5ème dimanche de Carême – C

« Jésus s’était baissé, et du doigt, il traçait des traits sur le sol… » (Jn 8,6)

> D’abord, il écrit dans le sable…
Au lieu de prendre parti
Au lieu de s’engouffrer dans un jugement
Au lieu de céder à la précipitation quand son avis est demandé
Au lieu de tomber dans le piège d’une dispute de théologiens…
Il écrit en silence dans le sable…

Cette expression « écrire du doigt » se retrouve ailleurs dans la Bible, c’est lorsque Dieu écrit du doigt les commandements sur les Tables de la Loi (Exode 31.18). Donc, devant la femme adultère et grâce à elle, Jésus écrit du doigt une Loi nouvelle, à la manière de Dieu lui-même au Sinaï. Et il l’écrit sur la terre de nos existences, et non plus sur la pierre d’un règlement extérieur.

Une nouvelle Loi qui ne dit pas: « Il n’y a rien de bon dans celui-ci, dans celui-là, dans ce milieu-ci et dans ce milieu-là. » De nos jours, Jésus n’aurait jamais dit: « Ce n’est qu’un intégriste, qu’un gauchiste, qu’un fasciste, qu’un mécréant, qu’un bigot… » Pour lui, les autres, quels qu’ils soient, quels que soient leurs actes, leur statut, leur réputation sont toujours aimés de Dieu.

Jamais homme n’a respecté les autres comme cet homme. En celui qu’il rencontre, il voit toujours un extraordinaire possible ! Un avenir tout neuf ! malgré le passé.

Dans la semaine qui vient, je veux me laisser pétrir de cette Loi faite de respect et d’amour : retenir mon jugement et accepter la grâce qui est faite pour l’autre comme elle est faite pour moi.

4e dimanche de carême – C

« Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » (Luc 15, 31)

> Le texte de ce dimanche nous permet de renouer avec la parabole du Fils Prodigue. On comprend, presque instinctivement, que le fils, lors du retour vers son père, est revenu à la Vie après divers choix mortifères qui l’ont incontestablement conduit vers moins de vie ; en effet il est habillé, chaussé, et on lui glisse une bague au doigt. Le fils aîné lui, est resté auprès de son père toutes ces années, mais il n’a pas encore eu accès à cette Vie que Dieu veut pour chacun de ses enfants. Il fait ce qu’il pense que son père attend de lui, sans en trouver le sens, si ce n’est celui de l’obéissance. C’est oublier que notre Père nous a créés libre.
Jésus a dit : je ne suis pas venu abolir la loi, je suis venu l’accomplir…
Le fils aîné, c’est un peu chacun de nous, nous faisons de notre mieux, en oubliant que nous avons déjà tout. Tout nous a été donné : ce qui est lui est à nous !
> Cette semaine, continuons d’être au service de notre Père, pour sa Gloire et non pas pure obéissance…

3e dimanche de carême – C

« Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas. » Luc 13, 9

> Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus explique d’une certaine manière l’égalité face à la mort. Celui qui meurt dans un accident de la chute d’une tour ou bien celui sacrifié par les romains ne sont pas plus pêcheurs que les autres et ce n’est pas la foudre divine qui se serait abattue sur eux !

Mais Jésus nous dit par deux fois en 9 versets : « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ». Il y a donc une chose importante. Se convertir car nous ne savons ni le jour ni l’heure de notre passage au royaume de Dieu.

Sommes-nous victimes du manque d’informations ? Non car le maître a été convaincu par le vigneron de le laisser essayer à nouveau de prendre soin du figuier qui ne donne pas de fruits. Mais s’il n’en donne pas, il sera coupé.

Alors profitons de cette semaine pour nous rappeler notre entrée en Carême : Convertissez-vous et croyez en l’Evangile ; et même : Tu es poussière et tu retourneras à la poussière.

2e dimanche du Carême – C

« Pendant que Jésus priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante. » (Lc 9, 29)

> Sur cette montagne avec Jésus, les disciples découvrent quelque chose d’inattendu. En cet homme Jésus se donne à voir la lumière de Dieu. Il est celui qui récapitule la loi (Moïse) et les prophètes (Elie). Il y aura la croix, comme il y a nos chemins de souffrances. Il y aura l’impuissance et la fragilité, comme ces situations de vie que nous connaissons. Mais toute la réalité n’est pas contenue dans ce que nous croyons voir de notre quotidien. 

Il y a, derrière, cette lumière qui est celle de Dieu. Le récit de la Transfiguration de Jésus nous invite à voir plus large. De la même manière que derrière les rides d’une personne âgée se raconte toute une vie d’une richesse stupéfiante et unique. Que derrière un acte fautif et regrettable se cache la complexité d’une existence faite de joies et de souffrances, de passions, de rire, d’interrogations, de nuits sans sommeil… 

Nous cheminons dans nos existences. Et les montagnes sur lesquelles nous montons ne sont jamais évidentes. Elles peuvent être le signe d’un changement: un Dieu qui vient nous rencontrer autrement, ailleurs, qui ouvre des perspectives nouvelles. 

La vie est complexe, nos choix sont complexes, mais le Dieu vivant se donne à découvrir toujours à nouveau, et parfois cela nous transforme profondément. Comme les disciples, quand sa lumière vient nous éclairer… Comme nous, lorsque nous acceptons de lâcher ce que nous croyons posséder ou savoir, et goûtons une vie nouvelle.

1er dimanche de carême – C

« Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (Luc 4, 12)

>Il y a bien des manières de mettre Dieu à l’épreuve. Qu’on pense par exemple aux dix plaies d’Egypte où Pharaon refuse de laisser partir le peuple d’Israël malgré ce qui s’abat sur son pays. Il refuse de croire à la puissance de Dieu et ce n’est qu’avec le mort de son fils et des aînés de son peuple qu’il finira par plier. Cet épisode chargé de violence et du coup un peu mystérieux et effrayant est l’un des nombreux passages bibliques où l’homme met à l’épreuve le Seigneur. Jamais il n’en sort gagnant.

Mettre à l’épreuve Dieu peut se manifester de nombreuses manières et nous l’avons certainement tous déjà fait. C’est tester sa puissance par le biais de nos petits prismes humains. C’est vouloir le forcer à rentrer dans nos cadres, et répondre à nos propres désirs. Ca peut être en refusant délibérément de suivre ses commandements. On se dit alors : on verra bien ce qu’il m’arrive ou encore : ce n’est pas si important. Ca peut aussi être d’exiger de Dieu qu’il se manifeste selon la vision étriquée que nous avons de lui ; par exemple en lui demandant de réaliser tel exploit pour nous conditionnant ainsi notre foi ou notre déférence envers lui.

Mettre Dieu à l’épreuve, c’est toujours oublier de se mettre humblement à son écoute, tentant de discerner le dessein qu’il a pour nous. Car la puissance de Dieu se manifeste de mille manières et vouloir le soumettre à nos chantages ne peut que nous rendre perdants même si, parfois, on peut mettre du temps à s’en rendre compte…

En ce début de Carême, essayons de détecter dans nos vies tous les moments où nous mettons Dieu à l’épreuve, où nous l’instrumentalisons en oubliant de regarder plus loin que le bout de notre nez. Abandonner ces tentations nous rapprochera inévitablement du vrai visage de Dieu.

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

Jésus disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Marc 14,36)

> C’est la fête des Rameaux : l’entrée de Jésus dans Jérusalem pour y être jugé. Ce Dimanche, l’Évangile parcours tout le texte de la passion de Jésus-Christ : deux chapitres entiers. C’est le défi : de tout ce que la Bible nous met à disposition, quel verset me parle aujourd’hui ? Il ne s’agit pas de le sortir de son contexte mais de le laisser nous habiter en sachant ce qu’il y a avant et après.

> À l’approche de sa mort, Jésus reconnaît que tout est possible pour son Père et lui demande d’empêcher cela. Quand surgit dans nos vie l’épreuve, l’injustice, ne voudrions-nous pas aussi que le Seigneur balaie de sa toute puissance la douleur qui nous accable ? Si le Père laisse mourir son Fils cela veut-il dire qu’il permet le mal et la mort ? Que si je souffre maintenant, c’est que le plan du Seigneur est plus grand que nous, qu’il dépasse notre entendement ? Si intellectuellement on pourrait être d’accord, c’est pourtant très difficile à accepter et à vivre sur le moment. Comme Jésus nous voudrions dire à Dieu « ce que toi tu veux ! » mais pour y arriver il nous faut être entourés et portés par l’Esprit de Dieu. Ce n’est pas une prière d’un instant, utilisée comme une formule magique. Dans ce passage, Jésus est en train de prier depuis plusieurs heures, à l’écart, avec les disciples – qui certes se sont endormis – mais qui sont là !

> Dans l’épreuve et la douleur, n’oublions pas que Jésus a aussi guéri. Le Père, « Abba », par son Fils Jésus n’a pas fini de prendre soin de nous et, Il l’a promis, Il nous envoie son Esprit pour nous protéger. Si nous passons par une période de vie où les difficultés semblent s’éterniser, ne restons pas seul, entourons-nous de nos proches ou d’une communauté et ensemble osons prier l’Esprit pour qu’il nous donne la foi qui sauve et la confiance que quelque chose de bon germera, même si c’est seulement après plusieurs années… Oui c’est facile à dire, mais que le Seigneur vous bénisse, c’est-à-dire, qu’Il dise du bien de vous. Et quand Dieu parle, il créé la vie !

Dimanche 25 mars 2018 – Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

5e dimanche de carême – B

« En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque » (Jean 12, 20)

> Jésus vient d’arriver à Jérusalem pour la Pâque accueilli par une grande foule. Dans cette foule, de nombreux juifs pratiquants mais également des étrangers. Les Grecs sont dans la Bible considérés comme païens mais qui acceptaient la croyance en un Dieu unique et suivaient les différentes exigences morales.

Les Grecs demandent à Philippe de voir Jésus. Ils ont surement eu vent de la foule qui l’avait acclamé. Nous avons tous été de temps à autre les Grecs et Philippe. Nous avons eu besoin d’être accueillis et d’être conduits vers le Christ. Peut-être même aujourd’hui où je sens que je m’éloigne de Dieu, nous avons besoin de témoins comme Philippe pour nous guider. Mais à nous aussi d’être les témoins pour nos frères qui sont en attente du Christ ou qui ne le connaissent pas encore !

Prenons du temps cette semaine pour penser à tous ceux qui dans nos vies ont tenu le rôle de Philippe et nous ont amenés jusqu’au Christ. Prenons également le temps de prier dans notre Eglise universelle pour tous nos frères que nous avons à notre tour à accueillir et à leur faire rencontrer le Christ.

4e dimanche du Carême – année B

« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17)

>La tradition de l’Eglise propose comme une pause joyeuse au coeur du Carême le quatrième dimanche, dit « Laetare »: « Réjouis-toi ». Ce n’est pas une simple respiration dans un chemin de repentance. Mais plutôt un rappel fondamental: le geste de Dieu en Christ est un geste de salut et non de jugement.

Nous sommes prompts à examiner nos vies et culpabiliser face à tout ce qui dysfonctionne ou n’est pas à la hauteur de nos souhaits. Jusqu’à faire de nos regrets, déceptions, hontes ou ombres le centre de nos préoccupations. Mais cet examen n’est utile qu’à condition qu’il amène davantage de vie. Le but, c’est le salut, et non la mortification. Etre à nouveau réconcilié, complet, et non se fragmenter encore davantage.

Au coeur du Carême, la Parole du Christ nous rappelle l’essentiel: recevoir le salut. Tout l’être de Dieu va dans cette direction: non pas ce qui juge, mais ce qui sauve. Ce n’est pas le jugement qui sauve, mais l’amour.

Et si nous saisissions l’occasion de relire notre propre vie sous cet angle-là? Quitter le regard de jugement à notre propre égard, pour considérer nos ombres comme autant d’occasion de croissance et de trouver une identité plus complète? Nous rejoindrions alors ce que propose le père Jean Monbourquette: cheminer non pas en jugeant ou repoussant nos ombres, mais en les apprivoisant pour guérir notre identité éclatée. Et peut-être alors mieux entrer en communion avec ces autres qui sont mes semblables. Et avec ce Dieu qui ne me juge pas mais me sauve.

3e dimanche de carême – année B

« Il fit un fouet avec des cordes et chassa tous [les marchands] du Temple. » (Jn 2,15)

> On est toujours surpris par ce passage d’évangile qui met en scène de la violence. Pourtant Jésus n’est pas du genre à caresser ses interlocuteurs dans le sens du poil. Est ce qu’il n’y a pas une forme de violence dans le fait de forcer un paralytique à marcher ? Un aveugle à voir ? D’ordonner à des hommes de quitter leur famille pour le suivre ? A d’autres de tout vendre pour faire de même ? L’évangile est rempli de cette violence qu’on lit comme bonne en adhérant au message du Christ.

Pour les marchands du Temple c’est pareil. Cette violence si semblable à celle dont nous usons pour de mauvaises raisons dans nos humaines vies quotidiennes veut nous amener encore et toujours à un choix radical : on ne peut servir qu’un seul maître, Dieu. Et son Fils aura essayé par toute sa personne de nous en convaincre. Nous avons grandement besoin qu’on nous questionne violemment sur notre rapport à l’argent par exemple… Est-il toujours compatible avec notre foi ? Et d’après les gestes de Jésus, ce n’est pas un point négociable.

Et cette semaine, si nous nous interrogions sur ces lieux de notre vie où la violence aurait une saine place pour nous pousser à abandonner radicalement des attitudes incompatibles avec l’Evangile?

2ème Dimanche de Carême — B

« Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. » (Marc 9, 5-6)

> Pierre, ce fidèle disciple, ce roc toujours prompt à agir, devant l’apparition onirique du Christ transfiguré, ne sait plus quoi dire. Il cherche à agir, mais ne comprend pas. Il est effrayé.

Le carême est un « temps mort » pour la vie qui nous offre cette possibilité de la prise de distance et du silence. Au lieu de nous perdre dans notre société du trop plein ou dans l’activisme comme Pierre ici, si nous essayions pendant le carême de nous mettre à l’écart, sur une haute montagne par exemple, et de faire silence ? Peut-être alors entendrons-nous une parole d’amour invitant à la confiance telle que : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Ecoutons-le, dans le calme et la confiance, comme le dit le prophète Esaïe : « Votre salut est dans la conversion et le repos, votre force est dans le calme et la confiance. » (Es 30,15)