2e dimanche de l’Avent – C – 5 décembre 2021

Voix de celui qui crie dans le désert !

(Luc 3, 4 citant Esaïe 40, 3)

> Dans ce verset il y a une notion d’urgence : on crie quand c’est vital, important et que l’on veut être entendu, soit parce que les destinataires sont loin du message, soit parce qu’ils sont dans le bruit. Notons au passage que s’il y a une voix, c’est que nous ne sommes pas seul dans les déserts qui semblent nous entourer parfois.
L’Évangile cite Esaïe/Isaïe : préparons la route pour que le Seigneur puisse intervenir dans nos vies. Il comble les vides (émotionnels ? existentiels ?). Il aplani les montagnes qui sont autant d’obstacles qui nous gâchent l’horizon, empêchant de voir ce qui est déjà là : le salut de Dieu !


>En ce 2ème dimanche de l’Avent, comme Jean Baptiste nous le propose, préparerons-nous à accueillir Jésus qui vient ! Soyez bénis sur le chemin vers Noël !

Dimanche du Christ-Roi – B – 21 novembre 2021

« Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci :
rendre témoignage à la vérité.
Quiconque appartient à la vérité
écoute ma voix. »

(Jn 18, 37)
Pour notre Roi
Nulle autre pourpre
Que celle de son sang,
Son précieux sang versé.
Voyez
Comment s’est dépouillée
Cette humble majesté.

Pour notre Roi
Nul autre règne
Que celui de l’amour
Vainqueur de nos péchés.
Voyez
Comment est exalté
Le Messie crucifié.
 
Frère Gilles

> A Pilate qui cherche à lui faire dire qu’il est roi, Jésus laisse entendre que sa royauté, « qui n’est pas de ce monde », a à voir avec la vérité. Plus exactement, et c’est important, avec le « témoignage à la vérité ». Dire que sa royauté, ou son royaume (c’est le même mot en grec), est apparenté à la vérité pourrait signifier que Jésus est venu démontrer, établir la vérité. Ce n’est pas ce qu’il dit à Pilate, mais : « je suis venu rendre témoignage à la vérité. » C’est très différent ! Une démonstration, une preuve s’impose. Un témoignage fait appel à la confiance que l’on fait au témoin. Pas plus qu’il ne recourt à des gardes qui empêcheraient qu’il soit livré aux Juifs, Jésus n’impose la vérité. Il en témoigne. Libre est celui qui l’entend d’accueillir ou non son témoignage.

> Faire confiance à un témoignage plutôt qu’être convaincu par une démonstration, suppose d’écouter la voix du témoin. « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix », dit Jésus. Ailleurs dans l’évangile de Jean, il est question d’écouter sa parole. L’attention se porte alors davantage sur le contenu proféré par cette parole. Ecouter la voix suggère quelque chose de beaucoup plus personnel, quelque chose de l’ordre de la confiance faite à celui qui parle. Faire confiance au témoin non seulement à cause de ce qu’il dit mais à cause de ce que nous percevons de lui à travers sa voix : cela sonne vrai ! 

> Pour écouter la voix de Jésus, pour reconnaître en lui « le témoin fiable et véritable » (Ap 3, 14) il faut « être de la vérité » (traduction de la TOB, plus proche du texte originel que celle de la liturgie qui traduit « appartenir à la vérité »). Etre de la vérité, comme on est d’un pays, d’une région. Etre de la vérité donne une connivence avec elle, qui fait reconnaître et écouter la voix de Jésus.

> Puissions-nous être de ce royaume, où la vérité est objet de témoignage plutôt que de démonstration. L’ultime témoignage de Jésus, manifestation de sa royauté, étant le don de sa vie.

Dimanche 15 août 2021

(Assomption de la Vierge Marie pour les catholiques)

« Tandis que Jésus parlait ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule, lui dit : Heureux le sein qui t’a porté ! heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! »

(Luc 11, 27)

GENRE ?
Deux mille ans après cet épisode de la vie de Jésus, dans une société qui se pose des questions de genre, il semble bien que la parole émise du milieu de la foule ne pût être prononcée que par une femme. Qui mieux qu’une femme connait le phénomène mystérieux de la gestation ? Aucune question ne peut être éludée, pas même celle du genre. Jésus ne l’esquiverait pas. Mais Jésus possède cet art suprême de replacer les choses dans le bon ordre. Ce qui importe par-dessus tout, c’est de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et de la mettre en pratique. Sans doute, si je me mets à l’écoute de mon Sauveur, serais-je éclairé sur bien des questions qui me préoccupent, fussent-elles celles du genre !

Dimanche de la Trinité – B – 30 mai 2021

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ! ».

Matthieu 28, 19

Voici donc l’origine biblique de cette exhortation que l’on connaît bien et à laquelle nous répondons volontiers « Amen ! ». Ce verset clôture l’Évangile de Matthieu, c’est l’avant-dernier verset. Jésus ressuscité retrouve ses onze disciples sur la montagne et les envoie dans le monde ! Le chapitre termine sur une ouverture au monde, ce n’est pas la fin. Jésus demande d’aller baptiser, de faire des disciples. C’est également ce qui nous est demandé à chaque fin de célébration lorsque nous recevons la bénédiction au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et ça marche ! C’est grâce au témoignage transmis depuis des générations que nous sommes aujourd’hui touché par la grâce du baptême. Cette semaine n’hésitons pas à parler de Lui et du lien qu’il désire crée avec nous !

En effet, par la trinité, Dieu est intrinsèquement relationnel, il nous cherche depuis l’aube de notre temps. « Adam, où es-tu ? ». C’est ça la bonne nouvelle que nous sommes appelés à proclamer : le Seigneur éternel tout-puissant, créateur du ciel et de la terre nous rejoint dans notre humanité. Dieu parmi nous, Emmanuel ! Il est 100% homme mais aussi 100% Dieu. Ce n’est pas explicable mathématiquement. Par sa résurrection il a anéanti la mort et nous donne son Esprit de consolation, de connaissance et de sagesse pour être « avec nous tous les jours et jusqu’à la fin des temps » comme le précise avec espoir le dernier verset du chapitre de Matthieu.

Ce beau mystère d’un Dieu unique en trois personne est fêté ce dimanche de la Sainte Trinité. Soyez trois fois bénis. Bon dimanche.

Dimanche de Pentecôte – 23 mai 2021 – B

« J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter maintenant…Quand l’Esprit viendra, il vous conduira dans toute la vérité. »

(Jean 16.12-13)

> J’aime comme Jésus, dans ce long adieu, laisse le temps au temps… et ménage ses disciples en les préparant à son départ! Toute vérité n’est pas bonne à entendre et surtout on ne peut pas être boulimique de la vérité, ce serait trop lourd à porter. C’est pourquoi Jésus promet à ses disciples cet Esprit, ce Consolateur pour être conduits progressivement dans le discernement.

Cet Esprit veut nous rencontrer tout spécialement dans les temps de remise en question et d’ajustement : te laisseras-tu inspirer ?

« J’ai voulu en découdre, connaître ta volonté
Tenir un souvenir
Comprendre tout de toi, t’attraper, te saisir
Mais l’Esprit m’a soufflé :
La vérité jamais ne tient dans un souvenir
Elle vibre de redire chaque jour qu’il est vivant
Tu ne saisiras rien
Ce qui est saisissant, c’est la mémoire du vent. »
(M. Muller-Colard)

Dimanche de Pâques – B – 4 avril 2021

« N’ayez pas peur. 
Vous cherchez Jésus de Nazareth, celui qui a été crucifié. 
Il est ressuscité. 
Il n’est pas ici ! Voici l’endroit où on l’avait déposé. »

Mc 16,6

> Un conte soufi relate l’histoire d’une veille dame cherchant ses clés, de nuit, sous un lampadaire dans la rue. A un passant qui lui demande où elle les a égarées, elle répond : « Je ne sais pas. Mais je cherche ici, parce qu’ici il y a de la lumière. » Et devant le rire du passant, la femme s’exclame : « Faites les malins, vous qui cherchez Dieu là il ne se trouve pas, dans les ténèbres. Vous feriez mieux de le chercher dans la lumière. »

> Dieu n’est pas dans la mort. Et trop souvent nous imaginons un Dieu qui rappelle à lui, qui fait mourir. Nous lui demandons des comptes pour telle ou telle mort subite. Erreur fatale : ce faisant nous cherchons Dieu là où il n’est pas, au tombeau. La mort c’est quelqu’un d’autre. Dieu, c’est la vie. Et la vie éternelle.

> A nous de chercher Dieu dans la lumière, désormais. Et d’annoncer au monde qu’il est ressuscité ! Joyeuses Pâques à Chacune et Chacun !

Dimanche des Rameaux – B – 28 mars 2021

« Ayant rompu le vase, elle répandit le parfum sur la tête de Jésus. »

Marc 14, 3

En mémoire d’elle

> Etrange histoire que celle-ci ! Deux jours avant la Pâque, Jésus séjourne à Béthanie qui signifie maison de l’affligé. Et c’est bien ce qu’est celui qui reçoit Jésus : un affligé. N’est-il pas lépreux ce Simon qui accueille Jésus dans sa maison ? Une maison où l’on entre comme dans un moulin. Pour preuve, cette femme qui s’invite à un repas où elle n’est pas conviée. D’où connaît-elle Jésus ? Comment sait-elle que Jésus est chez Simon ? N’a-t-elle pas peur d’entrer dans la maison d’un lépreux ?  Est-elle riche ? Est-elle tant aimée qu’elle ait reçu en cadeau un parfum de nard pur d’une très grande valeur ? Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez pas de réponse ! La femme est inconnue et son geste étonnamment ambigu, mêlant violence et douceur. La violence d’un vase brisé dont les morceaux tombent bruyamment sur le sol et la douceur des mains de la femme oignant la tête de Jésus de cette huile rare et capiteuse. Est-elle insensée ? Comment a-t-elle osé poser ses mains sur Jésus ? N’a-t-elle pas craint qu’Il la repousse ?

Et Lui, jusqu’à quand a-t-Il gardé en mémoire cette onction ? A la croix, portait-Il encore des effluves de cette odeur enivrante ? 

Outre le geste de la femme, la réflexion de Jésus qui prophétise qu’on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait est tout aussi incompréhensible. Il scelle le premier cénotaphe virtuel de l’histoire, un monument à une femme inconnue ! 

En me recueillant, je réalise que moi, illustre inconnu, je suis connu de Celui qui est la vie. Aurais-je le courage de cette femme ? Ne voudrais-je point offrir à Jésus ce que je crois être si précieux ?

Dimanche de l’Epiphanie – B – 3 janvier 2021

« Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était le petit enfant, elle s’y arrêta. »

Matthieu 2,9

Questions de déplacement

> De longue date, ce passage m’interpelle. Mes connaissances en mécanique céleste sont quasi nulles, et ce texte est un des plus abscons de la Bible. Comment est-il possible de repérer une étable à partir d’une étoile ? L’étoile la plus proche de la terre, Proxima du Centaure, se trouve à 4.2 année-lumière, soit 42 000 milliards de kilomètres. Son déplacement est imperceptible. Vue de la terre, elle est à l’aplomb de toute la Suisse (et bien davantage). Alors de là à imaginer qu’elle indique précisément un lieu entre Davos et Genève !

Ce texte m’invite à lâcher mes connaissances intellectuelles quand il s’agit de ma relation à Dieu. Le Seigneur ne dit-il pas : je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants (Matthieu 11, 25) ? Les mages devaient avoir une autre intelligence des choses célestes. Le récit qui nous occupe montre que nous devons aussi lâcher nos connaissances dans certaines situations. Ainsi, les mages ont-ils lâché leurs connaissances pour le retour dans leur pays ! Ils ont suivi un autre chemin. Car, divinement avertis – qui plus est en songe -, ils ont accepté que ces instructions soient celles qu’il leur fallait suivre, même si elles ne correspondaient pas au chemin traditionnel. Dieu s’occupe de nos déplacements qu’ils soient physiques ou intellectuels.

Au début de l’an de grâce 2021, faisons le choix de faire confiance en toutes choses à Celui qui conduit même les étoiles.

Dimanche 27 décembre 2020 – B – Sainte Famille

« Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu »

Luc 2,28

> Syméon prend l’enfant Jésus comme un cadeau. Il le reçoit, non comme on peut parfois se saisir d’un bien, mais il l’accueillie, avec reconnaissance. Lui l’homme avancé en âge qui attendait tant ce Sauveur qu’il ne pourrait pas voir la mort avant de l’avoir vu, a le cœur en joie : il bénit Dieu, en signe d’action de grâce et de confession de foi. Dans cet épisode, naissance et fin de vie terrestre se croisent, comme pour rappeler le sens de la vie.

La vie d’un bébé est toujours un miracle. Un cadeau de Dieu. Et cette naissance-ci va tout changer. En sommes-nous toujours conscients comme l’était Syméon ?

Prendre dans les bras ; recevoir un enfant ; bénir Dieu : des actions simples, pourtant pas toujours si simples dans ces temps covidés où l’on évite un maximum les contacts physiques. Pourtant l’Evangile de ce dimanche nous invite à nous réjouir pour la vie autour de nous, pour les vies des nouveau-nés, et en particulier pour la vie de cet enfant Jésus venu pour nous sauver ! Cette semaine, ouvrons nos yeux, comme Syméon, pour accueillir en cadeau les vies nouvelles autour de nous et tous les signes de vie qui les accompagnent. Et surtout, n’oublions pas… de bénir Dieu !

Bénis Dieu, mon âme !

31e dimanche du temps ordinaire – Toussaint – Dimanche 1er novembre 2020

« Heureux… »

Mt 5,3…

> Il y a quelque chose de solennel dans les premiers mots de l’Evangile de ce dimanche. La précision du déroulement invite à se représenter la scène : Jésus gravit la montagne, s’assied, les disciples s’approchent. Puis une insistance, « ouvrir la bouche, enseigner », qui met en valeur l’acte de parole de Jésus. Il ouvre la bouche pour un long discours, trois chapitres, dans lequel il déploie les harmoniques du bonheur annoncé par les premiers versets.

Jésus ouvre la bouche, il nous faut ouvrir les oreilles. C’est d’ailleurs ce à quoi il invite à la fin de son enseignement : « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique… » (7, 24) Le bonheur que Jésus promet est à « mettre en pratique », littéralement « à faire ». Un bonheur à construire, à cultiver. Si les béatitudes sont à pratiquer c’est que le bonheur qu’elles promettent n’a rien à voir avec celui que vantent les agences de voyage : sable fin, mer bleue et cocotiers… Il ne dépend pas des circonstances et des conditions extérieures. Christiane Singer va même jusqu’à parler d’un(e) bon(ne) heur(e) de mélancolie. « C’est un(e) bon(ne) heur(e) parce que je la soulève dans mes bras. Je la prends à moi. C’est mon accueil qui en fait un(e) bon(ne) heur(e). La transformation ne peut commencer que là où j’acquiesce. » Accueillir la pauvreté de cœur, les pleurs, la faim et la soif de justice, et même la persécution pour en faire un chemin de bonheur. C’est ce qu’ont fait nos aînés dans la foi, fêtés ce dimanche.

Voilà ce que propose le discours sur la montagne non pas un bonheur bon marché mais un bonheur qui coûte, pour reprendre une expression de Dietrich Bonhoeffer « la grâce qui coûte ».