2e dimanche du Carême – C

« Pendant que Jésus priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante. » (Lc 9, 29)

> Sur cette montagne avec Jésus, les disciples découvrent quelque chose d’inattendu. En cet homme Jésus se donne à voir la lumière de Dieu. Il est celui qui récapitule la loi (Moïse) et les prophètes (Elie). Il y aura la croix, comme il y a nos chemins de souffrances. Il y aura l’impuissance et la fragilité, comme ces situations de vie que nous connaissons. Mais toute la réalité n’est pas contenue dans ce que nous croyons voir de notre quotidien. 

Il y a, derrière, cette lumière qui est celle de Dieu. Le récit de la Transfiguration de Jésus nous invite à voir plus large. De la même manière que derrière les rides d’une personne âgée se raconte toute une vie d’une richesse stupéfiante et unique. Que derrière un acte fautif et regrettable se cache la complexité d’une existence faite de joies et de souffrances, de passions, de rire, d’interrogations, de nuits sans sommeil… 

Nous cheminons dans nos existences. Et les montagnes sur lesquelles nous montons ne sont jamais évidentes. Elles peuvent être le signe d’un changement: un Dieu qui vient nous rencontrer autrement, ailleurs, qui ouvre des perspectives nouvelles. 

La vie est complexe, nos choix sont complexes, mais le Dieu vivant se donne à découvrir toujours à nouveau, et parfois cela nous transforme profondément. Comme les disciples, quand sa lumière vient nous éclairer… Comme nous, lorsque nous acceptons de lâcher ce que nous croyons posséder ou savoir, et goûtons une vie nouvelle.

1er dimanche de carême – C

« Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (Luc 4, 12)

>Il y a bien des manières de mettre Dieu à l’épreuve. Qu’on pense par exemple aux dix plaies d’Egypte où Pharaon refuse de laisser partir le peuple d’Israël malgré ce qui s’abat sur son pays. Il refuse de croire à la puissance de Dieu et ce n’est qu’avec le mort de son fils et des aînés de son peuple qu’il finira par plier. Cet épisode chargé de violence et du coup un peu mystérieux et effrayant est l’un des nombreux passages bibliques où l’homme met à l’épreuve le Seigneur. Jamais il n’en sort gagnant.

Mettre à l’épreuve Dieu peut se manifester de nombreuses manières et nous l’avons certainement tous déjà fait. C’est tester sa puissance par le biais de nos petits prismes humains. C’est vouloir le forcer à rentrer dans nos cadres, et répondre à nos propres désirs. Ca peut être en refusant délibérément de suivre ses commandements. On se dit alors : on verra bien ce qu’il m’arrive ou encore : ce n’est pas si important. Ca peut aussi être d’exiger de Dieu qu’il se manifeste selon la vision étriquée que nous avons de lui ; par exemple en lui demandant de réaliser tel exploit pour nous conditionnant ainsi notre foi ou notre déférence envers lui.

Mettre Dieu à l’épreuve, c’est toujours oublier de se mettre humblement à son écoute, tentant de discerner le dessein qu’il a pour nous. Car la puissance de Dieu se manifeste de mille manières et vouloir le soumettre à nos chantages ne peut que nous rendre perdants même si, parfois, on peut mettre du temps à s’en rendre compte…

En ce début de Carême, essayons de détecter dans nos vies tous les moments où nous mettons Dieu à l’épreuve, où nous l’instrumentalisons en oubliant de regarder plus loin que le bout de notre nez. Abandonner ces tentations nous rapprochera inévitablement du vrai visage de Dieu.

8e dimanche du temps ordinaire – C

« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? (…) Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère, alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? (…) Un bon arbre ne donne pas de fruit pourri ; jamais non plus un arbre qui pourrit ne donne de bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît à son fruit. » (Luc 6, 39.41.43-44a).

> Avec ces mini-paraboles, Jésus veut interpeler ses disciples surleur regard : quel regard ont-ils sur eux-mêmes, sur les autres et sur les fruits de leur vie ?

Ces questions nous sont posées aujourd’hui encore : quel regard – critique ou bienveillant – puis-je poser sur moi-même, sur les autres, ou sur les fruits de ma vie ?

Je vois dans ce passage un appel au discernement, individuel et communautaire, avec une grande humilité. Pour éviter de devenir imbu de soi-même, aveugle aux autres et à leurs fruits. Car le regard peut être ambigu, comme le montre Blaise Menu (Lire & Dire n°96): « bienveillant ou toxique, le regard conditionne mon rapport aux autres. Dès lors, où se situe la bienveillance du regard, et qu’est-ce que j’en fais ? »

Une question qui se pose à chacun de nous aujourd’hui, avec l’exemple de cette petite histoire :

Un étranger arrive à la porte d’une ville, où se tient un mendiant. Avant d’entrer,
il demande à celui-ci:
– Comment sont les gens de cette ville ?
– Et chez toi, comment les gens étaient-ils ? lui réplique le mendiant.
– Oh, ils étaient méchants, stupides et égoïstes !
– Eh bien tu trouveras les mêmes ici, répond le mendiant.
Arrive un second étranger, qui pose la même question au mendiant.
– Et chez toi, comment les gens étaient-ils ?
– Ah, ils étaient bons, généreux… accueillants !
– Eh bien tu trouveras les mêmes ici, répond le mendiant.
Un gosse qui se trouvait là apostrophe le mendiant:
– J’ai tout entendu ! Tu as menti : à l’un tu as dit une chose, et à l’autre son
contraire !
– Pas du tout, je n’ai pas menti ! se défend le mendiant. Mais c’est le regard
que nous portons sur les autres qui détermine leur comportement. Les gens
agissent avec vous comme nous agissons avec eux.
(sur www.celebrer.ch, tirée d’une prédication d’Alain Wimmer, 2000)

Cette semaine, et si j’essayais de discerner, avec humilité, le regard – bienveillant ou critique – que je pose sur ceux qui m’entourent, sur moi-même et sur Dieu ? Discerner les fruits dans ma vie ? Car de mon regard dépend ma façon d’être dans le monde. Alors regarde, regarde un peu… ton regard !

7ème dimanche du temps ordinaire – C

 » Aimez vos ennemis,  faites du bien à ceux qui vous haïssent,
bénissez ceux qui vous maudissent,  priez pour ceux qui vous insultent.  »  (Luc 6, 27-28)

> Voici quatre impératifs qui, pour le moins nous dérangent… Jésus semble réclamer de nous une performance spirituelle, une attitude héroïque, dont nous ne nous sentons pas capables. Est-ce que l’amour se commande ?

Moi, mes ennemis, je cherche plutôt à les éviter, pour ne pas entrer une fois de plus dans la confrontation ! De là à les aimer ?

Mais est-ce que Jésus parle de la même chose que moi quand il dit aimer ? Aujourd’hui, je me sens trébucher entre ce que moi je comprends de l’amour comme un sentiment fort, un élan, une passion totale… et ce que Jésus a montré en restant pleinement digne face à ses bourreaux, en ne répondant pas aux insultes et en murmurant sur la Croix: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font »…

Je me sens écartelée entre un amour de l’autre qui me fait au fond l’honneur de m’aimer moi-même dans le plaisir du miroir qu’il me tend… et un amour bien plus de l’ordre de l’exercice spirituel, puisque l’amour dont parlent ces versets, c’est l’amour de Dieu qui triomphe en moi. Et qui me promet, dit Jésus  » d’être fils/fille du Très-Haut « .

Seigneur,
donne-moi un cœur nouveau :
donne-moi de t’imiter
lorsque tu désamorces les spirales de la violence
en aimant même ceux qui t’insultent et t’écrasent
Dans la communion avec ta vie,
apprends-moi à préserver mon humanité,
ma qualité de fils/fille du Très-Haut
qui aime comme toi tu as su aimer.
Amen

6e dimanche du temps ordinaire – C

« Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. » (Luc 6,21)
> Autant être franc, au départ je me sentais mal à l’aise avec ce texte, et ne savais pas quel verset de l’Évangile de ce dimanche choisir. Je ne voulais pas voir dans ce texte une invitation au dolorisme, une incessante incitation masochiste à choisir d’être humilié, froissé, pauvre afin de pouvoir recevoir part à la grâce et se laisser combler par le Seigneur. Et puis j’y ai repensé, plusieurs fois. Après tout, il ne s’agit pas d’un contrat du type « vous devez d’abord pleurer pour pouvoir rire ensuite ». Ce serait ingrat et faire fi de ce que nous avons appris de Jésus lors des passages précédents alors qu’Il a pris soin de guérir tant de malades. Non, cet enseignement que Jésus fait à une grande foule est une promesse faites à celles et ceux qui aujourd’hui sons affligés : cela ne va pas durer ! Le Christ comble au-delà de ce que les humains ne pourront jamais faire. C’est pour cela que l’inverse est vrai aussi : parce que justement nous ne sommes pas éternellement fiables, celles et ceux qui rient aujourd’hui parce que reconnus et « riches » risquent un jour de passer par des déceptions et tomber de haut.
 
> Cette semaine, soyons reconnaissants et louons le Seigneur pour ses bienfaits et prions qu’il vienne rejoindre les personnes qui ont besoin d’être consolés afin qu’ils puissent tenir bon dans l’espérance. Cela passe par nous aussi, soyons attentif à celles et ceux qui autour de nous pourraient bénéficier de nos sourires, mains qui relèvent et regards qui aiment.

5e dimanche du temps ordinaire – C

« Laissant tout, ils le suivirent» (Lc 5, 1-11)

> Jésus vient dans nos vies de différentes manières. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus monte dans la barque de Simon alors que les pêcheurs étaient en train de tout ranger et tout nettoyer. Imaginons-nous dans notre foyer à faire le ménage et un ami arrive et s’installe dans le canapé ! Nous serions assez surpris.

Mais Jésus vient dans notre vie souvent de manière inadéquate. Comment Dieu serait comme ça ? Non. C’est nous qui sommes pris au dépourvu.

Le mois de janvier vient de se finir et souvent nos bonnes résolutions sont déjà oubliées. Alors profitons de cette semaine pour voir ce qui nous retient et nous empêche de nous rapprocher du Seigneur qui a déjà embarqué sur la barque de notre vie.

4e dimanche ordinaire – C

« Aucun prophète ne trouve accueil dans sa patrie. » (Luc 4, 24)
 
> Christ nous invite à être des témoins. Mais à son image, nous sommes parfois mal accueillis dans notre patrie. Qu’en est-il de notre patrie intérieure, là où parfois tant d’élans vont à l’encontre de ce que nous croyons et font résistance au Christ et à la place qu’il pourrait prendre?
 
A l’image du Christ, nous pouvons leur tourner le dos pour aller de l’avant. Sans pour autant les faire disparaitre, nous pouvons décider de ne plus les laisser influencer notre relation avec Christ et ainsi vivre pleinement dans son amour.
 
Nous pouvons aussi renoncer à nos « je sais déjà qui est Jésus… » ou « je sans déjà comment je fonctionne » pour ne plus ressembler à ces gens de Nazareth qui ne reconnaissent pas en Jésus leurs sauveur.
 
Et ainsi osons nous mettre en route vers du neuf, de l’inattendu, une vie nouvelle et à chaque instant de chaque jour décider de regarder notre vie avec les yeux du Christ.

3e dimanche du temps ordinaire – C

« C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. » Luc 1, 1-4

> Ce commencement de l’Evangile de Luc est particulièrement intéressant car il parle du projet qu’est l’écriture de cet Évangile et des raisons pour lesquelles Luc, lui aussi, va se mettre à raconter précisément la vie de Jésus.

Il s’adresse à Théophile, un jeune homme qui pourrait être n’importe lequel d’entre nous, celui qui se met attentivement à l’écoute de la Parole.

Mais ce qui est particulièrement intéressant dans ce prologue, c’est la façon dont Luc insiste sur sa méthodologie. Comme une enquête, on est plongé dans la richesse du travail littéraire effectué et l’investissement tout entier de l’auteur qui fait dans cet Évangile un acte de foi et qui veut offrir à ceux qui suivront Jesus un témoignage sûr et vérifié, construit à partir de sources. C’est cette solidité des enseignements qui permet au lecteur de placer sa confiance dans ce texte qui va suivre.

Et ce livre, 2000 ans après, est encore lu, travaillé, médité, décortiqué, par les Chrétiens à travers le monde.

Cette semaine, prends un peu de temps pour mesurer concrètement la façon dont les évangiles nous sont parvenus : ils ont été écrits par des hommes qui racontent ce qu’ils ont vu ou entendu et veulent nous transmettre cette découverte qui les fait vivre. Accepte et assimile ce cadeau vieux de 2000 ans et toujours éminemment actuel qui t’est fait…

2e dimanche du temps ordinaire – C

Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. » (Jn 2,7-8)

> Le miracle de Cana montre encore une fois que Jésus, le Christ, notre Seigneur, n’a pas d’autres mains que les nôtres pour agir sur terre et apporter le vin de la Bonne Nouvelle autour de nous.

Dans ce passage, Jésus donne ses instructions aux serviteurs, mais lui que fait-il ? Rien. Il ne fait rien. Il laisse la place aux serviteurs.

Et nous ? Que faisons-nous dans notre vie pour nous mettre à son service ? Jésus nous appelle chacune, chacun à la servir. Avec ses paroles, avec la Parole qu’est la Bible, nous pouvons nous laisser toucher par les instructions du Christ à notre égard. Chacune, chacun peut le servir avec ses charismes, ses dons, pour agir concrètement sur cette terre pour que le monde puisse voir ses miracles, ceux de la Bonne Nouvelle en son nom.

Remplir. Jusqu’au bord. Puis puiser. Porter. Faire goûter. Des actes à la portée de chacune, chacun.

En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, que Dieu nous bénisse dans ces actions qui visent au rayonnement de l’Evangile, ce vin de la fête pour tous ! Qu’il nous guide, pour que se réalise la prière de Jésus « que tous soient un, afin que le monde croie ! » (Jean 17, 21), Un autre miracle, celui de l’unité, appelé par le Pape François : https://www.youtube.com/watch?v=lcZEcIdK2ew.

Dimanche du baptême du Seigneur – C

« Tu es mon fils bien-aimé ; c’est en toi que j’ai pris plaisir » (Luc 3.22)

> Il y a des matins où pour chacun de nous aussi le ciel se déchire comme pour le baptême du Christ… Pouvons-nous alors entendre que Dieu prend plaisir à nous voir exister, nous réjouir et aussi lutter au quotidien? Car au beau milieu de ce récit de baptême, l’Evangile n’occulte pas l’emprisonnement de Jean le Baptiste…

Plaisir et peines de Dieu s’entremêlent comme dans ta vie peut-être ?

Aujourd’hui pourtant regardons avec discernement l’une de nos qualités et disons-nous que Dieu en éprouve lui aussi de la Joie!

Et que 2019 nous réserve une pleine escarcelle de ces moments de grâce !