, son salaire ne lui est pas accordé comme un don gratuit, mais comme un dû. Au contraire, si quelqu’un, sans rien accomplir, a foi en Celui qui rend juste l’homme impie, il lui est accordé d’être juste par sa foi. » (Rm 4, 4-5)

C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes : personne ne peut en tirer orgueil (Ep 2, 8-9). Appel en ces temps troublés et incertains à avancer en mettant notre foi en Celui qui est BON et qui partage ses biens aux ouvriers de la dernière heure que nous sommes.