Dimanche des Rameaux – B – 24 mars 2024

« On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu. »

(Marc 14, 51-52)

> Dans ce passage de la Passion du Seigneur, un jeune homme suit Jésus, n’ayant pour tout vêtement qu’un drap. Lorsqu’on essaie de l’arrêter, il lâche le drap et s’enfuit tout nu. Cette image de l’homme nu pourrait symboliser la honte que pouvait ressentir ce jeune homme, il a eu peur d’affirmer sa foi face à ceux qui cherchent à arrêter Jésus – en on peut le comprendre ! Dans le récit de la Passion de ce dimanche, Jésus est arrêté et abandonné par ses disciples, il est seul face à ses accusateurs. Mais il accepte de faire la volonté de son Père et de se sacrifier pour le salut de tous les hommes.

> Cette semaine, souvenons-nous que nous pouvons parfois nous sentir vulnérables face aux épreuves et aux tentations que nous rencontrons dans l’affirmation de notre foi, en particulier dans une société qui semble de plus en plus jugeante et méfiante envers les religions. Dans ces moments-là, n’ayons pas peur de nous tourner vers Jésus, qui a lui-même connu la souffrance et l’abandon – raison de plus pour nous de tenir bon, de rester fidèles et de prier avec persévérance. Prions également pour ceux qui sont persécutés pour leur foi dans le monde entier. Le Seigneur nous bénisse et encourage dans notre fidélité à Jésus. Soyons fiers de proclamer notre foi en lui, et prêts à témoigner de son amour dans notre vie quotidienne, même si cela peut être difficile. Amen

5e dimanche de Carême – B – 17 mars 2024

« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Jean 12,24

> Jésus dit cette phrase à Philippe et André, alors qu’ils sont juste venus lui dire que des grecs veulent le voir… Jésus serait-il hors-sujet ?

Non, bien sûr ! Voir Jésus, c’est voir celui qui va vaincre la mort et en faire un simple passage pour nous tous. Or tout est sous nos yeux pour le comprendre : le cycle des saisons nous montre une nature qui meurt en hiver avant de ressusciter au printemps.

Dans les beaux jours qui arrivent, sachons reconnaître la résurrection en train d’agir et contemplons notre résurrection future !

4e Dimanche de Carême – B – 10 mars 2024

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Jean 3,16 (14-21)
Eglise catholique de Bex. Œuvre de Madeline Diener

> Nous sommes témoins de la rencontre nocturne entre Jésus et Nicodème, homme qui réfléchit et cherche des réponses. Jésus lui trace comme un grand survol du dessein de salut qui va s’accomplir en sa personne. II prend de la hauteur en parlant de lui-même (à la 3ème personne) comme « fils de l’Homme » ouvrant déjà la perspective de l’accomplissement final. Mais avant cela, il faut que ce fils de l’Homme soit élevé, comme le fut le serpent de bronze en instrument de salut et signe de pardon. Jésus utilise une image qui est familière à son interlocuteur, et qui lui parle de la miséricorde de Dieu. Cette miséricorde qui, en Jésus, renonce à juger le monde, et ne pense qu’à le sauver.
> Nous avons encore quelque retard à rattraper, nous qui nous plaisons à refaire le monde, autour d’une tasse de café ; et ceci sans nous gêner d’accuser ceux que nous jugeons responsable de ce qui va mal. – Prenons donc aussi de la hauteur ; levons les yeux vers le crucifié qui, par son pardon jusqu’au bout, nous signifie que désormais nos jugements sont caducs et qu’il n’y a qu’un seul pour refaire le monde – et qui s’y entend : Notre Dieu qui a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.

3e dimanche de carême – B – 3 mars 2024

« Il les chassa tous du Temple »

Jean 2,15

>Jésus chassant les marchands du temple…quelle sainte colère!

Pour les colériques: n’oubliez pas que parfois cette émotion est bien utile, par exemple pour identifier un gros conflit de valeurs et mettre une limite à des attitudes qui nous blessent.

Bien sûr que c’est plutôt dans le calme et la confiance que sera notre force (Esaïe 30.15)… mais entrainons-nous à remettre dans la prière un discernement juste, pour savoir comment traduire notre zèle en action claire et percutante au besoin!

2e dimanche de Carême – B – 25 février 2024

« …les disciples ne virent plus que Jésus seul. »

Marc 9, 8

HALLUCINATION

> Pierre, Jacques et Jean partagent une expérience qui est proche de l’hallucination, ce phénomène psychique par lequel un sujet en état de veille éprouve des perceptions sans qu’aucun objet extérieur les fasse naître. Au cours d’une promenade qui les mènent sur une haute montagne, en compagnie de leur ami Jésus, voilà que la lumière se fait éblouissante, si forte que rien n’est plus perçu comme avant. La lumière lave plus blanc que blanc. Deux personnages importants dans l’histoire des juifs font leur apparition : Moïse et Elie. Comment les ont-ils reconnus ? Certainement pas d’après leur photo d’identité ! Peut-être en raison des propos que ces deux tiennent avec Jésus.

Les trois gaillards (hommes pleins de vigueur, de force et de santé) paniquent, Pierre propose à Jésus qu’ils s’installent tous là. Signe que ces trois perdent leurs moyens ! Où trouveraient-ils le matériel de « camping » ? Comble de l’histoire : une nuée parlante les couvrent, leur intimant l’ordre d’écouter le Fils bien-aimé. Ce Jésus qu’ils croyaient connaître leur tient des propos qu’ils ne comprennent pas, en particulier quand il parle de résurrection !

Cet événement semble vouloir mettre en lumière le fait que nous croyons connaître, savoir ou avoir saisi. Comme celle des disciples, notre compréhension est partielle. La sainteté de Dieu et sa puissance (capable de faire apparaître des morts) se montrent de manière fugace. Elles bousculent nos fondements, remettent nos certitudes, nos savoirs en question. Mais, heureusement, Jésus est celui qui demeure auprès de nous quand tout est ébranlé. Ne voyons plus que Jésus seul et gardons les yeux fixés sur Lui qui nous a ouvert le chemin de la foi (Hébreux 12, 2)

1er dimanche de Carême – B – 18 février 2024

« Aussitôt l’Esprit le pousse au désert »

Marc 1,12

> « Aussitôt » : ce petit mot se trouve 42 fois dans l’Évangile de Marc, 11 fois dans son premier chapitre. « Aussitôt » : un mot qui signifie bien sûr l’enchaînement des actions, ici en l’occurrence le baptême de Jésus (Mc 1,9-11) suivi du désert (Mc 1,12-15), suivi de l’appel des disciples (Mc 1,14-20), suivi de l’enseignement à Capharnaüm, (Mc 1,21-28), etc. Mais plus en profondeur, ce petit mot « aussitôt » signifie l’impératif, l’urgence de telle ou telle action. L’impératif de passer par le désert avant de débuter le ministère, d’appeler les disciples et d’enseigner. L’urgence de suivre le Christ et de répandre la Bonne Nouvelle.

Le désert est donc pour Jésus un impératif. Pas moyen d’en faire l’économie. C’est d’ailleurs l’Esprit, celui-là même qui est descendu sur Jésus au baptême, qui le pousse violemment au désert, qui l’y jette. Nous pouvons imaginer que Jésus aurait préféré l’éviter, mais le désert est un impératif : sa vocation va se forger au creuset du désert, des tentations et de la solitude.

Bien souvent nous aussi nous préférerions éviter les déserts de notre vie, éviter les tentations, éviter la solitude. Mais nous y sommes jetés, comme Jésus. Aussitôt. Depuis mercredi, nous avons débuté ce temps de désert, de préparation, qu’est le carême. Un temps d’arrêt impératif, nécessaire, qui dit l’urgence pour chacune et chacun d’aller au désert, nous aussi, pour forger notre vocation de femme et d’homme au service de Dieu. Que ce temps de carême puisse être un temps de désert fécond pour chacune et chacun !

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur — A — 2 avril 2023

« Cette nuit, je serai pour vous tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »

Matthieu 26.31
(retable de Tauberbischofsheim du peintre Mathis Gothart-Nithart)

> Voilà le programme… Mes yeux se fixent une fois encore sur cette croix qui est notre horizon pour la semaine sainte à venir (avant la Résurrection!). Comme il serait simple d’en faire l’économie! Jésus est mort, Il est ressuscité, y a pas de mystère là-dedans… Mais non: il a souffert, de longues heures, et la croix ploie encore aujourd’hui sous le poids de cette souffrance que le monde porte en miroir, occasion de chute même deux mille ans après. Comme j’aimerais zapper ces instants de douleur, les tiens, les miens, ceux de ceux que j’accompagne!
> Mais Tu me redis: « j’ai passé par là… Pour te tracer la voie, pour te précéder en Galilée, pays d’espérance et de relecture de ton histoire, mais pas comme un charlatan à bon marché qui te ferait croire que la guérison et la renaissance dépendent d’un claquement de doigts. Non…j’ai passé par là comme un frère en humanité de tous ceux qui souffrent. » Merci Seigneur pour cette réponse de chair à nos nombreux « Pourquoi? »

5e Dimanche de Carême — A — 26 mars 2023

Il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! »

(Jn 11,1-45 )

> Au cours de ce long récit, nous voyons Jésus, en son humanité la plus profonde, confronté à la mort d’un ami, au deuil de personnes chères. Arrivé devant le tombeau de Lazare, une grotte fermée par une pierre, il pleure. « Voyez, comme il l’aimait », disent les gens. Et Jésus fait enlever la pierre. Priant son Père, le remerciant d’être exaucé, il lance son cri : « Lazare, viens dehors ! » Quand, le matin de Pâques, les femmes viendront visiter son tombeau, elles trouveront la pierre déjà roulée. La voix d’un Autre aura fait sortir le Fils bienaimé de son caveau où l’on ne trouvera plus que les bandelettes roulées à part.
> Deux récits, deux niveaux : que l’un et l’autre intensifie notre foi en Dieu, Source de vie ; que dans nos heures les plus sombres, nous entendions la voix forte du Christ qui nous invite à choisir la vie !

4e Dimanche de Carême — A — 19 mars 2023

« Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »Mais lui disait : « C’est bien moi. »

Jn 9,9

> L’aveugle de naissance, guéri par Jésus, provoque des réactions contrastées. Les uns le reconnaissent, les autres non. Formidable humour de l’Evangile : l’ancien aveugle voit bien, et ce sont les autres qui ont la vue brouillée sur son passage !C’est dans ce même passage, juste avant la guérison de l’aveugle, que Jésus dit de lui-même qu’il est la lumière du monde. Ceux qui voient les choses à travers la lumière qu’est Jésus reconnaissent l’ancien aveugle et croient au signe. Ceux qui refusent le miracle refusent que Jésus soit lumière du monde. Ils ne reconnaissent pas l’aveugle puisqu’ils s’enfoncent dans les ténèbres de leur propre jugement.
> A nous de regarder le monde à travers la lumière qu’est Jésus. Comme un vitrail aux mille couleurs, nous risquons de le voir plus beau qu’il n’est en réalité, quand la lumière ne le traverse pas. Quelle importance : nous le contemplons tel que Dieu le rêve. Et c’est un bel idéal que cette vision.

2e Dimanche de Carême — A — 5 mars 2023

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »

Mt 17,5

> Dans ce récit de la Transfiguration, Dieu se révèle. Par ces signes extraordinaires et mystérieux que sont la transfiguration du visage et des vêtements de Jésus, l’apparition de Moïse et Elie, et enfin la nuée, Dieu se donne mystérieusement à voir. Il s’offre à la contemplation de ses disciples « préférés ». Mais c’est de façon fugitive et éphémère. 

> Car le message que Dieu veut nous révéler ne se voit pas. Il s’écoute. « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi. Écoutez-le. » La voix qui retentit dans la nuée (autre manifestation de la présence de la présence de Dieu) dit exactement la même chose que celle qui avait été entendue lors de son baptême (Mt 3,17)… en ajoutant toutefois ces mots : « Ecoutez-le ! »

> Oui, pour ce temps de carême tout particulièrement, écoutons-le.
Écoutons-le nous enseigner en paroles et actes, tels que relatés dans les évangiles. 
Écoutons-le quand il nous dit de nous relever et de ne pas avoir peur, alors que lui est en train d’annoncer sa passion. 
Écoutons-le quand il vous dit que le plus grand commandement, c’est d’aimer Dieu et notre prochain. 
Écoutons-le quand il nous parle de pardon, de guérison et nous appelle à changer de vie. 
Écoutons-le dans la prière au plus intime de notre cœur. 
Écoutons-le, comme le peuple d’Israël dans le désert : « Écoute, Israël : Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. » (Dt 6,4)